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« Grève de la faim à New-Delhi » (10 mars au 15 mai 1998)

Au revoir, Thupten Ngodup La

Témoignage direct de notre correspondant à Dharamsala

30 avril 1998, Mcleod Ganj en colère, Mcleod Ganj en larmes, Mcleod Ganj résonnant de « ONU we want justice »...
Plusieurs milliers de Tibétains, quelques Indiens, quelques Occidentaux accueillaient la dépouille de Thupten Ngodup et l'accompagnaient jusqu'au temple du Dalaï Lama où Tseten Norbu le président du TYC rappelait les événements qui ont conduit ce Tibétain de 60 ans à s'immoler par le feu le 27 avril dernier.
Au mois de décembre 1997, le Tibetan Youth Congress lançait plusieurs appels consécutifs à l'ONU restés tous sans réponse dans lesquels il les sollicitait de se pencher une bonne fois pour toutes sur le cas du Tibet, et les prévenait qu'ils débuteraient une grève de la faim le 10 mars s'ils n'obtenaient pas satisfaction !
Six Tibétains furent « choisis » parmi une bonne centaine, d'autres furent mis en « liste d'attente » pour prendre le relais des camarades morts pour la liberté de leur peuple, et la grève commença à la date prévue.
Très rapidement les ONG tibétaines se mirent à soutenir les 6 grévistes par diverses actions telles que des grèves de la faim de 15 jours à Dharamsala, etc...
Le 27 avril, date d'arrivée du chef d'état-major de l'armée chinoise à Delhi, 200 militaires indiens puis 200 autres mirent fin dans la violence à la grève de la faim, arrêtant brutalement les 6 grévistes et leurs sympathisants...
Les grévistes furent conduits à l'hôpital ainsi que trois autres Tibétains sérieusement blessés lors de leur arrestation. Dans la mêlée, nul ne prit garde à Thupten Ngodup profondément choqué par l'attitude des autorités indiennes lorsqu'il s'arrosa d'essence puis mit feu à ses habits. Il se précipita vers la cohue et lança son dernier cri à la liberté avant qu'une couverture ne s'abatte sur lui pour éteindre les flammes qui lui enlevèrent la vie le 30 avril à 0h30...
Sa Sainteté le Dalaï Lama se pencha sur le courageux et désespéré sexagénaire qui affirma ne pas souffrir.
Le président du TYC précise que son comité exécutif n'a fait qu'organiser cette grève qui a été décidée par ses membres.
Nous étions au moins 5000 ce matin du 30 avril, probablement 6000, assis devant le modeste crématorium de Mcleod Ganj. Le corps de Thupten Ngodup-la se consumait définitivement.
Nul ne fut capable de se recueillir dans la prière... la Révolte grondait plus forte que jamais...
La colère, le chagrin atteignirent leur apogée ! Les bouches béantes hurlaient « ONU we want justice », « Long Live Dalai Lama »...
Des syncopes, des corps inanimés qui se relevaient et criaient encore et encore à l'injustice... Une explosion de souffrance trop longtemps contenue dans cette petite gorge dont les flancs étaient recouverts de Tibétains en prise à une souffrance enfin révélée, enfin exprimée !
Oublierai-je jamais la centaine de jeunes adolescents élèves du TCV, les joues inondées de larmes de rage et de douleur vociférant les slogans pour que les autorités internationales libèrent leur pays, prennent au moins position. Nul ne se lança dans un discours devenu inutile.... Il n'y a plus rien à dire car tout a été dit et redit !
Thupten Ngodup a réagi, a agi à sa manière. Ce fut son « NON » à lui.
Non à l'injustice, non à l'indifférence.
La grève de la faim redémarre, Thupten Ngodup a fait son devoir, le Tibet s'est réveillé, il peut reposer en paix.
Dharamsala, D.L.


Hommage à Thupten Ngodup
Hommage de Thupten Nyandak, directeur du monastère de Dip Tse Chok Ling.

« Thupten Ngodup était autrefois moine de Tashilumpo et à son arrivée en exil en 1959 il servit notre pays en s'engageant dans l'armée tibétaine car il espérait rentrer au Tibet. Après sa retraite en 1987, il vint à Dharamsala et me sollicita pour du travail et un logement dans mon monastère. Je fus heureux de pouvoir alors lui offrir un emploi de cuisinier et j'ai découvert un homme très honnête et très travailleur. Plus tard, il me demanda un petit lopin de terre dans mon monastère pour y construire une modeste maison. J'ai accédé à sa demande et je l'ai aidé autant que j'ai pu le faire. Comme Tashilumpo et Dip Tse Chok Ling ont une relation spirituelle très étroite, je me suis senti aussi très proche de Thupten Ngodup. Il était seul, sans famille et il souhaita que sa demeure nous revienne à sa mort. En général, il parlait très peu mais il participait à toutes les actions politiques en faveur du Tibet, comme par exemple les deux marches pour la paix. Je me sens triste qu'il ait donné sa vie, mais je crois que son acte est exemplaire pour les mouvements en faveur de la paix. Tant de gens disent qu'ils veulent donner leur vie pour notre nation, mais personne ne l'a jamais fait ici en exil... Je suis sûr qu'il aura une très bonne renaissance d'autant plus que Sa Sainteté l'a béni avant sa mort.
Sa mort est très bonne aussi pour les Tibétains au Tibet qui ont donné leur vie pour la liberté, car nous ici en exil nous faisons un tas de choses, mais personne n'a jamais fait sacrifice de sa vie jusqu'à ce jour.
Je me sens très ému, très peiné, mais aussi très fier de ce qu'il a fait.
Il a donné sa vie pour le peuple tibétain et le Tibet et c'est vraiment exemplaire, notamment pour les jeunes générations de Tibétains ».
Dharamsala, Dip Tse Chok Ling.


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