De nouvelles restrictions faites aux moines de Ngaba

jeudi 24 mars 2011 par Monique Dorizon

Pékin a imposé de nouvelles restrictions aux monastères dans une région tibétaine agitée à la suite de l’immolation, la semaine dernière, d’un moine protestant contre la domination chinoise. [1]
La répression vise principalement le monastère de Kirti dans la préfecture de Ngaba, Province de Sichuan, en Chine occidentale et comprend des restrictions aux déplacements des moines, des contraintes à la rééducation politique et l’interdiction des célébrations publiques des élections du Gouvernement tibétain en exil rapportent ces sources.
"Suite à l’immolation le 16 mars d’un moine nommé Phuntsog, et à l’attaque de la police contre les manifestations des moines et des Tibétains qui s’en est suivie, ’un grand nombre’ de forces de sécurité chinoises est arrivé à Ngaba le 19 mars" affirment les moines Lobsang Yeshe et Kanyag Tsering, parlant depuis l’Inde.
"De sévères restrictions ont été imposées aux monastères et aux collectivités partout dans le Comté, surtout le 20 mars" rapportent Yeshe et Tsering, citant des sources en provenance de la région de Ngaba.
Il a été dit aux responsables du monastère et aux chefs de la communauté qu’ils devaient s’assurer "qu’aucun pétard n’était lancé, qu’aucune offrande d’encens ne serait faite et qu’aucun lungta ne flotterait dans l’air" ont-ils dit, se référant à la coutume traditionnelle tibétaine de jeter en l’air des petits papiers avec des "chevaux de vent" (lungtas).
"Les Tibétains de la région croient que ces ordres furent donnés parce que les Tibétains en exil organisent dimanche [2] des élections pour un nouveau premier ministre (ou Kalon Tripa) et des parlementaires" ont déclaré Yeshe et Tsering. [3]
Yeshe et Tsering ont déclaré que le jour du scrutin, des fonctionnaires de la province du Sichuan et de la préfecture de Ngaba sont arrivés au monastère de Kirti et ont annoncé que si un moine désirait quitter les lieux, il aurait à montrer les permissions du tuteur de la classe du moine, d’un responsable de la discipline du monastère et des représentants du gouvernement stationnés au monastère.
Le lendemain, un programme de rééducation politique appelé "Religion patriotique" a été lancé, dirigé par des fonctionnaires du Bureau de la justice d’État de la Province du Sichuan, le département du Front uni de la Préfecture de Ngaba et du département des affaires religieuses de la Préfecture et par une équipe de travail du Comté de Ngaba, dont le chef du Comté.
À 8 heures du matin, heure locale, des fonctionnaires commencèrent la première session, mais aucun moine n’est venu, aussi ont-ils harcelé les dirigeants du monastère afin de "corriger la situation". Les responsables du monastère sont ensuite allés dans les chambres des moines, leur demandant de s’assembler dans la cour de la principale salle de réunion.
Environ 200 des moines ont obéi, et les fonctionnaires ont commencé leur discours vers 10 heures du matin.
Lundi 21 mars, la réunion était dirigée par le chef du département des affaires religieuses de la Préfecture de Ngaba.
"Il a fortement critiqué la gestion et les moines du monastère de Kirti, disant qu’ils avaient omis de se conformer à la loi de l’État et d’observer la sécurité régionale, la stabilité sociale et ’l’unité des nationalités’, et il a énuméré les nombreuses manifestations qui ont eu lieu à Kirti à différentes périodes" poursuivent Yeshe et Tsering.
Étant donné que très peu de moines ont assisté à la réunion le lundi, tous se sont entendu dire de rester dans leur chambre mardi, les fonctionnaires iraient dans "chaque chambre pour enregistrer les noms, les âges et le nombre des moines résidents". On a alors dit aux moines de s’assembler à 13h. L’horaire pour les séances de rééducation actuellement en cours est de 8 h à 12 h, avec une deuxième session de 14 heures à 18 heures.

Source : Radio Free Asia, 22 mars 2011

Voir en complément l’article "Immolations : récapitulatif, actions et réactions", du 30/10/2011

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[1] Voir l’article "Un jeune moine s’immole par le feu à Ngaba", du 17/03/2011

[2] Les élections du Kalon Tripa, Premier ministre du Gouvernement tibétain en exil, ont eu lieu le dimanche 20 mars 2011

[3] Les élections pour le Gouvernement en exil, basé dans la ville de Dharamsala en Inde, ont eu lieu à l’extérieur du Tibet et concernent des dizaines de milliers de Tibétains en exil, votant dans plus d’une douzaine de pays.


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