Décès de Hugh E. Richardson

Hugh E. Richardson, diplomate et tibétologue (22/12/1905 - 3/12/2000)

dimanche 3 décembre 2000 par Webmestre

Avec la mort de Hugh Richardson, c’est un grand homme qui disparaît, un chercheur hors pair, un diplomate prêt à défendre ses convictions, un ami du Tibet et des Tibétains.
Mais c’est la mémoire d’un monde à jamais perdu qui disparaît, le témoin privilégié de la société et de la politique tibétaine du milieu du XXème siècle.

Ce grand voyageur est né et est mort dans le même endroit, St Andrews, un joli coin d’Ecosse, connu pour son parcours de golf et son université. Il aurait eu 95 ans le 22 décembre 2000.
Après des études à St Andrews et Oxford, il fit carrière dans le prestigieux Indian Civil Service de l’Empire britannique où il fut recruté en 1930.

Il fut en poste à Lhasa de nombreuses années, d’abord représentant britannique de 1936 à 1940, puis de 1945 à 1947, et enfin comme représentant de l’Inde indépendante jusqu’en 1950, date à laquelle il dût quitter le Tibet et ses amis.

En 1944 il fut nommé Officer of the British Empire (OBE), et en 1946 Companion of the Indian Empire (CIE).

Lorsqu’il prit sa retraite, il s’établit à St Andrews, et se consacra à la recherche sur l’histoire du Tibet.
En effet, il avait développé pendant les quatorze ans de son séjour tibétain un grand attachement pour le Tibet, avait appris la langue et devint un des spécialistes mondiaux sur ce pays. De nombreux livres et articles firent sa renommée mais cet homme resta toujours d’une modestie étonnante et d’approche aisée ("Tibet and Its History" (1962), "A Cultural History of Tibet" (1968, en collaboration avec D. Snellgrove), "A Corpus of Early Tibetan Inscriptions" (1985), et "Ceremonies of the Lhasa Year" (1993)).

En Juillet 1998, une fête rassembla ses amis et "disciples" à Londres à la sortie du recueil de ses articles ("High Peaks, Pure Earth").

Jusque dans la dernière année de sa vie, H. Richardson conserva cette mémoire prodigieuse des évènements tibétains mais aussi un intérêt infaillible pour les générations de tibétologues qui le considéraient comme un maître. Il suivait leurs travaux avec bienveillance, ne manquant jamais d’envoyer un mot de remerciement pour un article ou un livre, et s’excusant pour son écriture, qui au demeurant, restait fort belle.

Cultivé, intègre, distingué et plein d’humour, grand et maigre, galant avec les femmes et amateur de jardinage, de golf et de bon vin, H. Richardson était l’épitomé [1] du gentleman.

Mais il savait aussi parler haut et fort quand il le fallait. Dans les années ’60, Richardson décrivit ainsi l’attitude du gouvernement britannique envers le Tibet : [2]

"Le gouvernement britannique, le seul gouvernement parmi les pays occidentaux qui ait eu des relations officielles avec le Tibet, a vendu les Tibétains à bas prix et a depuis constamment rabaissé les Tibétains à tel point qu’en 1959 il n’a même pas soutenu une résolution aux Nations-unies qui condamnait les violations des Droits de l’Homme au Tibet par la Chine".

M. Richardson, merci de vos leçons d’érudition et de vos leçons de vie.

Source : article de Françoise Pommaret

[1] épitomé : littéralement, "abrégé"

[2] Traduction libre, de Tibet Info

Texte original :

"The British government, the only government among Western countries to have had treaty relations with Tibet, sold the Tibetans down the river and since then have constantly cold-shouldered the Tibetans so that in 1959 they could not even support a resolution in the UN condemning the violation of human rights in Tibet by the Chinese."


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