Des monastères vidés et des restrictions renforcées pour l’anniversaire du Dalaï Lama

mardi 8 juillet 2008 par Monique Dorizon

Par peur d’une nouvelle explosion de manifestations à l’occasion de l’anniversaire du Dalaï Lama (le 6 juillet) les autorités chinoises ont renforcé la sécurité à proximité des principaux monastères près de Lhassa (Drepung, Ganden, Sera) [1] et ont interdit les visites à un site sacré à la périphérie de la capitale.
Peu de moines demeurent, cependant, dans les trois principaux monastères de la région. Beaucoup ont disparu, leur situation demeure mystérieuse. Les fonctionnaires chinois ont déployé des troupes et la police paramilitaire (PAP) à proximité des lieux religieux, suspectant ces communautés d’être au cœur des troubles qui ont touché la région depuis le début mars.
Des dizaines - peut-être plusieurs centaines - de moines ont été arrêtés ou sont détenus et leur rôle dans les manifestations et émeutes du 14 mars à Lhassa est examiné. Ceci, cependant, n’explique pas les salles vides des trois monastères situés près de la ville. Plusieurs centaines de moines vivaient là, avant les manifestations. Aujourd’hui, des sources tibétaines ont révélé que la plupart des moines, plus de 1 000 au total, ont été transférés dans différentes prisons et centres de détention, dans et autour de la ville de Golmud, dans la province voisine du Qinghai. Les moines détenus sont de jeunes Tibétains des régions avoisinantes qui sont venus à Lhassa, leur capitale spirituelle, afin d’étudier et prier dans les centres spirituels les plus prestigieux. Ce sont souvent d’excellents étudiants. Leur détention fait partie d’une politique visant à débarrasser les monastères de tout moine non enregistré comme véritable habitant de la région administrative, la "Région Autonome du Tibet". Des membres de leurs familles affirment au journal "The Times" qu’on a dit aux moines qu’ils seraient incarcérés à Golmud jusqu’à la fin des Jeux olympiques, à Pékin. Cette politique fait partie d’une campagne menée par le gouvernement chinois pour s’assurer que les Jeux, débutant le 8 août prochain et durant deux semaines, se dérouleront sans incidents et manifestations de la part des Tibétains.
- "Après cela, leur a-t-on dit, ils seraient autorisés à partir, car ils ne sont coupables d’aucun crime" raconte un homme dont le frère fait partie des détenus.
- "Mais ils seront autorisés à revenir dans leur village d’origine mais pas à retourner dans leur monastère à Lhassa". "Il n’y a pas de témoignage de maltraitance à leur encontre" ajoute-t-il (…)
Ainsi, les monastères pourraient perdre leurs meilleurs étudiants si les moines ne sont pas autorisés à revenir après les Jeux. Les autorités ont ordonné à tous les Tibétains ne possédant pas d’autorisation de résider à Lhassa de quitter la ville et de rentrer chez eux. Les témoignages abondent sur des autorités ciblant des individus dont les vêtements, la coupe de cheveux et même les dents (les Tibétains du Sichuan et du Qinghai aiment les plombages en or) les désignent comme venant de régions voisines. Les habitants de Lhassa disent préférer ne pas porter de vêtements tibétains de peur d’être arrêtés et interrogés par la police ou les soldats. Des hommes font pousser leurs cheveux afin de ne pas être pris pour un moine et être interrogé (…)
Cependant, l’énorme opération de sécurité n’a pas réussi à arrêter les manifestations de Tibétains demandant le retour du Dalaï Lama et l’indépendance pour leur pays. Le 18 juin, rien que dans le Comté de Kardze, 6 ont eu lieu.
Une source tibétaine raconte : "Ils savent qu’ils vont être arrêtés mais les gens continuent à sortir et à manifester. Alors vous pouvez voir les chats sortir et les attraper comme des souris".
Selon d’autres sources, le jour anniversaire du Dalaï Lama, les autorités chinoises ont renforcé considérablement leur pression sur l’ensemble du plateau tibétain : innombrables déploiements militaires, rigoureuse observation de chaque Tibétain, restaurants et magasins et auberges obligés de rester fermés, particulièrement dans le Comté de Drakgo (ch. Luhuo) [Localisation de Luhuo], Préfecture de Kardze (ch. Ganzi), interdiction faite aux Tibétains de se regrouper et la cérémonie de sangsol (rituel au cours duquel de l’encens est brûlé) interdite. Les restrictions ont aussi concerné les étrangers. Deux étrangers, venus le 6 juillet 2008 au monastère de Drakgo se sont vus refuser l’entrée par les autorités chinoises. De plus, les deux étrangers ont été repoussés et expulsés du monastère.
Un groupe supplémentaire de militaires, sous l’emprise de l’alcool, est venu voir ce qui se passait entre les militaires et les deux étrangers. Sans raison, les autorités ont battu violemment les moines de Drakgo. Le gouvernement a aussi ordonné l’annulation du festival équestre annuel qui est habituellement organisé à cette période de l’année dans le Comté de Lithang. Ce Comté a été mis sous très haute surveillance militaire, depuis le 1er août de l’an dernier, lorsque Ronggye A’Drak a fait une intervention antigouvernementale. La présence des personnels de sécurité a relativement augmenté cette année et beaucoup d’entre eux seraient habillés avec les habits tibétains locaux afin de cacher leur identité.

Sources : Phayul, The Times 7 juillet 2008, Tibetan Solidarity Committee 7 et 8 juillet 2008

NB Cf article "Des moines "libérés" de Golmud" publié le 4 septembre 2008

[1]
- Drepung, à 5 kms à l’ouest de Lhassa, fut le plus grand monastère, qui comptait près de 8 000 moines avant l’invasion de 1950, et qui en eut plus de 10 000 à certaines époques. Fondé en 1416, il était l’un des piliers de l’enseignement de l’école Gelugpa.
- Ganden, à une quarantaine de kms au nord-est de Lhassa, fut le monastère le plus détruit (par dynamitage et bombardements) pendant la Révolution Culturelle (1966-76). Ganden fut le premier monastère de l’ordre Gelugpa, construit en 1409 par Tsongkhapa, et enseignait à 6 000 moines environ.
- Sera, juste au nord de Lhassa, a été fondé en 1419 par un discipe de Tsonglhapa. Plus de 5 000 moines y étudiaient en 1959.

[Localisation de Luhuo]
Selon cette carte, où Luhuo est facilement localisable, au sud-est de Garze (Kardze) et à l’est de Dagain, la ville de Luhuo serait orthographiée Xindou sur cette carte


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