Des nouvelles de la "Marche de retour vers le Tibet"

mardi 6 mai 2008 par Rédaction

Dans le cadre d’une action des Tibétains en exil en Inde appelée "Le mouvement de soulèvement du peuple tibétain" (the Tibetan People’s Uprising Movement)  [1], ceux-ci ont lancé une "Marche de retour vers le Tibet". Ce mouvement a pour but de raviver l’esprit du soulèvement national de 1959, en s’engageant dans une action directe mais non violente pour demander l’arrêt de l’occupation du Tibet par la chine.

Les débuts de la Marche
La "Marche de Retour au Tibet" est partie le 10 mars 2008 de Dharamsala, avec les 100 premiers volontaires tibétains et leurs supporters.
Le 13 mars, les 100 Tibétains, plus Tenzin Tsundue [2] (un des leaders du Mouvement), furent tous arrêtés par la police indienne et condamnés à 14 jours de détention. Les étrangers furent relâchés le jour même.
Le 15 mars un 2ème groupe de 44 Tibétains prit le relais à l’endroit même de l’arrestation, et put parcourir sans obstacle les derniers 450 km environ avant Delhi.
Entre-temps ils furent rejoints par des marcheurs progressivement relâchés de détention. Tsundue, dernier libéré, choisit de réintégrer le groupe malgré la pression judiciaire.

Delhi fut atteint le 9 avril dernier ; puis la Marche fit une pause à la demande du Gouvernement Tibétain en Exil, jusqu’au passage de la Torche Olympique à Delhi le 17 avril. Ce jour là les marcheurs participèrent au Parcours de la Torche Tibétaine de la Liberté. Une belle réussite médiatique, si on la compare à la torche chinoise qui passa le même jour à Delhi en catimini sur quelques centaines de mètres, encadrée par environ 16 000 policiers indiens...
Le 19 avril la Marche reprit officiellement, cette fois vers le nord de l’Inde pour atteindre plus rapidement la frontière avec le Tibet.

Vie quotidienne
Le groupe compte désormais environ 260 marcheurs tibétains, accompagnés d’une petite équipe logistique et des étrangers en nombre assez réduit (pour raisons politiques) et des médias internationaux.

La forte chaleur le jour, le trafic routier, les nombreux moustiques la nuit sont les principales contraintes vécues par les marcheurs. La distance parcourue quotidiennement est de 20 à 25 km en moyenne, en file indienne (sans jeu de mots !) en bord de route et en silence pour respecter l’accueil des Indiens.
Le groupe fait plusieurs pauses intermédiaires, après un départ souvent tôt le matin pour bénéficier de la fraîcheur. Après la toilette et un rapide petit-déjeuner, c’est le briefing des organisateurs, suivi de l’hymne tibétain, chanté avec beaucoup de ferveur par tous les marcheurs coiffés de la casquette orange du "Mouvement de Soulèvement du Peuple Tibétain" ; beaucoup brandissent le drapeau tibétain, tandis que d’autres arborent la photo du Dalaï Lama et/ou celle de Gandhi. Les marcheurs s’égrènent ensuite un à un, sous les applaudissements de la population locale.

L’équipe logistique qui suit les marcheurs leur apporte le soutien nécessaire (campement, transport des bagages à l’étape suivante, eau, repas, sécurité, contact avec les autorités locales, gestion médias, etc.).
Parfois les autorités indiennes viennent en renfort. Exemple : dans l’état du Punjab, la police avait gentiment fourni de l’eau, en assurant aussi la sécurité. L’Inde est un état fédéral et on a pu observer des comportements assez variables suivant l’État traversé.

Au début les marcheurs s’arrêtaient notamment dans des écoles ou des monastères tibétains sur le parcours. Hors des zones de présence tibétaine, l’hébergement se fait essentiellement sous tentes, parfois dans des lieux publics, des cours d’école, etc. mis à disposition pour le campement. Quelquefois, des fermiers, des chefs d’entreprise, des commerçants, des notables locaux apportent leur concours (repas ou boissons gratuits, réceptions, débats, conférences avec la presse régionale, etc.).

Des marcheurs "engagés"
La plupart des marcheurs tibétains sont des moines et quelques nonnes. Beaucoup d’entre eux ont vécu des expériences tragiques dans leur vie. Notamment plusieurs anciens prisonniers politiques et d’autres personnages incroyables : voir leurs interviews sur le site de la Marche dans la rubrique ’About the Marchers’. En particulier les vétérans Mewang Namgyal et Tenpa, la nonne Ngawang Tendol, ex-prisonnière politique, Tenzin Dawa, 17 ans ou Kunsang, 60 ans.
Les Tibétains sont ravis de la présence des "supporters" étrangers souvent venus de loin pour soutenir leur lutte. Les Tibétains les accueillent avec plaisir, et la communication passe bien malgré les contraintes de la langue. Leur générosité est exemplaire : ils donneraient le peu qu’ils ont pour aider un étranger.

Un mouvement de sensibilisation
La "Marche" offre ainsi un bon moyen aux Tibétains pour sensibiliser et expliquer à l’opinion publique indienne leur situation - souvent méconnue ici - et leur combat pour la liberté. Cette démarche non-violente, les Indiens la comprennent très bien, d’autant plus qu’elle s’inspire directement de leur propre culture, avec pour référence le Mahatma Gandhi dont de nombreux marcheurs tibétains portent d’ailleurs l’effigie.

Pour suivre la Marche au jour le jour
Pour plus d’informations ’suivez’ les Marcheurs sur le web TibetanUprising.org avec le récit de la journée, la position sur la carte, des photos et des vidéos des marcheurs... quand la technologie le veut bien !


Ce 6 mai 2008 correspond au 58ème jour de marche depuis le départ de Dharamsala le 10 mars dernier. Les marcheurs vont s’arrêter pour deux jours, mais ne vont pas rester inactifs pour autant : veillée aux chandelles ce soir, manifestation pacifique contre la répression au Tibet, et préparation d’une conférence de presse pour le 9 mai, où les organisateurs indiqueront la stratégie des jours suivants.

La Marche de Retour au Tibet progresse désormais à l’intérieur de l’Etat d’Uttarakhand, territoire du nord de l’Inde, bordant directement le Tibet, à l’ouest du Népal.
Dans cet État (dont voici une carte plus détaillée), une zone d’accès restreint borde la frontière indo-tibétaine à plusieurs dizaines de kms de celle-ci. A mesure que les marcheurs tibétains, leurs supporters et les médias avancent vers cette zone, les interrogations grandissent sur l’attitude à venir des autorités indiennes...

NB : la ’Marche de Retour au Tibet’ a besoin de soutiens financiers, dans la mesure de vos possibilités bien sûr. Des explications sont données en anglais à la rubrique ’Donate’.

Source : mail de Damien, un Français participant à la marche, et Phayul, 6 mai 2008

[1] Le Tibetan People’s uprising Movement est composé des organisations suivantes :

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Kora, combat pour le Tibet

- Tibetan Youth congress
- Tibetan women’s Association
- Gu-Chu-Sum
- National Democratic Party of Tibet
- Students for a Free Tibet, Inde

[2] Tenzin Tsundue est un écrivain tibétain, auteur d’un livre traduit en français sous le titre "Kora, combat pour le Tibet". Après ses études, il a passé clandestinement la frontière pour se rendre au Tibet et se rendre compte par lui-même de la situation sur place et voir comment il pouvait aider. Arrêté, emprisonné trois mois, il fut finalement expulsé vers l’Inde.
Militant lucide de la cause tibétaine, Tenzin Tsundue est aussi un poète et une voix pour traduire avec sensibilté la souffrance universelle de l’exil. Le Tibet, disparu de la carte du monde, n’est pas mort dans les coeurs et dans les consciences, de chaque côté de la frontière. Des essais, des témoignages, des récits, des poèmes : c’est la voix vivante d’un jeune Tibétain d’aujourd’hui qui se fait entendre.
Kora, combat pour le Tibet : Editions L’Harmattan • avril 2006 • 60 pages. ISBN : 2-296-00429-6


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