Histoire de la création des Groupes parlementaires d’études sur les problèmes du Tibet

lundi 20 octobre 2008 par Rédaction

Jean-Michel Belorgey, fondateur et co-président avec Louis de Broissia du groupe d’études "problèmes du Tibet" à l’Assemblée Nationale, nous rappelle dans quel contexte a été constitué, le 27 juin 1990, ce groupe parlementaire.
Il évoque également la sentence du 20 novembre 1992 du Tribunal Permanent des Peuples.
Retour sur l’histoire des Groupes "Tibet" à l’Assemblée Nationale et au Sénat.

Groupe Tibet à l’Assemblée nationale

"Avant même que le groupe existe, nous avions posé une question orale au ministre des Affaires étrangères sur la situation au Tibet. Il avait répondu en des termes désinvoltes en évoquant la souveraineté chinoise. Notre difficulté était, pour créer un groupe d’études, d’obtenir l’agrément du bureau de l’Assemblée Nationale. Nous avions plaidé qu’il n’y avait pas plus d’insolence par rapport aux relations internationales à créer un groupe d’études Tibet qu’il n’y en avait eu un sur la question du Sahara occidental. Nous avons été la première fois véritablement éconduits. Je me souviens d’avoir eu des propos assez vifs avec Laurent Fabius.

Après quelques mois de piétinement, nous avons enfin obtenu l’agrément. J’ai tenu symboliquement à une co-présidence, ce que M. de Broissia a accepté d’assurer avec moi. Ceci a coïncidé avec la visite de Sa Sainteté à l’Assemblée Nationale qui fut reçu entre deux portes. Le Dalaï Lama a rencontré plus tard le président de l’Assemblée Nationale, M. Fabius, qui avait évolué sur sa position. Le président Chaban-Delmas avait déjà, par le passé, accueilli Sa Sainteté.
Nous avons travaillé dans les limites qu’un exercice de ce genre autorise. Nous avons continué à démarcher les pouvoirs, nous avons essayé de servir de plaque tournante à toutes les associations qui s’intéressent au Tibet, nous avons contribué à porter cette journée importante qui se déroulait sur le Tibet dans les médias.
Il est vrai que les Affaires étrangères se désenclavaient un peu, mais pas complètement de leurs préoccupations vis-à-vis de la Chine, et que nous n’arrivions pas à obtenir au ministère des Affaires étrangères une porte ouverte à l’égard du Tibet. L’entrevue officieuse qui a eu lieu en Dordogne entre le ministre des Affaires étrangères et Sa Sainteté le Dalaï Lama, négociée à l’initiative très privée de Danielle Mitterrand, n’a pas comporté de lendemain. Il est vrai aussi qu’un certain nombre de hauts fonctionnaires des Affaires étrangères continuaient à véhiculer des visions caricaturales d’un Tibet féodal. Beaucoup de gens dans l’entourage du Premier ministre se préoccupaient plus des négociations du métro de Shanghaï ou d’autres intérêts que de soutenir le Tibet.

Il y avait un ostracisme, sans doute toujours en raison du métro de Shanghaï ou du légitimisme ambiant, pour que le Premier ministre Michel Rocard interdise à des membres de son gouvernement d’assister à la remise d’une distinction à Sa Sainteté. [1]
Le climat d’ensemble était très caractéristique d’une certaine politique de la gauche dont j’ai porté les couleurs et dont je suis solidaire. Mais elle m’a souvent profondément blessé. Nous voulions avoir le regard clair en faisant effort pour s’intéresser à un certain nombre de causes considérées comme justes, mais en même temps, on évoquait la nécessité d’une stabilité dans les relations d’Etats, entendez aussi en arrière-plan : la Chine est un grand pays, donc un grand marché …
Peut-être que le Tibet ne fait pas image pour certains des décideurs suprêmes. On aurait pu penser qu’à l’époque, le Président de la République [2] aurait fini par accepter de recevoir le Dalaï Lama, ce qu’il n’a pas fait.

Les choses n’ont guère changé. J’ajouterai, quelles que soient ses qualités personnelles, mon co-président et successeur s’est parfois mis dans des situations gênantes, parce que les siens, notamment Jacques Chirac et son entourage, n’aiment pas que l’on fasse de peine aux Chinois. Dans le concert des nations qui s’intéressent au Tibet, la France n’est pas dans une très bonne position. La voie parlementaire paraissant un peu fermée et notre diplomatie un peu attentiste, le Tribunal des peuples était une solution. [3] Insuffisante certes, mais nécessaire. Il a fonctionné comme un témoignage de moralité de plus, mais a créé une audience du fait que siègent à ce tribunal des personnes qui exercent des responsabilités importantes dans leur pays au sein de juridictions suprêmes. Leur raisonnement n’est pas seulement humaniste, mais de juristes de droit international. C’est une bonne formule. La condamnation des différentes formes d’atteintes chinoises aux principes qui gouvernent les Droits de l’Homme a été très ferme, la vocation à l’autodétermination a bien été affirmée et l’énoncé d’exigences de conditions avec nos partenaires a bien été mis en évidence, à telle enseigne que la sentence n’a pas contrecarré la stratégie très ouverte du Dalaï Lama.

Je suis à la fois porté aux extrêmes de l’exigence et à dire qu’il ne faut mener des combats qu’avec l’espoir de les gagner et non pour témoigner vivement de son indignation. Pour gagner, il ne faut pas se comporter en désespéré".

Propos recueillis par Jean-Luc Toula-Breysse en décembre 1996.

Le Groupe d’études sur les Problèmes du Tibet, a pu être reconstitué à chaque législature. La législature en cours depuis juin 2007 compte au 25 octobre 2008 l’adhésion de 199 députés. Voir la liste complète sur le site de l’Assemblée Nationale.
Pour tous renseignements et adhésion éventuelle, veuillez contacter :

Monsieur Lionnel Luca
Député de la Nation
Président du Groupe d’Etudes sur le problème du Tibet
Assemblée Nationale
126 rue de l’Université
75355 Paris 07 SP
Tél : 01 40 63 76 20 – Fax : 01 40 63 76 35
Permanence Parlementaire : 14 rue Jean-Raymond Giacosa – 06800 Cagnes-sur-Mer
Tél : 04 93 22 94 44 – Fax : 04 93 22 96 66

Groupe Tibet au Sénat

En ce qui concerne le groupe d’Informations sur le Tibet au Sénat, de nombreuses années d’efforts furent nécessaires. Les sénateurs Jacques Golliet et Claude Huriet se sont beaucoup investis, face à l’opposition du président du Sénat de l’époque, Monsieur René Monory. Avec quelques sénateurs amis du Tibet, ils ont dû se contenter de créer une association dite "d’amitié parlementaire pour le Tibet", en dehors du Sénat.

C’est finalement avec l’arrivée de Monsieur Christian Poncelet à la présidence du Sénat qu’au mois de juin 2000, le groupe d’études sur le Tibet a pu être formellement créé au Sénat.
Actuellement, le Groupe du Sénat est en cours de reconstitution après les élections du 21 septembre 2008. La page du Groupe au Sénat permettra de suivre l’évolution de ce Groupe au fur et à mesure de son développement. Le dernier Président du Groupe dans la législature précédente était M. Louis de Broissia, très actif dans la défense de la cause tibétaine.
M. Jean François Humbert, membre du Groupe Tibet et l’un des membres qui est allé à Dharamsala en délégation, préside actuellement le Groupe Tibet du Sénat.

Le Groupe du Tibet au Sénat a publié trois rapports :

  1. "Tibet un peuple en danger", le 1er octobre 2003, rappelle les relations historiques entre la Chine et le Tibet, relate les circonstances de l’occupation de ce dernier, évoque le dialogue sino-tibétain et retrace les modalités d’organisation de la communauté tibétaine en exil ainsi que l’action diplomatique en faveur du Tibet.
  2. "Le Tibet en exil : à l’école de la démocratie", le 14 juin 2006, paru à la suite de la mission d’une délégation du groupe d’information à Dharamsala, présente la manière dont la communauté tibétaine exilée en Inde s’est dotée d’institutions politiques pluralistes, qui accomplissent une oeuvre remarquable de soutien aux réfugiés et de préservation de la culture tibétaine.
    Ce rapport contient en annexe, notamment, le compte rendu de l’audience accordée par le Dalaï Lama le 29 avril 2005 à Dharamsala aux membres de la délégation du groupe d’information.
  3. "Quelle solution politique pour le Tibet ?", le 17 octobre 2007, paru à la suite de la mission d’une délégation du groupe d’information à Lhassa et à Pékin, rappelle les données historiques et économiques controversées de la question tibétaine et évoque les perspectives du difficile dialogue sino-tibétain.
    Ce rapport contient en annexe, notamment, les comptes rendus des entretiens, courtois mais francs, des membres de la délégation du groupe d’information avec leurs interlocuteurs chinois et tibétains.

Source : interview et document transmis par le Bureau du Tibet.
Liens externes ajoutés par Tibet-info, octobre 2008.

[1] Ce fut le cas notamment lors de la remise du Prix de la Mémoire de la Fondation France-Libertés au Dalaï Lama le 4 décembre 1989 (juste avant l’attribution du Prix Nobel de la Paix), où les ministres n’avaient pu être présents, même à titre privé. Le Prix de la Mémoire n’avait pas pu être remis directement par sa Présidente, Danielle Mitterrand, dont le mari était pourtant Président de la République...

[2] A l’époque François Mitterrand

[3] Le Tribunal Permanent des Peuples a tenu en 1992 une session sur le Tibet à Strasbourg. Créé en 1976 à Bologne, ce tribunal avait pour objectif de pallier les défaillances de l’ONU dans le domaine du droit à l’autodétermination. Il n’existait en effet aucune cour ou tribunal où les peuples pouvaient revendiquer leur droit à l’autodétermination, et le TPP visait à compenser ce vide.


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