L’ONU déplore le recours "routinier à la torture" en Chine

samedi 22 novembre 2008 par Rédaction

L’usage de la torture est largement répandu en Chine, a déploré le 21 novembre le Comité anti-torture de l’ONU (CAT) [1] réuni à Genève.
Le comité s’est déclaré "profondément inquiet en raison des constantes allégations, confirmées par de nombreuses sources chinoises légales, sur l’usage largement répandu et routinier de la torture et des mauvais traitements" infligés par la police chinoise pour extorquer des aveux et des informations.
"Le recours constant aux aveux comme preuve invoquée par l’accusation crée les conditions facilitant l’usage de la torture et le mauvais traitement des suspects", déplore le comité qui cite le cas du dissident et militant des droits de l’homme Yang Chunlin. [2]
Il s’est également déclaré préoccupé "des informations sur des violences sur des détenus, pouvant même mener à la mort dans de nombreux cas".
Les experts anti-torture de l’ONU ont aussi déploré le recours à des formes "administratives" de détention, notamment dans le cadre de la politique de "rééducation par le travail [3] pour des individus qui n’ont jamais vu leur cas examiné par un tribunal, sans possibilité de recours" et qui peuvent être soumis à la torture, notamment lorsqu’il s’agit d’adeptes de certaines religions ou de membres de groupes ethniques minoritaires.
Le Comité a évoqué les allégations concernant des "lieux de détention secrets", des "prisons noires" où seraient jetés des dissidents comme Mme Wang Guilan. [4]
Les experts de l’ONU se sont inquiétés également du sort de Hu Jia, victime comme d’autres militants des Droits de l’Homme de harcèlement et d’actes de violence commis par des hommes de main recrutés de manière officieuse par les autorités.
Revenant sur la répression des manifestations de la place Tien An Men en juin 1989, ils estiment que les autorités chinoises "doivent mener une enquête compléte et impartiale" sur ces événements, "fournir des informations sur les personnes encore détenues", "présenter des excuses et des réparations appropriées et engager des poursuites contre les responsables d’usage excessif de la force, de torture et d’autres mauvais traitements".
De la même manière, le Comité anti-torture est "gravement préoccupé par les informations sur les événements récents dans la région autonome du Tibet et les provinces tibétaines" faisant état de tortures et de mauvais traitements "tout particulièrement contre des moines et des religieuses tibétaines". Il déplore qu’aucune enquête n’ait été menée.
Le Comité anti-torture a également évoqué les allégations de tortures et de prélévements d’organes aux fins de transplantation sur des adeptes de la secte Falun Gong. Les experts ont noté avec le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, Manfred Nowak, que "l’augmentation du nombre d’opérations de greffes d’organes coïncide avec le début de la persécution (contre les adeptes du Falun Gong)".
Les experts de l’ONU se sont aussi inquiétés du sort des émigrés nord-coréens, refoulés en dépit du risque encouru d’être soumis à la torture une fois revenu dans leur pays.
Enfin, le CAT a exprimé sa préoccupation sur les conditions de détention des condamnés à mort en attente de leur exécution. Ceux-ci sont enchaînés jour et nuit et leurs organes peuvent être prélevés sans leur consentement après leur mort, selon les informations reçues par le Comité de l’ONU.

La Chine a réagi le 22 novembre en qualifiant "d’informations inventées de toutes pièces", ce rapport du Comité anti-torture de l’ONU (CAT) dénonçant notamment un recours "routinier à la torture" chez le géant asiatique.
"Il est regrettable que certains membres du comité (...) animés de préjugés à l’égard de la Chine ... aient utilisé des informations inventées de toutes pièces", a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Qin Gang.
"Ils ont intégré (dans le rapport) beaucoup de calomnies, de fausses informations, ils ont fait preuve de déloyauté et de partialité et nous marquons notre ferme opposition", a indiqué le responsable sur le site ministériel.

Source : AFP 21 et 22 novembre 2008

[1] Voir également l’article "Torture : l’ONU dénonce l’opacité des autorités chinoises" du 10 nov. 2008.

[2] Yang Chunlin a été condamné le 24 mars 2008 à 5 ans de prison suivie de deux années de privation de ses droits civiques, pour "incitation à la subversion du pouvoir de l’Etat". Il avait en fait lancé une campagne intitulée "Nous voulons les Droits de l’Homme, pas les JO". Egalement défenseur de paysans expropriés du Nord-Est de la Chine, il a été malmené au cours de son audience, qui n’a duré que vingt minutes. Alors que son frère émettait publiquement des doutes concernant sa capacité à faire appel du jugement, les gardiens lui ont envoyé des décharges électriques à l’aide de matraques, afin de l’empêcher de s’adresser à ses proches. Source : RSF, 26 mars 2008.

[3] Ce recours administratif fait allusion aux Laojiaos , gérés par la Sécurité publique, où les prisonniers (estimés à près de 300 000) peuvent être condamnés - sans procès - jusqu’à 4 ans de travaux. On y trouve en particulier de nombreux membres de la "secte" interdite en Chine du Falun Gong (ou Falun Dafa).
A ne pas confondre avec les Laogais, qui dépendent du Ministère de la Justice, où les prisonniers (estimés entre 4 à 8 millions) peuvent être condamnés jusqu’à 20 ans. Les Laogais correspondent aux Goulags soviétiques, et la torture peut y être fréquemment appliquée. Les Laogais sont connus en particulier grâce à des organismes tels que la Laogai Research Foundation, fondée par Harry Wu qui avait passé lui-même 19 ans dans l’un de ces camps.

[4] Voir une description de l’histoire de Wang Guilan sur RSF.


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