L’impact du tremblement de terre au Népal sur le Tibet banalisé par la propagande chinoise

lundi 8 juin 2015 par Monique Dorizon , Rédaction

Un après-midi maussade au camp de base de l’Everest, le 25 avril 2015, le Dr Nyima Namgyal était en train de déjeuner, lorsque la terre sous lui a commencé à gronder violemment. "La première chose que j’ai remarqué était cette grosse chose noire ressemblant à un nuage roulant vers nous ; des objets volaient partout. C’est alors que j’ai réalisé que ce pouvait être la fin", a déclaré le médecin de l’expédition de Sherpa, parlant au téléphone au Service tibétain de Voice of America.

Heureusement, le Dr Namgyal a survécu à la terrible épreuve et a commencé à communiquer sur sa page Facebook sur les conséquences de l’avalanche. Ses écrits ont rappelé aux gens que, bien que le Népal soit connu pour son infrastructure désorganisée et la pauvreté, sa population bénéficie de la liberté de la presse. L’histoire du tremblement de terre au Népal, s’est répandue à l’échelle mondiale avec des mises à jour toutes les heures sur les réseaux sociaux et les chaînes d’information, faites par des journalistes partout dans le monde.

Cependant, les nouvelles en provenance de l’autre côté du Mont Everest devaient exclusivement être communiquées par des organes de presse de l’état chinois, puisque les sites de réseau sociaux tels que Facebook sont limités et que les journalistes étrangers ne sont pas admis à l’intérieur du Tibet.

La télévision chinoise d’état, CCTV, qui a fait état de destructions dans la capitale népalaise quelques heures après que la zone a été frappée par le premier tremblement de terre de magnitude 7,8, a mis plus de deux jours pour informer sur les effets du même tremblement de terre sur le côté tibétain de l’Himalaya. La chaîne CCTV n’a fait état des effets du tremblement de terre au Tibet qu’après l’arrivée, le 27 avril, dans certaines des zones touchées du Tibet, des équipes de secours.

L’équipe chinoise de secours international est arrivée à Katmandou le 26 avril, le lendemain du tremblement de terre, et l’équipe de secours chinoise n’est parvenue que le 27 avril dans la ville tibétaine de Dram [1]. Dans l’une des villes tibétaines les plus touchées, Kyirong [2], l’aide n’a été fournie que 10 jours après le tremblement de terre initial.

Du 27 avril au 8 mai, à elle seule, la chaîne d’information CCTV en anglais, a évoqué plus de 89 fois l’impact du tremblement de terre du côté tibétain de la frontière, ayant tué au moins 25 personnes. Toutefois, les commentaires ont omis de préciser la condition réelle des personnes touchées et leur vécu personnel, ce qui montre que les reportages étaient simplement conçus pour mettre en valeur les efforts du gouvernement pour aider les populations locales.

Selon la même source, plus de 100 000 Tibétains des régions à proximité de la frontière avec le Népal avaient déménagé dans le Comté de Lhatsé [3], à environ 300 km de la ville frontalière de Dram.

Un témoin du côté népalais du Pont de l’Amitié (à Dram) entre le Tibet et le Népal dit que le côté tibétain de la frontière est maintenant devenu une ville fantôme. "Il n’y a personne. Tout le monde a été emmené là-bas, à Lhatsé", a déclaré Sangye, récemment revenu à Katmandou. "Seules quelques personnes sont restées pour soigner les vaches, pour ceux qui ont des vaches". Il dit que plus de 40 citoyens népalais ont également été relocalisés avec les Tibétains, et que la Chine n’avait commencé sa relocalisation qu’après que les routes ont été déblayées et qu’aucun hélicoptère n’avait été utilisé pour sauver les Tibétains dans les villages et régions éloignés.

Au moins 2 511 maisons se sont effondrées, et du côté tibétain de la frontière, principalement dans les Comtés de Nyalam [4] et Kyirong [2], 300 000 personnes ont été touchées. Selon un guide officiel de la Préfecture de Shigatsé, le Comté de Nyalam comprend 150 000 personnes et le Comté de Kyirong 100 000 personnes. Ces chiffres indiquent à eux seuls l’ampleur et la gravité du tremblement de terre du Népal sur le Tibet.

Il n’y a aucune indication dans les informations officielles chinoises sur le temps où les personnes relocalisées resteront dans les tentes dressées dans le Comté de Lhatsé. Sangye croit que les habitants ont été informés qu’ils ne seraient autorisés à rentrer que lorsque tous les bâtiments seront réparés ou reconstruits.

Source : Voice of America, 31 mai 2015.

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[1] Dram (འགྲམ en tibétain, Zhangmu ou 樟木镇 en chinois) est le point frontière, côté tibétain, entre le Tibet et le Népal sur la route Lhassa - Katmandou.
Dram surplombe le village de Kodari et le hameau de Tatopani, point frontière côté népalais, de l’autre côté du "Pont de l’Amitié", limite entre les 2 pays.
Localiser Dram (Zhangmuzhen) sur cette carte.

[2] Kyirong (སྐྱིད་གྲོང་ en tibétain, 吉隆 ou Gyirong en chinois) est un district de la "Région Autonome du Tibet" dépendant de la Préfecture de Shigatsé.
Ville frontalière entre le Népal et le Tibet, Kyirong, qui signifie "Vallée du bonheur", est connue pour son microclimat et ses riches flores et faunes. Localiser Kyirong sur la carte de la liste des lieux culturels du Tibet .

[3] Lhatsé (ལྷ་རྩེ་ en tibétain, 拉孜 ou Lhazê en chinois) est un Comté de la Préfecture de Shigatsé, dans l’ancienne province tibétaine de l’U-Tsang, actuelle "Région Autonome du Tibet".
Localiser le Comté de Lhatsé sur cette carte.

[4] Nyalam (ou Nielamu, གནའ་ལམ་རོང་ en tibétain, 聂拉木县 en chinois), est un Comté de la "Région Autonome du Tibet" dépendant de la Préfecture de Shigatsé, proche de la frontière du Népal, sur la route Katmandou - Lhassa.
Localiser Nyalam sur cette carte.


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