La Chine reporte son sommet avec l’Union européenne

mercredi 26 novembre 2008 par Rédaction

La Chine a reporté le 26 novembre un sommet avec l’Union européenne qui devait se tenir le 1er décembre à Lyon [1] pour protester notamment contre la rencontre prévue entre le Dalaï Lama et le chef de l’État français Nicolas Sarkozy peu après en Pologne.
"Les autorités chinoises ont fait part à l’Union européenne de leur décision de demander le report du XIe Sommet Union européenne-Chine, prévu pour se tenir le 1er décembre prochain", a indiqué le Conseil de l’UE [2] dans un communiqué. [3]
"Elles ont motivé leur décision par le fait que le Dalaï Lama effectuerait au même moment une nouvelle visite dans plusieurs pays de l’Union [4] et rencontrerait à cette occasion des chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’Union européenne ainsi que des présidents d’institutions européennes", selon le texte.

Le sommet France-Chine qui devait se tenir le mardi 2 décembre à Paris en présence du Premier ministre chinois Wen Jiabao a également été reporté, a-t-on par ailleurs indiqué à l’Elysée.
Le communiqué rappelle que le Dalaï Lama "doit participer à une réunion de Prix Nobel de la Paix à l’invitation de Lech Walesa", le 6 décembre à Gdansk (Pologne).
"L’Union européenne, qui s’était fixée des objectifs ambitieux pour le XIème Sommet Union européenne-Chine, prend acte et regrette cette décision de la Chine", a ajouté le communiqué.
"La balle est dans le camp de la Chine, c’est elle qui a pris la responsabilité de reporter ce sommet. Pour nous, la porte reste ouverte", a indiqué une porte-parole de la présidence française de l’UE.

Position du gouvernement français

Le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a tenu à "rappeler la position équilibrée" du président Nicolas Sarkozy vis-à-vis de Pékin et du Dalaï Lama.
M. Sarkozy "a souhaité que notre pays et l’Europe développent leurs relations avec la chine. C’est à ce titre-là qu’il s’est rendu à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques", le 8 août dernier, a-t-il dit.
Le président avait "toujours indiqué qu’il rencontrerait le Dalaï Lama, non pas en tant que chef d’Etat mais en tant que chef spirituel", a également souligné M. Chatel. Il a aussi rappelé que Nicolas Sarkozy devait se rendre le 6 décembre en Pologne, à l’occasion de la cérémonie du 25ème anniversaire du Prix Nobel de la Paix Lech Walesa, à laquelle assisteront plusieurs autres Prix Nobel, et que c’est à cette occasion qu’il s’entretiendra avec le Dalaï Lama.
"Nicolas Sarkozy, président français et président en exercice de l’Union européenne, est libre de son agenda", a insisté M. Chatel.

La présidence française a regretté la décision de la Chine de reporter son sommet avec l’Union européenne en raison de la rencontre prévue entre Nicolas Sarkozy et le Dalaï Lama, estimant que ce geste de mauvaise humeur n’était pas "positif".
"On pense que, dans la période actuelle, où tous les pays, y compris la Chine, sont confrontés à de graves difficultés économiques et financières, il est important qu’il y ait un dialogue", a-t-on indiqué à l’Elysée. "Ce n’est pas une décision positive qui aide, qui permet de progresser dans le partenariat", a-t-on ajouté.
"Cette décision chinoise donne le sentiment d’une mise en valeur du séjour du Dalaï Lama (...) c’est tomber dans le piège, de la part de Pékin, de dire ’je ne vais plus dans les pays chaque fois que le Dalaï Lama y va’. Le Premier ministre de Chine risque de ne plus voyager beaucoup", a poursuivi un conseiller de Nicolas Sarkozy.
"Le Dalaï Lama vient très régulièrement en Europe et il est à chaque fois reçu à très haut niveau", a fait valoir la même source, reconnaissant toutefois une "coïncidence dans le temps" entre le sommet UE-Chine et la visite du chef spirituel tibétain en Europe.

Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a affirmé le 27 novembre que Paris ne se laisserait pas "dicter" sa conduite, disant regretter la décision de Pékin d’annuler le sommet entre l’Union européenne et la Chine.
"Nous regrettons cette décision. Nous la comprenons mal", a déclaré M. Kouchner à la chaîne de télévision Canal +.
"On ne peut pas se laisser dicter, même par des amis, la conduite de la France", a-t-il affirmé. Interrogé sur une éventuelle modification de l’agenda du président français Nicolas Sarkozy, il a répondu : "il ne peut pas être changé".
"J’espère que nos rapports avec les Chinois en général, le peuple chinois, seront maintenus comme ils le sont, fraternels et très proches, en réalité", a déclaré M. Kouchner.
Il a expliqué qu’il ne s’agissait pas "d’une rencontre particulière entre le chef de l’Etat français et le Dalaï Lama", soulignant que M. Sarkozy devait "rencontrer le Dalaï Lama comme d’autres Prix Nobel de la Paix" présents.

Position du gouvernement chinois

La Chine s’est toujours opposée aux rencontres entre le Dalaï Lama et des dirigeants étrangers.
Le 20 novembre, son ministère des Affaires étrangères avait encore averti Paris des "fortes inquiétudes" chinoises provoquées par la rencontre prévue entre Nicolas Sarkozy et le Dalaï Lama.

Réaction d’un spécialiste de la Chine

Aussi notoire que soit la susceptibilité de Pékin sur le dossier tibétain, la décision de la Chine de reporter son sommet avec l’UE est "spectaculaire", commente François Godement, spécialiste de la Chine à l’Ecole des Sciences politiques à Paris.
Elle montre selon lui que les Chinois - qui n’ont jamais réagi ainsi aux rencontres qu’a eues le président américain George W. Bush avec le Dalaï Lama, souligne-t-il - "traitent les Européens comme des voisins de la Chine" et leur "mettent la pression". D’autant que, côté européen, "c’est la désunion totale sur le Tibet, et la Chine en est parfaitement consciente".

Communiqué de Lionnel Luca

Lionnel Luca est le Président du Groupe parlementaire d’étude sur la question du Tibet. Il a transmis le communiqué suivant le 26 novembre 2008 :
L’arrogance chinoise
Le report du sommet Union Européenne-Chine prévu à Lyon le 1er décembre par le gouvernement chinois de manière unilatérale est une pression inacceptable pour empêcher le Président de la République française de rencontrer le Dalaï Lama en Pologne le 6 décembre prochain.
Au moment où le Dalaï Lama vient de donner une leçon de démocratie par un grand débat entre tous les Tibétains réunis à Dharamsala pour confirmer le choix de l’autonomie et non de l’indépendance, l’arrogance du gouvernement chinois à continuer de dénoncer "le séparatisme tibétain" est aussi ridicule qu’insupportable.

Source : AFP 23 novembre 2008, complément d’information le 27 novembre

[1] Voir à ce propos l’article sur la manifestation à Lyon prévue à cette occasion.

[2] Le Conseil de l’UE est l’organe représentant les 27 États de l’Union européenne

[3] Aucune nouvelle date n’a été fixée pour ce type de réunions. Les sommets UE-Chine se tiennent une fois par an, alternativement en Chine et dans le pays tenant la présidence de l’UE.

[4] Le leader spirituel tibétain doit se rendre également dans d’autres pays de l’UE, dont la Belgique, siège des institutions européennes, et la République tchèque, sans qu’on sache exactement quelles autres rencontres avec des dirigeants européens sont prévues.
Il est arrivé le 23 novembre au Nigéria où il séjourne du 23 au 25 novembre 2008 à l’invitation de la fondation nigériane Osigwe Anyiam-Osigwe pour y donner un discours lors d’une conférence de cette Fondation.


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