La ferveur reste vive au Tibet...

Reportage.

jeudi 29 juillet 1999 par Webmestre

La ferveur pour le Dalaï Lama reste vive dans le nord-ouest de la province chinoise du Yunnan, une ancienne terre tibétaine séparée pourtant depuis plus de 40 ans du reste du "Pays des neiges".

"Ici, tous les Tibétains sans exception adorent en secret le Dalaï Lama", assure un chauffeur de taxi en train d’acheminer des touristes vers le monastère de Songzanlin, l’un des plus grands sanctuaires du bouddhisme tibétain en dehors de la "Région autonome du Tibet".
"Environ un tiers des jeunes moines formés dans le monastère s’en vont rejoindre le Dalaï Lama en Inde", ajoute le chauffeur tibétain, qui préfère conserver l’anonymat.

Depuis 1957, le monastère vieux de trois siècles et sa région font partie du Yunnan, après avoir été séparés du Tibet par ordre du régime communiste et incorporés dans une "Préfecture autonome tibétaine de Deqen". Deux ans plus tard, le chef spirituel tibétain s’enfuyait en exil en Inde.

Après l’arrivée de l’armée chinoise à Lhassa en 1950, le Tibet a été démembré, la moitié de son territoire étant rattaché aux provinces chinoises voisines du Qinghai, Gansu et Sichuan. Encore aujourd’hui, le Tibet chinois, avec ses deux millions d’habitants, ne regroupe qu’environ la moitié de la population tibétaine de Chine. Le Tibet "périphérique" est plus facile d’accès aux journalistes étrangers que le "Toit du monde", dont les autorités chinoises restreignent l’entrée.
Mais à une centaine de kilomètres de la frontière tibétaine et à 3 000 m d’altitude, peu de choses différencient le nord-ouest du Yunnan du reste du Tibet. Même paysage de hauts plateaux, mêmes stupas omniprésents et mêmes chalets à deux étages surmontés d’une bannière montrant le rang des occupants dans la hiérarchie socio-religieuse tibétaine : une bannière blanche indique une famille ordinaire, une jaune révèle qu’un lama fait partie de la famille et une rouge que la famille se flatte de posséder un "bouddha vivant" selon le terme utilisé par les Chinois (Tulkou pour les Tibétains).
"Pour les gens d’ici, la réussite sociale consiste toujours à faire entrer un fils au monastère où seul un enfant par famille peut devenir lama", explique le chauffeur de taxi.

Au sommet d’une colline, le monastère de Songzanlin, sorte de réplique du Potala, le palais du Dalaï Lama à Lhassa, abrite près d’un millier de moines, dont certains viennent dès l’âge de six ans apprendre les rudiments du bouddhisme.
Dans un dédale de temples plus ou moins bien entretenus, la cité-monastère dissimule les portraits - hors-la-loi - du Dalaï Lama derrière des morceaux d’étoffe. Ceux-ci ne verront que l’effigie du jeune Panchen Lama, le numéro deux de la hiérarchie religieuse tibétaine, un enfant reconnu à 6 ans par le gouvernement de Pékin, mais pas par le Dalaï Lama.

La ville voisine de Zhongdian tente de profiter de la présence du monastère pour récupérer un peu de la manne laissée par les touristes venus de toute l’Asie chercher une bénédiction au temple pour la modique somme de 5 yuans (0,6 dollar). En quelques années, la petite cité tibétaine s’est transformée en ville chinoise avec ses hôtels sans âme et ses bars karaoké.
Mais un mur d’incompréhension et de racisme subsiste entre les Tibétains, qui forment les neuf dixièmes de la population, et la minorité han (Chinois de souche).

"De toutes les minorités, les Tibétains restent les plus sauvages. Ils détestent les Hans", assure Yang Shaohua, un chauffeur de taxi han qui a élu domicile à Zhongdian après y avoir fait son service militaire.
"Il y a quelques années, des Hans étaient assassinés dans leur lit, mais aujourd’hui la situation s’est un peu calmée", se rassure-t-il.
Malgré ses deux années passées à Zhongdian, il ne s’est fait aucun ami parmi la population tibétaine.
"Ces gens-là ne font leur toilette que trois fois dans leur vie, le jour de leur naissance, pour leur mariage et quand ils sont morts", explique-t-il dégoûté.

Yang Shaohua se satisfait cependant de vivre à Zhongdian, même s’il admet que la région n’a pas grand-chose à voir avec le reste de sa Chine natale.
On y vit plus librement qu’au Tibet voisin.
"La tension y est telle, même les Hans ont peur de parler", souffle-t-il.

Sources : CSPT - AFP, P. Baert, 29 juil 99


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