La journée de "l’émancipation des serfs" cache une répression au Tibet

samedi 28 mars 2009 par Rédaction

La décision chinoise d’observer le 28 mars une soi-disant "journée d’émancipation des serfs" aggrave les problèmes au Tibet. Les Tibétains y voient une insulte et une provocation. Nous considérons cette "journée d’émancipation des serfs" [1] le 28 mars comme une tentative de déstabilisation et de créer le chaos au Tibet, du fait de quelques individus uniquement préoccupés par leurs propres intérêts. Si les Tibétains perdent patience et descendent dans les rues pour manifester, les dirigeants chinois auront un prétexte pour exercer une répression encore plus brutale.

Tout le Tibet subit déjà une répression de haute sécurité et un déploiement supplémentaire de troupes. Malgré ces mesures, les Tibétains, considérant les conditions de vie au Tibet insupportables, descendent dans les rues individuellement et collectivement et distribuent des tracts appelant à la liberté, à décrocher le drapeau chinois pour hisser le drapeau tibétain. Cette année, les Tibétains n’ont pas fêté le Nouvel An tibétain [2] en signe de deuil envers les victimes de la répression de l’an dernier durant les importantes manifestations qui ont éclaté à travers tout le Tibet. Fait sans précédent dans l’histoire du Tibet, les Tibétains de Kardzé, dans l’est du Tibet, [3] ont décidé de ne pas s’occuper des champs en signe exceptionnel de désobéissance civile et de protestation contre la main de fer chinoise. Un moine, Tashi Sangpo, du monastère Ragya à Golok, dans le nord-est du Tibet, a été arrêté le 10 mars 2009, pour avoir prétendument hissé le drapeau tibétain. Il a échappé à ses gardes et s’est noyé à proximité, dans le Fleuve Jaune. Ces actes et bien d’autres sont la réelle attitude tibétaine face à "l’émancipation" par la Chine.

Cette journée sera observée par les Tibétains à travers le monde, surtout par ceux du Tibet, comme un jour de deuil. Une figure aussi emblématique que Hu Yaobang, le secrétaire général du Parti communiste chinois, [4] qui s’est rendu à Lhassa en 1980, s’est excusé auprès du peuple tibétain et a déclaré que les conditions au Tibet étaient pire que dans le Tibet d’avant 1959.

Quelques jours avant de mourir prématurément, en 1989, feu le Panchen Lama a déclaré que la domination chinoise au Tibet avait apporté plus de souffrances que de progrès au peuple tibétain.

Depuis l’invasion chinoise au Tibet, en 1949-1950, plus de 1,2 million de Tibétains ont péri en conséquence directe du pouvoir chinois et plus de 6 000 monastères ont été réduits en cendres. Aujourd’hui, il est difficile de rencontrer une famille tibétaine qui ne compte pas un membre ayant été emprisonné ou tué par le régime chinois. Cette journée sera considérée comme celle où les Tibétains, en tant que peuple, ont perdu tout vestige de leurs libertés fondamentales, individuelles et collectives.

L’une des justification de la "libération" du Tibet par la Chine est que l’ancien Tibet était féodal et répressif. Ceci est une déformation flagrante de la nature de l’ancienne société tibétaine. Au début du XXème siècle, il n’y avait pas de réel fossé entre les paysans du Tibet et ceux de la Chine. De plus, les paysans tibétains jouissaient de davantage de libertés et de meilleures conditions de vie.

Pour prouver que l’ancienne société tibétaine était répressive, les autorités chinoises organisent actuellement une exposition sur les prisons tibétaines et les châtiments appliqués. Cependant, la réalité est que la taille de la prison de Nangze Shar à Lhassa, abondamment citée par la propagande chinoise, ne pouvait accueillir qu’une poignée de prisonniers. En fait, le nombre total de prisonniers dans tout le Tibet avant 1959 est estimé à une centaine. Après les soi-disant libération et émancipation des "serfs" tibétains, les prisons sont apparues dans tous les coins du Tibet. Rien qu’à Lhassa, il y a désormais 5 prisons principales et la population carcérale se situe entre 3 500 et 4 000 individus.

Le meilleur juge de la "libération" reste le peuple tibétain. Les Tibétains votent de leurs pieds et de leurs vies en franchissant l’Himalaya, en quête de liberté et de bonheur hors de leur Tibet "libéré". Ils sacrifient également leurs vies pour informer le monde des conditions de vie terribles au Tibet. Cela a été amplement démontré l’an dernier lorsqu’une série de manifestations très suivies et généralisée a éclaté à travers tout le Tibet. Si les "serfs" étaient heureux de leur "émancipation", pourquoi auraient-ils risqué leurs vies et se seraient-ils exposés à des coups pour protester contre le pouvoir chinois au Tibet ?

Le Kashag, 27 mars 2009

Source : tibet.net, 27 mars 2009

[1] Voir l’article "Indignation des Tibétains devant la déclaration chinoise de déclarer le 28 mars "journée de l’émancipation des serfs"".

[2] Voir les articles :
- Des dizaines de personnes arrêtées à Lhassa, alors que le mouvement “Pas de nouvel an” se développe et
- Fête du Losar ou non ?.

[3] Garzê sur cette carte.

[4] Hu Yaobang fut Secrétaire Général du Parti communiste chinois de 1980 à 1987. Après sa visite au Tibet en 1980, il demanda pardon aux Tibétains pour la "politique coloniale de la Chine", réduisit le nombre de fonctionnaires chinois au Tibet en donnant une plus grande autonomie, encouragea l’usage de la langue tibétaine, réduisit certains impôts et fournit des aides à l’agriculture et à l’élevage.
Voir sa biographie sur Wikipédia.


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