La nièce de Tenzin Delek Rinpoché fuit en Inde pour lui rendre justice

lundi 8 août 2016 par Monique Dorizon , Rédaction

Nyima Lhamo, 26 ans, nièce de Tenzin Delek Rinpoché, décédé mystérieusement en juillet 2015 [1], est arrivée à Dharamsala le 24 juillet 2016.
S’exprimant face aux journalistes lors d’une conférence de presse tenue en liaison avec l’administration tibétaine en exil, Nyima Lhamo a partagé des témoignages de première main, qualifiant la mort de son oncle "d’assassinat par empoisonnement" et espéré que les preuves de l’homicide soient trouvées.

Nyima Lhamo, parvenue en Inde en passant par le Népal dans des conditions extrêmes au cours des deux dernières semaines, dit que sa décision de partir en exil est motivée par son désir de dire la vérité sur cette affaire et sur la situation de beaucoup, qui, comme lui, continuent de souffrir.
"Je suis pleinement consciente que mes propos sur Tenzin Delek Rinpoché font courir des risques à ma famille et à des parents à la maison (Tibet). Mon espoir est que l’allégation chinoise faite contre Tenzin Delek Rinpoché fasse l’objet d’une enquête approfondie conformément à la loi chinoise et internationale, et que les autorités chinoises révèlent les véritables circonstances ayant conduit à la mort de Tenzin Delek Rinpoché", dit-elle.

Nyima Lhamo a rappelé comment la demande répétée de sa famille de rendre visite au Rinpoché quelques jours avant sa mort a été refusée et qu’ils ont été informés de sa mort en prison, un jour, par un appel téléphonique fortuit. À la suite de cette nouvelle, environ 300 personnes se sont rassemblées au bureau du Comté de Lithang [2] et ont exigé que le corps du Rinpoché soit rendu pour les rites mortuaires.

Debout devant la prison de Chaundong à Chengdu en juillet 2015, Nyima Lhamo a rappelé comment le refus des autorités de restituer le corps et même de le voir une dernière fois, l’a poussée à une tentative de suicide.
"J’ai tenté de me suicider en essayant de me pendre avec un foulard. Cependant, j’en fus empêchée par le personnel de la prison et finalement il me fut donné accès au cadavre du Rinpoché", dit-elle tout en luttant pour arrêter ses larmes. Elle poursuit : "Ses lèvres étaient devenues noires, et, ce que d’autres ayant été autorisés à le baigner m’ont dit, même ses ongles étaient devenus foncés, indiquant qu’il avait été empoisonné". Sa protestation a conduit à la détention avec sa mère pendant 18 jours à Chengdu.

Après la mort et la crémation non cérémonielle du corps du chef religieux, les autorités chinoises ont distribué des brochures et annoncé sur les chaînes de télévision locales que le Tulku était un "faux lama" et un "terroriste", ses photos ont été interdites et ses partisans se sont vu refuser de construire un stupa à sa mémoire, selon sa nièce qui emploie l’expression "Nye Achen" ("Mon oncle", en tibétain) pour désigner Tenzin Delek.

Tulku Tenzin Delek auquel a été décerné la "Médaille du service à la Démocratie" à titre posthume par le National Endowment for Democracy (NED) en juin 2016, est mort à la prison de Chaundong à Chengdu le 12 juillet 2015 au cours de la 13e année d’une condamnation à perpétuité pour "explosion" et "incitation au séparatisme".
Sa condamnation à mort avait été commuée en réclusion à perpétuité.
Le plaidoyer du Tulku pour développer des institutions sociales, médicales, éducatives et religieuses en faveur des nomades tibétains du Tibet oriental et son travail pour la conservation de l’environnement face à des projets d’exploitation forestière et minière aveugles l’avait fait figurer comme personnalité de la résistance et de l’identité tibétaine.

En réponse à une question posée par l’Agence Reuters après le témoignage de Nyima Lhamo, le ministère des Affaires étrangères de la Chine a réaffirmé que le Lama était mort suite à des problèmes cardiaques et que les efforts pour le réanimer avaient été inefficaces tout en affirmant que pendant l’incarcération ses droits avaient été protégés en conformité avec la loi.

Sources : Phayul, 28 juillet 2016 et Phayul, 3 août 2016.

Voir également les articles sur Tenzin Delek Rinpoche :
- "Action urgente : ne laissons pas exécuter deux Tibétains injustement condamnés", du 05/12/2002 ;
- "La campagne s’amplifie en faveur des deux religieux tibétains condamnés à mort", du 08/12/2002 ;
- "Tenzin Delek : déclaration de Wang Lixiong", du 11/12/2002 ;
- "Trulku Tenzin Delek et Lobsang Dhondup font appel ", du 13/12/2002 ;
- "Le PE demande que la condamnation à mort de deux Tibétains soit commuée", du 20/12/2002 ;
- la Lettre du Tibet (P. 2) a publié un article sur Tenzin Delek Rinpoche. du 28/04/2003 ;
- "Tenzin Delek Rinpoche : informations complémentaires", du 05/02/2004 ;
- des explications sur les accusations portées contre Tenzin Delek Rinpoche décrites dans une action urgente pour Tenzin Delek Rinpoche, du 12/11/2004 ;
- "Le PE demande que la peine de mort contre un moine tibétain soit commuée", du 18/11/2004 ;
- "Ngawang Sangdrol demande aux Etats-unis d’intervenir pour Tenzin Delek", du 23/11/2004 ;
- "Résolution du Parlement européen sur le Tibet et le cas de Tenzin Deleg Rinpoche", du 18/01/2005 ;
- "Peine de mort commuée en prison à vie pour Tenzin Delek Rinpoché", du 26/01/2005 ;
- "Le Parlement européen demande la libération de Tenzin Delek Rinpoché", du 01/11/2005 ;
- Dossier "Chine - JO 2008" "Cas n° 4 - Tenzin Delek Rinpoche", du 30/11/2007 ;
- Un texte de l’écrivaine tibétaine Woeser : "Tibet secret", du 22/12/2008 ;
- "Dui Hua, un groupe de défense des droits humains fait pression sur la Chine pour libérer deux prisonniers tibétains", du 11/11/2011 ;
- "Détérioration de l’état de santé de Tenzin Delek Rinpoche", du 02/01/2012 ;
- "Décès de Tenzin Delek Rinpoché", du 15/07/2015 ;
- "Incinération de Tenzin Delek Rinpoché", du 17/07/2015.

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[1] Voir l’article "Décès de Tenzin Delek Rinpoché", du 15/07/2015.

[2] Lithang (ལི་ཐང་ en tibétain, 理塘 en chinois) est l’une des principales villes de la région tibétaine du Kham, célèbre pour sa fête du cheval et quelques grands monastères, dont Thupten Jampaling, fondé par le 3ème Dalaï Lama en 1560 qui est l’un des principaux monastères de la tradition Gelugpa.
Lithang fut parmi les premières villes du Tibet à se soulever en 1956 contre l’occupation de l’armée chinoise et a été à diverses reprises une région de fortes tensions. Lithang est actuellement un Comté de la province chinoise du Sichuan, placé sous la juridiction de la Préfecture de Kardzé.
Localiser Lithang sur cette carte.


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