Le Népal arrête 20 adolescents tibétains en provenance du Tibet

mercredi 14 septembre 2011 par Rédaction

Le Népal a arrêté vingt adolescents tibétains [1] entrés illégalement sur le territoire par la frontière du Tibet, a déclaré le 12 septembre 2011 la police, quelques semaines après que le gouvernement ait assuré à Pékin qu’il réprimerait les activités anti-chinoises sur son sol. [2]
Les quinze garçons et cinq filles [1], âgés de 16 à 18 ans, ont été arrêtés dans un village himalayen de l’ouest du Népal après avoir traversé la frontière à pied. Des milliers de Tibétains entreprenaient chaque année un voyage difficile et dangereux vers le Népal pour fuir la répression politique et religieuse dont ils sont victimes en Chine. [3]
"Ils ont été arrêtés par la police locale dimanche (11/09) matin. Ils avaient marché pendant 16 jours", a déclaré à l’AFP un porte-parole de la police, Binod Singh.

"Un responsable de la police les a accompagnés à Katmandou. Ils seront remis aux services de l’immigration", a-t-il ajouté.
Ces adolescents devraient toutefois recevoir l’autorisation de transiter par le Népal en vertu d’un accord informel entre le gouvernement et l’agence des Nations-unies mise en place en 1989 lorsque le Népal cessa d’accorder aux Tibétains le statut de réfugiés.
Avec l’assistance des Nations-unies, nombre d’entre eux migrent vers Dharamsala, dans le nord de l’Inde, où vit une grande communauté établie sous l’autorité du gouvernement tibétain en exil et du chef spirituel des Tibétains, le Dalaï Lama. A Dharamsala, ces migrants peuvent trouver une aide leur permettant, dans la mesure des faibles moyens disponibles, de se reconstruire après les souffrances endurées. [4]

Le Népal a renouvelé le mois dernier (août 2011) son engagement à lutter contre des "activités anti-chinoises" sur son territoire, lors de la visite d’une importante délégation chinoise qui a annoncé une aide de 50 millions de dollars à ce pays défavorisé.
La Chine, un important pays donateur pour le Népal, a renforcé la pression sur Katmandou pour contenir le flux de Tibétains fuyant la Chine.
Des télégrammes diplomatiques américains publiés par le site WikiLeaks en 2010 indiquaient que la Chine payait la police népalaise pour arrêter des Tibétains [5]. Le Népal, qui abrite 20 000 exilés tibétains ayant obtenu le statut de réfugiés avant 1989, a démenti ces accusations, pourtant confirmées par des témoignages.

Source : AFP, Phayul, 12 septembre 2011.

Complément d’information le 23 septembre 2011 :
Les autorités népalaises annoncent avoir remis, le 22 septembre 2011, 23 personnes au Haut Commissariat pour les Réfugiés des Nations-unies (UNHCR) à Katmandou : les 20 adolescents arrêtés le 11 septembre et 3 personnes arrêtées le 13 septembre 2011 à Barabise.
Des associations de défense des Droits de l’Homme pensent que l’ambassade de Chine à Katmandou a écrit aux autorités népalaises pour demander de renvoyer les Tibétains en Chine, ce qui expliquerait le délai entre l’arrestation et la remise des Tibétains au centre de l’UNHCR.
Source : Phayul, 22 sept. 2011.
Photo des adolescents à leur sortie de Département de l’immigration

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[1] Les premières informations indiquaient 20 adolescents, mais le 22 septembre, le gouvernement népalais annonçait avoir remis 23 (et non 20) personnes au Haut Commissariat pour les Réfugiés des Nations-unies à Katmandou, les trois autres personnes ayant été arrêtées le 13 septembre à Barabise, avant-dernier village népalais avant la frontière.

[2] Le Népal a ces dernières années changé son attitude vis-à-vis des Tibétains. Coincé entre Inde et Chine, et aidé financièrement par la Chine, le Népal se voit forcé de répondre aux demandes de son voisin du nord. Pour cela, il interdit désormais la plupart des manifestations tibétaines, par exemple le 10 mars de chaque année, et arrête les Tibétains qui se regroupent, parfois même pour des motifs simplement religieux. Cette attitude s’est encore renforcée depuis 2008, et s’étend maintenant à d’autres domaines de la vie privée tibétaine. Par exemple, lors des élections du Kalon Tripa (Premier ministre de l’Administration centrale tibétaine) le 20 mars 2011, plusieurs milliers de Tibétains du Népal n’ont pas obtenu l’autorisation de voter des autorités népalaises de Katmandou et la police népalaise a pénétré dans des locaux de vote et subtilisé des urnes, empêchant le déroulement normal de ces élections. (Voir l’article "Le Parlement tibétain en exil demande de l’aide à différentes instances internationales", du 12/10/2010).
Le Parlement européen était intervenu à ce propos pour réagir à cette violation du droit népalais. (Voir l’article "lnterdiction de l’élection du gouvernement tibétain en exil au Népal" du 07/04/2011).

[3] NdR Les conditions de voyage, à pied à travers la chaîne de l’Himalaya, souvent sans équipement ou même vêtements et chaussures adéquats, est la cause de nombreux décès sur le chemin, ou de membres (pieds, doigts) gelés et nécessitant parfois une amputation. Avant 1990, les Tibétains pouvaient demander refuge au Népal, et des milliers de Tibétains ont ainsi fui le Tibet à pied par l’un des 34 cols séparant le Tibet du Népal. Depuis 1989, ne pouvant s’installer au Népal, le Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU permettait aux Tibétains de transiter par le Népal et de rejoindre Dharamsala, où les enfants étaient pris en charge dans les "Villages d’enfants tibétains" (Tibetan Children Villages), mais depuis le début des années 2000, les patrouilles chinoises sont si denses sur la frontière que le flux de migrants s’est pratiquement arrêté, les forces de police n’hésitant pas à tirer sur les migrants.
Voir à ce sujet les articles :
- "Des Tibétains tués près de l’Everest", du 05/10/2006 ;
- "A deux pas du Toit du Monde, l’assassinat des Tibétains", du 14/10/2006 ;
- "De nouvelles précisions sur le drame tibétain de Nangpa La", du 21/10/2006 ;
- "Fusillade au Nangpa La : des nouvelles des enfants détenus", du 31/01/2007 ;
- "La police des frontières ouvre de nouveau le feu sur des Tibétains au col de Nangpa La", du 26/10/2007.
Depuis 2008, très peu de Tibétains ont réussi à passer la frontière, comparativement aux flux des années précédentes.

[4] Voir les articles :
- "Etude sur le traumatisme des nouveaux arrivants au Népal", du 19/10/2006 ;
- "Problématiques de la communauté tibétaine réfugiée au Népal", du 30/11/2010.

[5] Voir l’article "Wikileaks et le Tibet : la Chine paie la police népalaise pour arrêter des Tibétains", du 20/12/2010.


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