Les organisations sociales sous très haute surveillance dans la Préfecture de Kardzé au Kham

dimanche 6 mai 2012 par Rédaction , Monique Dorizon

Les autorités chinoises de la "Préfecture Autonome Tibétaine" de Kardzé [1] ont émis une notification visant à restreindre les activités des organisations non-gouvernementales (ONG) de la Préfecture de Kardzé.
La notification émise le 26 avril 2012 exige que toutes les organisations sociales non-gouvernementales s’inscrivent auprès du Bureau préfectoral des Affaires civiles, à défaut de quoi ces organisations seront déclarées illégales, a rapporté le journal "Ganzi Daily News" propriété du gouvernement, le 27 Avril 2012.

Les ONG de la Préfecture de Kardzé obtiendront l’enregistrement seulement si elles répondent aux critères d’inscription énumérés par le gouvernement, ajoute le rapport du journal, faisant référence à la notification émise par le Bureau préfectoral des Affaires civiles.
La notification a en outre prévenu que les autorités gouvernementales compétentes étudieront la nature et les activités des ONG et, si elles sont jugées non admissibles à l’enregistrement, ces ONG seront fermées.

Voici une brève traduction de la notification reprise par le "Ganzi Daily News" :

Notification du Bureau des Affaires civiles de la Préfecture autonome tibétaine de Ganzi concernant l’enregistrement et le contrôle des activités publiques organisées par les organisations sociales et autres.

Cet avis est émis afin de renforcer davantage la gestion et l’enregistrement des organisations sociales en conformité avec les lois et les normes, la sauvegarde des droits et les intérêts légitimes des organisations sociales, et de maintenir la stabilité sociale et améliorer la crédibilité et la visibilité des organisations sociales, conformément au règlement du Conseil provisoire de l’État pour l’enregistrement et la gestion des organisations sociales, l’enregistrement et la gestion des entités privées non-économiques :

1. Toutes les organisations sociales engagées dans des activités publiques doivent s’inscrire auprès du Bureau des Affaires civiles avant le 31 mai 2012 et cesser toute activité en cas de non inscription. Si ces organisations continuent à fonctionner sans enregistrement, leurs activités seront considérées comme illégales et des actions en justice seront entreprises.

2. Sans un enregistrement convenable, les organisations sociales et leurs activités publiques seront interdites et déclarées illégales. Dans le cas de questions graves qui découleraient des activités de ces organisations sociales, les départements de police prendront des mesures juridiques contre ces organisations.

3. Le Bureau des Affaires civiles enregistrera les organisations sociales qui répondent aux critères d’inscription dans le délai prescrit, et ordonnera la dissolution des organisations qui ne remplissent pas les critères d’inscription. Des actions judiciaires seront prises contre les organisations qui n’obtiennent pas l’agrément, mais qui, cependant, poursuivent leurs activités ; ces organisations seront interdites conformément à la loi.

- Publié par le Bureau des Affaires civiles de la Préfecture de Ganzi (Kardzé), le 26 avril 2012.

Ces derniers temps, il y a eu une augmentation importante du nombre d’organisations tibétaines dans la Préfecture de Kardzé. La majorité de ces organisations ont été fondées par des Tibétains locaux pour organiser l’éducation, les activités religieuses, environnementales, et l’amélioration du bien-être. Parmi les initiatives locales, il y a également la mise en place d’organisations informelles aidant à la négociation et à la résolution de différends entre les Tibétains locaux. Les expériences passées ont montré que ces organisations locales profitent aux collectivités locales à bien des égards, les activités initiées par ces organisations ont abouti à la fondation de foyers pour personnes âgées, d’écoles, et à des programmes visant à protéger l’environnement de la région.

Toutefois, les autorités chinoises considèrent les activités des ONG tibétaines comme politiquement sensibles. Pour le gouvernement chinois, toute activité impliquant un grand nombre de Tibétains, même si elle est non-politique ou pour le bien-être de la collectivité locale, est de nature politique. Dans le passé, il y a eu de nombreux cas où les ONG tibétaines ont été déclarées illégales, fermées de force et leurs membres arrêtés.

Au cours des trois derniers mois, le "Tibetan Centre for Human Rights and Democracy" [2] a signalé la fermeture forcée de trois organisations tibétaines locales installées dans la Préfecture de Kardzé. Le 2 avril 2012, les autorités de Kardzé ont ordonné la fermeture de l’école "Khadrok Jamtse Rokten Lobdra", fondée en 1989 par des Tibétains dans le village de Khadrok, Municipalité de Rongpo Tsa Lema, Comté de Kardzé. L’école, créée il y a 20 ans avec la pleine approbation des autorités locales, donnait des cours de langue, enseignait la culture tibétaine, et mettait un accent particulier sur l’expression orale en langue tibétaine.
Le directeur de l’école, Nyendak, et un enseignant, Yama Tsering, ont également été arrêtés par des agents du Bureau de la sécurité publique (PSB) de Kardzé. [3]

Le 14 avril 2012, les autorités de Kardzé, en particulier des officiers de police du Comté de Kardzé et de la Police armée du peuple (PAP), ont ordonné la fermeture de l’association "Da-yul Thundin Tsogpa" dans le Comté de Kardzé.
L’organisation, créée en 2008 par près de 13 villages situés dans la municipalité de Da-Thama, travaillait à aider à la résolution des différends entre les Tibétains locaux et à renforcer l’unité et l’harmonie entre les Tibétains des 13 villages. La décision du gouvernement de fermer l’organisation a provoqué une manifestation parmi les Tibétains à la suite de quoi de nombreux Tibétains ont été blessés et hospitalisés après avoir été tabassés par les agents de sécurité. Plus de 33 Tibétains restent détenus. [4]

À la mi-février 2012, quatre membres de l’Association de protection de l’environnement de Tawu ont été arrêtés dans le Comté de Tawu [5] à Kardzé par les agents locaux du PSB.
L’Association pour la protection de l’environnement » de Tawu a été fondée en 2011 par des Tibétains venus de différents villages du Comté de Tawu. Le groupe avait l’habitude d’organiser des activités visant à protéger l’environnement en s’opposant à l’exploitation minière galopante, la déforestation, la pêche dans les rivières sacrées, et la contrebande d’animaux. [6]

Source : TCHRD, 2 mai 2012.

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[1] Kardzé (Ganzi ou 甘孜县 en chinois), parfois écrit Garzé, est situé dans la région tibétaine du Kham, actuelle province chinoise du Sichuan. Localiser Kardzé (Garzé) sur cette carte.

[2] TCHRD : Centre Tibétain pour les Droits de l’Homme et la Démocratie

[3] Voir les articles :
- source (anglais) : TCHRD : "Tibetan School Forcibly Closed, Teachers Arrested " ,
- article en français de Tibetan.fr : "Tibet : Fermeture d’une école tibétaine, arrestation des enseignants"

[4] Source : TCHRD : "Arrests, Beatings reported in Kardze After Official Attempts to Close Local Organization"

[5] Tawu ou Dawu, Daofu (道孚县) en chinois). Localiser Tawu (Dawu) sur cette carte.

[6] Source : TCHRD : "Four Tibetan Environmental Activists Detained in Tawu"


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