Libération de Ngawang Phulchung

lundi 5 novembre 2007 par Rédaction , Monique Dorizon

Ngawang Phulchung (nom laïc : Anu ) est né dans le village de Yanda, dans le Comté de Toelung Dechen, municipalité de Lhassa. Il est entré au monastère de Drepung en 1984 où il acquiert rapidement un niveau élevé dans le domaine de la philosophie bouddhiste. Il y obtint le titre de Geshe (Docteur en Philosophie bouddhiste). Son énergie se concentra aussi sur la lutte tibétaine pour les droits politiques et religieux.
Il fut détenu une première fois en 1987, à la suite de sa participation à une manifestation pacifique.
Le 27 septembre 1987, avec 20 autres moines, Ngawang Phulchung organisa une manifestation pacifique dans le centre de Lhassa demandant le respect des droits humains, y compris la liberté religieuse et le droit à l’autodétermination des Tibétains.
Ce fut un tournant dans la lutte des Tibétains et une référence pour d’autres manifestations publiques. Auparavant, peu de Tibétains avaient osé exprimer leurs préoccupations de peur des représailles chinoises.

Les autorités chinoises ont violemment arrêté les manifestants qui furent battus et détenus. Ngawang Phulchung fut détenu sans accusation pendant 4 mois au Centre de Gutsa et fut finalement libéré le 22 janvier 1988 après que son cas eut été largement exposé par les médias internationaux et grâce à l’intervention personnelle du précédent Panchen Lama.
Après avoir été libéré, il rejoint le monastère en 1988. Peu de temps après, il dit qu’il avait participé à la manifestation de 1987 en soutien au Dalaï lama et aussi pour protester contre la condamnation par le gouvernement chinois du Plan de Paix en Cinq Points du Dalaï Lama exposé à Washington le 21 septembre 1987 et rappelé à Strasbourg le 15 juin 1988, considéré par la Chine comme une tentative de division de la Patrie. Quand il fut interrogé par les autorités chinoises pour savoir si lui et les autres avaient eu peur de manifester, sa réplique fut "Non, nous n’avions pas peur … nous étions déjà préparés à perdre nos vies pour les 6 millions de Tibétains. Quoiqu’il en soit, sacrifier sa vie n’est pas contre le bouddhisme".
Ngawang Phulchung fut aussi l’un des dix membres [1] du monastère de Drepung qui clandestinement ont produit des écrits politiques et les ont distribués à la fin 1988 après leur libération le 22 janvier 1988. Il fut unanimement choisi comme chef du "Groupe des dix"
Le 22 avril 1989, Ngawang Phulchung et trois autres moines furent arrêtés dans le monastère de Drepung pour avoir constitué un "groupe contre-révolutionnaire" qui a clandestinement produit des tracts politiques. Tous les quatre furent détenus à la prison de Sangyip, communément appelée "Centre de détention du Bureau de la Sécurité Publique de la Région Autonome du Tibet". Dans la "littérature réactionnaire" publiée par le groupe figurait une traduction complète de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Le groupe avait aussi écrit sur l’instabilité politique au Tibet, critiqué les violations des Droits de l’Homme dues aux autorités chinoises, établi la liste des personnes arrêtées ou tuées par la police et l’armée chinoises et appris aux Tibétains le soutien international à leur cause. Un autre document publié par le Groupe avait pour titre : "La signification de la Précieuse Constitution Démocratique du Tibet". Il décrivait un système parlementaire pour un Tibet indépendant, mettant en relation les principes traditionnels de la dialectique bouddhiste avec le concept de démocratie et appelait les Tibétains à combattre avec leur "force intérieure".
Les quatre membres du Groupe furent arrêtés le 18 juillet 1989 et détenus au centre de détention du PSB de la Région Autonome du Tibet.
Tous connurent des actes de torture et des mauvais traitements de la part des gardiens de prison. Ngawang Phulchung, leader du Groupe fut particulièrement maltraité. Afin de faire un exemple, les autorités chinoises firent un jugement-spectacle.
Le 30 novembre 1989, quand le Groupe fut condamné devant un public de 1 500 Tibétains, contraints d’être là, Ngawang Phulchung fut dénoncé comme étant le chef du Groupe et condamné à 19 ans d’emprisonnement avec cinq ans de privation de ses droits politiques.
La Cour Populaire Intermédiaire de Lhassa l’accusa d’avoir "organisé et regroupé une clique contre-révolutionnaire et répandu de la propagande contre-révolutionnaire et de la désinformation", "portant sérieusement atteinte à la sécurité nationale" et "collectant des renseignements et les transmettant à l’ennemi". On dit à la foule assemblée que les moines avaient "de manière venimeuse calomnié notre système socialiste caractérisé par la dictature démocratique populaire".
Le gouvernement chinois retransmis la condamnation à la télévision avec cet avertissement : "Les crimes commis par Ngawang Phulchung et les autres criminels montrent que les soi-disant Droits de l’Homme, libertés et démocratie courtisés par les séparatistes aussi bien ici qu’à l’étranger, ne sont rien d’autre qu’un tas de mensonges trompeurs. Que la condamnation de Ngawang Phulchung avertisse les séparatistes, tant ici qu’à l’étranger, que ceux qui divisent la mère patrie ne parviendront pas à leurs fins".
Le 30 mars 1991, une délégation américaine a visité la prison de Drapchi et un groupe de prisonniers a transmis aux diplomates une pétition protestant contre les conditions de détention. La pétition fut confisquée et après la visite, des prisonniers - dont Ngawang Phulchung - ont été sévèrement battus et mis en cellule d’isolement. Ngawang Phulchung et d’autres prisonniers ont continué leur protestation contre le mauvais traitement des prisonniers. Il s’en est suivi inévitablement des coups et le placement en cellules d’isolement obscures.
Ngawang Phulchung a été transféré à la prison de Drapchi avec les autres membres du Groupe le 15 janvier 1990. Puis il a été envoyé à la prison de Chushul où il est demeuré jusqu’à sa libération vers le 21 octobre 2007. Son état de santé est particulièrement fragile du fait des tortures et mauvais traitements subis pendant la détention.
Tous les membres du "Groupe des 10 [1]" sont aujourd’hui libérés après avoir purgé des temps de prison plus ou moins longs, de 5 à 18 ans, et avoir été privés de leurs droits politiques pour quelques années.
Selon le TCHRD, en date d’octobre 2007, 140 prisonniers politiques tibétains seraient aujourd’hui encore dans les prisons chinoises, 51 purgeraient des peines de plus de 10 ans et 97 seraient des moines.
La République Populaire de Chine (RPC) est signataire de la Convention des Nations-Unies contre la torture et autres traitements inhumains ou dégradants depuis 1988. Bien que la RPC mette hors la loi certaines formes de torture dans le texte révisé de la Loi chinoise de Procédure criminelle qui a pris effet en 1997, la torture est systématique dans les prisons du Tibet sous administration chinoise.

Source : TCHRD

[1] Groupe des dix : Ngawang Woeser, Ngawang Phulchung, Jamphel Jangchup, Ngawang Gyaltsen, Jamphel Losel, Jamphel Monlam, Ngawang Rinchen, Kalsang Thutop (décédé en prison en juillet 1996), Jamphel Tsering et Ngawang Kunga.
Source : TCHRD


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