Phuntsok Wangchuk

mardi 20 février 2001 par Webmestre

Phuntsok Wangchuk est né en 1973 à Chungyé dans le Lhoka dans une famille de fermiers dont il est le plus jeune enfant. Il a été scolarisé dans l’école de son village et a ensuite continué ses études dans deux autres établissements de plus haut niveau. Les étudiants parlaient entre eux de la situation politique du Tibet et certains professeurs tibétains qui venaient régulièrement pour des conférences les influençaient discrètement pour la préservation de leur identité.

Ainsi Phuntsok Wangchuk débuta sa propre action en faveur de l’indépendance de son pays. Il prit pour habitude de revêtir l’habit traditionnel tibétain et de porter un reliquaire qui contenait entre autre une petite photo du Dalai Lama. Ceci mis à part, il rédigeait essentiellement des tracts sous forme de simple documentation ou d’affiche. Il écrivit de nombreux articles et poêmes dans le magazine de son école, prônant l’indépendance du Tibet. Il diffusa également les paroles d’une chanson indépendantiste écrite par Ngawang Chomphel. Les autorités chinoises s’intéressèrent alors à lui de très près, mais il échappa quelque temps à leur vindicte grâce au soutien de son professeur de poésie qui prit sa défense auprès de l’administration de son école qui voulait le renvoyer.

Finalement, le 15 juin 1994 à 3 heures du matin, alors qu’il dormait seul dans la chambre de l’un des enseignants, 7 policiers vinrent l’arrêter. Phuntsok Wangchuk ne fut pas maltraité à ce moment-là car sa famille qui avait été prévenue de son arrestation avait sollicité quelques relations qu’ils avaient parmi la police de le ménager car il souffrait de troubles « mentaux ». Ceci pouvait naturellement s’expliquait par l’excentricité de ses tenues vestimentaires. Il fut conduit au commissariat central de sa préfecture, Tsethang, où il fut longuement interrogé pendant des jours et des jours. Bien qu’il niât les faits qu’on lui reprochait, il fut finalement jugé le 8 septembre 1994 et condamné à 5 ans de prison pour activités contre-révolutionnaires. Il ne fut conduit à la prison de Drapchi pour y purger sa peine que le 1er janvier 1995. Durant sa détention avant le jugement, il ne fut autorisé ni à recevoir des visites ni à changer d’habit.

A Drapchi, il fut soumis aux travaux forcés et souvent battu. Il devait comme ses compagnons, travailler dans les champs, dans les serres mais également servir de bête de somme pour transporter des matériaux de construction. Il souffrit énormément de son dos dont la peau partait en lambeaux. Un jour, alors qu’il refusa de se plier aux propagandes communistes, il fut sévèrement torturé et écopa de plusieurs jours de cachot. Il ne reçut qu’un seul tingmo (petit pain vapeur) et un verre de thé par jour. Des prisonniers de droit commun qui devaient surveiller les politiques, le prirent en pitié et s’arrangèrent pour lui passer de nuit un peu de nourriture au risque de se faire attrapper.

Lors des émeutes du 1er mai 1998 à Drapchi, Phuntsok Wangchuk resta enfermé dans l’enceinte de sa section. Lorsque la mutinerie du 4 mai 1998 souleva une fois de plus les prisonniers, Phuntsok Wangchuk fut l’un de ceux qui entraîna ses compagnons à la révolte. Ils se ruèrent sur l’entrée de leur section pour en briser la porter, projetant de se répandre dans toute la prison pour y exprimer leur revendication de liberté du Tibet. Ils furent arrêtés dans leur action par des soldats armés qui tirèrent dans le tas.

Deux amis de Phuntsok Wangchuk furent blessés par balle et deux furent abattus. Phuntsok Wangchuk comme quelques autres de ses amis furent arrêtés pour ces faits. Bien que tous les prisonniers furent alors terriblement battus et torturés, il fut l’un de ceux qui souffrit le plus. Un de ses camarades choisit de se suicider dans les toilettes pour échapper aux tortures. Les policiers s’occupèrent sérieusement de Phuntsok Wangchuk pour lui faire avouer qu’il était l’un des instigateurs de la révolte de sa section, mais le jeune homme se tut obstinément sachant qu’il écoperait d’une peine supplémentaire s’il confessait son implication dans cette mutinerie. Phuntsok Wangchuk fut inhumainement battu à coup de matraque. Il subit de nombreuses électrocutions, notamment dans la bouche, dans les oreilles et sur les parties génitales. Il fut attaché sur une croix et tabassé chaque jour pendant des heures. Lorsque, dans cette position, un policier se mit à piétiner sa tête avec des chaussures ferrées, il fut persuadé qu’il allait mourir, alors il cria « vive le Tibet libre » car il voulut que ce soit là les derniers mots de sa vie et il perdit connaissance. Ses bourreaux le ranimèrent à coup de seaux d’eau à plusieurs reprises pour reprendre leur interrogatoire, mais Phuntsok Wangchuk n’avoua toujours pas. Son corps était dans un état lamentable, tout enflé, brisé et bleui par les coups. Son état étant alors jugé critique par les autorités carcérales, il fut conduit à l’hôpital militaire de Lhassa pour y recevoir des soins pour qu’il ne mourut pas...

Reconduit à Drapchi après plusieurs jours, les interrogatoires reprirent de plus bel. Afin d’y échapper, il voulut se suicider comme son ami et pour mourir il avala des débris de verres et des aiguilles. A nouveau il fut conduit à l’hôpital. Les médecins l’attachèrent de force à un lit et lui administrèrent un traitement... et là encore, il ne mourut pas. Il souffrit pourtant beaucoup.

Phuntsok Wangchuk garde les marques des tortures qu’il a subies : il boîte, il porte de très nombreuses cicatrices sur tout le corps et exprime un farouche besoin de dénoncer les atrocités commises par les autorités chinoises au Tibet, notamment envers les détenus de conscience. Libéré le 14 juin 1999, il retourna dans sa famille. Constamment harcelé par les policiers qui le surveillaient, sa vie devint vite insoutenable et il choisit de s’enfuir en exil suivant le conseil de ses amis prisonniers politiques pour y témoigner de leur vécu.

Il arriva à Dharamsala le 4 décembre 2000. Il rédigea minutieusement son témoignage par écrit pour les autorités tibétaines en exil et se rendit à Bombay pour y donner des conférences dans plusieurs universités. Il revint à Dharamsala en février 2001 et se présenta à la CAPT/CSPT pour témoigner de son vécu et y recevoir un soutien financier comme le lui avait conseillé une prisonnière politique soutenue précédemment par cette association. Phuntsok Wangchuk reçoit toujours des soins médicaux, notamment pour sa jambe. Il voudrait poursuivre ses études en exil, mais il ne sait pas encore où et quand et comment. L’essentiel pour lui réside dans une quelconque action en faveur de l’indépendance de son pays et de son peuple. Il a été accepté pour un parrainage régulier de un an minimum qui sera prolongé ou non en fonction de sa situation ultérieure.

Dharamsala


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