Première rencontre, témoignage sur une femme d’exception

mercredi 23 novembre 2011 par Jean-Paul Ribes

C’était fin 1986. Pour annoncer dans les colonnes de mon journal, L’Express, la naissance de la Fondation France Libertés, je rencontre Danielle Mitterrand, dans le petit bureau qu’on lui avait prêté, au rez-de-chaussée d’un immeuble bourgeois du 17éme arrondissement.
Le contact est aisé, mais surtout empreint d’une absolue sincérité.
A la fin de l’interview, j’ose lui dire : "je pense que vous seriez heureuse de rencontrer le Dalaï Lama, vous partagez beaucoup de valeurs avec lui". Elle en convient.
Sachant qu’il doit se rendre à Strasbourg prochainement, je lui suggère de l’inviter à faire un détour par Paris. "C’est un peu rapide, et je dois convaincre François, mais nous allons envisager les choses". Entre alors dans le bureau Raphaël Douieb, secrétaire de la fondation qui vient de naitre.
Surprise ! Raphaël est un vieil ami de Jean-François Bizot, qui l’invitait à venir partager nos nuits de bouclages à Actuel, ou j’étais rédacteur, il y a quelques années de cela.
Je répète devant lui ma proposition. "Ça va être difficile dans ce délai, mais je te promets que je ferai tout pour que cette rencontre avec Danielle ait lieu".
Danielle ne s’est pas engagée à la légère et cette formidable femme tient ses promesses. Un an plus tard, le Dalaï Lama est à Paris, invité de la Fondation.
Installé à l’Hôtel Meurice, nous frôlons l’incident en réussissant à faire hisser le drapeau tibétain sur la façade de l’Hôtel. Danielle apprécie le geste !
Peu d’hommes politiques osent se mouiller, sinon Bernard Kouchner, alors secrétaire d’Etat à l’action humanitaire qui arrive à pied, et que je fais entrer discrètement par l’escalier de service, jusqu’au salon ou se trouve Sa Sainteté.
Danielle organise une conférence de presse dans ses nouveaux locaux du Trocadéro à l’issue de laquelle elle rédige une lettre qu’elle adresse à l’ambassade de Chine. Avec une rare grossièreté, qui choquera l’opinion, l’ambassadeur refuse de recevoir cette lettre et la fait retourner sans l’ouvrir à l’épouse du Président.

J’ai appris à connaître la générosité de cette femme et surtout son "courage tranquille". Nous nous retrouverons dans ce même palais de Chaillot en 1989 pour la remise du Prix de la Mémoire, décerné avant que l’académie Nobel n’ait annoncé sa décision. Grâce à elle, les choses ont changé. Le Président de la République acceptera même de s’entretenir avec le Dalaï Lama, à l’Elysée. Sans journalistes ni photographes, il est vrai.
Et puis ce sera le voyage à Dharamsala, ces images émouvantes d’une promenade amicale dans le jardin du Dalaï Lama.
A Paris, chaque fois qu’un hôte tibétain est de passage, elle nous reçoit à la Fondation. Sans doute eut-elle rencontré Lobsang Sangay, qui nous rend visite cette semaine [1].
Le Tibet est toujours sous le joug. Qui remplacera cette femme d’honneur et de générosité ?
Souhaitons que son exemple génère de nouvelles vocations.

Jean-Paul Ribes

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[1] Voir l’article "Première visite en France de M. Lobsang Sangay", du 21/11/2011.


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