Regards d’un voyageur sur le Tibet

vendredi 5 septembre 2014 par Rédaction , Monique Dorizon

Ce texte est un compte rendu saisissant de la visite d’un chercheur étranger dans la région tibétaine de l’Amdo, au début de l’été 2014.
L’étranger, qui parle chinois, donne son point de vue sur le rythme spectaculaire de l’évolution sur le plateau, de l’urbanisation et l’arrivée du chemin de fer à l’impact des politiques chinoises dans les prairies rurales éloignées. Le chercheur relie le paysage tibétain à son passé récent et aux politiques de la Chine : les manifestations à Labrang qui ont abouti à la torture et à la mort d’un moine et tant d’autres encore en prison ; le stupa blanc à Tsoe où le grand-père du 7ème Gungthang Rinpoché qui s’est auto immolé en 2012 ; les vendeurs de bibelots chinois faisant de l’argent sur le Tibet chic dans une ville de monastère. Le chercheur a choisi de rester anonyme.


Alors que mon avion atterrissait à Chengdu, capitale de la province du Sichuan, je me demandais ce que j’allais trouver à mon retour au Tibet.
Ma destination était l’Amdo, la région la plus septentrionale du Tibet [1], aujourd’hui divisée en préfectures prétendument "autonomes" dans les provinces du Sichuan, Gansu et Qinghai. Depuis ma dernière visite ces zones ont connu de grandes manifestations, répressions sévères, et des dizaines d’auto-immolations.
Au cours des deux semaines suivantes, j’ai voyagé à travers de petits villages et de grandes villes, parlant à des nomades, moines et commerçants, en mandarin et en tibétain, de leur vie dans le Tibet occupé par la Chine.

Ce que j’ai trouvé illustre le paradoxe auquel la Chine est confrontée au Tibet : même si Pékin resserre son étreinte et transforme le pays, leurs efforts ne réussissent pas au niveau humain. Partout à travers le Tibet, les gens affichent ouvertement et courageusement leur mécontentement envers la domination chinoise et leur désir du retour du Dalaï Lama.
Parfois, la transformation du Tibet est physiquement présente, visible à l’œil nu. Une heure ou deux à l’extérieur de Xining, juste au-delà du bruit et de la construction de la ville nouvellement construite de Ping’an, le paysage commence à évoluer en quelque chose d’identifiable comme tibétain. Mais alors que des drapeaux de prière et des stupas commencent à proliférer sur le côté de la route, c’est aussi le cas des pylônes, des équipes de travail, et autres signes de la construction ferroviaire.
À des heures, à l’est, le même travail peut être observé dans les vallées étroites reliant Tsoe [2] avec la première grande ville au-delà de la frontière du nord-est du Tibet, Linxia. La ligne Tsoe-Linxia [3] pourrait servir d’étude de cas pour montrer les effets secondaires néfastes de la construction imprudente du chemin de fer, particulièrement terrifiante étant donné l’environnement fragile du haut plateau tibétain.
Autrefois une vallée verte envahie de troupeaux de moutons et de chèvres pâturant, la route est désormais dominée à la fois par la voie ferrée et les débris résultant de sa création. De plus petits troupeaux de moutons essaient de se faufiler dans de minces bandes le long des voies ; des villages tibétains ont été fractionnés et coupés en deux. Les impacts environnementaux et sociaux de cette ligne ont été si graves que même le Ministère des chemins de fer de la Chine notoirement fonceur, a été brièvement forcé à l’arrêt, suite à un ordre du Ministère de la Protection de l’Environnement, en 2013. Le travail semble se poursuivre à nouveau maintenant, mais de plus graves questions sur qui va y gagner et qui va y perdre quand le chemin de fer sera terminé, restent sans réponse.
En arrivant dans la ville de Sangchu [4], on remarque la rapidité avec laquelle le "quartier" chinois a grossi ces dernières années - peut-être, maintenant, pourrait-il être plus justement appelé une "moitié" chinoise. De nouveaux immeubles éclipsent tout du côté tibétain de la ville, tandis qu’une place de la ville en imitation tibétaine, à côté de la rivière, reçoit encore quelques finitions. On remarque aussi les nouveaux panneaux consciencieusement hissés sur tous les magasins, hôtels et restaurants de Sangchu.
Les affiches gouvernementales confortent le chinois comme langue dominante dans cette préfecture tibétaine prétendument "autonome" ; le tibétain étant écrit en petites lettres au-dessus des caractères chinois. Les mots anglais, en bas, sont tout simplement une transcription du chinois, donnant des noms tibétains tronqués et indiquant de manière peu claire les fonctions de chaque magasin pour ceux qui ne parlent pas le mandarin.
Dans le reste de la préfecture, les lois sur la signalisation bilingue sont ouvertement violées, ou bien l’esprit de la loi est ignoré, comme c’est le cas avec les panneaux indicateurs sur les routes où le tibétain est imprimé en bien plus petit que le chinois, devenant presque certainement illisible pour un conducteur.
D’autre part, les Tibétains eux-mêmes demeurent tibétains avec fierté. A Sangchu et dans les petites villes des prairies proches - Gartse, Gangya, Sangkhog – des Tibétains, hors des autoroutes, chevauchent des motos équipées de petits tapis tibétains sur les sièges, portent des chubas à manches longues et des couteaux à la ceinture. Les vieillards et les femmes s’assoient à l’ombre, faisant tourner les moulins à prières et commérant. Des pèlerins font le tour des monastères et arpentent lentement leur chemin entre les villes, font quelques pas en avant à chaque prosternation. Des moines se saluent sous le soleil de midi tandis qu’une foule d’étudiants se déploie pour ramasser les déchets sous la direction de leurs professeurs. Ils m’interrogent sur l’Amérique, et hurlent avec fierté quand je demande s’ils aiment vivre au Tibet.

Le paysage est incroyablement beau alors que le printemps tourne à l’été. Des drapeaux de prière dominent le haut des sommets, bien au-dessus des champs verts et des stupas blancs qui recouvrent les vallées en dessous. Arriver à un lac appelé Tarzang Tso demande d’utiliser un chemin escarpé, en lacets pour grimper dans les montagnes, en passant à côté de bouquets de fleurs bleues et des villages tibétains aux épais murs de pierre. Dans les prairies, les montagnes cèdent progressivement la place à des panoramas sans fin, des ciels bleus, et l’air si pur qu’il suscite un soulagement palpable à tous ceux qui ont beaucoup souffert, comme par exemple lors d’une journée passée dans le smog étouffant d’une méga-ville chinoise.
Cependant, même ici, la terre est marquée, et une énorme exploitation minière en dehors de Amchog [5] pose la même question : à qui profite cela ? Et qui paiera l’addition ?

Dans le comté de Machen [6], à quelques heures de là, désaveu d’une société minière chinoise opérant dans la région tibétaine de Golog qui déverse le trop-plein non filtré directement dans la rivière Machu. Si la puissante Machu (qui devient le Fleuve Jaune une fois qu’il arrive en Chine) est une facilité pour la pollution incontrôlée, quel recours les éleveurs et les villageois d’une ville peu connue ont-ils contre les dégâts environnementaux ?
La réalité d’une sévère sanction limite ce que certaines personnes pourraient dire. Un homme dit qu’il veut parler de politique, mais il a peur, me disant qu’un Tibétain a été battu à mort par la police chinoise pour avoir parlé à des étrangers, il n’y a pas très longtemps. La situation est "si mauvaise" pour les Tibétains de nos jours, dit-il au moment de nous séparer.

Beaucoup d’autres sont courageux, et des hommes et des femmes de tous âges et origines me disent à plusieurs reprises qu’il est impossible pour les Tibétains d’obtenir des passeports ces jours-ci. Je continue à rencontrer des Tibétains qui ont passé quelques années en Inde, beaucoup d’entre eux voulaient obtenir une meilleure éducation que celle qu’ils pouvaient obtenir en territoire chinois, ou passer du temps près du Dalaï Lama. Avec les passeports limités et la sécurité des frontières qui s’est renforcée, le nombre de Tibétains réussissant à aller au Népal ces jours-ci n’est plus qu’une petite proportion de ce qu’il était. Il est troublant de penser que les autorités chinoises pourraient rompre ce lien vital par pure discrimination ethnique.

A Taktsang Lhamo [7], des rangées de bâtiments à deux étages, à différents stade d’achèvement, bordent la route. Bientôt la ville fera deux fois sa taille actuelle. Un commerçant m’a dit avoir peur que sa ville ne ressemble bientôt à Dali ou Lijiang, hauts lieux touristiques du Yunnan dont les occupants d’origine ont été chassés pour faire place à des rangées de boutiques de souvenirs toutes identiques. Les minorités Bai et Naxi ont perdu leurs villes d’origine à la demande de l’industrie chinoise du tourisme, et déjà des marques de ce changement se voient à Taktsang Lhamo - une douzaine de magasins sont apparus au cours des trois ou quatre dernières années, vendant de "l’artisanat ethnique" générique, objets qui ont peu de liens identifiables avec l’ethnie tibétaine et, presque certainement, la plupart n’ayant pas été fabriqués à la main. L’homme désigne les quelques magasins encore détenus par des Tibétains, un ici, un de l’autre côté de la rue, un en bas du pâté de maisons. Le reste est détenu, et dans de nombreux cas géré, par les migrants chinois.

On m’a raconté une histoire illustrant les frustrations des Tibétains vis-à-vis des migrants chinois.
Certains employés chinois dans les magasins de souvenirs ont commencé à porter des vêtements et des bijoux tibétains, tentant d’induire en erreur les touristes chinois et espérant les amener à dépenser plus d’argent.
Un jour, un touriste vient dans un magasin, juste après avoir vu les moines débattre dans le monastère voisin de Lhamo Kirti. Ne sachant pas ce que faisaient les moines, il prend l’employé chinois pour un Tibétain et demande si les moines étaient en train de se battre. L’employé, ne sachant pas lui-même, mais ne voulant pas passer à côté, répond : "Oui, c’est cela ! Nos moines tibétains sont violents et très indisciplinés".
Beaucoup d’habitants sont mécontents de voir les migrants manquer de respect et dénigrer leur culture de cette manière. Le sujet peut être particulièrement sensible à la lumière des récits du gouvernement qui dépeignent le clergé tibétain comme irrationnel et ayant besoin d’un contrôle plus strict du Parti communiste.

En regardant les portraits installés dans les temples, boutiques, restaurants et maisons, on peut voir comment une grande partie des moments les plus simples de la vie de tous les jours au Tibet est déterminée par les diktats arbitraires du Parti et les organes de la police qui les appliquent.
Dans une ville, la police a décidé que les portraits du Dalaï Lama étaient inacceptables, et son portrait ne peut être trouvé que dans des endroits calmes, hors des sentiers battus.
Dans une autre ville, juste à quelques heures de route, l’interdiction de son image n’est pas appliquée, et les commerçants tibétains se réjouissent de mettre sa photo dans les endroits les plus en vue. "Il nous manque tellement", me dit une femme.

Un autre portrait est uniformément impossible à trouver : celui de Gyaltsen Norbu, le garçon désigné par Pékin comme 11ème Panchen Lama [8].
Je ne m’attendais pas à le voir beaucoup, mais le degré de son absence est toujours frappant, la seule exception étant une petite image collée sur le mur extérieur d’un temple à Labrang.

En revanche, les images du bien-aimé 10ème Panchen Lama sont beaucoup plus nombreuses ; j’ai arrêté de compter à 150. Ces chiffres montrent la façon avec laquelle les Tibétains ont rejeté la réalité alternative que Pékin leur impose, celle dans laquelle des gens comme le Dalaï Lama et Gedhun Choekyi Nyima, ce Tibétain légitimement reconnu comme Panchen Lama, ne sont pas autorisés à exister. La force nécessaire pour maintenir cette réalité alternative est visible tous les jours, que ce soit sous la forme d’un cordon de policiers portant des boucliers anti-émeute et des fusils dans la rue principale à Sangchu [4], une forêt de caméras mise en place pour surveiller le monastère de Labrang, ou les exigences d’enregistrement persuasives et les contrôles de police sur les routes.

Le monastère de Lhamo Kirti fourmille de jeunes moines novices, qui, après la fin des cours du matin, se propagent le long de la rivière pour manger des collations et jouer. Des pèlerins font tourner les moulins à prières en passant devant une nouvelle salle de prières en construction.
Situé à quelques minutes de là, le monastère de Sertri brille avec ses toits d’or et un cadre encore plus pittoresque, mais c’est étrangement calme par rapport à Kirti.
Curieux, je questionne et apprends que Kirti est le foyer de 1 100 moines et d’un grand nombre de novices, tandis que Sertri en compte à peine 350. Il s’avère que l’abbé de Sertri a critiqué le Dalaï Lama au nom du Parti communiste, gagnant des quantités de fonds gouvernementaux, mais perdant le respect des moines locaux et des laïcs.
Ce genre de favoritisme officiel n’est pas unique au Tibet, où une poignée de monastères comme Sertri et Ganden Sumtseling à Gyalthang [9] ont récupéré d’énormes avantages financiers en se mettant du côté du Parti pendant que Lhamo Kirti a des liens de longue date avec Ngaba Kirti, bastion du sentiment national tibétain et épicentre du début des protestations tibétaines par auto-immolation [10].
Un groupe de moines en train de déjeuner en ville me parle avec fierté de l’histoire et des diverses branches du système monastique de Kirti, évoquant avec dédain le monastère de Sertri et de son abbé "pro-Parti".
Un autre groupe de moines m’invite dans leurs habitations, qui bénéficient d’une grande affiche avec des photos des objets du quotidien et leurs noms appropriés en tibétain pour les aider à éviter de parler chinois, parcelle d’un effort pour préserver l’utilisation de leur langue maternelle dans la conversation quotidienne.

Lhassa éclipse parfois le reste du Tibet dans l’imagination étrangère, mais en voyageant à travers l’Amdo, il saute aux yeux à quel point les différentes régions du Tibet sont profondément interconnectées aujourd’hui. Au monastère de Terlung, un groupe de pèlerins descend d’un bus et commence à visiter le monastère, non pas des pèlerins des prairies allant à Lhassa, mais plutôt des pèlerins de Lhassa visitant les monastères de l’Amdo.
Ils se déplacent dans le monastère avec une intensité particulière, jetant des Khatas (écharpes de cérémonie blanches) sur les bras d’une statue géante, se prosternant devant des images de divinités bouddhistes, et laissant des piles d’offrandes sur les autels.
Alors que j’avançais à côté d’une femme, elle arrêta sa répétition calme de "thug je che, thug je che, thug je che" ("Merci, merci, merci") pour signaler que je devrais faire de même. Quand au Tibet ... "Thug je che, thug je che, thug je che".

À côté d’un des monastères, il y a un ensemble comprenant une auberge, un restaurant tibétain, une maison de thé, et une galerie de thangkas. Fondée par un moine de Golog, les bâtiments et leurs intérieurs sont de beaux exemples de l’architecture et de la décoration tibétaine, et la nourriture est délicieuse : alimentation de base tibétaine telle que momos de viande de yak, sha balep (pain frit), et de la tsampa. Le personnel est presque entièrement tibétain, et un jeune homme assis dans le hall du restaurant pince les cordes d’un dranyen traditionnel tibétain.
Il est revigorant de voir une telle entreprise nettement tibétaine connaître un succès commercial.

Pendant ce temps, un regard sur Norlha offre un autre aperçu de la modernité tibétaine : des écharpes en laine de yak d’une incroyable haute qualité et des vêtements faits par les nomades utilisant des techniques traditionnelles se vendent à plus de 100 $ (77 euros environ). D’autres magasins vendent des chubas ayant une touche moderne et des coques pour smartphones avec des dessins tibétains.

De nouveaux bâtiments à Tsoe, capitale de la "Préfecture Autonome Tibétaine" de Kanlho, brillent dans le soleil. Deux grandes statues, l’une d’un yak et l’autre d’une certaine chiru (antilope du Tibet), dominent un parc qui s’étend le long du boulevard central.
La communauté musulmane hui est en plein essor dans cette ville, qui a cessé de se développer vers le sud au cours des dernières années. La plus belle vue ici est sans conteste le Milarepa Lhakhang, temple imposant de plusieurs étages sur le domaine du monastère de Tsoe Ganden Chœling.
Peu de temps après ma visite, Tsoe a surgi aux informations quand plus de 100 000 Tibétains se sont réunis pour un enseignement bouddhiste appelé l’initiation de Kalachakra, donnée par Setsang Rinpoché, abbé très respecté du monastère de Tsoe. Des milliers de policiers de la police paramilitaire armée chinoise sont arrivés peu de temps après, envahissant le boulevard et intimidant les foules [11].

De retour dans les grandes villes chinoises, près de la limite nord-est du Tibet, les Tibétains forment une petite, mais visible, minorité. Les Tibétains khampas de Yushul vendent le yartsa gunbu (champignon chenille) dans les magasins, bien que ce commerce ait été touché ces derniers temps, et que beaucoup de ces magasins soient maintenant fermés.
Un homme de Rebgong me dit que la vie est "terrible" pour les Tibétains là-bas, et il ne peut pas attendre pour revenir chez lui.

Il est intéressant de noter que la propagande du "Rêve chinois", campagne lancée par le secrétaire du Parti communiste Xi Jinping, a été installée partout sur les murs de Lanzhou et Xining. Mais en dépit de la présence de nombreux Tibétains, Mongols, et Hui dans ces villes, la propagande reste inadaptée à leurs langues et leurs cultures. C’est encore le "Rêve chinois", qui n’a apparemment aucun intérêt pour les questions intéressantes sur le rêve tibétain, le rêve mongol, le rêve hui. Même à Lhassa, sur la place devant le temple du Jokhang, la manière de faire des panneaux d’affichage du "Rêve chinois" est chinoise. Des caractères chinois rouges proclament que "le Parti communiste chinois est bon".

Il est peu probable que cette affirmation percute, peu importe quelle quantité d’argent le Parti consacre à essayer de convaincre les gens qu’ils sont appréciés. La véritable histoire est racontée à travers les monuments et les sites que vous voyez, où l’interdiction est faite aux gens de commémorer publiquement : des endroits comme le monastère de Gartsé, résidence d’un moine nommé Gartse Jigme, arrêté l’année dernière pour la publication de ses réflexions sur la situation au Tibet.
Dans son livre, intitulé "Le courage des rois tibétains", Gartse Jigme écrit : "Durant les années 1950 et la Révolution culturelle, des dizaines de milliers de Tibétains ont été assassinés et emprisonnés. Beaucoup sont morts de faim. Ce sont des faits historiques. Personne ne peut les effacer. Même au 21ème siècle, les Tibétains n’ont pas acquis l’égalité des droits pour continuer à utiliser leurs propres langue, commerce, politique et travail environnemental. De telles inégalités sont clairement visibles et ont causé beaucoup de ressentiment dans le cœur des Tibétains. Par conséquent, depuis 2008, une série de manifestations non-violentes ont secoué le plateau tibétain. En fait, plus de 90 Tibétains [12] se sont eux-mêmes mis le feu dans un acte de protestation tragique".

Pour ces raisons, le gouvernement chinois doit trouver une solution viable pour apaiser le ressentiment du peuple tibétain. Des fusils et des véhicules blindés, l’emprisonnement et la torture, la diabolisation et les malédictions ne réussiront jamais à pacifier le peuple tibétain. Dans de nombreux endroits, aujourd’hui, un touriste pourrait passer devant un lieu de manifestation sans voir un seul signe de ce qui s’est réellement passé : la rue principale de Labrang, où d’énormes manifestations pacifiques ont éclaté en 2008 [13] ; l’école de Luchu où le drapeau chinois a été déchiré et remplacé par le drapeau tibétain pour quelques heures ; le stupa blanc à Tsoe où le grand-père du 7e Gungthang Rinpoché s’est auto-immolé en 2012 [14], et même les sites des auto-immolations dans la plupart des villes et des monastères de la région : Labrang, Luchu, Machu, Sangkhog, Amchog, Bora, et Lhamo Kirti.

Un tibétain, un homme dur qui avait traversé l’Himalaya afin de passer quelques années de liberté en Inde, m’a dit que "même si les choses semblent calmes ici, maintenant, après les manifestations de 2008 et les auto-immolations, les Tibétains sont vraiment plus affligés que jamais".
Le Parti devrait envisager d’arrêter un moment d’imprimer de la propagande affirmant leur popularité ; sur le terrain la situation est complètement autre.

Source et photos : International Campaign for Tibet, 6 août 2014.

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[1] Voir les cartes du Tibet historique

[2] Le Comté de Tsoe (གཙོས་ en tibétain, Hezuo ou 合作 en chinois) dépend du chef-lieu de la "Préfecture Autonome Tibétaine de Kanlho" (Kanlho, གཙོས་ en tibétain, est nommée Gannan, ou 甘南藏族自治州 en chinois) dans les marches tibétaines de la région de l’Amdo, aujourd’hui dans la province chinoise du Gansu.
Localiser Tsoe (Hezuo) sur cette carte.

[3] Voir sur cette carte l’itinéraire Tsoe - Linxia .

[4] Le Comté de Sangchu (བསང་ཆུ་ en tibétain), aujourd’hui nommé Xiahe Xian ou 拉卜楞寺 en chinois, abrite le monastère de Labrang Tashikhyel, l’un des plus célèbres monastères tibétains. Xiahe dépend de la "Préfecture Autonome Tibétaine de Gannan" (Kanlho ou གཙོས་ en tibétain) dans la région tibétaine de l’Amdo, province actuelle chinoise du Gansu.
Labrang (Xiahe) peut être localisé sur cette carte.

[5] Amchog (ཨ་མཆོག་དགོན་ en tibétain, Amuquhuxiang ou 阿木去乎乡 en chinois) est une petite ville tibétaine de la région de l’Amdo, dépendant de la "Préfecture Autonome Tibétaine" de Kanlho (Gannan), dans la province chinoise actuelle du Gansu.
Localiser Amchog (Amuquhuxiang) sur cette carte.

[6] Le Comté de Machen (Maqên ou རྨ་ཆེན་ en tibétain, 玛沁 en chinois) est un district de la "Préfecture Autonome Tibétaine" de Golog, dans la région tibétaine de l’Amdo, province chinoise actuelle du Qinghai.
Localiser le Comté de Machen sur cette carte.

[7] Le monastère de Taktsang Lhamo (ལྷ་མོ་དགོན་ en tibétain, Langmusizhen ou 郎木寺镇 en chinois), qui dépend du monstère principal de Kirti, est situé dans le Comté de Dzoege (Ruò’ěrgài en chinois), dans la "Préfecture Autonome Tibétaine et Qiang" de Ngaba, province chinoise actuelle du Sichuan.
Localiser Taktsang Lhamo (Langmusizhen) sur cette carte.
C’est à Taktsang Lhamo que s’est immolé Kunchok Phelgye le 08/12/2012. Voir l’article "Kunchok Phelgye s’immole par le feu le 8 décembre 2012 près de Dzoege", du 11/12/2012

[8] Gyaltsen Norbu a été désigné par le gouvernement chinois alors que le Panchen Lama venait d’être reconnu en un autre jeune Tibétain, Gendhun Choekyi Nyima, depuis disparu. Voir l’article "Qui est le Panchen Lama ?"

[9] Gyalthang, (རྒྱལ་ཐང་ en tibétain, Zhongdian, renommé Shangri-La ou 中甸 en chinois), est un district de la "Province Autonome Tibétaine" de Dêqên, dans le sud de la région tibétaine du Kham, actuelle province chinoise du Yunnan.
Localiser Gyalthang (Shangri-La) sur cette carte.

[10] Voir l’article et la carte récapitulative des immolations.

[11] Voir l’article en anglais "Thousands gather for Kalachakra in Tibet".

[12] À ce jour, 130 cas sont connus et répertoriés. Voir l’article et la carte récapitulative des immolations.

[13] Voir les articles :
- "Nouvelles manifestations au monastère de Labrang", du 15/03/2008 ;
- "Labrang : des moines tibétains manifestent devant des journalistes étrangers", du 09/04/2008 ;
- "La pression monte au monastère de Labrang après l’ordre d’expulsion de certains moines", du 22/03/2013.

[14] Voir l’article "Tamdrin Dorjee s’immole par le feu à Tsoe le 13 octobre 2012", du 13/10/2012.


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