Répression et résistance en "Région autonome du Tibet"

samedi 25 août 2012 par Rédaction , Monique Dorizon

Les autorités chinoises ont arrêté plus de 1 000 habitants d’un canton du Tibet depuis mars 2012, ciblant les jeunes instruits, principalement impliqués dans la promotion de la renaissance de la langue et de la culture tibétaines, selon une source locale intervenant auprès de Radio Free Asia (RFA).

La répression a suivi le déploiement d’un grand nombre de forces de sécurité dans le canton de Driru [1], Préfecture de Nagchu, "Région Autonome du Tibet" (TAR) à la suite des manifestations locales au printemps 2012 [2], rapporte un habitant de la région à RFA, s’exprimant sous couvert d’anonymat.

"Après le déploiement des forces chinoises dans la région, plus d’un millier de Tibétains ont été détenus ou mis en prison, ou ont disparu", poursuit cette source.
"Les jeunes Tibétains instruits, et les enfants de familles riches tibétaines ont été particulièrement visés par la détention", a-t-il dit.

Les Tibétains de Driru ont été en première ligne de l’opposition à la domination chinoise dans la "Région Autonome du Tibet", avec des protestations des moines et des nonnes et l’abandon de monastères [3] afin de défier les nouveaux règlements chinois "intrusifs".

À compter de 2009, un groupe de jeunes Tibétains de Driru a entamé des débats sur l’importance de la culture tibétaine [4], a indiqué la source, ajoutant que d’autres groupes ont commencé à promouvoir l’utilisation de la langue tibétaine parlée et écrite.

"Ils ont insisté sur l’utilisation du tibétain et non du chinois dans la conversation quotidienne, même quand on parle au téléphone", a dit cette même source. "Ils ont essayé de remplacer le chinois par le tibétain".

Pendant ce temps, un troisième groupe se faisant appeler "Société de la diète blanche" a commencé à préconiser d’éviter les produits à base de viande.
"Ils ont renoncé à manger de la viande les jours bouddhistes sacrés de chaque mois et ont appelé à la consommation « d’aliments blancs » (yogourt, par exemple) le jour de « Lhakar » [5], ou « mercredi blanc », jour de la semaine particulièrement associé au chef spirituel en exil, le Dalaï Lama", a-t-il dit.

"Ces activités n’ont pas été coordonnées par les grandes organisations", selon la même source.
"Au contraire, c’étaient de simples actions visant à préserver la culture et la langue tibétaines et préconisant le « régime blanc ». La plupart des Tibétains qui ont été arrêtés, l’ont été pour ces raisons."

Bien que plus de 1 000 Tibétains aient finalement été arrêtés par les forces chinoises à Driru, a-t-il dit, ceux mis en garde à vue ont été détenus pendant des périodes variables.
"Certains ont été détenus pendant quelques heures seulement, certains ont été détenus pendant des jours. Beaucoup ont été emprisonnés, et bien d’autres ont tout simplement disparu", ajoute-t-il.

Les appels d’un journaliste (de RFA) demandant des informations auprès des bureaux de la police du canton de Driru sont restés sans réponse le mercredi 22 août.

S’exprimant séparément, Robbie Barnett de l’Université de Columbia dit que, ces dernières années, les Tibétains sont en train de trouver des façons de célébrer la langue et la culture tibétaines et le végétarisme.
"Mais cela se fait généralement sans aucun objectif politique afin d’éviter l’attention des forces de sécurité", a-t-il dit.
Il est peu probable que les autorités chinoises au Tibet détiennent des personnes voulant promouvoir la langue et la culture tibétaines "à moins de trouver un lien politique" selon Robbie Barnett.

"Mais maintenant le risque est très élevé pour quiconque utilise le nom « Lhakar », parce que le mouvement a été largement promu par les exilés à l’étranger comme une forme de résistance politique".

"Lhakar" est né au Tibet comme "un mouvement propre" et il est intrinsèquement politique, cependant, a déclaré Tenzin Dorjee, Président de "Students for a Free Tibet" basé à New-York.

Après de nombreuses protestations en 2008 contre la domination chinoise dans les régions tibétaines, les Tibétains ont commencé à créer "un monde alternatif dans leurs maisons ou cercles sociaux où ils parlent seulement en tibétain, portant des vêtements tibétains, mangeant au restaurant tibétain, et ainsi de suite...", a déclaré Tenzin Dorjee.

Ceci, a-t-il dit, a "militarisé" la culture tibétaine, la transformant en un instrument non-violent afin de "poursuivre une plus grande liberté".
"(Et) après la naissance de Lhakar à l’intérieur du Tibet, les Tibétains en exil ont commencé à observer Lhakar pour refléter et soutenir les Tibétains de l’intérieur", poursuit-il.

Source : Radio Free Asia, 22 août 2012.

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[1] Driru, ou Biru (比如县) en chinois, est à une centaine de kms à l’est de Nagchu (en chinois Nagqu, 那曲地区). Driru, dont le nom signifie "femelle du yack", est un district dans une région accidentée au nord de la "Région Autonome du Tibet" (4 500 m d’alt. environ), près de la rivière Salouen (Nu Jiang, 怒江, en chinois).
Localiser Driru sur cette carte.

[2] Voir l’article "Poursuite de la répression contre les Tibétains à Nagchu", du 17/04/2012.

[3] Voir l’article "Moines et nonnes abandonnent les monastères", du 03/02/2012.

[4] Voir l’article "2 ans de prison pour de jeunes Tibétains accusés d’avoir mis à bas le drapeau chinois", du 07/08/2009.

[5] Voir l’article "LHAKAR - La révolution non-violente est en marche"


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