Résistance et heurts avec la police face à la mise en place obligatoire de drapeaux chinois sur les maisons

lundi 14 octobre 2013 par Rédaction , Monique Dorizon

Les autorités chinoises du comté de Driru [1] ont resserré leur emprise sur les Tibétains dans plusieurs domaines après que ceux-ci aient défié l’ordre des autorités chinoises de hisser le drapeau national chinois en haut de leurs maisons, en lien avec la célébration de la fête nationale chinoise [2].

Ngawang Tharpa, Tibétain vivant à Dharamsala ayant des contacts dans la région dit que la situation à Driru est "tendue" alors que les fonctionnaires du gouvernement chinois et les forces de sécurité au nombre d’environ 18 000 sont arrivés à Driru, venant du comté de Nagchu et d’autres endroits de la "Région Autonome du Tibet" depuis le 10 septembre 2013.
"Les autorités ont propagé l’idée que les Tibétains devaient aimer leur patrie et hisser le drapeau national chinois sur leurs maisons, ce qui a conduit à un bras de fer entre les autorités gouvernementales et les habitants", a-t-il dit.

Le 27 septembre, des milliers de fonctionnaires et employés du gouvernement chinois sont arrivés à Nagchu afin d’obliger les monastères et les familles de la région à mettre le drapeau chinois sur toutes les maisons. Dans quelques villages, des Tibétains ont refusé. Des heurts avec la police ont eu lieu.
"Le 28 septembre, les Tibétains du village de Mowa ont affronté les forces de sécurité chinoises après que des Tibétains par provocation aient refusé de hisser les drapeaux chinois et les aient jetés dans une rivière proche", a dit Ngawang Tharpa. Le village de Mowa et celui de Monchen sont actuellement entourés de tous côtés par les troupes chinoises, a ajouté Ngawang Tharpa.

Une quarantaine de Tibétains des villages voisins de Taklhay, Bharo, Neshoe et Taring ont été arrêtés après avoir exigé l’arrêt de l’usage de la force et de la violence sur les Tibétains du village de Mowa. "Les Tibétains impliqués dans des manifestations contre la Chine ont été menacés d’être empêchés d’utiliser les installations de l’hôpital et de voir leurs enfants expulsés de leurs écoles. Il leur a même été dit qu’ils ne seraient pas autorisés à récupérer des champignons-chenilles (yartsa gunbu) [3]", a ajouté Ngawang Tharpa.
Environ 1 000 Tibétains, y compris une personne âgée de 83 ans, se sont mis en grève de la faim pendant 24 heures à l’extérieur de l’ensemble administratif du gouvernement chinois, et ont réclamé la libération des Tibétains arrêtés le 28 septembre.
Les autorités ont libéré les 40 Tibétains après que le secrétaire adjoint du Parti de la "Région Autonome du Tibet", Wu Ying Jie et le secrétaire du Parti du Comté de Nagchu, Dothog (Dorthup) soient arrivés plus tard dans la journée et aient ordonné leur libération.
Beaucoup des Tibétains libérés portaient des traces de blessures à la tête à cause des coups de bâton reçus, selon la même source.

Les autorités ont construit plus de 6 postes de contrôle autour de la zone, un grand camp militaire près du village de Mowa et quelques petits camps près des villages de Taring et Monchen.

Les autorités surveillent activement tous les mouvements dans et hors de la zone, interceptant toutes les lignes de communication ; rapporte la même source ajoutant qu’il est donc difficile d’obtenir les détails sur les arrestations et la torture.
Certains habitants comparaient la situation à celle de la Révolution culturelle. Il y a constamment 7 à 10 soldats devant chaque maison.

Une autre source ajoute : "Les villageois ne sont pas autorisés à s’occuper de leurs animaux et tout Tibétain trouvé en train de musarder en ville est emmené". "Nous sommes unis et résistons à la pression chinoise". "À cause de la forte tension, les Tibétains ont décidé de retirer leurs enfants des écoles primaires du Comté. Il n’y a plus d’école depuis 2 jours".

Sources : Radio Free Asia, 2 octobre 2013, Phayul, 3 octobre 2013.


NB Cet article aurait dû être publié plus tôt. Voir la suite de ces événements dans l’article "La police chinoise ouvre le feu contre des manifestants tibétains non armés à Driru", du 11/10/2013.

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[1] Driru, འབྲི་རུ་ en tibétain, ou Biru, 比如县 en chinois, est à une centaine de kms à l’est de Nagchu (en chinois Nagqu, 那曲地区). Driru, dont le nom signifie "femelle du yack", est un district dans une région accidentée au nord de la "Région Autonome du Tibet" (4 500 m d’alt. environ), près de la rivière Salouen (Nu Jiang, 怒江, en chinois).
Localiser Driru sur cette carte.

[2] Fête nationale chinoise : le 1er octobre, date anniversaire de la création de la République Populaire de Chine, le 01/10/1949.

[3] Yartsa Gunbu : Ophiocordyceps sinensis, familièrement connu sous le nom de "champignon chenille"


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