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Réunion au Parlement européen, 22 mai 2008 - le point sur l’autonomie du Tibet

vendredi 5 septembre 2008 par Rédaction

Réunion conjointe de l’Intergroupe Tibet et de l’Intergroupe pour les minorités nationales, traditionnelles, les régions constitutionnelles et les langues régionales.
Parlement européen, le 22 mai 2008

Autonomie du Tibet

Dans quel domaine l’autonomie tibétaine devrait-elle être étendue ?

En premier lieu, la soi-disant "Région autonome du Tibet" (la R.A.T.) découpée artificiellement en 1965 et qui représente seulement la moitié du territoire tibétain, n’a aucune autonomie. Le chef de l’exécutif, qui exerce l’essentiel du pouvoir dans la RAT, est le Premier secrétaire du parti communiste chinois. Depuis 1965, cette position a été continuellement occupée par un Chinois (l’actuel occupant en est Zhang Qingli), jamais par un Tibétain.

Quoi qu’il en soit, selon la propre analyse que fait le gouvernement chinois de sa loi sur l’autonomie ethnique régionale, le peuple tibétain a droit à la complète autonomie politique ; au plein pouvoir décisionnaire dans le domaine du développement économique et social ; à la liberté de recevoir en héritage et de développer sa culture traditionnelle et de pratiquer ses croyances religieuses. Il a également droit à la liberté de s’administrer, à celle de protéger ses ressources naturelles et d’être prioritaire quant à leur utilisation, et enfin de développer indépendamment son action dans le domaine éducatif et culturel.

La loi chinoise affiche des engagements considérables en faveur de l’autonomie nationale régionale donc, normalement, une plate- forme légitime de discussion existe déjà. Mais le système actuel manque d’assurances légales pour que les promesses d’autonomie données par l’Etat d’une main ne soient pas retirées de l’autre. Nous avons besoin d’un mécanisme de sauvegarde qui garantirait sur le terrain l’autonomie ethnique régionale. C’est la clé du problème de l’autonomie et c’est pourquoi Sa Sainteté le Dalaï Lama recherche une autonomie "réelle" ou "significative".

Vous savez que, depuis 1987, nous ne recherchons pas l’indépendance du Tibet mais une autonomie réelle et significative pour le peuple tibétain à l’intérieur de la République populaire de Chine. En juin 1988, devant cette éminente enceinte parlementaire, Sa Sainteté a proposé un Plan de paix en 5 points dans la perspective de résoudre le problème tibétain :

  1. Transformation de la totalité du Tibet en zone de paix ;
  2. Abandon par la Chine de sa politique de transfert de population, qui menace l’existence même des Tibétains en tant que peuple ;
  3. Respect des droits fondamentaux de l’homme et des libertés démocratiques du peuple tibétain ;
  4. Restauration et protection de l’environnement naturel tibétain et abandon par la Chine de l’utilisation du Tibet pour la production d’armes nucléaires et le stockage de déchets nucléaires ;
  5. Commencement de négociations sincères sur le futur statut du Tibet et sur les relations entre les peuples tibétain et chinois.

Qu’en est-il de la langue tibétaine ?

La langue tibétaine, avec son alphabet dérivé de l’écriture indienne du 7ème siècle, dispose des ressources innées, comme n’importe quelle autre langue majeure, pour s’adapter, se développer et véhiculer le savoir dans les sciences et les arts. Différentes branches de la connaissance - la philosophie, la médecine, l’artisanat, les arts, la musique, la littérature - sont préservées par ce riche langage. Internationalement et auprès des cercles académiques, la langue et la culture tibétaines sont considérées, à juste titre, comme un héritage universel.

En dépit de variations dialectiques, le peuple tibétain tout entier partage une langue et une littérature communes. En plus des panneaux de signalisation, de l’administration et des médias, tous les efforts devraient être fait pour tibétaniser l’éducation dans les écoles et les universités, mais cela n’est pas le cas au Tibet. Aujourd’hui les services publics le sont principalement en chinois. Il est amplement prouvé que les autorités ne font aucun effort pour encourager l’enseignement et le développement de la langue tibétaine, l’identité même du peuple tibétain. Pour aggraver les choses, le déséquilibre démographique menace directement la survie de notre langue dans notre propre pays.

Nous sommes également témoins de l’augmentation de pratiques de ségrégation contre la nationalité tibétaine. La culture tibétaine, y compris la langue, est réduite à une place de seconde classe.

Comment les besoins spéciaux du Tibet et le besoin de modernisation pourraient-ils être réconciliés ?

S’il existait une volonté politique et que les investissements nécessaires suivaient, il serait tout à fait possible de répondre aux besoins spécifiques du Tibet, en harmonie avec le monde moderne. Sa Sainteté est un grand visionnaire, doté d’une profonde érudition et d’une vision claire. Nous voulons tous que le Tibet se modernise, en suivant le rythme de la mondialisation, mais dans le même temps nous devrions le faire en soupesant précautionneusement les implications à long terme et les spécificités du Tibet - sa géographie, son environnement fragile, son histoire, sa culture etc. Si la Chine voulait sincèrement s’engager dans le développement du Tibet, elle devrait d’abord impliquer le peuple tibétain, qui est le bénéficiaire supposé de ces projets de développement.

Deuxièmement, elle devrait consacrer plus de ressources à l’éducation et à la santé, plutôt qu’à des projets pharaoniques comme la ligne de train reliant Lhassa à la Chine. Avant tout, au lieu de se complaire dans des rhétoriques absurdes et des diffamations de notre dirigeant et de notre peuple, le temps est venu pour la Chine, après 50 ans d’administration effective du Tibet, de reconnaître ses échecs et de revoir sa politique dans des secteurs vitaux comme l’éducation, la santé, la culture, les droits humains et le développement.

Quelle est la situation actuelle de la liberté religieuse au Tibet ?

Après 20 ans de total cauchemar qui ont vu la destruction physique de tous les monuments et monastères du Tibet, excepté 13 d’entre eux, les Tibétains ont été autorisés à reconstruire quelques monastères et couvents. Mais l’enseignement et la transmission du bouddhisme sont strictement contrôlés. Un quota a été institué en ce qui concerne le nombre de moines dans chaque monastère. Les monastères sont gardés sous étroite surveillance et gérés par des "comités démocratiques" chinois. Les cadres du Parti sont régulièrement envoyés dans des monastères pour conduire des sessions de "rééducation politique". Les moines et les nonnes sont forcés de dénoncer le Dalaï Lama et d’étudier la version officielle chinoise de l’histoire tibétaine.

La campagne "Frapper fort" lancée en 1997 a aggravé les atteintes à la liberté religieuse à travers tout le Tibet. En 2001, les autorités ont attaqué le monastère de Serthar à coup de bulldozer et ont expulsé ses 6 000 membres. Peu après sa reconnaissance en 1995 par le Dalaï Lama, les autorités chinoises ont enlevé le Panchen Lama, Gendhun Choekyi Nyima, dont on est toujours sans nouvelles.

L’année dernière, en septembre 2007, l’administration chinoise des affaires religieuses a publié un document intitulé Ordre n° 5 contenant 14 articles relatifs aux mesures réglementaires sur la réincarnation des "Bouddhas vivants" du bouddhisme tibétain. Cela confirme la détermination des autorités communistes de s’immiscer dans les affaires religieuses des Tibétains et, ainsi, à en contrôler toute la structure.

Après les nombreuses manifestations en mars de cette année, de grands monastères et des villes situés dans la RAT et dans les régions tibétaines du Qinghaï, du Gansu et du Sichuan ont été fermés ou placés sous intense surveillance. Des figures religieuses tibétaines charismatiques sont toujours en détention : Khenpo Jigme, Tulku Tenzin Delek, Bangri Rinpoche et, depuis le 18 mai, Tulku Phurbu Tsering Rinpoche. Notre administration en exil a recensé 203 morts, plus de 1 000 blessés et 5 000 arrestations parmi les populations tibétaines depuis mars dernier [1]. La loi martiale est toujours en vigueur et toute la région est bouclée, sous l’emprise d’une totale interdiction de déplacement.

Les régions tibétaines devraient-elles être rassemblées en une seule unité administrative ?

La position tibétaine implique que nous soyons capables de maintenir une identité distincte tibétaine dans l’avenir. Le droit politique à l’autonomie dont j’ai parlé en est une condition centrale. L’autre point majeur est qu’une telle autonomie doit être assurée à tous les Tibétains vivant dans les régions tibétaines contiguës, une zone définie grossièrement par la géographie du plateau tibétain, gouvernée par une unique unité administrative conduite par une politique déterminée.

Les récents événements tragiques du Tibet démontrent clairement que, même si les Tibétains ont été divisés, entre différentes administrations provinciales, ils restent unis par leur identité et leurs aspirations. Une solution partielle pour le Tibet futur qui ne prendrait en compte que les Tibétains de la RAT ne résoudrait pas le problème du Tibet. Ceci a été tenté par le passé et a échoué.


Document préparé et soumis par Wangpo Bashi
Secrétaire général
Bureau du Tibet
84 bd Adolphe Pinard
75014 PARIS ( France)
Tél. : 01 46 56 54 53 - Fax : 01 41 17 00 14
E mail : tibetoffice@orange.fr
www.tibet.net (anglais, arabe, chinois, allemand, espagnol, tibétain)

[1] mars 2008


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