Sangay Gyatso s’immole par le feu le 6 octobre 2012

mardi 9 octobre 2012 par Rédaction , Monique Dorizon

Peu de temps après midi (heure locale), le 6 octobre 2012, Sangay Gyatso, âgé de 27 ans, s’est immolé par le feu près d’un stupa, à proximité du monastère de Dhokar. Celui-ci est situé à une dizaine de kms de la ville de Tsoe [1]. Sangay Gyatso est décédé lors de cette immolation.
Son père se nomme Gonpo Dhondup et sa mère Gonpo Tso.
Il laisse un fils de 7 ans appelé Dorjee Dhondup et une fille de 6 ans, Tangzin Tso.

"Nous vivons un enfer sur terre"
Les autorités chinoises ont renforcé les mesures de sécurité concernant le monastère tibétain où Sangye Gyatso est mort à la suite de son auto-immolation en signe de protestation contre le régime de Pékin, alors que les Tibétains craignent une répression majeure à la suite de trois auto-immolations au cours de la dernière semaine. [2].
"Si les gens dans le monde ont un peu de compassion, s’il vous plaît, qu’ils pensent à nous au Tibet. Nous vivons un enfer sur terre", a dit un Tibétain parlant au service de Radio Free Asia après l’immolation de Sangay Gyatso.

Sangay Gyatso était du village de Jero, à seulement un mile (1,6 km) du monastère de Dokar, lui-même situé à environ 10 kilomètres du centre ville de Tsoe.
Des sources provenant de l’intérieur du Tibet déclarent que les forces de sécurité ont coupé les communications avec le monastère et interrogé les moines à la suite de la dernière immolation.
"Plusieurs Tibétains et policiers sont arrivés au monastère. Les policiers étaient à la recherche du moine ayant été le premier à être au courant de l’immolation. Il a été dit aux moines qu’ils ne pouvaient pas envoyer d’information et de photos à l’extérieur", a déclaré une source.
"Beaucoup d’anciens de la communauté tibétaine sont arrivés au monastère et ont appelé les autorités à ne pas porter la responsabilité sur le monastère et (ont dit) que les moines n’avaient rien à voir avec l’immolation", poursuit cette source.

Selon les sources, les autorités chinoises ciblent le monastère de Dokar parce que les moines de ce monastère et les habitants de Tsoe avaient organisé des manifestations massives contre le régime chinois en 2008. Une rigoureuse opération de sécurité s’en était suivie.
"Depuis lors, le Comité de travail chinois s’est installé au monastère et a mis en place des programmes de rééducation", a rapporté une autre source.

Un correspondant tibétain dit que Sangay Gyatso s’était exprimé pour la liberté des Tibétains et le possible retour du Dalaï Lama.
"Les Chinois intimident la petite population tibétaine et prennent nos terres", a déclaré ce même correspondant, se référant à la région de Tsoe, où est situé le centre administratif de la Préfecture autonome tibétaine de Kanlho dans le sud du Gansu.
"Ceci doit être arrêté. C’est un appel de notre part, les petites gens. S’il vous plaît, ayez pitié de nous", a déclaré ce correspondant.

Les immolations ont lieu malgré l’appel de plus de 400 exilés tibétains originaires de 26 pays pour mettre fin aux immolations.

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Manifestation pour Sangay Gyatso
© Tibet-info, Carole

Rassemblements à Dharamsala [3]
Des Tibétains de l’exil se sont rassemblés dans la ville indienne de Dharamsala du 25 au 28 septembre [4], où le Dalaï Lama vit en exil, et ont exprimé leur "grave préoccupation" au sujet des immolations, et les Tibétains vivant sous le régime chinois ont été exhortés à ne pas prendre "de mesures draconiennes".
"Le Tibet est un pays peu peuplé, et dans la situation actuelle, perdre une seule vie est une grande perte pour le peuple tibétain", est-il dit dans une résolution adoptée par les délégués lors de cette rencontre de quatre jours, le plus grand rassemblement du genre en quatre ans. "S’il vous plaît, préservez vos vies à l’avenir", est-il dit.

- "Combien d’autres vies pour sauver le Tibet ?"
- "Combien d’autres doivent mourir pour que la paix soit rétablie ?"
Voici le genre d’inscriptions écrites sur le torse de plusieurs membres du Tibetan Youth Congress en cette soirée du 6 octobre.

Le TYC, la TWA et SFT [5] ont organisé une veillée silencieuse pour Sangay Gyatso qui s’est immolé le samedi 6 octobre en début d’après-midi.

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Manifestation à Dharamsala
© Tibet-info, Carole

Alors que les flammes envahissaient son corps, l’homme ne cessait d’appeler à "la liberté pour le Tibet" et au "retour de Sa Sainteté le Dalaï Lama". Les mêmes appels se répètent depuis l’immolation de Tapey, un moine de la région de Ngaba en février 2009 [6] marquant ainsi le début de tels actes de protestations contre la politique du gouvernement chinois mise en place dans le pays.

Selon les informations reçues du Tibet, Sangay était en train de protester près du monastère de Drongkar. Des journalistes citoyens au Tibet ont envoyé des photos de la victime encore en flammes. [7]
Les moines du monastère de Drongkar ont immédiatement pris possession du corps et au moment où les informations sont sorties du pays, les moines ont commencé à offrir leurs prières au défunt.
Les autorités chinoises ont alors fait en sorte de bloquer les accès internet et téléphone, coupant ainsi la région du reste du monde. Cette technique est très souvent utilisée par la Chine pour empêcher l’information de circuler.

- "Combien de personnes doivent encore mourir ?"
- "Où sont les Nations-unies en ce moment ?"
- "Nous demandons des réponses !", demande Thupten Jigme, Président du Tibetan Youth Congress Régional.
- "Nous sommes profondément attristés d’apprendre la mort de nos martyrs mais ces sacrifices nous donnent la force de travailler encore plus pour la liberté de notre pays !", a témoigné Tenzin Dolkar, Vice-Présidente de la Tibetan Woman Association.
Tenzin Tsundue, du TYC, a lui aussi appelé la population à "ne pas abandonner l’esprit de non-violence qui règne dans la lutte", à "rester unis" face à la situation.

Alors que les rassemblements comme celui-ci se répètent encore et encore, la population est de plus en plus nombreuse à répondre à l’appel de ’l’unité’ demandé par les martyrs afin de montrer leur solidarité.
Plus de 200 personnes ont rejoint la veillée silencieuse ce samedi, dans les rues de Dharamsala.

Source : Carole, correspondant à Dharamsala, Radio Free Asia, Phayul, 7 octobre 2012.

Voir l’article et la carte récapitulative des immolations.

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[1] Tsoe, en chinois Hezuo (合作) est situé près de la Préfecture de Kanlho (Gannan ou 甘南藏族自治州 en chinois) dans la région de l’Amdo tibétain, actuelle province chinoise du Gansu.
Localiser Hezuo sur cette carte.

[2] Voir les articles :
- "Yungdung s’immole par le feu le 29 septembre 2012 à Dzatoe", du 01/10/2012 ;
- "Gudrup s’immole à Nagchu le 4 octobre 2012", du 06/10/2012.

[3] NdR Bien que le village tibétain soit situé à McLeod Ganj, le nom de Dharamsala, ville plus importante située à proximité, est généralement cité.
Localiser McLeod Ganj sur cette carte.

[4] Voir l’article "2ème Assemblée générale de la communauté tibétaine en exil, 25-28 septembre 2012", du 26/09/2012.

[5]
- TYC : Tibetan Youth Congress (Congrès de la Jeunesse Tibétaine)
- TWA : Tibetan Women Association (Association des Femmes Tibétaines)
- SFT : Students for a Free Tibet, India (Etudiants pour un Tibet Libre, branche indienne)

[6] Voir l’article "Tension dans l’est du Tibet où un moine s’est immolé", du 01/03/2009.

[7] Une photo difficile à soutenir est disponible sur le site de Phayul.


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