Si on allait au Tibet ?

1996 par Webmestre

AVERTISSEMENT

Cet article date de 1996, mais a été écrit à partir d’expériences de voyages et de conseils de guides entre 1988 et 1996. Nombre d’informations mentionnées ici étaient valables au début des années 90. Depuis, le Tibet a considérablement changé, la politique chinoise et le type de voyage organisé également.
Cet article est donc à lire avec énormément de précautions, mais certaines choses, sur la culture en particulier, sont toujours valables. Les conseils pratiques (change, objets à emporter, ...) ne sont plus du tout à jour. Si le confort des touristes s’est considérablement amélioré avec de nombreux hôtels modernes, la situation pour les Tibétains s’est, elle, beaucoup dégradée, et en particulier en ce qui concerne leur liberté de parole et le respect de leurs droits les plus élémentaires.
Voir la rubrique Informations pour les événements les plus récents.

Avant-propos

Certains pensent que le tourisme apporte une légitimité au gouvernement chinois, et des devises pour continuer à coloniser le Tibet et exterminer le peuple tibétain.
Cependant, la plupart des Tibétains sont en faveur du tourisme car il constitue l’un des seuls moyens par lequel le monde extérieur peut prendre connaissance des conditions de vie au Tibet et des aspirations des Tibétains. C’est la raison pour laquelle il n’y a pas de boycott organisé comme cela a été le cas pour l’Afrique du Sud au temps de l’apartheid.
L’avis du Dalaï Lama, consulté à ce propos par différentes personnes, est qu’il faut continuer à aller au Tibet pour témoigner (des destructions, de l’immigration massive de colons chinois, des atteintes aux Droits de l’Homme, des problèmes de non-respect de l’environnement...), et ne pas isoler le Tibet du reste du monde.
Nous pensons donc que c’est un choix qui doit être fait par chacun en son âme et conscience, mais pensez qu’un tourisme en connaissance de cause ne peut qu’être profitable tant aux Tibétains qu’aux visiteurs.
Ne "faites" donc pas le Tibet, comme certains "font" les Baléares, pour y trouver votre steack-frites (même de yack !) et de beaux paysages...
Dans chaque pays, il y a des choses que l’on peut faire, et d’autres qui sont à éviter. Or, le Tibet, plus que tout autre pays, ne peut être visité correctement sans une longue préparation - qui sera aussi profitable aux visiteurs qu’au pays visité - que ce soit au niveau de sa culture à étudier avant de partir, la condition physique à acquérir en raison de l’altitude, ou les objets à emporter. Les touristes doivent savoir ces choses là avant de partir, que ce soit en groupe ou en individuel. Au Tibet, cela prend une importance d’autant plus grande que le pays est occupé et que le gouvernement chinois distribue maintenant une version "officielle" de l’histoire du Tibet et des "bienfaits" de l’apport chinois au Tibet.

C’est pourquoi la Maison du Tibet, le Comité de Soutien au Peuple Tibétain et Eco-Tibet France se sont associés pour créer ce petit guide. Ces quelques suggestions et astuces vous aideront peut-être, nous l’espérons, à mieux préparer votre voyage. Cependant, malgré toutes les précautions que nous vous demandons de prendre ici, ne vous découragez pas et allez-y ! Le voyage en vaut la peine !...
Si vous le pouvez, passez d’abord par Dharamsala, au Nord de l’Inde, où vivent de nombreux Tibétains exilés. Vous apprendrez d’eux pourquoi ils ont dû quitter leur pays, souvent dans des conditions dramatiques et/ou périlleuses, et vous y ferez d’agréables connaissances avant d’aller au Tibet même.. Mais en attendant votre retour du Tibet, bonne route, et ...

Tashi Delek !

Formalités de voyage

En ce qui concerne les formalités, le Tibet étant encore sous occupation chinoise, il faut vous adresser directement à l’Ambassade de Chine de votre pays - Paris, Bruxelles, Genève, ou au Consulat de votre région. Le visa est délivré pour des voyages individuels ou de groupe.
Il en est de même pour demander l’autorisation de réaliser un documentaire en image ou par écrit ou encore pour effectuer une expédition au Tibet.

Il n’est pas du ressort du Bureau du Tibet (Représentation de S.S. le Dalaï Lama) de fournir des renseignements à caractère touristique (fiches/tarifs/règles/horaires/conditions ou autres sur des hôtels, restaurants, assurances, cartes et itinéraires touristiques, locations de voitures/taxi, change, vols aériens, visa, vaccinations, fêtes, expéditions, alpinisme, permis divers, cols, circuits ou routes ouverts/fermés aux étrangers).
Généralement, seuls les groupes sont autorisés (5 personnes doivent constituer le groupe - 1999). Vous pouvez également rejoindre un groupe constitué à Kathmandou (Népal).
Renseignez vous auprès de l’ambassade de Chine ou à votre agence, et n’en veuillez pas aux organisateurs de voyages s’il y a de petites modifications dans le programme. Préparez vous à un programme "souple" !
Au Tibet, rien n’est définitif, et tout change de mois en mois (voir la rubrique transports).

Livres

Puisqu’on ne peut guère espérer avoir des informations fiables de la part des guides-accompagnateurs chinois, mieux vaut s’informer avant de partir. Sur place, vous n’aurez plus le temps de lire : il y a trop de choses à voir !

Quelques livres et guides de voyages :

  • Le guide le plus connu : "Tibet" de Stephen Batchelor. Editions Olizane
  • "Tibet, Les chevaux du vent" de Jérôme Edou et René Vernadet (réédition à L’Asiathèque). Jérôme Edou voyage depuis plus de quinze ans dans les pays himalayens où il habite actuellement, et a divisé son livre en quatre parties : histoire - bouddhisme tibétain - vie, art et fêtes au Tibet et sites principaux. Une très bonne introduction pour un voyage au Tibet.
  • "Tibet, mort ou vif" de Pierre-Antoine Donnet. L’un des derniers ouvrages de référence parus sur le Tibet d’aujourd’hui. Très objectif, ce livre est très bien documenté, autant du côté chinois que du côté tibétain.
  • Un livre en anglais : "Power Places in Central Tibet" (Keith Dowman), en vente à Kathmandou, est très utile pour la localisation et l’historique des lieux de pèlerinages depuis les plus connus (Samye, Vallée des Rois...) à ceux plus éloignés, où une longue marche d’approche est nécessaire.
  • Le guide "Le Tibet" (Ed. Peuples du Monde) de Christian Dewerdt, Eliane Gand et Marc Moniez semble assez juste dans ses renseignements et traite de nombreux sujets (littérature, histoire, architecture, et guide pratique). Les cartes ne sont pas toujours une aide lorsqu’il n’y figure que les noms chinois.

La culture tibétaine

D’une manière générale, il est apprécié de tous que l’on respecte les coutumes locales. Les Tibétains, très respectueux de leur religion, y sont d’autant plus sensibles lorsque cela concerne les lieux saints (évidemment pas de short ou chapeau dans les temples, ni même dehors, et pas non plus de cigarettes !). Et souvenez-vous qu’au Tibet, comme partout en dehors de votre pays, vous êtes des hôtes et non des occupants. Les Tibétains ont suffisamment de colons chez eux ! (voir aussi les précautions à prendre).

Sens de visite
Lorsque vous visitez des lieux religieux, respectez le sens de circum-ambulation (dans le sens des aiguilles d’une montre), c’est-à-dire suivez le flot des pèlerins, et non celui des Chinois ! Généralement, les guides chinois font exprès d’aller dans le sens contraire en proférant des énormités sur les "superstitions bouddhistes". Essayez de faire comprendre aux Tibétains, moines ou laïcs, que vous êtes européen : l’accueil n’en sera que meilleur.

Poser la main sur le dessus de la tête (ce qui peut nous sembler naturel, pour les enfants par exemple), est réservé aux lamas. Au Tibet, c’est un geste de bénédiction.
Il est aussi mal vu de pointer quelqu’un ou quelque chose de l’index (chez nous aussi d’ailleurs !). Lorsque vous visitez un temple, pour désigner une statue par exemple, au lieu de la montrer du doigt, tendez la main dans sa direction, la paume tournée vers le haut.
N’enjambez pas les gens (la plante des pieds est la partie la plus basse de notre corps, et il est impoli de la présenter face à quelqu’un), surtout vis-à-vis des moines et nonnes : c’est un grand manque de respect. Lorsque vous êtes chez quelqu’un, n’enjambez pas les "tchoktsé" (petites tables basses) mais contournez-les, en prenant garde également à ne pas passer devant les gens assis autour, mais derrière. Si on vous offre du thé, refusez poliment une fois ou deux. Accepter trop rapidement est considéré comme de la goujaterie.

Liberté religieuse
Beaucoup de touristes qui assistent à des cérémonies religieuses dans les temples pensent que, désormais, les Tibétains jouissent d’une liberté religieuse. Certes, elle s’est améliorée... mais les moines sont par exemple tenus de signaler leurs déplacements hors du monastère supérieurs à un mois ... Pour devenir moine, il faut avoir l’accord du Parti Communiste, et de nombreux moyens sont utilisés pour décourager les volontaires. Et surtout, depuis 1994, il existe un "quota" de moines par monastère, et les autorités chinoises "suggèrent" les noms des moines à renvoyer du monastère lorsque ce quota est dépassé...
De plus, de nombreux monastères sont très étroitement surveillés par la police chinoise (en civil) et les moines et nonnes sont contraints de suivre des cours de "ré-éducation politique", quelquefois toute la journée, pendant des mois, au détriment des études et de la pratique religieuse. Depuis début 1995, la restauration de nouveaux monastères est interdite, et il n’est pratiquement plus possible à un monastère d’accepter de nouveaux moines, suite à un décret.
De même, le monastère du Tashilumpo, à Shigatsé, fait l’objet de répressions sévères suite à l’arrestation de Chatrel Rinpoche, son supérieur, qui est accusé par les chinois d’avoir communiqué au Dalaï Lama le nom de la réincarnation du Panchen Lama, découvert en mai 1995.

Guides et agences locales

Utilisez des guides tibétains. En passant par le C.I.T.S. (China International Travel Service) ou le C.Y.T.S. (China Youth Travel Service) - agences de tourisme officielles chinoises - la plus grande partie du prix que vous aurez payé pour votre voyage au Tibet profitera aux autorités chinoises. Seule une infime partie ira au Tibet, et pratiquement rien aux Tibétains.

Choisissez plutôt une agence qui emploie des Tibétains : par exemple Lhasa Travel ou le CWTS Chinese Workers Travel Service. Avoir un guide tibétain est préférable pour découvrir le pays (vous imagineriez-vous visitant la France occupée de 1940-44 avec un guide allemand ?), mais c’est également encourager la culture tibétaine. Demandez à votre agence de voyages quelle agence locale est utilisée, afin de l’inciter elle aussi à promouvoir le Tibet avec des Tibétains. Les touristes qui reviennent du Tibet nous signalent souvent de nouveaux noms d’agences qui semblent n’employer que des Tibétains. La situation change souvent et il est fort possible que vous trouviez des agences tibétaines ne figurant pas dans cette liste. Si c’est le cas, s’il vous plait faites-le nous savoir, car ce guide est régulièrement mis à jour, et nous en tiendrons compte si les renseignements que vous nous donnez sont confirmés par d’autres témoins.

Si vous êtes passé par le C.I.T.S., essayez d’obtenir un guide tibétain. Les chinois qui font visiter les temples affichent généralement le même mépris pour la culture et le bouddhisme tibétain que pour les Tibétains eux-mêmes. Si par malchance, on vous affecte un guide chinois, tout n’est pas perdu. Il est arrivé qu’en montrant qu’on n’était pas dupe de ses lacunes, on pouvait finir par le dégoûter, et obtenir un guide tibétain !

Dès que possible, essayez de quitter votre groupe. Les meilleurs souvenirs sont souvent ceux des moments partagés avec les Tibétains. Des photos de votre famille ou de votre ville peuvent aider à établir le contact et ne vous préoccupez pas de la "barrière de la langue". Cela est surtout vrai lorsque vous êtes dans des zones où les chinois sont moins "présents".

Langue

Pour faciliter le contact avec les Tibétains, il peut être plus facile d’avoir un petit lexique où figure la phonétique et aussi la phrase dite en tibétain. La phonétique, à l’origine adaptée à la langue anglaise, et prononcée à la française, est souvent incompréhensible pour les Tibétains, ce qui les fait rire ! Et peu de Tibétains parlent anglais. Cependant les jeunes qui parlent anglais recherchent souvent le contact avec des étrangers.

Petites méthodes pour apprendre le Tibétain :

  • "Le Tibétain sur le bout de la langue" livré avec une cassette. Contact : Sylvie Grand-Clément, chez Crispi, 17 rue Rosenwald 75015 Paris. (Livre 145 F, K7 60 F) ou à la librairie L’Astrolabe, 46 rue de Provence 75009 Paris.
  • Autres méthodes : "Lire et écrire le tibétain", par Anila Rinchen Palmo. Edition Dzambala, Landrevie, St Léon/Vézère, 24290 Montignac. Tél. : 05 53 50 70 76.
  • ou "Manuel de tibétain" par Tengye et Kunsang, Editions Prajna, Karma Ling, Chartreuse de St Hugon, 73110 Arvillard La Rochette. Tél. : 04 79 65 64 62

Il existe sûrement d’autres méthodes, celles-ci n’étant que des exemples.

Les médicaments nécessaires sur place

  • L’aspirine (ou paracétamol) est très utile. Elle aide à pallier les désagréments de l’altitude. Un bon médicament tibétain a les mêmes propriétés : AGAR 50 GNA (voir à l’hôpital tibétain devant le Jokhang). NB : nom tibétain sous réserve de vérification.
  • Coramine Glucose : très bien pour une petite fatigue temporaire, mais n’en abusez pas. Si votre corps vous donne un signal d’alarme, tenez en compte. Il y a des cas de malaises graves survenus suite à des abus. Préférez plutôt le sucre candi que vous trouverez facilement sur place.
  • Collyre si vous avez les yeux fragiles (à cause du soleil, mais aussi de la poussière). N’oubliez pas vos lunettes de soleil.

Ne donnez pas vos médicaments. Les Tibétains n’utilisent pas la même médecine, et n’ont donc aucune idée de l’utilisation qui doit être faite de nos médicaments. C’est ainsi que l’on retrouve régulièrement des collyres périmés depuis des mois (le collyre est valable seulement une ou deux semaines après l’ouverture du flacon !), des antibiotiques ou pilules diverses décolorés par le temps... S’il vous plait, ne les empoisonnez pas par charité !
Par contre, ceux qui passent par le Népal au retour peuvent les laisser à l’hôpital principal de Kathmandou. Au Népal, le médecin est gratuit, mais pas les médicaments. Vos dons seront donc les bienvenus.
Pour connaître la liste des médicaments à emporter, n’hésitez pas, outre bien sûr votre médecin habituel, à consulter les guides mentionnés dans nos pages.
Vaccins. Prévoir au moins deux mois à l’avance, en raison des délais à respecter entre certains vaccins.

Cadeaux

A recevoir. Si vous recevez un cadeau, tendez les deux mains, avec par exemple une main soutenant l’autre. Tendre une seule main en gardant l’autre dans la poche ne fait pas très bon effet !
A donner. Si vous voulez faire plaisir à des Tibétains, sachez qu’ils n’aiment guère le sucré, mais les fruits sont appréciés, c’est un luxe dans ce pays. Quelques cartes postales ou photos de la France pourront quelquefois amener les Tibétains, plutôt curieux de nature, à venir converser avec vous (ce n’est pas sûr que vous reveniez avec toutes vos photos !)
Photos du Dalaï Lama. Très appréciées, elles étaient en vente libre partout sur le Barkhor jusque début 1995, mais sont maintenant formellement interdites (depuis mai 1996). Pour les Tibétains, notre respect pour le Dalaï Lama est la plus grande force dont on puisse leur faire cadeau. Mais vous ferez aussi très plaisir en apportant des photos d’autres grands lamas. La politique officielle interdit désormais toute photo du Dalaï Lama sur soi, et les distribuer est considéré comme de la propagande "contre-révolutionnaire"...
Exemple, en juin 94, deux touristes américains ont été retenus pendant six jours par la police, puis expulsés du Tibet pour avoir distribué des photos du Dalaï Lama et remis une cassette d’enseignements à un moine à Shigatsé (les membres - Tibétains ou non - de l’administration chinoise n’ont désormais plus le droit de posséder ni photo ni objet de culte, quel qu’il soit, sous peine de licenciement et d’amendes). De plus, lorsque vous distribuez des photos, cordons ou pilules bénies (ces derniers cadeaux pour les bouddhistes seulement), faites-le en privé et à bon escient (remerciement, encouragement).
Ne les distribuez pas n’importe comment à n’importe qui : ce sont des objets de dévotion qu’il faut considérer comme tels.
Autre cadeau apprécié : un livre de photos sur le Tibet, (ex. "Tibet, terre du ciel", de K. Kling) ou des photos de cathédrales ou chôrtens européens, (ex Karma Ling) enveloppé dans une khatag (au Tibet, les livres sont sacrés : pensez à leur mode de fabrication traditionnel).
Offrandes. Les offrandes en espèces faites dans les temples principaux de Lhassa (Jokhang en tête) ne restent pas aux mains de la communauté monastique mais vont le jour même à la Banque de Chine. Ceci est plus rarement valable pour les petits monastères éloignés. Si vous souhaitez faire une offrande au temple, pour remercier, par exemple, vous pouvez déposer quelques khatags sur les statues ou offrir des choses en nature vendues sur les marchés tibétains. Le beurre, la tsampa, le thé, les fruits ou les vêtements sont appréciés.
Mendiants. A Lhassa, les mendiants sont souvent des pèlerins qui ont traversé tout le Tibet pour venir au Jokhang, et ont besoin de fonds pour repartir. Donner à ces mendiants est tout à fait accepté, et de très ancienne tradition. Le problème est qu’aujourd’hui, au Tibet comme dans beaucoup de pays, le tourisme encourage certaines personnes à vivre de la mendicité. De nombreux témoignages indiquent que depuis 1994, cette mendicité atteint des proportions plus qu’alarmantes !... C’est un fait récent, aussi si vous pouvez donner quelque chose, faites-le de manière discrète. Souvenez-vous que les Tibétains ont connu la famine pour la première fois lors de la Révolution Culturelle chinoise (1966-70).
Les "Khatags" (écharpe de soie ou de tulle blanche). Avoir quelques khatags d’avance permet d’envelopper quelques billets pour les remettre aux moines qui vous auront particulièrement bien reçus. Vous pourrez également en offrir à votre guide à la fin du voyage (s’il est tibétain !).
Malheureusement, presque tous les vendeurs de khatags sur le Barkhor sont maintenant chinois...
Enfants. S’il vous plait ne donnez pas de bonbons ou sucreries aux enfants (ils n’ont pas accès aux soins dentaires dont nous disposons !)

Argent

Retrait. Vous pouvez retirer de l’argent à Lhassa avec une carte bleue internationale, en monnaie étrangère (US $, par exemple), ou en RMB (Ren Min Bi), monnaie chinoise courante.
Change. Le F.E.C. (Foreign Exchange Currency) n’existe plus désormais.
L’inflation étant importante en Chine, il est délicat de donner un taux de change. Néanmoins pour donner une idée, le taux début juillet 1995 était de 1 RMB = 0,58 FRF (1 FRF = 1,71 RMB).
Si vous changez de l’argent "au noir", faites très attention et soyez discrets : les changeurs risquent leur liberté, pas vous !
A noter le nombre important de personnes, Chinois ou Tibétains, qui stationnent devant les hôtels. Certains ont été aperçus avec des Talkie Walkie et servent d’indicateurs à la police (une force de sécurité spéciale, composée de jeunes Tibétains au chômage, encadrés par des officiers chinois, a été créée au printemps 1995).
En surveillant le montant des sommes que vous changez et vos allées et venues, ils peuvent se faire une bonne idée du genre de touriste que vous êtes : celui prêt à payer beaucoup mais qui ne s’intéresse pas aux Droits de l’Homme ou celui qui cherche à prendre contact avec les Tibétains pour en apprendre davantage sur leurs conditions de vie. Soyez prudents : vous ne risquez que d’être expulsés, mais eux risquent d’être arrêtés après votre départ, et vous n’en saurez rien ! Par exemple : deux Françaises ont été arrêtées, questionnées, puis expulsées en mai 1995 pour le seul "crime" d’avoir accepté une lettre d’une nonne tibétaine. Nous n’avons pas de nouvelles de cette nonne... Depuis, d’autres touristes ont été fouillés à leur sortie du Tibet.

Nourriture

La nourriture à Lhassa est un "cauchemar" pour un gastronome français. Les restaurants chinois proposent une nourriture très grasse : huile de mauvaise qualité ou indigeste. Ils sont chers comparés aux restaurants tibétains - mais on peut se lasser des momoks (raviolis à la viande ou aux légumes) et de la thukpa (soupe avec des nouilles et un peu de viande).
Petit restaurant sympa, tibétain, où beaucoup d’occidentaux vont prendre leur repas : le Tashi Restaurant, près du Yak hôtel et du Snowland Hotel. A noter également que de nombreux petits restaurants pour occidentaux (type pizzas...) se sont créés au centre ville ces derniers mois.
Achats. On trouve d’excellents yaourts à Lhassa, et des fruits au sirop, quelques fruits frais, et des fruits secs (raisins, ...). On peut acheter du muesli à Kathmandou (penser à prendre un bol et une petite cuillère pour manger). On trouve également dans certains magasins d’état (Friendship Store) de la confiture, de la nourriture pour bébé (bouillie à base de riz ou de soja) qui, mélangée avec de l’eau chaude, change de la tsampa ou dépanne quand on est en voyage. On trouve aussi du lait en poudre (différentes qualités) et même du café en poudre instantané pour les amateurs !
Pour les individuels : Prévoyez d’emporter avec vous de la nourriture et des vêtements en suffisance lorsque vous quittez les grandes villes. Au Tibet, les gens vivent souvent de façon autonome, alors ne vous mettez pas à vivre au crochet des nomades ! Il peut être utile d’apporter des soupes lyophilisées, du thé, des vitamines, des fruits secs... d’Europe ou du Népal.
Un Thermos, étanche et solide, permet une petite autonomie quand on part quelques jours, ou même pour une balade dans Lhassa. Dans les hôtels, de l’eau bouillante est distribuée matin et soir, mais les Thermos des hôtels sont trop grands pour être emportés, et il n’y en a pas toujours de petits en vente à Lhassa.
En raison de l’altitude, il est conseillé de beaucoup boire. Pour la boisson ordinaire, une gourde suffit ; le Thermos est nécessaire seulement pour avoir une boisson chaude en mi-journée.
Réchaud. Le kérosène est de mauvaise qualité, et on ne trouve que de gros réchauds intransportables !
A la fin des repas, il est coutumier d’offrir le surplus de nourriture aux affamés qui attendent à la porte des restaurants. Ne vous privez pas de cette bonne action. Le Tibet n’était pas riche avant l’invasion, il est désormais la région la plus pauvre de toute la Chine. Faites-le néanmoins aussi discrètement que possible.

Logement

A Lhassa
Si vous faites partie d’un groupe, vous ne choquerez pas votre agence en négociant le plus tôt possible un changement d’hôtel à Lhassa. La plupart des groupes sont exilés dans les luxueux hôtels chinois de l’ouest de la ville (exemple le Lhassa Hotel, de la chaîne Holiday Inn, qui reste la plus grande source de revenus au Tibet pour les autorités chinoises). On peut obtenir de loger dans la vieille ville - avec moins de confort mais sans diminution de prix - pas trop loin du Jokhang (Yak Hotel, Snowland, Banak Shöl...). De là il est plus facile de s’échapper vers le Jokhang et le Barkhor où vous y rencontrerez plus facilement la culture tibétaine (et d’éventuels touristes individuels) qu’au Lhassa Hotel.

En dehors de Lhassa
Tsethang, (ou Tsedang) : insistez pour rester le moins longtemps possible. N’y passez pas plus d’une nuit sur le chemin du Youmbou Lhakhang et des tombeaux des rois du Tibet. Tout le temps que vous perdrez à Tsedang, dans cet hôtel chinois, vous ne le passerez pas à Lhassa.
A noter, l’adresse d’un guide tibétain très sympa (s’il existe encore, beaucoup d’agences tibétaines ayant été fermées par les autorités) : Lhakpa Tsering, The Trell Company Tsedang, Hotel Tibet-China, 21 Neidong Road, Tsedang.
Gyantse, insistez pour ne pas dormir au Gyantse Hotel chinois (à l’entrée de la ville) mais au Gyantse Hotel tibétain (dans la grande rue menant au monastère et au Koumboum), peut-être un peu moins confortable pour les toilettes, mais beaucoup plus sympa, et plus proche des lieux à visiter.

Nuits
Le bruit. Prévoir des boules Quiès, ou similaires, car la nuit (et le jour), des meutes de chiens se donnent en concert !... (sauf si vous venez de passer quelques semaines à Kathmandou, car alors, vous avez l’habitude !).
Le froid. Si vous voyagez individuellement, ou même en groupe aux étapes, il est préférable d’avoir un bon duvet. Seuls les grands hôtels sont chauffés correctement.
La propreté. Dans tous les cas, emportez un "sac à viande", pratique lorsque la propreté n’est pas exactement ce que vous espériez.

Vie pratique

Le décalage horaire est de 6 h en été et 7 h en hiver. Comme c’est l’heure de Pékin, le soleil se lève donc tard le matin (8 - 9 h).
La Poste à Lhassa : le courrier marche en général assez bien (environ huit jours pour la France). Vous pouvez envoyer et recevoir des télécopies depuis le Lhassa Hotel (attention au contenu).
Lampe de poche. Extrêmement utile, sinon impératif. Si vous voyagez en individuel, il est préférable d’avoir une pile pouvant se porter sur le front (il existe différents modèles). En effet, dans certains hôtels tibétains (comme à Gyantse), les toilettes sont à l’extérieur et non éclairées. Il est évidemment plus pratique de ne pas avoir à tenir la lampe dans une main... De même, beaucoup de temples sont très obscurs. Le Koumboum de Gyantse en est un bon exemple : inutile d’aller le visiter si vous n’avez pas de lampe de poche. Pensez à apporter une provision suffisante de piles de rechange, ou mieux une petite lampe à recharger manuellement (manivelle ou par pression).
Sacs plastiques. Vous n’en trouverez pas sur place. Essayez d’en apporter suffisamment, et de préférence bio-dégradables à la lumière. Penser à rapporter vos déchets en ville ; ne les laissez pas traîner n’importe où ! (voir écologie).

Ecologie

"Ne laissez que vos empreintes de pas".
Le système écologique himalayen est très fragile.
Si vous faites du trekking, utilisez le kérosène, même si du bois est disponible. Enterrez ce que vous ne pouvez vraiment pas emmener avec vous et qui est bio-dégradable (à 30 m au moins des cours d’eau), brûlez ce qui peut l’être, et emportez avec vous jusqu’à la ville la plus proche tout le reste. Ne le confiez pas au guide, car sa prise de conscience en ce qui concerne l’environnement est souvent très peu développée.

Transports - déplacements

Ne prenez pas l’habitude d’écrire les noms de lieux en pinyin (transcription de l’écriture chinoise), mais plutôt en tibétain : Shigatsé et non Xigaze, à moins de vouloir légitimer la présence chinoise.
Altitude : allez très doucement au début. Il y a suffisamment de choses à voir et à rencontrer à Lhassa, avant de s’éloigner plus en altitude. A cause de celle-ci, tout devient aléatoire, car il peut arriver par moments de manquer d’énergie, ou de sommeil, et tout effort est plus difficile.
Prévoyez un programme "souple" !

La route Kathmandou - Lhassa. Cette route extraordinaire est vraiment impressionnante par la variété des paysages et des végétations, allant des forêts sub-tropicales népalaises aux hauts-plateaux désertiques tibétains. En temps de mousson, elle est très souvent coupée avant et après la frontière népalaise. Dans ce cas, même si vous êtes en "voyage organisé", il faut marcher - quelquefois plusieurs heures sous un soleil de plomb, ou en montant pour grimper à un col - et bien qu’on puisse payer des porteurs pour les bagages, une bonne condition physique est nécessaire. De nombreux porteurs, tibétains ou népalais, et souvent très jeunes, ne vivent que du portage. Il est donc préférable de leur donner quelques roupies plutôt que des bonbons ! Dans cette situation, toute évacuation sanitaire d’urgence est impossible par la route (ceci à l’attention des cardiaques, de ceux souffrant d’insuffisance respiratoire, des femmes enceintes... Nous en avons hélas rencontré !).
En individuel, par bus local : si vous ne parlez pas et n’écrivez pas le chinois couramment, faites-vous écrire avant votre départ en chinois (en idéogrammes et non en pinyin) le nom de chaque localité par laquelle vous souhaitez passer, avec sa traduction en français en dessous pour vous souvenir de la signification !
Zones ouvertes ou fermées au tourisme. Aucune règle ! Tout change sans arrêt, voire même en fonction de l’officiel rencontré. Exemple : en été 1993, il était officiellement interdit de voyager par les bus locaux, et pourtant, même dans des zones "interdites", des touristes sont arrivés par le bus local.
Les habitants des zones "interdites" ne savent pas toujours qu’ils sont dans un secteur fermé au tourisme, et vous vendront ainsi un billet de bus sans problème ! Il est également vrai que ce qui est "autorisé" avant le départ peut s’avérer interdit une fois sur place, ou autorisé moyennant des "taxes" à la bonne volonté du fonctionnaire. Un journaliste chinois a ainsi constaté que sur un seul tronçon de 110 km, 15 arrêts pour péages avaient été installés, avec des taxes allant jusqu’à 1000 yuans (7 à 800 francs). En cas de refus, les passagers sont battus ou les biens sont confisqués. (Source : Tibet Info et Reuters, janvier 1996).
Circuits moins chers. A Lhassa, Xining, ou dans certaines grandes villes, vous trouverez dans presque chaque hôtel un représentant d’une agence de tourisme locale. En discutant, vous pourrez généralement constituer votre propre groupe de 4 à 6 personnes pour circuler dans le pays avec un guide et/ou un chauffeur pour beaucoup moins cher que les circuits organisés officiels.
Dans ce cas, n’hésitez pas à discuter le prix fermement, mais surtout à faire un contrat écrit avec toutes les conditions à remplir (voir exemple de contrat joint, en français et en anglais).
Etapes en bus. Pensez que si vous empruntez la route Kathmandou - Lhassa (ou vice-versa) en bus, les bagages ne sont généralement pas descendus du toit à l’étape intermédiaire : gardez près de vous dans un deuxième bagage le minimum nécessaire.
Sera, Drepung. Pour les distances courtes (Sera, Drepung), il existe des minibus. (semi-épaves !) qui partent de l’hôpital tibétain de Lhassa (Mentsikan) côté opposé au Jokhang.
Tsurphu (prononcer Tsourp’ou). Pour aller à Tsurphu, plutôt que d’acheter un billet en 4x4 (proposé dans les hôtels à 350 FF aller-retour), vous pouvez prendre un minibus (bon état) partant du même endroit (entre 12 et 20 FF, aller-retour. Départ vers 8 h - 8 h 30 le matin, retour vers 17 h). Attention : Tsurphu est à 4 600 m ! Pensez à l’altitude, et n’y allez pas le premier jour si vous êtes arrivé à Lhassa en avion.
Si vous louez des vélos, attention aux vols (par exemple devant le Norbulingka), et vérifiez avant le départ que les freins fonctionnent, que les écrous sont serrés ... (à moins que vous n’aimiez les gags !).

Transports : conseils pratiques

Poussière. Il y a beaucoup de poussière au Tibet, même à Lhassa, et beaucoup de routes ne sont pas goudronnées. Si vous êtes allergique, vous pouvez acheter quelques petits masques en tulle sur place (style masque chirurgical). Sinon, un foulard suffit.
Soleil. Prévoyez des crèmes solaires car à 4 000 m, l’air est plus rare, donc le soleil plus dangereux (certains cols dépassent 5 000 m).
Les lunettes de soleil de très bonne qualité sont également très utiles, sinon impératives. Prévoir des lunettes de type "glacier", si possible avec protection latérale. La qualité des verres protégeant réellement de la grande luminosité justifie un investissement, surtout si on prévoit d’aller dans des régions de haute altitude. Comme le camp de base de l’Everest (Chomolungma), ou encore vers toute région enneigée. Prendre une paire de rechange en cas de perte ou de casse est également prudent.
Bagages. Il est pratique de prendre deux bagages dont au moins un qui peut être fermé à clef (cadenas... ). Si vous partez de Lhassa pour quelques jours, il est facile d’en laisser un dans le store-room de l’hôtel afin de ne pas être chargé inutilement.
Anti-vol. Il est intéressant d’acheter avant de partir un câble antivol léger permettant soit de protéger le vélo, soit d’attacher son sac à un lit, par exemple (dans le cas où vous souhaitez loger dans un hôtel avec dortoir, type Yak Hotel - c’est moins utile au Lhassa Hotel !).
Auto-stop. Etre pris en camion en "stop" peut entraîner la confiscation du permis de conduire du chauffeur, et tout spécialement s’il est tibétain (ceci est tout aussi valable pour le "stop payant" !).
Attention : chien ! Quand vous rentrez dans une cour de particulier, demandez toujours s’il y a un chien ("Kyi" en tibétain). Il y a souvent des cas de morsures, même chez les Tibétains ! Même s’ il n’y a pas de cas de rage connu au Tibet, ce n’est pas une raison pour se faire mordre !
Attention aux pickpockets (hommes ou femmes) et particulièrement lorsque vous êtes au milieu d’une foule, ou dans les fêtes locales (si, si, il peut y en avoir. Il n’y en a pas que dans le métro parisien !). Surveillez surtout ce qui se trouve sur votre dos !

Achats

Si vous souhaitez aider la culture tibétaine, achetez dans les magasins tibétains. Il y a de plus en plus de magasins tenus par des Chinois, ce qui a fait dire au Dalaï Lama que cet afflux de colons était sans doute le plus grand danger actuel pour la survie de la culture tibétaine.

Eco-tourisme

N’achetez pas de produits issus d’animaux sauvages, surtout si vous savez qu’il s’agit d’espèces menacées (peaux de léopard des neiges, de léopard commun, de tigre, d’ours brun de l’Himalaya, cornes d’antilopes...). Si vous voyez de tels objets en vente, prenez une photo et transmettez-la avec les coordonnées du point de vente :

  • au World Wildlife Fund,
  • à International Campaign for Tibet, 1518 K Street, Suite 410, Washington DC 20005 USA,
  • ou à ECO-TIBET, 2 rue d’Agnou, 78580 Maule.

Antiquités

N’achetez pas d’antiquités. La plus grande partie des objets de valeur a déjà été pillée ou détruite pendant la Révolution Culturelle. Il est parfois difficile de savoir si un objet est une antiquité ou non : une règle simple à suivre est de ne rien acheter lorsqu’on vous propose l’objet en cachette. Tenez-vous en aux magasins visiblement ouverts au public. De plus sachez que certains objets considérés comme faisant partie du patrimoine culturel peuvent être confisqués à la sortie du territoire... pour être remis sur le circuit de vente un peu plus tard !

Attention !

En parlant
Les Tibétains sont naturellement ouverts et accueillants, mais gardez à l’esprit qu’il y a en permanence des groupes de policiers en civil chargés de surprendre les discussions entre Tibétains et touristes occidentaux. Le moindre témoignage d’un Tibétain sur les conditions de vie sous l’occupation chinoise donne lieu à des séances d’interrogations longues et "musclées" qui portent préjudice non seulement au Tibétain contacté, mais également à toute sa famille. Veillez donc à ne compromettre personne, car un touriste est toujours source de suspicion... mais aussi de revenus ! Ce qui explique ainsi l’attitude quelquefois très différente des Tibétains de Lhassa et de ceux de la montagne. Ne vous étonnez pas si parfois on ne vous répond pas : c’est un régime totalitaire et parfois les gens ont peur de parler. Ils ne vous connaissent pas et ne savent pas qui vous êtes. De même, soyez prudents, car comment être sûr que la personne avec qui vous parlez ne prêche pas le faux pour savoir le vrai ?
Cependant, si vous connaissez des gens au Tibet, vous pouvez allez les visiter, de préférence avec un guide. Par contre, ne les invitez pas à votre hôtel.
Généralement les Tibétains sont plutôt joviaux et contrastent avec le visage plus sévère, hermétique, des chinois. C’est bien de ne pas oublier que nombre de ces derniers ne sont pas là de leur plein gré et sont malheureux au Tibet. Ils y sont venus pour les avantages sociaux ultérieurs, un meilleur salaire, des vacances payées, ... Ils sont loin de leur pays d’origine (climat, coutumes, famille, ...) et sont souvent étrangers à la situation (politique) du Tibet.

N’essayez donc pas d’interviewer des Tibétains si vous ne pouvez leur garantir toutes les conditions de sécurité (les cassettes audio ou vidéo saisies seront immédiatement analysées pour tenter d’identifier les personnes ou les lieux). Si vous téléphonez ou écrivez depuis le Tibet, vous pouvez tout décrire, pourvu que vous ne citiez personne de précis qui soit identifiable - les conversations téléphoniques peuvent être sur écoute et les télécopies sont surveillées électroniquement.

Un touriste néo-zélandais en a fait les frais en septembre 1995. Se promenant un soir dans Lhassa, et entendant une explosion, M. Cotter, alpiniste et guide d’une expédition, a préféré retourner à son hôtel pour ne pas être mêlé à toute affaire locale. Devant partir le lendemain matin pour une ascension, et pensant que le courrier n’arriverait pas à sa femme, il décida de lui envoyer un fax depuis l’hôtel et mentionna simplement avoir entendu ce qu’il pensait être une bombe. Il fut réveillé à minuit par une dizaine de policiers, certains étant armés, et n’eut pas l’autorisation de téléphoner à quiconque, ni même de prévenir le responsable de son groupe. La police lui demanda de quitter l’hôtel sans faire de bruit. Gardé 48 h au poste de police, il fut filmé et dut faire une confession écrite relatant qu’il avait inventé une histoire, déformé les faits et répandu une rumeur afin de perturber les fêtes du 30ème anniversaire de la Région Autonome du Tibet prévue les jours suivants. Psychologiquement très affecté, personne de son entourage ne sachant où il était, M. Cotter dut envoyer un nouveau fax à sa femme démentant les informations précédentes. Il passa 3 jours de plus en état d’arrestation au Holiday Inn et fut ensuite expulsé le 9 septembre vers le Népal, par avion. Le motif d’accusation porté contre lui fut d’avoir voulu "corrompre le gouvernement, diviser le pays et renverser le système socialiste". M. Cotter fut cité par le quotidien China Daily comme un exemple de personne "déformant les faits, et répandant des rumeurs pour désorienter les gens et mettre en danger la sécurité de l’état, tactique habituellement utilisée par les forces occidentales hostiles à la Chine" (source : Tibet Info et Tibet Information Network, mars 1996).

En visitant

Les monuments principaux (Jokhang, Potala, et surtout le Barkhor) sont très surveillés - indicateurs chinois et tibétains - ainsi que les hôtels pour occidentaux. Si vous observez un tant soit peu, vous remarquerez facilement les caméras d’observation placées sur les toits donnant sur le Barkhor ou sur la rue principale. Ces caméras restent en activité permanente. Par contre, vous ne verrez peut-être pas les micros directionnels, encore plus efficaces, capables d’enregistrer votre conversation dans la rue. Nous connaissons quelques cas de surveillance très surprenants !

En distribuant

Le drapeau tibétain ou les badges "Tibet Libre" sont formellement interdits. Contentez-vous de les portez dans votre cœur. Un affichage clandestin de "Free Tibet" coûte en moyenne une peine de 5 ans de prison pour un Tibétain. Pensez également que les objets ou livres concernant le Dalaï Lama sont confisqués à l’entrée au Tibet s’ils sont découverts (voir article concernant les photos du Dalaï Lama).

En recevant

Si un tibétain cherche à vous remettre un papier dans le creux de la main, empochez-le rapidement, et discrètement : c’est probablement un témoignage direct des souffrances subies. Ce papier est à faire parvenir le plus vite possible à une organisation pro-tibétaine à l’extérieur du Tibet (ne faites pas le tour du monde avec le papier dans la poche !). Le simple fait de vous avoir remis ce papier met le Tibétain en danger grave : nous connaissons plusieurs cas de prison allant de 5 à 7 ans... Soyez donc extrêmement prudent en ce qui concerne ces papiers et ne donnez jamais aucun renseignement permettant d’identifier la personne qui vous l’a remis au Tibet (lieu, monastère, moine ou laïc, profession...), y compris auprès de gens qui vous semblent sûrs. Également à votre retour, ne remettez pas ces documents à n’importe qui : ils pourraient être publiés sans prendre suffisamment de précautions. De nombreux Tibétains croupissent encore en prison suite à des négligences de ce type.

En se promenant

Avant le Nouvel an tibétain 1993 (le Losar), ou pendant les manifestations de mai 1993, une note était affichée dans les différents hôtels, demandant aux touristes de ne pas rester en cas de manifestation, cela étant considéré comme participation. Cette note est toujours valable, mais cela n’empêche pas d’avoir les yeux grands ouverts tout le reste du temps...
Par exemple, de nombreuses maisons tibétaines, qui n’étaient pas suffisamment vieilles pour justifier leur destruction, ont été abattues dans le quartier tibétain (Barkhor, Ramotché) et rapidement remplacées par des maisons et bâtiments pseudo-tibétains, mais construits en béton, et donc beaucoup moins bien isolés du froid. Le style purement tibétain de Lhassa se désagrège ainsi, avec tout le reste de la culture tibétaine... et tous les trésors cachés dans ces vieux murs ! La destruction totale des vieux quartiers est prévue d’être terminée en l’an 2000, selon un rapport officiel des autorités chinoises. Ces choses faites de manière insidieuse ne doivent pas nous leurrer.
Assurer ensuite la diffusion de cette information est sans doute la meilleure façon d’aider le Tibet. Ainsi, essayez d’observer les magasins : sont-ils tenus pas des Chinois ou des Tibétains ? De même pour le personnel des hôtels, restaurants... En quelle langue sont écrits les panneaux de signalisation ? Les affiches, les notes d’hôtel, etc ? Essayez d’être plus "ouvert" dans vos photos.
Ne prenez pas seulement des photos des monuments restaurés ou des enfants "typiques", mais également des traces de "dé-culturation" : convois militaires, réactions des Tibétains face aux tracasseries, contrôles ... Chinois, travailleurs chinois (magasins, routes...), condition de vie des Tibétains (au centre ville ou expulsés à la périphérie ?), influence culturelle chinoise (bars, karaokés, prostitution, jeux dans la rue, alcool ...) autant de choses ignorées avant l’invasion. Qui semble le plus aisé : Tibétains ou Chinois ? Quelle éducation dans les écoles ? En quelle langue ? Pour qui ? Quelles restrictions dans les monastères (possibilités de se déplacer, nombre d’entrées autorisées, qualité des enseignements, respect des pratiques religieuses ...) ?

Quelle liberté d’information y-a-t-il ? Les Tibétains ont-ils accès (libre) aux radios et TV étrangères ?
Peuvent-ils voyager librement (au Tibet, en Chine, à l’étranger) ? Observez, et rapportez-nous vos observations. Elles aideront à "éclairer" de futurs touristes "conscients" !

Et souvenez-vous toujours : il est très dangereux pour les Tibétains de parler aux étrangers...

Et après votre retour ?

Dès votre retour, n’oubliez pas de nous faire part de vos impressions de voyage, et s’il vous plait rapportez-nous toutes informations ou documents à la rédaction du site Tibet info.
Ceci peut rendre service à de prochains voyageurs, mais également aux Tibétains.
Vos suggestions et remarques concernant ce mini-guide nous aideront également à le mettre à jour. Un grand merci à tous ceux qui y ont déjà participé en apportant leurs précieux témoignages ou leurs connaissances approfondies de ce pays...

Ce guide peut être librement photocopié et distribué pourvu qu’aucune modification n’y soit apportée sans l’accord écrit de la Maison du Tibet ou du Comité de Soutien au Peuple Tibétain. Merci de votre compréhension.

Ce document a été réalisé par le Comité de Soutien au Peuple Tibétain pour la Maison du Tibet, en collaboration avec ECO-TIBET France. Jean-Marie Brodu avril 1996. V.4c


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