Sonam Topgyal, s’est immolé par le feu le 9 juillet 2015, à Kyegudo

mercredi 22 juillet 2015 par Monique Dorizon , Rédaction

Dans les minutes qui ont suivi l’immolation, entre 17 et 18h (heure locale), le 9 juillet 2015, près de la place Gesar, un grand nombre de membres de la police paramilitaire spéciale est arrivé sur les lieux et a bloqué les rues adjacentes.
Depuis, les communications, dont l’Internet, sont étroitement surveillées. Sonam Topgyal est décédé le lendemain dans un hôpital de Xining à la suite de ses brûlures.

Sonam Topgyal, moine de 27 ans, est originaire de Nangchen [1]. Il a laissé un testament dans un livre de prières, rédigé le 1er juillet 2015 au lever du soleil, plus tard découvert par sa famille dans son logement.
Dans ses écrits, adressés aux dirigeants de la République Populaire de Chine en général et aux dirigeants chinois de la minorité ethnique tibétaine en particulier, il dénonce "la politique brutale et répressive ayant pour but d’éradiquer et d’exterminer la religion, les coutumes et la tradition culturelle tibétaines". "Les autorités chinoises imposent régulièrement des limitations à la religion tibétaine et à d’autres pratiques culturelles", dit le document, "et les Tibétains qui pétitionnent pour le bien-être de leur peuple se voient confrontés à la répression et aux arrestations".
"Les Tibétains n’ont aucune liberté d’expression. Il n’y a nulle part où déposer nos réclamations. Les Chinois n’ont jamais montré de considération pour le bien-être ou les désirs du peuple tibétain en faisant part de leur inquiétude".
Les politiques chinoises "conduisent à la destruction de l’environnement" dans les zones tibétaines.

"Y compris avec toutes sortes de changements et mesures trompeuses, le fonctionnement des centres religieux et de leurs moines et nonnes est ralenti". "Toutes les mesures envisageables sont prises dans le but d’éliminer la nationalité minoritaire".
"Le souhait principal de tous les Tibétains est de voir le Dalaï Lama de retour dans son palais du Potala".

Sonam Topgyal poursuit ainsi : "le peuple tibétain ne possédant pas toute la liberté d’expression ou le recours pour exprimer ses griefs, il [Sonam Topgyal] se sentait poussé à se porter garant de l’authenticité de ce qu’il disait devant les peuples du monde en général et en particulier le gouvernement et les gens de la Chine de par le sacrifice de sa vie".
"Je dois sacrifier ma vie pour porter témoignage au monde, et particulièrement au gouvernement et au peuple chinois, que nous n’avons aucune liberté pour exprimer nos doléances, ou dire la vérité", écrit Sonam Topgyal.

Il conclut en pressant ses frères et sœurs tibétains de ne pas rester indifférents et insensibles à son action.
"J’appelle mes frères et sœurs tibétains, qui sont du même lignage et du même sang, à trouver le pouvoir de l’unité et de l’harmonie en travaillant à la résolution des problèmes tibétains en un effort concerté".

Après avoir été détenus brièvement par les autorités, le 13 juillet 2015, des membres de la famille de Sonam Topgyal, sont allés nettoyer son logement.
Konchog Dondrub, natif de Yushu [2] et actuellement en exil, citant des contacts dans la région, rapporte que c’est là qu’ils ont trouvé un texte manuscrit d’une page, caché dans son livre de prières.

Sonam Topgyal est le fils d’un commerçant local détesté des autorités chinoises à cause de son soutien à la culture et à la langue tibétaines. Pendant 7 ans, il a poursuivi des études bouddhistes au monastère de Dzongar, Comté de Dergé [3].

Des personnes croient que Sonam Topgyal s’est immolé car il voulait montrer combien sa famille avait souffert sous la loi chinoise.

La maison de la famille de Sonam Topgyal et d’autres biens de valeur avaient été détruits par les autorités chinoises en 2012 à cause d’un projet d’élargissement de route ; après quoi sa famille avait été détenue un temps et son père, Nangchen Tashi, bien connu localement, avait été torturé par la police.
Nangchen Tashi a beaucoup fait pour promouvoir la culture, la langue et la religion tibétaines et a souvent donné des subventions pour le soutien et l’éducation de Tibétains pauvres.
Bien que la maison, l’hôtel et la boutique de Nangchen Tashi soient sortis indemnes du séisme du 14 avril 2010 à Kyegudo [2], tout ce qui lui appartient a été détruit par les Chinois.

Sources : Radio Free Asia, 9 juillet 2015, TCHRD, 10 juillet 2015, The Tibet Post international, 10 juillet 2015, Phayul, 10 juillet 2015, Radio Free Asia, 10 juillet 2015, Tibetan Review, 11 juillet 2015, Radio Free Asia, 15 juillet 2015, Radio Free Asia, 17 juillet 2015, The Tibet Post International, 18 juillet 2015, The Tibetan Review, 19 juillet 2015.

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[1] Nangchen (ནང་ཆེན་ en tibétain, Nángqiān, Nangqen ou 囊谦 en chinois), est un Comté dépendant de la "Préfecture Autonome tibétaine de Yushu", dans la région tibétaine du Kham limitrophe de l’amdo, province actuelle chinoise du Qinghai.
Localiser Nangchen (Nangqen sur cette carte).

[2] Kyegudo, ou Kyegu en tibétain de Lhassa, est appelé localement Jyekundo ou Jyegu (སྐྱེ་རྒུ་མདོ་), et est situé dans la partie nord-ouest du Kham tibétain, aujourd’hui province chinoise du Qinghai. Sur les cartes, cette ville est connue sous le nom chinois de son Comté : Yushu (结古镇). Yushu est visible sur cette carte

[3] Dergé, Dege (སྡེ་དགེ་ en tibétain, 德格县) en chinois, est un district de la "Préfecture Autonome Tibétaine" de Kardzé, au nord de la région tibétaine du Kham, proche de l’Amdo, province chinoise actuelle du Sichuan.
Localiser Dergé sur cette carte.


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