Tensions autour de la reconstruction de la ville de Jyekundo, un an après le tremblement de terre.

dimanche 29 mai 2011 par Monique Dorizon

Les tensions s’intensifient entre les Tibétains et les migrants chinois, alors que Pékin tente de reconstruire la ville de Jyekundo [1], Comté de Yushu, Province du Qinghai.

Un tremblement de terre a touché la région il y a plus d’un an (14 avril 2010  [2]) et 3000 personnes y ont perdu la vie. Actuellement, période anniversaire de cet événement, la communauté tibétaine locale fait face à des difficultés croissantes. Les habitants de la ville principale, Jyekundo – 80 000 habitants – ont été évacués. La communauté tibétaine doit quitter quartier par quartier pour que la ville soit reconstruite en centre touristique connecté au reste de la Chine grâce à une nouvelle infrastructure.

Le tremblement de terre a touché une région très peu touchée par l’influence chinoise, une communauté tibétaine souvent laissée dans l’isolement et non influencée par Pékin. Cependant après le désastre, les autorités chinoises ont inondé Jyekundo de migrants chinois.
"Pendant les trois premiers mois, il y a eu un afflux d’ouvriers et d’ingénieurs chinois hans pour faire le travail. Mais ils devaient attendre le plan directeur. Les Tibétains se sont étonnés de ce qu’ils faisaient tous là, ce qui causait des tensions considérables", rapporte un jeune fonctionnaire tibétain surnommé Tuhuor.
Au début du printemps 2011, la reconstruction fut gênée par un sit-in de plusieurs milliers de Tibétains. Durant 3 jours, ils ont mis des banderoles réclamant un traitement juste.
"Le désastre est devenu une opportunité pour le gouvernement de s’emparer de la terre. Des fonctionnaires sont venus avec la police spéciale et ont menacé les gens" affirme Tsering Woeser, écrivaine tibétaine. Une trentaine de manifestants ont été arrêtés à cause de la tension grandissante.

Au cours des opérations de secours en avril 2010, la télévision chinoise avait mis l’accent exclusivement sur les efforts des militaires chinois, et avait fait peu de cas des moines, venus pour dégager les décombres et rechercher les survivants. Les autorités chinoises essaient maintenant de relier par la route et le rail la région à Xining, grande ville à l’extrémité orientale de la province, ainsi qu’à d’autres régions du Kham, au Tibet oriental [3]. Le directeur du bureau pour la reconstruction de la ville déclare : "En 3 ans, nous ferons ce qui nous aurait demandé 20 ans" (s’il n’y avait pas eu le tremblement de terre).
Les autorités envisagent aussi de changer le nom de la ville en "Sanjiagyuan", à cause de la réserve naturelle proche qui recèle les sources du Fleuve jaune (Huang-he) du Yangze et du Mékong. Le nom tibétain disparaitra.

Source : The Tibet Post International, 25 mai 2011

Vous avez apprécié cet article ? Faites-le suivre à vos amis !

Share |

[1] Kyegudo, ou Kyegu en tibétain de Lhassa, est appelé localement Jyekundo ou Jyegu (ཡུལ་ཤུལ་བོད་རིགས་རང་སྐྱོང་ཁུལ་), et est situé dans la partie nord-ouest du Kham tibétain, aujourd’hui province chinoise du Qinghai. Sur les cartes, cette ville est généralement connue sous le nom chinois de son Comté : Yushu (结古镇). Yushu est visible sur cette carte

[2] Voir l’article "Séisme au Tibet", du 20/04/2010

[3] Le Kham est l’une des trois anciennes régions tibétaines (Amdo au nord, Kham à l’est et U-Tsang à l’ouest du Tibet avant 1950), actuellement découpé et rattaché au Sichuan, au Yunnan et en partie à la "Région autonome du Tibet"
Voir la carte Tibet sous occupation chinoise


<:accueil_site:> | <:info_contact:> | <:plan_site:> | [(|?{'',' '}) | <:icone_statistiques_visites:>
<:info_visites:>

<:icone_suivi_activite:> fr  <:icone_suivi_activite:>   <:icone_suivi_activite:>    ?    |    <:ecrire:titre_sites_syndiques:> OPML   ?

<:site_realise_avec_spip:> 2.1.13 + AHUNTSIC

https://www.traditionrolex.com/4