Toutes les dépêches sur le Karmapa

Depuis la fuite du Karmapa (5 janvier 2000) à l’expulsion de ses parents (1er mars 2000)

mercredi 1er mars 2000 par Webmestre

Le Karmapa à Dharamsala !!! (6 janvier 2000)

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Le XVIIème Karmapa Ogyen Thinley Dorje

Le XVIIème Karmapa Ugyen Trinley Dorje a quitté clandestinement le Tibet. Il est arrivé le 5 janvier à 10h30 à Dharamsala après un voyage d’une semaine à pied à travers l’Himalaya.
Il avait quitté son monastère de Tsurphu, au nord de Lhassa, le 28 décembre, accompagné seulement de quelques proches. Il serait actuellement l’hôte du Dalaï Lama et de Tai Situ Rinpoché, l’un des régents de la lignée Kagyu.
Le Karmapa, âgé de 14 ans (il est né le 26 juin 1985), est à la tête de l’une des quatre grandes écoles du bouddhisme tibétain, l’école Karma-Kagyu. Né en 1985, dans une famille de nomades de la région de Lhathok, il avait été reconnu en 1992 selon une prédiction de son prédécesseur. Le Dalaï Lama avait confirmé cette reconnaissance, ainsi que le gouvernement chinois.
C’est la première fois que le gouvernement communiste s’associait ainsi à la reconnaissance d’un important "tulkou", et le Karmapa avait même été l’hôte d’honneur de Jiang Zemin lors des célébrations du 1er octobre 1994.
Depuis 1992, il séjournait au monastère de Tsurphu où il recevait des pèlerins et poursuivait son éducation sous l’autorité de Tai Situ Rinpoché (lors de ses visites à Tsurphu), Gyaltsab Rinpoché, et Drupon Dechen Rinpoché, l’abbé de Tsurphu.
Des bruits avaient couru récemment selon lesquels les Chinois avaient refusé d’accéder à son souhait de se rendre en Inde. Ils avaient également refusé la visite de ses instructeurs. Le jeune homme devrait séjourner au monastère de Shérab Ling, monastère de Taï Situ Rinpoché, avant de se rendre à Rumtek, au Sikkim, siège d’exil du XVIème Karmapa. Cette nouvelle surprenante n’a pas encore été commentée par les autorités chinoises. Elles revêtent une importance considérable tant sur le plan politique que spirituel, le Karmapa comptant de nombreux disciples en Occident.
Sources : WTNN, FP, www.Kagyu.com

Karmapa : réaction de Jack Lang (7 janvier 2000)

Premier homme politique français à réagir sur la fuite du XVIIème Karmapa en Inde, M. Jack Lang, président de la Commission des Aff. Etrangères de l’Ass. Nationale, dénonce la "faillite de la politique chinoise au Tibet".
Les "violations incessantes des droits de la personne humaine" au Tibet "doivent conduire les démocraties occidentales à renoncer à leur politique conciliante à l’égard de la Chine", écrit-il le 7 janvier dans un communiqué. "Nous avons à lui faire comprendre clairement et fermement que nous n’acceptons pas que les droits légitimes du peuple tibétain soient bafoués" ajoute-t-il.
Source : AFP 7 janv. 00

Karmapa : diplomatie difficile (9 janvier 2000)

La fuite en Inde depuis la Chine du Karmapa, l’un des plus importants personnages du bouddhisme tibétain, place la diplomatie de New-Delhi ainsi que le gouvernement du Tibet en exil sur la corde raide. Depuis l’arrivée surprise depuis le Tibet de cet adolescent, Ugyen Trinley Dorje, la localité de Dharamsala s’agite autour des circonstances de sa fuite et ses futurs projets.
Intronisé en 1992, le Karmapa, numéro trois de la hiérarchie religieuse tibétaine après le Dalaï Lama et le Panchen Lama, est la seule figure religieuse reconnue à la fois par le gouvernement chinois et par le chef spirituel en exil des Tibétains. Dans le jeu compliqué des relations entre Pékin et le Dalaï Lama, la fuite du Karmapa est venue brouiller toutes les cartes. Les autorités chinoises, qui n’ont fait que mentionner son départ, voient leur stratégie au Tibet mise à mal par cette défection.
En outre le gouvernement indien qui a tenté dernièrement d’améliorer ses relations toujours difficiles avec Pékin veut marquer sa distance en raison des complications que risque d’entraîner la fuite du Karmapa.
"Nous nous informons des circons-tances de l’arrivée soudaine en Inde du Karmapa ainsi que sur ses suites", a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué officieux. Un représentant du ministère des Affaires étrangères est venu à Dharamsala le 7 janv. afin de s’entretenir de la situation avec le gouvernement tibétain en exil. S’il ne cache pas sa joie et sa satisfaction après la défection d’une figure religieuse aussi éminente, le gouvernement tibétain en exil s’est employé a modérer l’enthousiasme des médias pour narrer la semaine de marche vers la liberté à travers l’Himalaya du jeune Karmapa.
Très prudent en raison de sa situation délicate en Inde qui comme le reste du monde admet que le Tibet appartient à la Chine, le gouvernement en exil veut éviter d’apparaître comme directement impliqué dans la fuite du Karmapa.
D’entrée de jeu, le ministre des Affaires religieuses et culturelles Kalon Tashi Wangdi a fortement insisté sur le fait que le gouvernement en exil n’avait non seulement joué aucun rôle dans la fuite de Karmapa mais que de plus il n’en avait même pas été prévenu. "La venue du Rinpotché m’a complète-ment pris au dépourvu", a souligné le ministre des Affaires religieuses et de la culture. Depuis son arrivée le 5 janvier, les apparitions en public du Karmapa ont été rares. En dehors d’une visite à la résidence du Dalaï Lama, il est la plupart du temps resté au secret dans son hôtel soigneusement gardé, qu’il a quitté seulement le 9 janvier pour rejoindre semble-t-il l’institut Norbulinka, un établisse-ment d’enseignement de l’art tibétain traditionnel, à 15 kilomètres de Dharamsala.
La Chine cachait mal son embarras le 8 janvier au lendemain de l’annonce de la fuite du Karmapa auprès du Dalaï Lama, les médias gardant le silence sur cette affaire qui met à mal la stratégie chinoise au Tibet.
A l’exception du China Daily, le quotidien de langue anglaise destiné aux lecteurs étrangers, la presse chinoise était totalement muette sur le départ secret du 17ème Karmapa. "Le Bouddha vivant s’est simplement rendu à l’étranger", titrait le China Daily, reprenant une brève dépêche de Chine nouvelle diffusée le 8 janv. en anglais mais "oubliée" par le service chinois de l’agence officielle comme par la télévision.
La version officielle du départ du Karmapa omet de préciser que l’adolescent, âgé de 14 ans, s’est rendu auprès du Dalaï Lama, l’ennemi juré de Pékin, et sous-entend qu’il reviendra après s’être procuré des instruments de musique traditionnels "à l’étranger".
Source : AFP 9 janvier 2000

Karmapa : homme d’avenir ? (11 janvier 2000)

Le Karmapa, enfant de 14 ans qui vient de fuir le Tibet sous contrôle chinois pour l’Inde, est destiné à devenir l’un des plus hauts dirigeants des Tibétains.
"Je pense qu’il sera l’un des plus importants dirigeants à l’avenir", a expliqué M. Tashi Wangdi, ministre des affaires religieuses et culturelles du gouvernement tibétain en exil à Dharamsala.
Ugyen Trinley Dorje, 17ème Gyalwa Karmapa Rinpoche, est arrivé le 5 janvier à Dharamsala, après avoir fui à pied le Tibet à l’insu des autorités chinoises. Tout en soulignant l’importance de la position officielle du Karmapa, le gouver-nement tibétain en exil a cependant minimisé l’opinion selon laquelle l’enfant serait formé pour succéder au Dalaï Lama.
"Pour l’instant, il y a une généra-tion entière de lamas de haut rang qui émerge, dont beaucoup pourraient combler tout vide éventuel", a expliqué M. Wangdi, dans une interview à l’AFP.
Conscient que la fuite du Karmapa constitue une question diplomatique délicate, le gouvernement tibétain en exil a affirmé ne pas avoir été impliqué et avoir été surpris par l’arrivée du jeune homme dont elle affirme ignorer les projets.
Mais M. Wangdi a laissé entendre que l’exil du Karmapa serait long.
"Ce qui est le plus important, c’est qu’il puisse poursuivre ses études religieuses et être un guide spirituel pour ses adeptes dans une liberté totale", a-t-il dit. Le jeune homme, qui est chef spirituel d’une des quatre écoles du bouddhisme tibétain, aurait été conduit le 10 janvier en lieu sûr, à l’écart des médias, à l’institut Norbulinka, un établissement d’enseignement de l’art tibétain traditionnel à 15 km de Dharamsala. M. Wangdi a indiqué que le gouverne-ment tibétain en exil n’avait pas formulé de demande d’asile politique en Inde, car ce serait au Karmapa lui-même d’en faire la demande s’il le souhaite.
L’Inde accueille des milliers de réfugiés tibétains et leur chef spirituel, mais tente aussi d’amélio-rer ses relations avec la Chine.
Le gouvernement indien, pour sa part, s’est déclaré "au courant" de son arrivée, sans plus. La Chine, embarrassée par ce départ, voit sa stratégie au Tibet compromise. Elle voulait faire du Karmapa son "homme de main" pour démontrer une prétendue liberté religieuse au Tibet et en faire une alternative à l’influence du Dalaï Lama.
Pékin a simplement souligné que le garçon était parti à l’étranger, sans mentionner qu’il avait rejoint le chef spirituel tibétain exilé. Les autori-tés chinoises affirment, ce qui est contesté par les proches du Karmapa, qu’il aurait laissé une lettre déclarant qu’il ne souhaitait pas trahir "l’état, la nation, le monastère ou le gouvernement".
Si le gouvernement tibétain en exil a choisi de ne pas monter en épingle sa fuite en Inde, quelques Tibétains, civils et religieux, de Dharamsala, sont moins circonspects.
"C’est une grande victoire pour le Tibet", a affirmé Dawa Dhondup, 24 ans, qui enseigne l’anglais aux réfugiés tibétains. "Le fait qu’il ait fui (...) contribuera à montrer au monde ce qu’est la vie en réalité au Tibet. S’il avait été satisfait de son sort, comme le disent les Chinois, pourquoi aurait-il fui ?".
De nombreuses questions restent cependant en suspens.
- Pourquoi le Karmapa a-t-il vraiment fui ?
- Combien de temps souhaite-t-il rester en Inde ?
- Que vont devenir les moines de Tsurphu, au Tibet, d’où est parti le Karmapa ? (On se souvient des pressions et des détentions arbi-traires commises au Tashilumpo, à Shigatsé, lors de la reconnaissance du Panchen Lama par le Dalaï Lama il y a 4 ans. Le Panchen Lama en subira-t-il des conséquences ?)
L’absence de réaction jusqu’à ce jour des autorités chinoises, si elles prouvent leur embarras, laissent aussi peser de nombreuses inquiétudes, qui pourraient se dissiper ou se confirmer dans les prochains jours.
Enfin, un haut responsable américain, Julia Taft, [1] secrétaire d’Etat adjoint pour les réfugiés, en visite depuis le 10 janvier en Inde, est attendu cette semaine à Dharamsala. Cette visite, prévue depuis longtemps, n’a rien à voir avec l’arrivée du Karmapa que Mme Taft n’a pas prévu pour le moment de rencontrer.
Source : AFP 11 janvier 00

Karmapa : "heureux d’être en Inde" (13 janvier 2000)

Le Karmapa, jeune homme de 14 ans qui vient de fuir le Tibet sous contrôle chinois (Cf articles suivants), s’est dit "très heureux" d’être en Inde, mais n’a pas révélé s’il entendait y rester, ont déclaré le 13 janvier des Tibétains membres de deux groupes de solidarité indo-tibétains qui l’ont rencontré le 12 janvier près de Dharamsala.
"Le Karmapa a dit qu’il voyait l’Inde comme un lieu de pèlerinage, une terre de beaucoup de religions et de cultures" et "qu’en tant que bouddhiste, il était très heureux de venir sur cette terre de pèlerinage"
"Nous avons demandé à Sa Sainteté de rester ici jusqu’à ce que tous les Tibétains puissent retourner dans un Tibet libre, mais il n’a pas répondu", a indiqué Karma Dolma, membre de la délégation.
La Chine a affirmé que l’adolescent qu’elle reconnaît comme chef spirituel tibétain était simplement en voyage à l’étranger et a mis l’Inde en garde contre toute attribution du statut de réfugié politique. Selon la presse indienne, New Delhi, qui cherche à améliorer ses relations délicates avec Pékin, pourrait choisir d’accorder au Karmapa "le statut de réfugié de facto" comme le sont les quelque 100 000 exilés tibétains qu’elle a accueillis depuis 40 ans sur son territoire.
Selon l’agence PTI, Namgyal Gompu, un oncle maternel du Karmapa, aurait rencontré la soeur du lama (qui a fait le voyage du Tibet en Inde avec lui) et lui aurait remis deux lettres demandant au Karmapa de retourner au Tibet afin que les membres de sa famille ne soient pas inquiétés par les autorités chinoises.
Source : AFP 13 janv. 00

Karmapa : rapports Inde-Chine (14 janvier 2000)

L’Inde a convoqué le 14 janvier l’ambassadeur de Chine en Inde pour lui demander que Pékin lui fournisse des détails sur le départ surprise du Tibet de Ugyen Trinley Dorje, 17ème Karmapa, et l’informer officiellement de son arrivée en Inde.
"La partie chinoise a été priée de nous faire connaître des détails spécifiques concernant son départ du Tibet et l’itinéraire emprunté ainsi que d’autres renseigne-ments utiles", a déclaré un porte-parole du ministère indien des Affaires Etrangères.
Il a également souligné que le jeune garçon était en bonne santé et que sa sécurité était assurée.
Source : AFP 14 janv 00

Karmapa : interpellations à Tsurphu (15 janvier 2000)

Au moins deux moines ont été inter-pellés par la police chinoise après la fuite début janvier en Inde du 17ème Karmapa, l’un des principaux chefs religieux tibétains.
Dans un communiqué reçu à Pékin, l’agence Tibet Information Network (TIN), basée à Londres, affirme que les deux moines ont été interpellés au cours d’une opération policière menée contre le monastère de Tsurphu au Tibet où vivait le Kamarpa, juste avant son départ pour l’Inde le 28 décembre.
Selon des sources proches du monastère, citées par TIN, dès que la fuite du Karmapa a été connue, des policiers se sont rendus à Tsurphu pour interroger tous les moines, tandis que deux d’entre eux au moins ont été emmenés par la police au chef lieu de district. Entouré d’un petit nombre de fidèles, le 17ème Karmapa, un garçon de 14 ans, a quitté la Chine et rejoint le Dalaï Lama en Inde le 5 janvier dernier.
Sa fuite a provoqué un vif embarras à Pékin où l’on assurait qu’il est parti se procurer des instruments de musique traditionnels et n’a pas formellement fait défection.
Source : AFP 15 janv 00

Le Karmapa peut rester en Inde (16 janvier 2000)

Peu d’informations filtrent sur le séjour du Karmapa en Inde, mais cela n’empêche pas les médias français d’accorder à son odyssée une place importante.
Alors que le Figaro Magazine du 15 janvier fait sa couverture sur ce sujet - les kiosques parisiens affichant très largement le portrait du jeune maître tibétain - Paris Match lui consacre un article signé Claudine Vernier-Palliez, illustré de photos de Martine Franck. Nous avons appris par ailleurs que le Dalaï Lama, actuellement en retraite, aurait reçu pour la trosième fois le Karmapa qui réside pour le moment à l’Institut Tantrique de Gyuto, près de Dharamsala.
D’autre part, selon le ministre de la défense indien George Fernandez, connu depuis longtemps pour soutenir les aspirations des Tibétains à l’indé-pendance, le Karmapa pourra rester en Inde sans que cela affecte les relations sino-indiennes.
En effet, la Chine avait mis l’Inde en garde contre toute attribution du statut de réfugié politique à Ugyen Trinley Dorje, soulignant que les deux pays devaient éviter toute "ingérence" dans les affaires de son voisin. Pour Pékin, faire du Karmapa un réfugié politique reviendrait à une telle ingérence.
Confronté à des pressions contradictoires, le gouvernement indien s’est contenté jusqu’ici d’indiquer quotidiennement qu’il n’avait pas reçu de demande officielle d’asile politique et donc qu’il n’avait pas de décision à prendre pour le moment.
Source : AFP 16 janvier et correspondant Tibet Info à Dharamsala

La Chine inquiète pour le Karmapa ! (13 janvier 2000)

L’ambassadeur en Chine, Zhou Gang, a indiqué le 13 janvier que son gouvernement s’inquiétait de la sécurité du Karmapa.
"Conformément au traité bilatéral (entre l’Inde et la Chine) le gouvernement indien est tenu d’informer la partie chinoise sur tout ce qui concerne le Karmapa."
Et d’ajouter : "Le gouvernement indien doit s’assurer que le Karmapa n’utilisera pas sa présence sur le sol indien pour mener une quelconque activité politique à l’encontre de la Chine, le Karmapa n’ayant pas encore atteint la maturité politique" !
Source : AFP 13 janv. 00

Karmapa : demande du Dalaï Lama (23 janvier 2000)

Le Dalai Lama a demandé par un courrier au Premier ministre indien Atal Behari Vajpayee d’autoriser le Karmapa à rester en Inde, a affirmé le 23 janv. le journal Indian Express. L’Inde n’a encore pris aucune décision sur le droit d’asile du Karmapa.
Le chef spirituel tibétain a demandé dans cette lettre "protection" pour le Karmapa - qui n’a pas encore indiqué s’il comptait rester en Inde ou rentrer au Tibet - celui-ci ayant besoin de recevoir les "enseignements appropriés et traditionnels par des professeurs qui se trouvent tous en Inde".
Source : AFP 23 jan 00

Karmapa : pas d’erreur pour Delhi (28 janvier 2000)

L’Inde ferait une "terrible erreur" si elle n’autorisait pas le jeune Karmapa à rester sur son territoire, où il est arrivé en exil au début de l’année, a déclaré le Dalaï Lama, dans une lettre à un ex-président du parlement indien.
L’Inde, prise entre son soutien traditionnel aux exilés tibétains (dont plus de 100 000 vivent sur son territoire), et sa volonté d’améliorer ses relations délicates avec la Chine, a évité pour l’instant de dire si elle accorderait l’asile politique ou pas au Karmapa. Dans sa lettre, le Dalaï Lama a affirmé comprendre cette "attitude prudente" de la part de New Delhi, que Pékin a mis en garde contre toute attribution du statut de réfugié politique au Karmapa.
Le Dalaï Lama a dit être convaincu que le Karmapa avait fui le Tibet sous domination chinoise parce qu’il ne pouvait plus y recevoir une éducation religieuse adéquate. "Nous avons la preuve que contraire-ment à des apparences superficielles, il y a beaucoup de restriction et de suppression de la liberté religieuse au Tibet", a-t-il écrit.
Source : AFP 28 janv 00

Le Dalaï Lama bénit le Karmapa (7 février 2000)

Le Dalaï Lama a interrompu brièvement la retraite de deux mois qu’il a entamé début janvier afin de recevoir à son domicile le jeune Karmapa Urgyen Trinley Dorje, et de lui donner sa bénédiction à l’occasion du Losar, le nouvel an tibétain.

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Le Dalaï Lama bénit le Karmapa

Après plusieurs semaines de silence, le Karmapa a pu recevoir la visite de quelques disciples au monastère de Gyoto. Pour des raisons diplomatiques évidentes, il n’a pas jusqu’à présent pu faire de déclaration publique. Il a néanmoins précisé à ceux qui le rencontraient qu’il avait la certitude que "grâce à l’action du Dalaï Lama, les Tibétains jouiront bientôt de la liberté et de la paix".
Un poème, composé lors de son périlleux voyage à travers l’Himalaya, a par ailleurs été rendu public. Utilisant la métaphore de "l’arbre qui accomplit les souhaits" (*) il exprime les motifs et les aspirations du Karmapa pour le Tibet, pour la longue vie du Dalaï Lama, pour la culture et le savoir ainsi que pour la paix dans le monde.
(*) En France, le CSPT a développé ce symbole en plantant dans plusieurs villes des "arbres de souhaits" pour le Tibet.
Source : Correspondant à Dharamsala, le 7 février 2000. (CSPT/Tibet Info)

Karmapa : priorité à l’éducation (8 février 2000)

Sur le conseil du Dalaï Lama, les grands lamas de l’école Kagyupa se sont réunis les 28 et 29 janvier 2000 à Dharamsala avec les membres du Parlement tibétain représentant cette école, et le Ministre des Affaires Religieuses.
Ils ont décidé de donner la priorité à l’éducation religieuse du jeune Karmapa. Celui-ci recevra les connaissances et transmissions de la lignée à laquelle il appartient, mais également celles de toutes les écoles du bouddhisme tibétain. Un grand lama, Trangu Rinpoché, qui réside ordinairement au Népal, a été chargé de veiller à son éducation. M. Tashi Wangdi, porte-parole du gouvernement tibétain, a précisé que la responsabilité de l’éducation du XVIIème Karmapa revenait non seulement aux lamas Kagyupas mais également au gouvernement tibétain en exil et à tous les monastères et lamas se réclamant du bouddhisme tibétain.
Trangu Rinpoché est né en 1933 au Kham, dans l’est du Tibet. Il a fui le Tibet à l’âge de 27 ans et a vécu principalement au monastère de Rumtek, dont il est devenu l’Abbé. Trangu Rinpoché a été le tuteur des plus grands lamas Kagyupas.
Source : Correspondant à Dharamsala, le 8 février 2000. (CSPT/Tibet Info)

Première apparition publique du Karmapa (19 février 2000)

Le jeune Karmapa a fait le samedi 19 février sa première apparition publique au TIPA (Tibetan Institute of Performing Art) à Mcleod Ganj, Dharamsala, lors des festivités de commémoration de l’intronisation du 14ème Dalaï Lama auxquelles étaient également conviés les responsables du gouvernement tibétain, des officiels indiens et les hauts dignitaires religieux tibétains.
Un très large public de plusieurs milliers de personnes ont eu la grande joie et surprise de voir Sa Sainteté le 17ème Karmapa monter sur la scène et prononcer quelques brèves paroles de bienvenue en conviant tout le public à se réjouir du programme culturel qui a débuté le 18 février et durera jusqu’au 20 février.
Le Karmapa est arrivé presque une heure en avance sur le programme convenu le matin, prenant au dépourvu les organisateurs !
Le jeune homme affichait une joie sincère à voir pour la première fois en exil les danses et chants de son pays. Avant son départ du TIPA, il a fait savoir aux organisateurs qu’il reviendrait le lendemain pour voir le reste du spectacle.... Ceci non plus n’était pas prévu et cette décision exprimant son intérêt et son bonheur sincères a profondément ému les organisateurs et leur entourage.
Maintenu dans une forme d’isolement depuis son arrivée en exil à Dharamsala le 5 janvier dernier, le Karmapa découvre son nouvel environnement avec ce qui semble être un plaisir certain.
Source : correspondant Tibet Info, Dharamsala, 19 février 2000

Premier discours public du Karmapa (19 février 2000)

Voici la traduction de la première déclaration publique de Sa Sainteté le 17ème Karmapa au TIPA (Tibetan Institute of Performing Art) à Dharamsala, Inde, le 19 fév. 2000, à l’occasion du 60ème anniversaire de l’intronisation de Sa Sainteté le 14ème Dalai Lama.
« Détenteurs de la doctrine des différentes sectes, compagnons tibétains, ministres du gouvernement tibétain en exil et employés de l’administration tibétaine, en cet heureux jour de l’anniversaire de l’accession au trône de Sa Sainteté le Dalai Lama, je voudrais vous saluer tous par "Tashi Delek".
Généralement parlant, il y a des endroits dans le monde où la violence se répand. Il y a aussi beaucoup de pays et de régions où les gens ne reçoivent pas l’éducation leur permettant de jouir de leur droit de vivre en liberté. Dans le passé, le Tibet prospérait avec le bouddhisme et différentes sphères d’enseignements.
Malheureusement, la situation l’a soumis à une période de dévastation pendant les 20 à 30 dernières années, laissant son héritage culturel dans un processus de total effondrement. Dans pareil cas, j’ai toujours prié pour que le pouvoir de l’incommensurable nature compatissante de Sa Sainteté le Dalai Lama, l’instinct d’altruisme des détenteurs de doctrine des différentes sectes et les ferventes prières du public en général, portent finalement leurs fruits afin de rendre la vie de chaque Tibétain heureuse et paisible.
Généralement parlant, je ne suis pas différent des autres demandeurs d’asile en Inde, mais, sous l’ombre du gouvernement et du peuple indien, du gouvernement tibétain en exil, de la nature infiniment aimante de Sa Sainteté le Dalai Lama et du soutien des détenteurs des diverses doctrines, je suis devenu un réfugié célèbre dans ce pays. Les Tibétains et les médias de diverses parties du monde ont montré beaucoup d’intérêt pour moi. Mes remerciements vont à eux tous.
L’invitation spéciale du TIPA aujourd’hui m’a donné l’occasion de voir leur spectacle. Je prie pour que la renommée de cette institution atteigne chaque recoin du monde. Je prie également pour que la paix et le bonheur prédominent dans le monde entier, pour que la vie de Sa Sainteté le Dalai Lama se prolonge aussi infiniment que l’Arya Amitayus, pour que les vies de tous les détenteurs des doctrines des différentes sectes soient immortelles comme le Vajra et pour que les médias ici présents deviennent mondialement renommés.
Source : correspondant Tibet Info

"Tibet menacé", selon le Karmapa (19 février 2000)

Le Karmapa a averti le 19 février que la culture tibétaine était menacée "d’extinction", dans ses premières déclarations publiques depuis qu’il a fui le Tibet sous contrôle chinois début janvier.
"Dans le monde aujourd’hui, il y a conflits et souffrance, et c’est vrai aussi au Tibet", a déclaré l’adolescent à des moines bouddhistes et des journalistes à Dharamsala, siège du gouvernement tibétain en exil.
"Dans le passé, la culture tibétaine était florissante, mais maintenant il y a un conflit (au Tibet). La culture tibétaine fait face à un grave risque d’extinction", a-t-il dit à l’occasion d’une cérémonie marquant le 60ème anniversaire de l’intronisation du Dalaï Lama comme chef spirituel des Tibétains.
Le jeune homme, considéré par beaucoup de Tibétains comme le successeur possible du Dalaï Lama, a remercié ce dernier pour son combat en exil pour la culture tibétaine. "Je suis récemment devenu un simple réfugié et cela est dû à la gentillesse du Dalaï Lama et à celle de l’Inde", a-t-il dit.
"Après mon arrivée je suis devenu un réfugié célèbre en raison de l’attention que me portent les média. J’ai le sentiment que cet intérêt n’est pas pour ma personne mais pour la cause tibétaine en général".
Le Karmapa était apparu pour la première fois publiquement avec le Dalaï Lama, le 18 fév., à l’occasion du 60ème anniversaire de l’intronisation du chef des Tibétains. Il a présidé le 19 fév., en l’absence de ce dernier, une autre cérémonie, qui a débuté par un poème mis en musique, écrit par le Karmapa durant sa fuite du Tibet et dans lequel il exprime son chagrin pour le fait que sa patrie, "terre de neige et de douce mélodie", ait été "détruite par les Chinois rouges".
Le poème fait un vibrant éloge du Dalaï Lama, comparé à une fleur "qui offre du nectar pour assouvir la soif" spirituelle des Tibétains.
Les cérémonies de Dharamsala ont donné le coup d’envoi à des célébrations devant durer un an (*) pour célébrer le 60ème anniversaire de l’intronisation du Dalaï Lama "de façon appropriée", a indiqué Tempa Samker, l’un des porte-parole du gouvernement tibétain en exil.
Le Dalaï Lama, prix Nobel de la paix, avait appelé le 18 fév. lors d’une cérémonie à renforcer "le combat tibétain pour la liberté" afin de "sauver le bouddhisme et la culture tibétains".
Source : AFP 19 fév. 00
(*) Un an selon l’AFP, mais sujet à vérification

Les parents du Karmapa expulsés (1er mars 2000)

Les parents du Karmapa ont été expulsés de Lhassa après la fuite de leur enfant qui a rejoint le Dalaï Lama en Inde au début de l’année, a rapporté le 1er mars l’agence indépendante Tibet Information Network (TIN).
"Les parents, déjà âgés, du 17ème Karmapa, Dhondup et Loga, ont été emmenés de leur domicile de Lhassa par les autorités et transférés vers la préfecture de Chamdo où se trouve leur ancienne colonie nomade", a indiqué TIN dans un communiqué, citant "des sources dignes de foi".
Selon le TIN, les parents du Karmapa sont à présent "placés sous étroite surveillance dans le cadre d’une vaste opération de renseignement et de répression" engagée par les autorités chinoises à la suite de la fuite du Karmapa.
Cette opération "est le signe de l’importance politique attachée à l’évasion du dirigeant spirituel" par les autorités chinoises, selon TIN. Les parents du Karmapa avaient quitté leur colonie de Chamdo (environ 500 km à l’est de Lhassa) pour la capitale du Tibet, afin de se rapprocher de leur fils après sa nomination à la tête du monastère de Tsurphu en 1992.
Deux responsables de la sécurité au monastère situé à 60 km à l’ouest de Lhassa ont été arrêtés par les autorités après la fuite du Karmapa à travers l’Himalaya et "leur sort actuel est inconnu", selon TIN.
L’organisation ajoute que plusieurs moines ont été soumis à des interrogatoires et que des responsables du monastère sont remplacés par les autorités. Le monastère est désormais fermé au public.
Selon TIN, le Karmapa a par ailleurs fait l’objet d’une tentative d’assassinat durant l’été 1998 de la part de deux Chinois non-identifiés, ce qui pourrait l’avoir incité à prendre la fuite. Les deux hommes avaient été découverts en possession de couteaux et d’explosifs alors qu’ils se dissimulaient dans la bibliothèque du monastère, à proximité de la chambre du Karmapa. Les deux hommes ont admis avoir reçu de l’argent pour tuer le dirigeant religieux mais ont été rapidement relâchés par les autorités qui ont découragé toute enquête supplémentaire, selon TIN.
Le Karmapa, chef spirituel de l’une des quatre écoles du bouddhisme tibétain, est l’une des rares figures religieuses reconnues à la fois par Pékin et par le Dalaï Lama. Il est arrivé le 5 janvier à Dharamsala après avoir franchi clandestinement la frontière sino-népalaise.
Source : AFP 1er mars 2000

[1] Julia Taft, née en 1943, a rejoint International Campaign for Tibet en 2004. Elle est décédée le 17 mars 2008.


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