Tulku Hungkar Dorje
jeudi 10 avril 2025 par Rédaction
L’Administration centrale tibétaine condamne le décès de Tulku Hungkar Dorje, éminent chef religieux tibétain, détenu par les autorités chinoises au Vietnam.
DHARAMSHALA – C’est avec une profonde tristesse que l’Administration centrale tibétaine confirme la mort soudaine et mystérieuse de Tulku Hungkar Dorje, un éminent chef religieux tibétain, détenu par les autorités chinoises au Vietnam. Depuis fin septembre 2024, Hungkar Rinpoché vivait caché au Vietnam en raison du harcèlement dont il était victime au Tibet de la part des autorités chinoises. Le 25 mars 2025, il a été arrêté dans sa chambre d’hôtel à Saigon, au Vietnam, lors d’une opération coordonnée par la police locale et des agents secrets chinois. Il a ensuite été transféré au bureau local de la Sécurité publique le 28 mars, où il est mystérieusement décédé le même jour, ce qui suscite de sérieuses inquiétudes quant à la coopération transfrontalière en matière de sécurité, à la répression transnationale et aux violations des droits de l’homme qui exigent une enquête immédiate et approfondie, ainsi que la responsabilisation des autorités vietnamiennes et chinoises.
Le 1er avril, le bureau administratif du monastère de Lungnon, le monastère de Hungkar Rinpoché au Tibet, a convoqué les personnes concernées pour leur présenter le certificat de décès de Tulku Hungkar, mais leur a interdit de conserver le document ou de prendre des photos. Le 5 avril, cinq moines du monastère, accompagnés de fonctionnaires et de délégués du Gouvernement chinois, se sont rendus au Vietnam pour récupérer son corps. Le même jour, une réunion a été convoquée à l’ambassade de Chine au Vietnam, à laquelle ont participé des responsables chinois, tandis que les cinq Tibétains du monastère n’ont pas été autorisés à y assister. On ne sait toujours pas si les délégués du monastère ont pu voir le corps ou le ramener au monastère. Actuellement, le corps serait à l’hôpital international Vinmec Central Park, à Ho Chi Minh-Ville.
Tulku Hungkar Dorje, né en 1969 dans la province tibétaine de l’Amdo, était un remarquable chef spirituel tibétain dont la vie incarnait un dévouement sans faille à la préservation de l’identité tibétaine à travers l’éducation, les soins de santé et les initiatives culturelles. Reconnu comme la réincarnation de Do Khyentse Yeshe Dorje, Rinpoché a créé le lycée technique professionnel gratuit Hungkar Dorje, qui accueille plus de 1 000 élèves, a fondé la clinique médicale de la compassion Hungkar, pour fournir des soins de santé aux communautés défavorisées, et a créé la bibliothèque des Excellent discours, pour sauvegarder les trésors littéraires. Son travail philanthropique s’est étendu à l’apport d’un soutien financier, de nourriture, de vêtements et de médicaments à des milliers de Tibétains âgés, pauvres et malades. En tant qu’éducateur et auteur de plus de vingt livres, il a constamment souligné l’importance cruciale de la préservation de la langue tibétaine, des traditions bouddhistes et des pratiques culturelles lors de ses enseignements dans plusieurs pays. Ses contributions à la protection de l’environnement, au bien-être social et à l’éducation morale ont démontré son approche holistique de la préservation non seulement des traditions spirituelles tibétaines, mais aussi de l’écosystème culturel complet, nécessaire à l’épanouissement de l’identité tibétaine dans le monde moderne, des efforts qui ont malheureusement fait de lui une cible de la persécution politique avant sa mort controversée il y a 12 jours.
L’année dernière, le Gouvernement chinois a forcé Hungkar Dorje à accueillir le Panchen Lama nommé par la Chine, Gyaltsen Norbu, dans son monastère, conformément aux souhaits du Parti communiste, ce qu’il n’a pas fait de tout cœur. En août 2024, de hauts fonctionnaires chinois de la province du Qinghai l’ont longuement interrogé et l’ont contraint à fournir ses empreintes digitales, alléguant qu’il avait composé des prières de longue vie pour Sa Sainteté le Dalaï-Lama et n’avait pas appliqué les politiques du Gouvernement chinois dans son travail éducatif à Golog, dans l’Amdo. Ces événements ont précipité sa disparition fin septembre 2024, suivie d’une période de clandestinité au Vietnam.
Il convient de noter que la mort suspecte de Tulku Hungkar Dorje représente une escalade inquiétante dans le ciblage systématique par la Chine des personnalités tibétaines influentes qui promeuvent la culture, la langue et l’identité tibétaines. Son cas met en évidence la répression continue des droits de l’homme au Tibet, où les gens vivent dans la peur constante d’être arrêtés pour la moindre expression de leur identité tibétaine.
L’Administration centrale tibétaine appelle la communauté internationale à condamner la mort soudaine et mystérieuse de Tulku Hungkar Rinpoché et à exiger des autorités chinoises et vietnamiennes qu’elles fassent preuve de transparence quant aux circonstances de sa détention et de sa mort. Plus important encore, la dépouille de Tulku Hungkar Dorje doit être immédiatement remise au monastère de Lungnon par les autorités compétentes, afin que des funérailles conformes à la tradition tibétaine puissent être organisées. Cette affaire souligne une fois de plus la nécessité de rendre des comptes et de respecter les droits et libertés fondamentaux du peuple tibétain. Nous présentons nos sincères condoléances à la famille, aux amis et aux disciples de Rinpoché et leur exprimons notre solidarité.
Administration centrale tibétaine Dharamshala, Inde
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