Jamphel Sherab

vendredi 1er décembre 2000 par Webmestre

Jamphel Sherab est né en 1966 à Khongar Chen, un petit village situé près de l’aéroport de Lhassa, dans une famille de fermiers comprenant les parents et 9 enfants (4 filles et 5 garçons âgés de 23 à 41 ans). Les parents sont encore en vie et seul une fille réside avec eux, les autres enfants ont tous créé leur propre foyer et 2 sont moines.

Jamphel Sherab a été scolarisé pendant 6 ans à l’école de son village. Il rapporte que l’éducation qu’il recevait était essentiellement de l’endoctrinement communiste. A l’âge de 15 ans, il obtint un emploi d’ouvrier dans une cimenterie et à 18 ans il réalisa son voeu : devenir moine au monastère de Drepung.

Le 27 septembre 1988 avec 5 autres moines de son monastère, il organisa une manifestation pacifique en mémoire des religieux de Drepung arrêtés et torturés lors de la manifestation du 27 septembre 1987. La police arriva sur les faits, mais Jamphel Sherab et ses amis purent s’enfuir aidés par le public et nul ne fut arrêté ce jour-là. Néanmoins les autorités gouvernementales chinoises entreprirent une enquête et le 8 octobre suivant, Jamphel Sherab et ses camarades furent arrêtés dans leurs cellules par l’équipe de rééducation communiste qui résidait en permanence dans leur monastère. D’abord interrogés à Drepung même et insultés devant les autorités religieuses présentes, ils furent jetés dans un camion, battus sauvagement avec des crosses d’armes à feu, avec des matraques électriques et des coups de poing et de bottes pendant le trajet qui les conduisait au centre de détention de Gutsa.

A Gutsa, Jamphel Sherab subit des interrogatoires continuels pendant 2 mois. Il fut jeté dans une cellule où ne se trouvaient que des prisonniers de droit commun. Il subit maints coups de la part des gardiens. Jamphel Sherab fut tout spécialement battu lorsqu’il essaya un jour de rencontrer des visiteurs en se faisant passer pour un détenu de droit commun... En juin 1989, les autorités de Gutsa firent appeler le maître spirituel de Jamphel Sherab et de ses camarades emprisonnés avec lui. Ce lama devait venir chercher les 5 amis de Jamphel Sherab car ils étaient libérés. Jamphel Sherab quant à lui dut rester à Gutsa, sa faute étant plus grave que celle de ses camarades, il était en effet l’organisateur de la manifestation. Son lama reçut l’ordre des autorités de Gutsa de sermonner son disciple pour que ce dernier comprenne son erreur ! Ainsi, le lendemain Jamphel Sherab a-t-il pu passer une bonne heure avec son maître et sa famille. A part cette visite, il ne put voir sa famille que de temps à autre à raison de 5 minutes par visite.

Jamphel Sherab raconte que les détenus criminels qui partageaient sa cellule étaient tous extrêmement compatissants envers lui et lui remontaient le moral lorsqu’il désespérait d’être un jour libéré ou au moins jugé. Jamphel Sherab durant tout le temps de son incarcération (18 mois) ne put sortir de sa cellule que deux fois 5 minutes par jour. Rien ne se passant pour lui, il insista tant et si bien auprès des autorités de Gutsa pour avoir un jugement qu’il finit par être entendu au printemps 1990. On lui demanda d’écrire une confession écrite en dénonçant ses erreurs,mais aussi ses amis de Drepung ou d’ailleurs qui avaient des activités dites subversives. Jamphel Sherab écrivit alors une ’sorte de confession’ dans laquelle il ne confessait absolument rien et ne citait de nom de qui que ce soit....

Finalement en Avril 1990, le jeune homme fut libéré. Une semaine après sa libération, il fut convoqué par des autorités probablement policières de Lhassa. Il fut à nouveau interrogé sur ses activités politiques et celles qui se pratiquaient à Drepung, mais il tint bout et ne dit rien à ce sujet. Il lui fut aussi demandé de travailler pour le compte du gouvernement chinois comme un espion à Drepung. Jamphel Sherab refusa. Il dut subir un sermon et il fut remis ensuite au comité de son village.

Jamphel Sherab ne put retourner dans son monastère d’où il était banni par le gouvernement chinois. Il vécut ici et là pendant dix longues années qu’il passa à étudier sous l’égide de son vieux maître spirituel. La vie n’était pourtant ni calme ni facile pour lui. Bien souvent il était interrogé par la police qui débarquait chez lui ou qui le convoquait dans leurs locaux.

Finalement la vie devint intenable pour lui et plus aucun avenir ne s’ouvrait devant lui au Tibet. Il se résigna à fuir en exil et partit du Tibet le 6 octobre 2000. Il est arrivé à Dharamsala le 14 novembre 2000 et rejoignit peu de jours après l’école de Sokar où résident et étudient de nombreux nouveaux réfugiés tibétains.

Jamphel Sherab reçoit éducation, nourriture, logement et soins médicaux de son institution, mais il n’a aucune ressource pour pourvoir à ses autres besoins élémentaires. Le cas de Jamphel Sherab a été accepté par la CAPT pour un parrainage régulier allant jusqu’à 3 ans maximum tant que le jeune homme aura une activité scolaire ou de formation professionnelle visant à le rendre indépendant financièrement dans l’avenir.

Dharamsala, 1er décembre 2000


<:accueil_site:> | <:info_contact:> | <:plan_site:> | [(|?{'',' '}) | <:icone_statistiques_visites:>
<:info_visites:>

<:icone_suivi_activite:> fr  <:icone_suivi_activite:>   <:icone_suivi_activite:>    ?    |    <:ecrire:titre_sites_syndiques:> OPML   ?

<:site_realise_avec_spip:> 2.1.13 + AHUNTSIC

https://www.traditionrolex.com/4