Des groupes de défense des droits de l’Homme en appellent au gouvernement chinois
mercredi 9 novembre 2011 par Rédaction , Monique Dorizon
Dans un appel direct au Président chinois Hu Jintao, deux grandes organisations de défense des droits humains ont appelé le gouvernement chinois à mettre fin aux politiques répressives dans les régions tibétaines.
Le 3 novembre 2011, une lettre conjointe de Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International demande que la Chine mène un "examen approfondi de la situation des droits humains à travers le plateau tibétain et mette fin aux restrictions juridiques et politiques qui violent les droits de
l’Homme dans la région" ont déclaré les deux groupes dans une déclaration commune le 8 novembre 2011.
"Le gouvernement chinois doit mettre un terme aux politiques répressives qui portent atteinte aux libertés fondamentales des Tibétains" a déclaré le Secrétaire général d’Amnesty International, Salil Shetty, dans un communiqué.
"Des années de restrictions des droits des Tibétains ont conduit à de nouveaux troubles et des actes de désespoir" a ajouté Kenneth Roth, Directeur exécutif de Human Rights Watch.
"Il est clairement temps que le gouvernement chinois repense fondamentalement son approche en écoutant et en tenant compte des griefs des Tibétains".
Les protestations par l’auto-immolation par le feu de moines tibétains et de nonnes, lors lesquelles au moins six d’entre eux sont soupçonnés d’être décédés [1], constituent un "acte d’accusation profonde des politiques du gouvernement chinois envers les Tibétains" a déclaré Sophie Richardson, Directrice de HRW Chine basée à Washington, s’exprimant sur Radio Free Asia.
"Les gens n’ont pas recours à ce genre de comportement sauf s’ils sentent qu’ils n’ont plus rien à perdre", a déclaré Richardson.
"Nous avons passé énormément de temps non seulement à mobiliser le soutien public, mais à obtenir des gouvernements qu’ils répondent de manière constructive". "Et par constructive, je veux dire amener le gouvernement chinois à répondre d’une foule d’abus dans les régions tibétaines, mais aussi à revenir à la table pour parler avec les représentants tibétains sur leurs doléances", a déclaré Sophie Richardson.
"Je pense que ces (manifestations) sont une façon de dire : « Le monde nous a perdu de vue, nous et nos problèmes, et nous avons besoin de votre soutien pour faire pression en vue d’un résultat » et c’est exactement ce que nous essayons d’amener les gouvernements à faire".
En attendant, des milliers de Tibétains se sont rassemblés dimanche 6 novembre près d’un monastère dans la province chinoise du Sichuan pour la crémation d’une nonne décédée la semaine dernière lors d’une 11ème auto-immolation dans les zones peuplées de Tibétains, cette année [2].
Palden Choetso [3], une nonne de 35 ans, appartenant à un couvent du Comté de Tawu [4], Préfecture de Kardzé [5], s’est immolée le 3 novembre, tout en criant des slogans appelant à la liberté pour le Tibet.
"Le corps de Palden Choetso a été incinéré à 5h00, le 6 novembre au même endroit, près du monastère de Nyitso, là où le corps de Tsewang Norbu (s’étant lui aussi immolé par le feu [6]) a été incinéré", rapporte Lobsang Jinpa, ancien prisonnier politique tibétain vivant actuellement en Inde, citant des sources dans la région.
"Un nombre sans précédent de personnes ont convergé vers Tawu pour montrer leur solidarité et leur soutien pour la nonne décédée", raconte Lobsang Jinpa.
Dirigé par des moines et des religieuses de Nyitso et des autres monastères de la région, des centaines de laïcs ont rejoint le cortège funèbre de la nonne.
"Les gens tenaient des lampes à beurre dans leurs mains et récitaient des prières", a déclaré Jinpa.
"Les moines avaient prévu d’ériger un monument pour la nonne sur le site de la crémation, mais les autorités chinoises ne le permettront pas", dit Jinpa, ajoutant que la police chinoise et les forces de sécurité ont maintenant entouré le monastère de Nyitso. [7]
"Des policiers armés ont également pris position dans une ancienne salle de cinéma à côté du monastère, mais ne sortent pas".
"Sous son chapeau, quand elle s’est immolée, Palden Choetso avait des photos du Dalaï Lama et du Karmapa", rapporte Yama Tsering, autre tibétain exilé en Inde, citant des contacts à Tawu.
"Étrangement, les images sont restée intactes, alors que son corps entier était en flammes", a déclaré Yama Tsering.
"Les Tibétains de la région ont exhorté les Tibétains en exil à porter leur détresse à l’attention internationale", dit Lobsang Jinpa.
"Parmi les Tibétains de Tawu, circule l’idée que si la Chine ne parvient pas à négocier avec le Dalaï Lama, et si le Dalaï Lama ne peut pas retourner au Tibet, la situation peut encore empirer".
Source : Radio Free Asia, Human Rights Watch, Amnesty International, 7 novembre 2011.
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[1] Voir l’article récapitulatif "Immolations : récapitulatif, actions et réactions", du 30/10/2011.
[2] Voir l’article "Une nonne tibétaine meurt après s’être immolée par le feu en Chine", du 03/11/2011.
[3] Palden Choetso est identifiée sous son nom chinois de Qiu Xiang par Chine Nouvelle et dans divers médias, y compris dans les dépêches AFP.
[4] Tawu, ou Daofu (道孚县) en chinois), peut être localisé sur cette carte.
[5] Kardzé (Ganzi ou 甘孜县 en chinois), parfois écrit Garzé, est situé dans la province chinoise du Sichuan et peut être localisé sur cette carte.
[6] Voir l’article "Nouvelle immolation d’un moine au Tibet", du 15/08/2011.
[7] Le monastère de Nyitso est situé au nord de la ville de Tawu, comme indiqué sur cette carte. .
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