Les disparitions continuent au Tibet. Ex. Norzin Wangmo condamnée pour avoir parlé avec l’étranger
jeudi 20 novembre 2008 par Rédaction
Norzin Wangmo
Une jeune cadre tibétaine d’une trentaine d’années, Norzin Wangmo, a été condamnée à cinq ans de prison pour avoir transmis des nouvelles par téléphone et Internet sur la situation au Tibet à l’étranger, selon deux sources, dont le gouvernement tibétain en exil.
- Norzin Wangmo. Photo © http://savetibet.org/news/newsitem.php?id=1387
- Norzin Wangmo. Photo © http://savetibet.org/news/newsitem....
Norzin Wangmo, de Ngaba Trochu, Comté de Ngaba [1] dans une "Préfecture autonome tibétaine" (TAP), au Sichuan, a été condamnée le 3 novembre. Les détails des accusations portées contre elle ne sont pas connus.
Dans une lettre écrite alors qu’il apprenait son emprisonnement, un de ses amis [2] a écrit : "Alors que vous êtes dans votre trentaine, les meilleures années de la vie active, au moment critique où votre enfant a besoin d’être éduqué, vous et d’autres héros et héroïnes, avez quitté vos parents, vous êtes séparé de votre conjoint, et fait de vos enfants des orphelins pour l’amour de la vérité, et vous avez dû prendre ce chemin isolé. Cinq ans, c’est 1825 jours, 43 800 heures. [3] Devoir passer les meilleures années de votre vie dans une sombre cellule de prison, quelle misère !"
"Un océan de souffrance indicible"
Le lieu où se trouve Norzin Wangmo, condamnée à cinq ans, est actuellement inconnu et ICT n’a pas de détails sur le motif d’accusation.
Selon un rapport, Norzin Wangmo, qui est aussi décrite par un ami tibétain comme "Walza", qui signifie "courageuse", a subi de la torture suite à sa détention en avril.
Une amie tibétaine de Norzin Wangmo a écrit ce qui suit dans une lettre adressée à son sujet :
- "J’espère constamment et m’inquiète pour savoir si vous serez remise en liberté après sept mois de torture en détention. Cela me donne un déluge de tourments mentaux. Hier soir, l’un(e) de vos collègues et moi avons fait diverses suggestions sur la façon de vous sortir de prison. J’ai dit que je n’avais que peu d’espoir de vous voir libérée. Maintenant, aujourd’hui (3 novembre 2008) aux alentours de midi, je suis écroulée d’apprendre que vous avez été condamnée à cinq ans, et que vous serez transférée dans quelques jours dans une autre prison. J’ai aussi compris qu’ils ne vous permettront pas de voir votre famille ou des visiteurs pendant dix jours... D’avoir à passer les meilleures années de votre vie dans une cellule sombre de prison, quelle misère ! Ce pourrait être votre gloire, mais comme vous le savez, un océan de souffrance indicible se cache derrière cette gloire. Il n’y a pas de certitude que cette expérience n’écrira pas le dernier mot de votre jeunesse et de votre affection, de vos rêves et de vos ambitions. Une chose qui me rend heureuse, c’est qu’ils disent que vous avez gardé votre confiance et une attitude correspondante en prison. C’est un grand réconfort pour moi. Chère amie !"
La correspondante tibétaine conclut qu’elle va s’occuper du fils de son amie, en disant : "En outre, si vous êtes quelqu’un qui est prête à aller en prison pour l’amour de la vérité, votre fils ne peut guère être une personne ordinaire".
Complément d’information 25 nov. 2008
Voir également cet article de tibet-doc.org où Jamyang Kyi, disparue le 1er avril 2008 [4], a repris son blog sitôt libérée pour y parler de son amie Norzin Wangmo.
Voir également la lettre d’hommage - à laquelle Norzin Wangmo n’a surement pas pu avoir accès - qu’elle lui a écrite sur son blog.
Selon Tibetinfonet.net, Jamyang Kyi aurait été arrêtée de nouveau le 10 novembre 2008 pour avoir décrit sur son blog les tortures qu’elle avait subies en avril.
Paljor Norbu
Un autre rapport reçu par International Campaign for Tibet détaille la détention d’un homme de 81 ans, Paljor Norbu, par la Police Armée Populaire, le 31 octobre à Lhassa. Selon une autre source, Paljor Norbu, qui avait déjà été emprisonné auparavant, a été condamné à sept ans, et son sort reste inconnu.
Paljor Norbu dirigeait une entreprise familiale d’imprimerie sur le Barkhor, qui a imprimé et publié des textes bouddhistes pour certains monastères depuis des générations. L’entreprise a été fermée par le Bureau de la Sécurité publique, qui a également saisi de nombreux blocs de bois servant à l’impression traditionnelle. Ceci indique qu’il n’est pas accusé d’implication dans aucune protestation à partir du 10 mars 2008 à Lhassa, mais peut-être dans la fourniture de publications.
La même source a déclaré : "La famille veut savoir dans quelle prison il est, car il commence à faire froid, il est très vieux, et ils veulent lui fournir des vêtements chauds et des couvertures."
Ces cas sont les derniers d’une vague de détentions et de disparitions sur le plateau tibétain depuis le cycle sans précédent de six mois de protestations contre la domination chinoise. Plus de 125 cas de protestations à travers le Tibet, incluant des moines, des religieuses, des laïcs et des écoliers, ont été détaillés.
International Campaign for Tibet a réuni plus de 900 noms de Tibétains en détention après des manifestations ou des émeutes à travers le plateau tibétain depuis mars, bien que de nombreux Tibétains de cette liste aient depuis été libérés, souvent après avoir subi un traitement extrêmement brutal en détention.
Beaucoup de Tibétains en détention n’étaient pas impliqués dans les manifestations, mais ont été soupçonnés d’avoir encouragé à protester, ou d’avoir parlé à des gens en dehors du Tibet au sujet des manifestations, ou pour d’autres raisons.
Une liste de 263 Tibétains que l’on pense être toujours en détention est publié par ICT dans son rapport "Tibet at a Turning Point" (Le Tibet à un tournant). Une liste de 1 088 prisonniers, dont la moitié sont des tibétains, est également disponible sur le site web de la Congressional-Executive Commission sur la Chine.
Source : International Campaign for Tibet, 17 nov. 2008
[1] Ngaba peut être localisée au centre de cette carte sous le nom chinois Aba.
[2] Un, ou une amie, l’anglais ne permettant pas de voir la différence
[3] Compte tenu du fait qu’il y a au moins une année bisextile, cela fait en réalité 1826 jours et 43 824 heures. Ratiocination, mais les jours en prison au Tibet sont longs...
[4] Jamyang Kyi avait été élue "femme de la semaine" par le magazine "Elle"
<:accueil_site:>
| <:info_contact:>
| <:plan_site:>
| [(|?{'',' '})
| <:icone_statistiques_visites:>
<:site_realise_avec_spip:> 2.1.13 + AHUNTSIC