Réactions suite aux manifestations du 7 avril
mardi 8 avril 2008 par Rédaction
Milieux tibétains
Le gouvernement tibétain en exil a tacitement approuvé le 8 avril les manifestations qui ont émaillé le parcours de la flamme olympique en arguant du droit des personnes à s’élever contre les "effroyables" violations des droits de l’Homme par la Chine.
"Tant que les protestations sont pacifiques, organisations non gouvernementales ou particuliers ont le droit de protester contre les effroyables violations des droits de l’Homme au Tibet", a déclaré à l’AFP Thubten Samphel, porte-parole du gouvernement tibétain en exil à Dharamsala.
Matthieu Ricard, porte-parole du Dalaï Lama, a estimé le 8 avril sur RTL que les manifestations comme celles qui ont émaillé le 7 le passage de la flamme olympique à Paris, représentaient "la seule occasion que l’on ait de faire un petit peu pression" sur Pékin.
"Je crois que le but, c’est que les 200 Tibétains qui sont morts sous les balles des Chinois récemment ne soient pas morts en vain, ils l’ont fait uniquement pour attirer l’attention du monde sur l’oppression qui dure depuis 50 ans et ensuite sur le renforcement de la difficulté de leurs conditions [...] après ça, il n’y aura plus aucun moyen de pression", a déclaré le moine français.
"On ne peut pas reprocher aux gens d’essayer de manifester leur indignation, peut-être que ce n’est pas la plus belle façon de le faire, mais comment voulez-vous faire d’autre devant le mur d’intransigeance", a ajouté M. Ricard qui a ajouté : "si vous voulez que je vous dise mon sentiment personnel, c’est normal, c’est la seule occasion que l’on ait de faire un petit peu pression".
Il a rappelé que le Dalaï Lama n’avait cessé de répéter depuis 20 ans qu’il ne réclamait pas l’indépendance, qu’il était en faveur des Jeux olympiques de Pékin, contre le boycott et favorable au dialogue.
"Ce serait mieux que le gouvernement chinois n’accule pas les gens qui veulent militer pour les droits de l’homme" a ajouté le moine.
Assemblée et Groupe Tibet
Le groupe d’études sur le Tibet à l’Assemblée nationale a adressé une motion au président chinois Hu Jintao, au président Nicolas Sarkozy et au président du CIO Jacques Rogge, appelant au respect des droits des Tibétains.
Dans ce document, les députés du groupe Tibet soulignent que "la Chine fait subir aux Tibétains, en particulier depuis le 10 mars 2008, une répression qui rappelle les pires heures de leur histoire".
"Il s’agit de la poursuite d’une entreprise de destruction humaine et d’anéantissement culturel. Comble du scandale, on accuse le Dalaï Lama, dont toute la vie est un exemple de non-violence, d’être responsable de cette violence", affirme la motion.
Le groupe Tibet, que préside le député UMP Lionnel Luca, demande "la libération immédiate de tous les prisonniers politiques", appelle les dirigeants chinois à cesser "immédiatement les massacres" et réclame "une commission d’enquête indépendante" sur les récents événements au Tibet.
Il demande que le chef de l’Etat chinois, Hu Jintao, "accepte de recevoir le Dalaï Lama pour des discussions concrètes concernant l’autonomie du Tibet".
Lionnel Luca président du groupe Tibet : "Il faut montrer l’attachement de notre peuple aux Droits de l’Homme et aux Tibétains, qui ont eu le courage d’alerter le monde en bravant la répression et en mourant pour cela." "Je trouve scandaleux qu’on fasse enlever le drapeau tibétain. Nous aurons tout à l’heure ce drapeau et nous verrons si on viendra nous l’enlever." "Dans cette affaire, plutôt que Pékin copie Paris, c’est plutôt Paris qui aurait tendance à copier Pékin. Il faut arrêter cette paranoïa. Ceux qui menacent les intérêts français, ce n’est sûrement pas le peuple tibétain, c’est l’arrogance d’une ambassade ici, chez nous, qui se considère comme une ambassade occupante."
Patrick Bloche vice-président du groupe Tibet : "Il y a quatre mois stratégiques pour tous celles et ceux qui se sont engagés en solidarité avec le peuple tibétain pour faire une pression extraordinaire sur les autorités chinoises, pour qu’elles reprennent des discussions avec le Dalaï Lama. Il faut qu’on utilise ces quatre mois pour faire bouger les choses de manière forte."
Noël Mamère : "La mobilisation paie. Il faut que le voyage de la flamme olympique soit un parcours du combattant, pas un parcours de la honte." "Il faut obtenir des concessions de la part des autorités chinoises, parce qu’elles ne détestent rien tant que de perdre la face. (...) C’est formidable qu’il y ait autant de politiques, de citoyens, d’hommes et de femmes qui manifestent pour le peuple tibétain et pour les dissidents chinois. Je souhaite que, une fois les lampions des JO éteints, cette mobilisation ne faiblisse pas."
Jean-Christophe Lagarde : "La flamme olympique, c’est l’occasion de rappeler à la France et au monde entier la dictature qui s’exerce en Chine. C’est l’occasion de marquer notre désapprobation à la fois du régime chinois et du sort qu’il fait vivre depuis plus de 50 ans au peuple tibétain." "Aujourd’hui, on s’aperçoit qu’il y avait des tigres de papier en Chine et qu’il y a désormais des chiffons de papier : c’est la charte olympique sur laquelle s’asseoit allègrement le CIO sans aucune considération pour les peuples qui se font massacrer."
Politiques
Nicolas Sarkozy a déclaré le 8 avril à Cahors qu’il déterminerait les "conditions" de la participation de Paris à la cérémonie d’ouverture des JO "en fonction de la reprise" du dialogue entre la Chine et le Dalaï Lama.
"La solution est dans la reprise du dialogue" entre Pékin et le chef spirituel des Tibétains "pour que les Jeux olympiques puissent se dérouler de façon apaisée", a déclaré à la presse le président de la République.
"La France fera tout pour que ce dialogue reprenne (...) Il y a encore quelques mois, il n’y a pas de temps à perdre".
Bertrand Delanoë a estimé le 8 avril que le passage chaotique de la flamme olympique à Paris avait été "un mouvement d’expression forte en faveur des Droits de l’Homme et de la dignité du peuple tibétain", et critiqué l’attitude des officiels chinois sur place.
"C’était un moment dense" a estimé M. Delanoë sur Europe 1. "C’était un mouvement d’expression forte en faveur des droits de l’homme et de la dignité du peuple tibétain", a-t-il ajouté.
Le maire de Paris a critiqué l’attitude des officiels chinois présents à Paris pour encadrer le passage de la flamme, leur reprochant par exemple notamment d’avoir "perturbé la transmission de la flamme" par David Douillet.
Il a expliqué qu’il n’avait pas fait enlever le drapeau tibétain mis sur la façade de l’hôtel de ville par des élus parisiens "parce que j’estime que ce n’est pas aux officiels chinois de décider, pendant le parcours de la flamme, que l’on passe ou pas à l’Hôtel de ville".
"Ce ne sont pas les athlètes français qui sont en cause, ou les citoyens français qui expriment leur attachement aux Droits de l’Homme. Ceux qui sont en cause, ce sont les autorités chinoises", a-t-il également déclaré.
Denis Baupin, a estimé le 8 avril que si le CIO voulait "sauver l’olympisme" et "restaurer son image", il devait faire pression sur la Chine en menaçant de déplacer les JO 2008 à Athènes, où ont eu lieu les précédents Jeux.
Adjoint écologiste de Bertrand Delanoë, M. Beaupin a assuré dans un communiqué qu’en "envisageant de renoncer à la tournée mondiale de la flamme, le CIO montre qu’il prend enfin conscience de la descente aux enfers qui la menace : l’anéantissement des valeurs olympiques dans la violence policière chinoise exportée à travers le monde".
Pour M. Baupin, "si le CIO veut restaurer son image et sauver l’olympisme, il lui reste une solution : faire réellement et visiblement pression sur la Chine en menaçant de déplacer les JO 2008 !"
"Un site alternatif idéal existe : Athènes, berceau de l’olympisme... et ce d’autant plus que cela permettrait de rentabiliser les équipements coûteux de 2004", a-t-il estimé.
Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts, a jugé le 7 avril, après les brèves interpellations de deux élus Verts au passage de la flamme olympique à Paris, que "pour complaire aux Chinois, le droit d’expression en France est bafoué".
"Ce qui est très choquant, c’est que pour complaire aux Chinois, le droit d’expression en France est bafoué depuis ce matin, par l’interdiction de déployer des banderoles, par la confiscation des drapeaux tibétains".
"Même ceux qui n’ont pas d’action violente par rapport à la flamme sont empêchés d’exprimer une opinion. C’est une dérive de répression de la liberté d’expression qui est inquiétante".
Sportifs et Comités olympiques
David Douillet, président de la Commission des athlètes au Comité olympique français (CNOSF), a indiqué le 8 avril qu’il demandait à être reçu par Jacques Rogge, président du Comité international olympique, pour évoquer le traitement subi lors du passage de la flamme olympique à Paris.
"Nous demandons à être reçus par Jacques Rogge pour expliquer ce que nous avons vécu, et surtout dans quel contexte on vit", a déclaré David Douillet à l’AFP.
"Lors du relais, nous avons clairement senti que nous n’étions pas considérés par les Chinois. Ils nous ont craché à la figure comme la rue nous a craché à la figure", a-t-il poursuivi.
"Cela pose clairement la question de la place des athlètes dans le mouvement olympique, comme cela pose la question de savoir ce que fait le CIO pour protéger ses principaux acteurs et quelle considération on a pour eux", a-t-il avancé.
Parlant de l’attitude des officiels chinois, il ajoute : "Il faut dire les choses clairement : ils nous ont gâché notre passage de la flamme. Cet après-midi, je suis très amer. Il va falloir qu’ils apprennent à se détendre d’ici les Jeux, car on ne peut pas tenir 15 jours comme ça. On ne peut pas vivre les Jeux de cette manière là".
Parallèlement, David Douillet a fustigé le manque de réaction de l’Ukrainien Sergueï Bubka, président de la Commission des athlètes au sein du CIO.
"Je suis étonné du mutisme de Bubka, alors que l’on a jeté des projectiles sur les athlètes. J’ai essayé de prendre contact avec lui, il ne m’a jamais répondu", a expliqué David Douillet, qui, en revanche, a souligné que l’Allemande Claudia Bokel, présidente de la Commission des athlètes au sein des Comités olympiques européens (COE), avait "joué son rôle".
Sebastian Coe, président du Comité d’organisation des Jeux de Londres en 2012, a traité de "voyous" les responsables chinois chargés du relais de la flamme olympique.
"Il exprimait sa préoccupation sur la manière dont ils l’ont traité sur le parcours", a expliqué une porte-parole du comité d’organisation des Jeux de Londres.
Source : AFP 7 et 8 avril 2008
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