JO 2008 : la liberté de parole des athlètes en question
mardi 12 février 2008 par Rédaction , Jean-Paul Ribes
Les Comités olympiques européens sont confrontés à la question des Droits de l’Homme en Chine avant les Jeux de Pékin en août, et les réponses des différents Comités nationaux varient considérablement d’un pays à l’autre.
Les athlètes norvégiens qui participeront aux Jeux olympiques de Pékin en août ont été sensibilisés à la question des Droits de l’Homme en Chine, un sujet sur lequel ils sont "encouragés" à montrer leur engagement, ont indiqué le 11 février les autorités sportives norvégiennes.
Plus de 100 athlètes, dont la participation aux JO semblait très probable, ont participé l’an dernier à deux séminaires sur les libertés, les Droits de l’Homme et la situation politique en Chine, a déclaré à l’AFP Martin Hafsahl, porte-parole du Comité olympique et paralympique norvégien.
M. Hafsahl réagissait aux informations parues la veille en Grande-Bretagne dans le journal Mail on Sunday, selon lesquelles les athlètes britanniques qui iront à Pékin doivent signer un contrat dans lequel ils s’engagent à ne pas s’exprimer sur des sujets politiques sensibles. Voir Note [1]
"C’est le contraire ici", a commenté M. Hafsahl. "En règle générale, nos athlètes sont encouragés à faire preuve d’ouverture et à exprimer leurs engagements", a-t-il dit, en soulignant que cette règle était constante et n’avait pas été édictée pour les seuls JO de Pékin.
Dans la perspective de ces Jeux, les athlètes scandinaves ont suivi deux séminaires spéciaux de deux jours, l’un au cours de l’automne et l’autre avant Noël, au cours desquels de la documentation en provenance des médias ou d’ONG telles qu’Amnesty International leur a été présentée. "Ils sont ainsi mieux armés pour affronter la réalité", a affirmé M. Hafsahl.
"Les athlètes suédois pourront s’exprimer librement tant qu’ils respecteront les règles du Comité international olympique", a indiqué le 12 février le Comité olympique suédois.
"Nous ne musellerons pas nos athlètes", a déclaré à l’AFP son président Stefan Lindeberg.
"Mais nous avons été très clairs avec eux pour ce qui est des règles du CIO selon lesquelles ils ne peuvent pas se servir des JO comme d’un forum pour manifester ou (exprimer) des points de vue politiques ou religieux", a-t-il expliqué.
Il a souligné que les athlètes seraient autorisés "à s’exprimer librement lorsqu’ils répondront aux questions des journalistes par exemple".
Comme pour la Norvège, plus de cent athlètes suédois qui se sont qualifiés pour les Jeux ou devraient le faire ont déjà été informés sur l’histoire de la Chine, sa culture, sa société et sa situation politique, a ajouté M. Lindeberg.
D’autres, italiens, néerlandais ou espagnols, assurent que leurs champions jouiront de la liberté de parole, à condition de s’exprimer dans les médias à titre personnel, et non dans l’enceinte des Jeux.
"Les athlètes sont à notre avis des personnalités qui pensent de manière indépendante", indique Jan Martinek, porte-parole du comité tchèque.
"Nous on fait du sport et les politiciens de la politique", selon Ioan Dobrescu, secrétaire général du comité roumain : "Nos athlètes ont le droit de parler de ce qu’ils veulent. Concernant la politique, ils ne doivent pas en parler dans le cadre de l’équipe olympique. Ils le savent."
Le Canada n’a aucune intention d’imposer un "code de conduite" à ses athlètes pour limiter leur liberté de parole sur la question des Droits de l’Homme en Chine lors des Jeux olympiques de Pékin, a indiqué le 11 février Sylvie Bernier, chef de la mission canadienne pour les JO de Pékin. "On a toujours dit qu’on croyait à la liberté d’opinion. Les athlètes ont le droit d’avoir leur opinion", a ajouté Mme Bernier tout en soulignant que la priorité pour elle-même comme pour les athlètes canadiens serait que ces derniers "réalisent la performance de leur vie".
Les organisations de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières, et Article 19, ont appelé le BOA (Comité britannique) à revoir sa position et demandé au prochain comité exécutif des Comités olympiques européens, le 20 février à Lausanne, de prendre position sur cette question.
"Cette affaire est révélatrice du manque de courage qui caractérise certains responsables du mouvement olympique aujourd’hui", ont estimé les deux organisations dans un communiqué commun
"Le CIO reste scandaleusement silencieux sur la situation des Droits de l’Homme en Chine. Pourquoi les Comités olympiques nationaux agiraient-ils différemment ? Cette attitude finit par faire passer les autorités de Pékin pour les victimes, envers qui il faudrait prendre des précautions de langage. C’est le monde à l’envers", poursuit le texte.
"Les victimes, ce sont les milliers de détenus politiques et la centaine de journalistes, internautes et blogueurs emprisonnés simplement pour s’être exprimés pacifiquement. Si les athlètes ont envie de les soutenir (...), nous les y encourageons fortement. Pékin bafoue chaque jour la Charte olympique, mais les sportifs, eux, devraient la respecter à la lettre ? Tout ceci manque de décence", ajoutent-elles.
Plusieurs Comités olympiques (Canada, Etats-Unis, Pays-Bas, et Belgique) ont dit qu’ils ne limiteraient pas la liberté d’expression de leurs athlètes, à l’opposé, selon les associations, de celui de l’Australie.
Les athlètes français engagés aux Jeux olympiques de Pékin en août ne se verront soumis à aucune consigne particulière du gouvernement visant à limiter leur liberté de parole, a affirmé le 12 février Bernard Laporte, secrétaire d’Etat aux Sports.
"Celui qui a envie de s’exprimer à le droit de s’exprimer", a-t-il déclaré. "Chacun fait ce qu’il veut, on est en démocratie. Ce que l’on souhaite c’est qu’ils courent vite et qu’ils sautent haut".
Pékin espère que les athlètes respecteront la charte olympique. "J’espère que l’esprit olympique prévaudra et que les règlements du Comité international olympique seront respectés dans tous les domaines", a réagi le 11 février Sun Weide, porte-parole du comité d’organisation des JO-2008.
"Pékin souhaite la bienvenue à tous les athlètes du monde qui participeront aux Jeux olympiques et nous nous efforçons de créer les meilleures conditions possibles dans ce but", a ajouté Sun Weide.
[1] Devant la levée de boucliers que sa position a déclenchée, et notamment de la part de l’association Reporters sans Frontières, le Comité d’organisation britannique a battu en retraite et déclaré qu’il n’entendait nullement censurer ses athlètes. Son directeur général, Simon Clegg, aurait ensuite indiqué que cette position allait être précisée.
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