Jigme, écrivain tibétain, libéré en très mauvaise santé
mercredi 8 mai 2013 par Rédaction , Monique Dorizon
Des témoignages en provenance du Tibet rapportent que l’écrivain tibétain Jigme, plus connu sous son nom de plume Ari Jigme, a été libéré de la prison de Lanzhou [1], province du Gansu. Il serait "gravement malade", souffrant "d’insuffisance rénale, et d’autres problèmes de santé, notamment au dos, et altérant sa vue".
Jigme, qui a passé plus de trois ans en prison, a été libéré le samedi 27 avril 2013.
Originaire de Besi, petite ville de la Préfecture de Malho [2], Jigme est le fils de Sherab et Dolkar et a 28 ans.
En 1995, il a rejoint le monastère de Labrang Tashikyil [3] à Labrang, puis a complété ses études bouddhistes à l’Établissement d’Etudes Supérieures de bouddhisme de la province du Gansu.
En 2008, il a envoyé des informations à des médias étrangers sur la situation de 3 intellectuels tibétains, Labrang Jigme Goril, Garze Jigme et Labrang Golog Jigme.
En 2010, lui et ses amis ont organisé un atelier appelé "Kalsang Metok" et ont tenté de développer une sensibilisation à la langue tibétaine parmi les étudiants tibétains. En octobre de la même année, "il faisait partie des dirigeants d’une grande manifestation d’étudiants, pour protester contre la politique du gouvernement chinois concernant l’utilisation de la langue tibétaine dans les écoles" [4].
Il a fui dans le comté de Tsoe [5], à Kanlho, mais a été arrêté par la police chinoise dans un cybercafé pour avoir envoyé des informations sur la manifestation aux médias.
Un tribunal intermédiaire chinois l’a condamné à trois ans d’emprisonnement pour "diffusion de secret national" à l’extérieur, le 14 janvier 2012. Deux jours plus tard, il a été envoyé dans une prison appelée "Section 1" dans la ville de Lanzhou.
Il a écrit plusieurs articles politiques et non politiques en utilisant différents noms de plume, parmi eux : Ari Jigme, Namchen et Topden. Son article le plus connu s’intitulait : "Quand les larmes tombent sur le sol".
Il avait en outre envoyé des articles pour des publications à l’extérieur, dont un au magazine "Thogan Gyadhun", publié en exil, qui portait sur sa conversation avec un Tibétain âgé.
La santé d’Ari Jigme est devenue si mauvaise que même ses amis ne peuvent pas le reconnaître, après avoir passé trois ans et un mois dans une prison chinoise.
Les longues heures atroces de travail forcé en prison, surtout en tant que tailleur, ont endommagé sa santé. Un visiteur, qui a passé quelques jours avec lui, dit "qu’il se peut qu’il souffre de problèmes de santé mentale".
Source : The Tibet Post International, 7 mai 2013.
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[1] L’article du Tibet Post International indique Lanzhau. Il s’agit plutôt de Lanzhou, la capitale de la province chinoise du Gansu.
[2] La "Préfecture Autonome Tibétaine" de Malho (en chinois Huangnan, 黄南藏族自治州) est située dans l’actuelle province du Qinghai, autrefois région tibétaine de l’Amdo.
Localiser la "Préfecture Autonome Tibétaine de Malho" sur cette carte
[3] Le monastère de Labrang Tashikhyel, l’un des plus célèbres monastères tibétains, est situé dans le Comté de Sangchu (བསང་ཆུ་ en tibétain), aujourd’hui nommé Xiahe Xian ou 拉卜楞寺 en chinois, et peut être localisé sur cette carte.
[4] Voir les articles :
"Manifestation de 6 000 collégiens tibétains à Rebkong", du 20/10/2010 ;
"Poursuite des manifestations d’étudiants au Tibet", du 25/10/2010.
[5] Le Comté de Tsoe (Hezuo ou 合作 en chinois) est proche du chef-lieu de la "Préfecture Autonome Tibétaine de Kanlho" (Kanlho, གཙོས་ en tibétain, est nommée Gannan, ou 甘南藏族自治州 en chinois) dans les marches tibétaines de la région de l’Amdo, aujourd’hui dans la province chinoise du Gansu.
Localiser Tsoe (Hezuo) sur cette carte.
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