Commentaire

La non-violence est une force

dimanche 20 février 2011 par Jean-Paul Ribes

Dans le puissant mouvement en faveur de la liberté et de la démocratie qui se manifeste aujourd’hui de la Méditerranée à la Mer Rouge, il est singulier que les deux premiers pays à obtenir satisfaction, la Tunisie et l’Egypte, aient triomphé par des méthodes non violentes.
Le XIV° Dalaï Lama n’a pas manqué de souligner cette nouveauté dans sa déclaration le 18 Février dernier à Mumbai (Inde) [1]. Le chef spirituel des Tibétains a rappelé que les principes recommandés par Gandhi avaient par le passé inspiré le militant pour les droits civiques des Noirs aux Etats-Unis, Martin Luther-King, ainsi que l’icône de la lutte anti-apartheid en Afrique du sud, Nelson Mandela.
"Il y a très longtemps, des Philippines au Chili, un mouvement populaire de paix a vraiment apporté beaucoup de changement", a déclaré le prix Nobel de la Paix. "Aujourd’hui, la même chose s’est produite en Egypte et en Tunisie sans un seul coup de feu tiré par les manifestants. Les choses changent. Ils (les manifestants) suivent le principe de la non-violence", s’est félicité le Dalaï Lama.
Des incidents violents se sont toutefois produits, à l’initiative de groupes manipulés par les gouvernements autoritaires dans leur tentative de garder le pouvoir et tandis que les autorités tentaient de juguler les manifestations par la force. Ce qui est remarquable néanmoins c’est que les foules considérables qui étaient rassemblées ne se soient pas laissées entraîner, jusqu’à présent, dans le cycle d’une violence généralisée.

Le Dalaï Lama, qui ne cesse, depuis plus d’un demi siècle de faire campagne en faveur de la non-violence, a ajouté que le monde avait "vraiment besoin" d’apprendre le principe de la manifestation pacifique, après les guerres sanglantes et la violence du siècle dernier. "Nous ne devrions pas considérer la non-violence comme un signe de faiblesse mais comme un signe de force", a-t-il insisté.

Certes il reste encore du chemin à parcourir. Mais si l’on examine l’histoire de ce dernier demi-siècle, on constate en effet que de nombreuses modifications radicales sont intervenues sans recours à la violence, comme la révolution de velours en Tchécoslovaquie [2], la chute du mur de Berlin [3] ou la fin du système de l’Apartheid en Afrique du Sud [4].

En revanche, la Chine reste le pays qui a eu systématiquement et massivement recours à la répression armée contre les mouvements non violents, de la Place Tian’anmen [5] aux incessantes actions de protestation pacifique du peuple tibétain en faveur de l’autonomie.

Ceux qui invoquaient hier une "exception arabe", allant même jusqu’à assimiler la culture musulmane à celle de la violence, semblent en être aujourd’hui pour leurs frais. Quel que soit le coût en vies humaines imposé par la répression, on n’a pas vu, à ce jour, de déferlement de violence de la part des manifestants, à part ces deux policiers lynchés en Libye. Il est, en revanche, remarquable que ceux qui appellent à manifester dans plusieurs pays, en Algérie notamment, prennent le soin d’intituler leur mouvement "marche pacifique".
Les responsables politiques français qui, de Jean-Luc Melanchon à Jean-Pierre Raffarin, justifient le maintien d’une situation inique en Chine et au Tibet au nom de la stabilité devraient réfléchir d’un peu plus près à la fragilité et au prix humain de cette stabilité.

Participer aux mouvements pacifiques de soutien au Tibet [6], réclamer la libération de Liu Xiaobo [7] et des détenus politiques, réclamer, avec les avocats chinois, une justice moins corrompue, un système social moins injuste, moins de destruction de l’environnement, mais surtout presser nos gouvernants et nos élus d’ouvrir enfin les yeux sur la réalité des peuples, la seule qui fasse l’histoire, et leur détestation de la violence, voilà un programme pour être, ici, "dans le mouvement".

Jean-Paul Ribes

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[1] Voir l’article "Dalaï Lama : manifestations en Tunisie et Egypte dans l’esprit de Gandhi", du 19/02/2011

[2] du 16 novembre au 29 décembre 1989

[3] le 9 novembre 1989

[4] 30 juin 1991

[5] le 4 juin 1989

[6] Ne pas oublier la manifestation le jeudi 10 mars 2011, à 15h, sur le parvis des Droits de l’Homme, au Trocadéro, à Paris.

[7] Voir l’article "Des intellectuels du monde entier se mobilisent pour Liu Xiaobo", du 24/12/2008


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