Tibet Lib - intervention pour Tashi Rabten

lundi 13 décembre 2010 par Rédaction , Monique Dorizon

Depuis mars 2008, à la fois en dépit, mais aussi en raison de la répression sévère, il s’est produit une résurgence littéraire et culturelle dans les régions tibétaines, particulièrement en Amdo. Une nouvelle génération de jeunes intellectuels tibétains s’est développée. Celle-ci a grandi dans un Tibet sous autorité chinoise et n’a pas subi le traumatisme de l’appropriation du Tibet par la Chine ou les excès de la Révolution culturelle. Un des thèmes communs à leurs écrits est la solidarité des Tibétains et la fierté de leur identité culturelle et religieuse originale.
Parmi ces "nouveaux" écrivains figure Tashi Rabten.

Tashi Rabten [1] (ch : Zhaxi Raodeng ou Zhaxi Redan) est originaire du Comté de Dzoige [2].
Tashi Rabten est à la fois étudiant à l’Université des Minorités du nord-ouest à Lanzhou, écrivain sous le nom de Therang (ou Te’urang), et journaliste.
Il a fait paraître 1 000 exemplaires du livre "Ecrit avec le sang" (Khrag yig). Dans ce livre, très critique vis-à-vis du gouvernement, il utilise la métaphore de la viande et du sang.
Cet ouvrage, qu’il a fait publier à son compte, est un recueil décrivant les événements et manifestations de mars 2008 au Tibet.

Tashi Rabten y écrit :
En ces temps singuliers où l’on inflige des coups de fouet à l’âme et à la force vitale, il faut prendre la parole pour dire ce qui doit être dit. Ne pouvant donc rester la bouche close, je laisse ma parole s’écouler. Si on l’interrompt, je suis convaincu que sa valeur en sera accrue d’autant. C’est pourquoi j’ai diffusé entre 2008 et 2009 ce petit livre, qui est plus jeune que moi, comme on procède à une saignée.
Le gouvernement chinois a stoppé la distribution de ce livre et en a confisqué les exemplaires déjà vendus, l’interdisant à cause de son contenu politique "suspect".

Dans les chapitres de ce livre et dans plusieurs articles publiés dans le magazine annuel "Shar Dungri" ("Xiar Dong-ri" : "la Montagne de Neige orientale") de l’Université des Minorités du nord-ouest de la Chine, Tashi Rabten détaille l’effusion de sang qui s’est produite en mars 2008, quand la police chinoise a réprimé avec violence les manifestants pacifiques. Il développe l’idée que ce sont les fonctionnaires chinois qui sont responsables de la violence et des destructions qui ont suivi.
A la suite des événements du printemps 2008, la police l’a souvent questionné, l’a surveillé étroitement et lui a demandé des comptes sur toutes ses activités.
Tashi Rabten a été une première fois arrêté en juillet 2009 puis libéré le mois suivant.
Le 6 avril 2010 il a été arrêté à nouveau au sein de l’Université des Minorités du nord-ouest, à Lanzhou.

Tashi Rabten est détenu depuis lors, sans mise en accusation, dans un centre de détention du Comté de Barkham [3]. Les charges exactes portées contre lui ne sont pas connues.


Voici quelques modèles de lettres (à transformer à votre convenance) :

Monsieur (ou Madame selon le cas) …………….. (Nom de l’autorité chinoise)
Je vous écris aujourd’hui afin d’attirer votre attention sur la détention arbitraire de M. Tashi Rabten (ch. : Zhaxi Raodeng), étudiant et écrivain (nom de plume : Te’urang,) qui a été emprisonné pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression.
Tashi Rabten originaire du Comté de Dzoege (ch : Ruo’ergai), Préfecture de Ngaba, province du Sichuan, a été arrêté à Lanzhou le 6 avril 2010. Il aurait été surveillé pendant un certain temps alors qu’il étudiait à l’Université des Minorités du nord-ouest de Lanzhou.
Il est à craindre qu’il ait été arrêté à cause de l’édition du magazine littéraire "Shar Dungri" ("Montagne de neige orientale") couvrant les manifestations au Tibet en 2008 et être le co-auteur d’une collection appelée "Ecrit avec le sang".
Je suis consterné de voir que votre gouvernement a supprimé le droit de ce Tibétain à exprimer son opinion de manière pacifique.
Le droit à la liberté d’expression est protégé en vertu de la Constitution de la Chine et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques signé par la Chine. L’emprisonnement de Tashi Rabten semble être en violation de ces règles juridiques.
Je demande à ce que votre gouvernement révèle toute information qu’il possède sur le traitement de Tashi Rabten et les détails de toute charge légale portée contre lui.
Je demande également que son cas soit étudié avec impartialité et son procès conduit publiquement et en tenant compte des normes juridiques internationales.
J’attends votre réponse.
Bien sincèrement,
Nom, Prénom, Adresse, Signature

Traduction de cette lettre en anglais :

Dear …………………... (Nom de l’autorité chinoise)
I am writing to you today to draw your attention to the arbitrary detention of Mr Tashi Rabten (ch : Zhaxi Raodeng), a student and writer (Pen name : Te’urang,) who has been imprisoned for exercising his right to freedom of expression.
Tashi Rabten from Dzoege (ch : Ruo’ergai) County in Ngaba Prefecture, Sichuan Province, was arrested in Lanzhou on April 6, 2010. He was reportedly under surveillance for some time while studying at the North Western Minorities University in Lanzhou.
There are fears that he may have been detained for editing the literary magazine “Shar Dungri” (Eastern Snow Mountain) covering the 2008 protests in Tibet and co-authoring a collection called “Written in Blood
I am appalled that your government has suppressed the right of this Tibetan to peacefully express his opinion.
The right to freedom of expression is protected under China’s Constitution and under the international Covenant on Civil and Political Rights which China has signed. Tashi Rabten’s imprisonment appears to be a violation of these legal instruments.
I request that your Government reveals any information it has regarding the treatment of Tashi Rabten and the details of any lawful charge against him.
I also demand that his case will be impartially investigated and his trial be conducted openly and with due regard to international legal standards.
I look forward to your response.
Yours sincerely
Nom, Prénom, Adresse, Signature

Voici quelques adresses d’autorités chinoises auxquelles vous pouvez adresser vos courriers : (0, 87 euro pour un envoi de moins de 20 grammes à partir de la France)

Madame la Ministre de la Justice (Minister of Justice)
Mrs Wu Aiying,
Buzhang Sifabu
10 Chaoyangmen Nandajie
Chaoyangqu
Beijingshi 100020
République Populaire de Chine (People’s Republic of China)
Monsieur le Chef du Gouvernement Populaire (Governor of People’s Government)
Mr. Jiang Jufeng Shengzhang
Sichuanshen Renmin Zhengfu, Zoumajie,
Chengdushi-610040,
Sichuansheng,
République Populaire de Chine (People’s Republic of China)
Monsieur le Procureur du Parquet Populaire de la Province du Sichuan (Procurator of Sichuan’s Provincial People’s Procuratorate
CHEN Wenqing Jianchazhang
Sichuansheng Renmin Jianchayuan
51 Renminzhonglu Erduan
Qingyangqu
Chengdushi 610017, Sichuansheng
République Populaire de Chine (People’s Republic of China)

Copies de vos courriers aux autorités chinoises peuvent être envoyées à :

Monsieur l’Ambassadeur de la République Populaire de Chine (ou Ambassade de Chine de votre pays)
Mr.Kong Quan
Ambassade de Chine
11, avenue George V
75008 Paris
chinaemb_fr@mfa.gov.cn
Fax : 01 47 20 24 22
Madame Alliot-Marie
Ministère des Affaires Etrangères
37, quai d’Orsay
75 007 Paris
France
Mail : diplomatie.gouv.fr

Au cas où des réponses vous parviendraient de l’une ou l’autre de ces autorités, merci de m’en faire part à moniquedorizon@hotmail.com

De la même manière, il est toujours possible d’intervenir auprès des dirigeants, chinois et français, en faveur des prisonniers soutenus depuis plusieurs années par Tibet lib.
(Tous ces cas se trouvent sur le site : http://tibetlib.blogspot.com)
Un parrainage de ces mêmes prisonniers est proposé par l’action Tibet post

[1] Le nom de Tashi Rabten en idéogrammes chinois et sa photo se trouvent sur le site tibetlib.blogspot.com.
Voir également les articles
- Quatre écrivains tibétains arrêtés, du 5 août 2009
- Résumé sur la situation des Droits de l’Homme au Tibet en 2009, du 8 mars 2010
- Nouvelle vague de dissidence au Tibet et harcèlement sur les écrivains, du 6 juin 2010.

[2] Le Comté de Dzoigé ou Zoigé, (en chinois Ruo’ergai, 若尔盖县), est un district administratif de la "Préfecture autonome tibétaine et qiang" de Ngaba (en chinois Aba, 阿坝藏族羌族自治州), dans la province du Sichuan, qui peut être localisé sur cette carte.
NB les Qiang sont l’une des 55 "ethnies minoritaires" en Chine et partagent ce district avec les Tibétains.

[3] Barkham, ou Markham (en chinois Ma’erkang, 马尔康县)est un district administratif de la "Préfecture autonome tibétaine et qiang" de Ngaba, dans la province du Sichuan. Barkham peut être localisé sur cette carte.


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