Arrestation de Tibétains pour avoir manifesté contre la confiscation de terres.
lundi 16 avril 2012 par Monique Dorizon
Mardi 10 avril 2012, dans le Comté de Kardzé, région tibétaine du Kham, actuelle Province du Sichuan, les autorités chinoises ont confisqué des terres appartenant à un homme d’affaires tibétain, et l’ont arrêté plus tard, ainsi qu’un de ses parents, pour avoir posé des questions et fait appel contre la décision du gouvernement.
"Sonam Gonpo, un homme d’affaires de 48 ans, et son parent, Khedup, de la région de Lhopa, Comté de Kardzé, "Préfecture Autonome Tibétaine" de Kardzé, sont allés interroger les autorités locales après avoir appris que l’on construisait sur un terrain appartenant à Sonam Gonpo, mais ils ont été arrêtés par la police". "Les autorités ont refusé d’écouter, et au lieu de cela, un groupe de policiers est soudain apparu et a détenu Sonam Gonpo avec son beau-frère Khedup", a déclaré le moine en exil Pema Tsewang, citant des contacts dans la région.
Craignant de semblables confiscations de terre après cet incident, de nombreux Tibétains locaux, plusieurs centaines, dont l’épouse de Sonam Gonpo, ont organisé une manifestation condamnant l’action du gouvernement et demandant la restitution de la terre à son propriétaire.
Ils ont déclaré que "leur terre est leur seule source de revenu, sa confiscation équivaudrait à une condamnation à mort, et que la police chinoise devrait donc simplement leur tirer dessus là, maintenant", poursuit Pema Tsewang.
Les manifestants se sont couchés devant une excavatrice et des bulldozers. Des effectifs de police ont été demandés en renfort. La police chinoise les a menacés de conséquences désastreuses pour eux et a ensuite arrêté la femme de Sonam Gonpo et une autre femme tibétaine, Kelsang Sangay.
Comme ailleurs en Chine, toutes les terres des Préfectures de population tibétaine des provinces occidentales de la Chine, sont censées être détenues par l’Etat, a déclaré Robbie Barnett [1], spécialiste du Tibet à l’Université de Columbia à New-York.
"(Mais) les gens ont des droits d’utilisation, ce que nous, en Occident, considérerions comme un bail", a dit Robbie Barnett.
Et avant que la terre ne soit récupérée par l’Etat, les autorités qui prennent la terre "doivent avoir certaines raisons et donner des justifications, et elles doivent verser une indemnité".
Que Sonam Gonpo se soit vu offrir une compensation pour la terre prise n’est pas encore clair. Mais la saisie de terres sans qu’une telle offre ne soit faite, serait "inhabituelle" a déclaré Robbie Barnett.
Sonam Gonpo est le fils de Dorje Tashi et Choedon Dargyal (décédée). Il est originaire de la municipalité de Lhopa, Comté de Kardzé.
Pema Tsewang a signalé que, le 19 mars 2009, Sonam Gonpo avait été précédemment arrêté dans le Comté de Kardzé et avait été détenu pendant près de quatre mois, accusé d’avoir tenu un "discours pro-tibétain" et de propagation de "rumeurs". Il a été battu par la police et admis à l’hôpital du Comté de Kardzé.
Les autorités chinoises ont confisqué son camion, d’une valeur de 150 000 yuans (18 220 euros environ), et son stock de précieux "cordyceps sinensis" ("champignon chenille" utilisé depuis des centaines d’années en médecines tibétaine et chinoise).
Le 31 mars 2011, lorsque les autorités chinoises ont libéré de prison les moines Tenzin Nagdhup et Lobyang du monastère de Tsetsang, Comté de Kardzé, les Tibétains locaux les ont accueillis avec une grande réception. Les autorités ont accusé Sonam Gonpo et six autres personnes d’avoir organisé cette réception et les ont détenus pendant un mois.
Après sa libération, Sonam Gonpo avait été à nouveau arrêté et détenu pendant près d’un an.
Sources : Radio Free Asia, 12 avril 2012, Tibet Post International, 13 avril 2012.
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[1]
Le Dr Robbie Barnett a écrit et publié de nombreux livres sur le Tibet moderne, incluant "Poisoned Arrow : The Secret Petition of the 10th Panchen Lama", "Leaders in Tibet : A Directory", "Cutting Off the Serpent’s Head : Tightening Control in Tibet 1994-1995", "Resistance and Reform in Tibet" (Indiana University Press, 1994), ou avec Steve Lehman et traduit en français "Les Tibétains en lutte pour leur survie" (Ed. Hoëbeke, sept. 1999).
Son dernier livre, "Lhasa : Streets with Memories" (Columbia University Press, 2006), analyse la géographie locale de la capitale du Tibet en tant que mémoire collective.
De 1987 à 1998, le Dr Barnett était le directeur du Tibet Information Network, un réseau de recherches et d’information indépendant sur le Tibet, basé à Londres. Il a également travaillé comme journaliste au South China Morning Post à Hong Kong, à la BBC, à l’Observer (Londres), The Independant (Londres) ...
Photo Columbia University
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