Difficultés des Tibétains et des Ouighours pour obtenir une chambre d’hôtel

vendredi 14 août 2015 par Monique Dorizon , Rédaction

Les Tibétains et les membres de l’ethnie ouïghoure, à majorité musulmane, ont été mis sur une liste noire de "sécurité" lorsqu’ ils cherchent des chambres d’hôtel dans les grandes villes chinoises ; le personnel devant informer les postes de police locaux quand ils essaient de séjourner.

Un employé d’une succursale de la chaîne hôtelière "Homegrown Home Inns" de Pékin a confirmé que l’hôtel devrait prendre des mesures spéciales au cas où des Tibétains se présenteraient.
"Nous informerions le poste de police local, c’est tout", a dit l’employé de la branche Gan lu Yuan de Home Inns dans le quartier de Chaoyang à Pékin.
"Mais ce ne serait pas un problème s’ils ont leur carte d’identité".

Pendant ce temps, un employé de l’hôtel Hanting dans le quartier de Haidian à Pékin ayant répondu au téléphone, a dit que des mesures spéciales sont également mises en place pour le groupe des Ouïghours, ethnie à majorité musulmane, turcophone du Turkestan oriental (Xinjiang).
"Les Ouïghours peuvent réserver des chambres, mais la police effectuera une visite", a déclaré l’employé. "Dès qu’ils s’enregistrent, tout cela est mis en place".
"Dès que nous aurons enregistré leur carte d’identité, la police viendra", a déclaré l’employé.
Prié de dire si la procédure était la même pour les Tibétains, l’employé a dit : "Exactement, la police ira dans leur chambre..."

A Shanghai, un employé de la filiale du district de Changning de la chaîne d’hôtel "7Jours" qui a répondu au téléphone dit que des processus similaires étaient en place là-bas, aussi.
"Le [Tibétain ou Ouïghour] n’a pas à aller lui-même au poste de police", a déclaré l’employé. "Les indications seront envoyées directement au réseau informatique de la police".
"Tout simplement, c’est transmis à la station de police locale".

Et dans la ville méridionale de Guangzhou, un employé de l’hôtel "7Jours" de la rue Baogang a déclaré que les Ouïghours devaient passer par des contrôles de sécurité supplémentaires s’ils ont essayé de réserver une chambre.
"Les Ouïghours ont besoin de me donner leur numéro de carte d’identité pour que je puisse la vérifier pour eux", dit l’employé.

Interrogé pour savoir s’il existait une liste noire des personnes interdites de réservation de chambres d’hôtel, l’employé a dit : "Cela est exact".
Les Ouïghours non-blacklistés devront être signalés au poste de police local quand ils arrivent, dit l’employé.
Interrogé sur les Tibétains, l’employé a dit : "C’est la même chose. Après leur inscription, les éléments sont envoyés à la police pour vérification..."

Cependant, un résident chinois han d’Urumqi, surnommé Fang, a dit que la procédure était la même pour les résidents chinois hans du Xinjiang et du Tibet.
"Je suis en vacances à Ruili, et je suis descendu du bus à 2h du matin puis je suis allé à l’hôtel, où je leur ai donné ma carte d’identité", a raconté Fang.
"Dès qu’ils ont vu qu’elle était du Xinjiang, ils ... ont dit qu’ils étaient complets".
Il a ajouté : "Je leur ai dit que j’étais un Chinois han, mais ils ont dit « désolés ». En fait, je leur avais précédemment demandé, et on m’avait alors dit qu’ils avaient des chambres".
"Je n’avais nulle part où aller. Finalement, j’ai trouvé un hôtel, et ils m’ont dit que je devais aller à la station de police locale", a déclaré Fang.
"J’ai dis que j’étais venu ici pour dormir. Je suis ici en vacances, et vous me dites d’aller au poste de police ? J’étais tellement en colère (…)."

Toutefois, les mesures de sécurité régissant les clients des hôtels appartenant à des minorités ethniques semblent inégalement appliquées ; les chambres d’hôtes à l’intérieur de la "Région Autonome du Tibet" étant encore plus étroitement réglementées.
Au téléphone, un employé d’une maison d’hôtes de la préfecture de Nyingchi [1] dit que les Tibétains sont totalement interdits de séjour.
"Nous ne pouvons pas accepter les Tibétains", a-t-il dit. "C’est clairement indiqué dans les règlements de police".
"Il n’y a que cinq auberges qui sont autorisées à les accepter, et une seule à moins de 200 yuans par nuit (28 euros environs)", précise l’employé. "Nous facturons un peu plus de 100 yuans (14 euros environ)".

Interrogé pour savoir si les ressortissants étrangers seraient autorisés à y rester, il dit : "De quel pays ? Il serait très difficile pour un Américain de séjourner à Nyingchi".

L’écrivain tibétaine et commentatrice politique Tsering Woeser a déclaré que ces mesures ont été introduites au Tibet il y a au moins deux ans.
"Ces règles plus strictes ont été mises en place en 2012, et il existe beaucoup de règlements concernant les Tibétains d’autres régions", a-t-elle dit.
"Si des Tibétains venus d’ailleurs en Chine veulent aller au Tibet, ils doivent séjourner dans des auberges approuvées", a déclaré Tsering Woeser.
"A leur arrivée, ils doivent remettre leur carte d’identité et obtenir un permis spécial en retour".
"Cela est à mettre en relation avec l’auto-immolation survenue à Lhassa [2] en 2012", a-t-elle ajouté.

Elle dit aussi que les Tibétains d’outre-mer sont encore moins susceptibles d’être autorisés à entrer au Tibet. (…)

Source : Radio Free Asia, 14 mai 2015.

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[1] Nyingtri (ཉིང་ཁྲི་ en tibétain, 林芝 ou Nyingchi en chinois), est un Comté et une Préfecture de la "Région Autonome du Tibet", à l’est de Lhassa.
Localiser la Préfecture de Nyingtri sur cette carte.

[2] Voir l’article "Dargye et Tobgye Tseten : deux nouvelles immolations, pour la 1ère fois à Lhassa", du 28/05/2012.


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