La Chine revient sur sa promesse de ne pas censurer l’internet durant les JO

mercredi 30 juillet 2008 par Rédaction

Comme les 253 millions d’internautes chinois, les journalistes étrangers, accrédités pour les JO de Pékin, n’auront qu’une version censurée de l’internet, contrairement aux promesses des autorités.
Cette décision, confirmée le 30 juillet 2008 à seulement dix jours de l’événement (8-24 août), a déclenché une polémique.
Journalistes et responsables olympiques se sont indignés que l’engagement d’assouplir le contrôle de la Toile pendant les Jeux ne soit pas tenu.
Depuis le MPC ("Main press center"), [1], l’AFP a pu constater l’impossibilité d’accéder à des sites dissidents, pro-tibétains ou ceux d’organisation de défense des Droits de l’Homme, comme Amnesty International ou Reporters sans frontières.
Les sites de Radio Free Asia et de Deutsche Welle, la radio allemande diffusant pour l’étranger, dans toutes les langues, se trouvent également dans le viseur des autorités chinoises, tout comme celui en chinois de la BBC.
Un article sur le site en anglais de la BBC consacré en février au dissident emprisonné Hu Jia passe entre les mailles du filet, mais pas le blog, en chinois, de sa femme Zeng Jinyan.
Il est toutefois possible d’accéder à l’encyclopédie en ligne Wikipedia et de se rendre sur la page consacrée à la place Tiananmen.
Mais toute tentative d’aller sur les passages concernant le massacre de 1989 et la répression des manifestations étudiantes se solde par un échec.
La même expérience peut être tentée avec Youtube, le site de partages de vidéo. La page d’accueil est disponible sans problème, ce qui n’est pas le cas d’une courte intervention du fondateur de Boxun.com, Watson Meng, enregistrée à Paris en mai dernier, dans laquelle il témoigne des attaques quotidiennes de "hackers" contre son site.
Parmi les autres sites censurés, figure celui du gouvernement tibétain en exil.

Lors d’un entretien exclusif avec l’AFP il y a deux semaines, le président du CIO Jacques Rogge s’était pourtant félicité de la liberté accordé à la presse étrangère.
"Pour la première fois, les médias étrangers pourront faire des reportages librement, les transmettre librement en Chine. Il n’y aura pas de censure sur internet", avait-il assuré.
Mais Sun Weide a douché ces espoirs en affirmant le 30 juillet que la promesse des autorités était seulement d’autoriser "suffisamment" d’accès à internet pour travailler, mais pas un accès illimité. [2]
"Notre promesse était que les journalistes pourraient se servir d’internet pour leur travail pendant les jeux Olympiques. Et nous leur avons donné suffisamment d’accès pour cela", a-t-il insisté.
Une restriction dénoncée par les représentants des journalistes étrangers basés à Pékin.
"Les journalistes devraient avoir autant d’accès à l’internet que lors des JO précédents", a estimé Jonathan Watts, président de l’Association de la presse étrangère à Pékin (FCC).
Le responsable de la presse du Comité international olympique (CIO), Kevan Gosper, a indiqué qu’il soulèverait la question auprès des autorités chinoises. "Je vais leur en parler et voir leur réaction", a-t-il expliqué.
De son côté, le président du Comité olympique australien John Coates, également membre du CIO, s’est montré contrarié, estimant que la Chine faisait marche arrière sur une promesse olympique "clef".
"C’est clairement décevant, je pense que cette question sera prise très au sérieux par le CIO", a-t-il indiqué à l’occasion d’une conférence de presse organisée précisément dans l’enceinte du MPC.
Mais il s’est montré sceptique sur le pouvoir de l’organisation olympique de faire revenir les autorités chinoises sur leur décision.

Source : AFP 30 juillet 2008


NB Pékin est ensuite revenue sur cette décision et a débloqué l’accès à quelques sites, tels Amnesty International, RSF ou la BBC, mais les sites pro-tibétains, concernant le Falungong ou les événements de la Place Tien Anmen restent bloqués...

Le 1er août 2008, le moine bouddhiste français Matthieu Ricard, interrogé à ce sujet, répondait :
"La levée partielle par Pékin de la censure sur internet pour les médias est un semblant d’ouverture qui ne sert qu’à faire "baisser la tension vis-à-vis de l’opinion publique".
"Vous avez affaire à un système qui veut un contrôle à 100% et qui de temps en temps lâche du lest pour faire baisser la tension vis-à-vis de l’opinion publique", a déclaré M. Ricard sur la radio RTL. _"Ils ont l’art de faire ce qui semble être des ouvertures", a-t-il dit.
"Ils vont faire une levée partielle pendant quelque temps et il y aura quand même des moyens pour bloquer, dès que ça parlera un peu du Tibet pour une raison ou pour une autre, ça ne marchera pas", a-t-il poursuivi.
Matthieu Ricard a également critiqué l’autorisation de manifester pendant les Jeux olympiques dans certains lieux à Pékin : "Evidemment personne ne va oser demander la permission de manifester au milieu de Pékin", a-t-il jugé.
Matthieu Ricard a également critiqué le Comité international olympique (CIO) qui a estimé le 1er août que la levée partielle de la censure était "une bonne chose" : "Il ne faut pas grand-chose pour le satisfaire", a-t-il réagi.

Source : AFP 1er août 2008

[1] Main Press Center : Centre de Presse Principal des JO

[2] Un haut responsable du Comité international olympique (CIO), Hein Verbruggen, avait rappelé le 8 juillet à Pékin ses engagements envers les médias, à l’occasion de l’inauguration du centre de presse des Jeux olympiques.
"Le temps des préparatifs est fini, maintenant c’est celui des opérations, cela signifie que nous devrons fournir à tous les partenaires, y compris bien sûr les médias, tout ce qui a été promis".
Plus tard, lors d’une conférence de presse, un porte-parole du comité d’organisation des Jeux (Bocog), Sun Weide, a affirmé que la Chine respecterait ses engagements.
"La Chine et le Bocog attachent une grande importance aux services fournis aux médias. Depuis l’attribution des JO à Pékin, nous avons respecté sérieusement nos engagements et les conventions du CIO", a-t-il dit.
"Nous avons pris une série de mesures pour assurer que les journalistes étrangers puissent faire leurs reportages durant les JO, sur ce point nous n’avons pas changé", a ajouté M. Sun.


NdR : comme souvent, l’ambiguité n’a pas été levée suffisamment en amont, et la définition de "liberté de travail pour la presse" ne recouvre pas les mêmes notions en Chine et dans le reste du monde. Le CIO semble le découvrir seulement maintenant...


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