Pas de place pour les Tibétains à Lhassa ?

lundi 8 septembre 2014 par Rédaction , Monique Dorizon

Lhassa, capitale du Tibet, est devenue plus chinoise que jamais, ayant connu sans transition le développement et la modernisation de la Chine, ainsi que les directives patriotiques, amenant à se demander où les Tibétains-Tibétaines ont disparu. C’est la question que se pose la journaliste indienne Suhasini Haidar, qui faisait partie d’un groupe de journalistes indiens, népalais et bhoutanais invités, parrainés et chaperonnés, pour une visite d’une semaine de l’ancienne capitale du Tibet, et d’un comté voisin.

Le 27 août, dans un blog, sur thehindu.com, site internet du groupe de médias pour lequel elle travaille, écrivant à propos de sa dernière vision de Lhassa, elle se demande aussi, tout comme un chercheur et romancier chinois, pourquoi les Tibétains devraient être tenus de se révéler plus loyaux vis-à-vis de la Chine communiste que quiconque.

Elle a observé que les commerçants chinois dans des rues soigneusement pavées, impeccables, dominent, là où auparavant les Tibétains vivaient et colportaient leurs marchandises, essentiellement traditionnelles, le long d’une ruelle étroite. Elle a également constaté que le Barkhor, qui mène au célèbre temple du Jokhang au milieu de la ville, et qui auparavant s’agitait avec des centaines de petites boutiques d’artisanat, rivaliserait aujourd’hui avec une place de marché européen. Et elle se demande où ces commerçants tibétains travaillent maintenant, tout en remarquant que beaucoup plus de jeunes Tibétains ont actuellement des emplois dans les centres commerciaux, les magasins d’électronique, et dans l’administration locale, qu’elle ne pouvait se rappeler avoir vu au cours de sa première visite. [1].

Haidar pense que l’imposant drapeau chinois, bien que symbole de la fierté de la Chine, comme dans n’importe quel autre pays, ne semblait pas à sa place au-dessus de chaque monastère et temple visité par son groupe. Voyant aussi le drapeau flottant sur chaque maison à la campagne, y compris la plus petite des maisons du Tibet, elle s’interroge sur la nécessité de tout cela, étant donné que l’on ne voit pas autant de drapeaux dans d’autres parties de la Chine qu’elle a visitées.
Elle trouve intéressant qu’au mois d’août, le chercheur chinois et romancier Yang Hengjun, après une visite au Tibet, ait écrit quelque chose de similaire sur son blog.
"Pourquoi Pékin veut-il donner l’impression que les Tibétains apprécient le gouvernement chinois, le parti et ses dirigeants plus que quiconque en Chine ?", cite-t-elle, "Les Tibétains n’ont pas besoin de faire preuve de plus de patriotisme que les Hans ne le font".

Visitant le Norbulingka, le palais d’été du Dalaï Lama depuis 1755, elle l’a trouvé méticuleusement entretenu par le gouvernement chinois, y compris les effets personnels dont une robe de brocart d’or porté par lui (le Dalaï Lama) pour les cérémonies mais maintenant posé sur son trône, ainsi qu’un vieux poste de radio et un tourne-disque offert par le Premier ministre indien Nehru. Mais alors même que "de nombreux Tibétains y viennent, effectuant plusieurs prosternations devant ce trône, laissant de l’argent et des khatags pour leur gourou spirituel, absent depuis plus d’un demi-siècle", aucune image du Dalaï Lama n’est visible, interdite par le gouvernement chinois.

Source : Tibetan Review, 1er septembre 2014.

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[1] Elle ne précise pas quand cette dernière visite a eu lieu, mais elle mentionne dans son blog être allée à Lhassa en 2007 pour sa visite précédente.


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