Des plantes tibétaines pourraient-elles prédire le temps ?

lundi 14 mars 2016 par Monique Dorizon , Rédaction

Des scientifiques ont pour la première fois découvert que certaines plantes possédaient des capacités sophistiquées de prévisions météorologiques, révélation qui suggère qu’elles pourraient être mieux équipées pour faire face aux changements climatiques qu’on ne le pensait auparavant, selon une étude menée conjointement par des chercheurs chinois et européens.

L’étude a révélé que des espèces de graminées dominantes telles que le "bog sedge" [1] des hautes montagnes du Tibet peuvent prédire l’apparition d’une mousson indienne et le faire savoir en déployant leurs feuilles avant qu’elle ne s’installe.
"Elles semblent avoir un système de prévision météorologique sophistiqué. C’est tout à fait étonnant", a déclaré le professeur Luo Tianxiang à l’Académie chinoise de l’Institut des Sciences de recherche du plateau tibétain à Pékin.
Luo était le scientifique en chef de l’équipe de recherche, qui a récemment publié son article dans la revue "Scientific Reports".

La mousson indienne est considérée comme le plus grand et le plus sophistiqué système de mousson au monde. Pendant les mois les plus chauds de l’année, elle souffle de l’océan Indien aux régions du nord-est, ce qui apporte une grande quantité de précipitations. Mais les dates de son arrivée et sa durée varient d’année en année.

L’équipe de Luo a analysé les dossiers d’observation de cinq stations scientifiques sur le plateau tibétain des deux dernières décennies. Ils ont également mené une expérience de sept ans sur un versant de montagne dans le Comté de Damxung [2] au Tibet afin de tester et de prouver leurs théories.

Un élément auquel ils se sont intéressés dans leur recherche était de savoir si une hausse soudaine de la température pourrait interférer avec l’horloge biologique d’une plante. Si oui, cela confirmerait certaines craintes au sujet de l’impact négatif que le changement climatique peut avoir sur l’écosystème.
Beaucoup de plantes replient leurs feuilles pendant les mois d’hiver froids et secs pour se protéger. Dans le cas d’un hiver exceptionnellement chaud, elles peuvent même dérouler leurs feuilles très tôt.

La principale différence découverte par l’équipe de Luo était que les plantes au Tibet déploient leurs feuilles quelles que soient les variations de température.
"Le Tibet est une terre pleine de mystères. Son environnement unique pourrait permettre aux plantes de développer des capacités spéciales après des millions d’années d’évolution", a déclaré Luo.

Beaucoup de questions sur le phénomène nouvellement découvert restent sans réponse. Par exemple, les scientifiques en sont encore à essayer de comprendre comment les prairies alpines sur le plateau tibétain synchronisent leurs horloges biologiques avec la vapeur qui se forme à des milliers de kilomètres de là, au dessus de l’Océan Indien.
De nombreux experts ont exprimé leur préoccupation au sujet de l’écosystème du plateau pouvant se révéler fragile et le plus sensible au changement climatique, en partie à cause de la haute altitude. Mais il semble qu’ils ont sous-estimé la résilience des plantes de la région, qui a probablement connu de nombreuses périodes de changement climatique avant que les premiers humains soient apparus.

Étant les plus fortes, les espèces qui ont survécu jusqu’à l’époque actuelle peuvent posséder davantage d’armes pour lutter contre le changement climatique que nous ne le savons, dit Luo. Mais l’équipe dit que beaucoup de questions demeurent. Seule une étude plus approfondie permettrait de déterminer s’il y a quelque chose d’unique dans le mécanisme moléculaire des plantes du Tibet qui leur permet de prévoir la prochaine mousson.

Certaines espèces de graminées pourraient adopter un "algorithme" compliqué pour calculer le moment de la mousson en utilisant un large éventail de variables telles que l’angle du soleil et la vitesse du vent, ont-ils spéculé.
Pour confirmer cela, ils auraient besoin d’une carte génétique de la plante entière pour étudier ses caractères. Mais on sait peu de choses sur beaucoup des plantes sauvages du Tibet, ont-ils ajouté.

Source : Science and Research, 26 février 2016.

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[1] Le terme anglais "bog sedge" est un nom vernaculaire regroupant plusieurs types de plantes, dont :
- "Carex limosa"
- "Kobresia" qui reprend lui-même des dizaines de sous-espèces différentes.

[2] Damshung (འདམ་གཞུང་རྫོང་ en tibétain - qui signifie la "vallée choisie" -, Damxung ou 当雄县 en chinois), est un district administratif de la "Région Autonome du Tibet", dépendant de la ville-préfecture de Lhassa, et situé au nord de cette dernière.
Localiser Damshung (Damxung) sur cette carte.


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