Difficile maintien de la culture tibétaine

lundi 21 décembre 2015 par Monique Dorizon , Rédaction

Alors que le gouvernement chinois limite l’enseignement du tibétain dans les écoles et les monastères de la "Région Autonome du Tibet", l’équité en matière d’éducation est en train de devenir un nouvel obstacle à la préservation culturelle au sein des communautés tibétaines.
Depuis 2012, l’enseignement de la langue chinoise est exigé dans toutes les écoles de la "Région Autonome du Tibet" ; cependant, ce n’est que récemment que l’ordre a été donné aux monastères de cesser de proposer des cours aux laïcs tibétains.

Les cours et les ressources de langue tibétaine en constante décroissance ont conduit à un taux d’alphabétisation tibétaine estimé à 20% dans la "Région Autonome du Tibet".

Selon des sources locales, les parents tibétains sont partagés entre la priorité de la langue tibétaine dans l’éducation de leurs enfants et la nécessité d’un haut niveau de putonghua (mandarin chinois standard) à la fois pour l’enseignement supérieur et le marché du travail en Chine continentale.

La politique éducative promouvant l’instruction chinoise est destinée à "assurer que les élèves appartenant à des minorités maîtrisent et utilisent la langue commune de base", selon le ministère de l’Éducation de la Chine. Cependant, de nombreux soutiens du Tibet voient la remise en cause de l’enseignement de la langue tibétaine dans les écoles et les communautés comme une attaque directe sur le maintien de la culture tibétaine dans la "Région Autonome du Tibet".
Plus de 61 000 signatures ont été récupérées pour une pétition qui a appelé à la création d’une école primaire de langue tibétaine dans la capitale de la province du Qinghai, Xining. La pétition, diffusée sur l’application de messagerie WeChat, a été rapidement bloquée par les censeurs.

La Constitution chinoise stipule que les régions ethniques ont le droit d’utiliser la langue locale [1] dans les collectivités locales, les entreprises et l’éducation. Cependant, en 2002, des réglementations spécifiques relatives à cet objectif ont été retirées des lois régionales.
Alors que le gouvernement chinois soutient officiellement l’éducation bilingue, des mesures ont été prises pour saper l’utilisation de la langue tibétaine. Dans les écoles de la "Région Autonome du Tibet", la majorité de l’enseignement se fait en putonghua, le tibétain étant relégué dans un seul niveau de classe.
Les enseignants tibétains ayant un faible niveau de compétences en langue chinoise ont été remplacés par des professeurs de chinois hans, et des livres chinois contenant peu de référence à la culture tibétaine ont remplacé les textes existants [2].

Tsering Woeser, écrivaine tibétaine et activiste, croit que le gouvernement chinois utilise l’éducation pour couper la prochaine génération de son identité tibétaine. "Le gouvernement pense que s’ils sont instruits à la chinoise, les gens vont changer leur point de vue", a déclaré Woeser sur son blog.

Source : Contact, 18 décembre 2015.

Vous avez apprécié cet article ? Faites-le suivre à vos amis intéressés par ce sujet !

Abonnez-vous à la Lettre d’informations de Tibet-info, ou retrouvez Tibet-info sur Facebook , Twitter ou par fil RSS.

[1] Voir les articles de la Constitution chinoise :
- Article 4 : "[...] Chaque ethnie a le droit d’utiliser et développer sa propre langue et sa propre écriture, a le droit de conserver ou réformer ses us et coutumes. "
- Article 121 : "Les organes autonomes des zones ethniques autonomes, dans l’exercice de leurs fonctions, utilisent, conformément aux règlements d’autonomie des zones ethniques autonomes, l’une ou plusieurs des langues et écritures en usage dans la zone"
- Article 134 : "Les citoyens de toutes les ethnies ont le droit d’utiliser, au cours des procès, leur propre langue et leur propre écriture. Les cours populaires de justice et les parquets populaires doivent assurer la traduction pour les parties ne connaissant pas les langues et écritures locales.
Dans les régions à forte concentration d’une ou plusieurs ethnies, il faut utiliser, au cours des procès, la langue en usage dans la région ; les actes d’accusation, verdicts, avis au public et autres documents utilisent, selon les besoins réels, la ou les écritures en usage dans la région.
". (Source).

[2] Voir l’article "Des élèves tibétains réagissent face à leurs nouveaux manuels rédigés en chinois", du 12/03/2012.


<:accueil_site:> | <:info_contact:> | <:plan_site:> | [(|?{'',' '}) | <:icone_statistiques_visites:>
<:info_visites:>

<:icone_suivi_activite:> fr  <:icone_suivi_activite:>   <:icone_suivi_activite:>    ?    |    <:ecrire:titre_sites_syndiques:> OPML   ?

<:site_realise_avec_spip:> 2.1.13 + AHUNTSIC