Les Tibétains condamnés à une amende, emprisonnés ou battus pour des chansons sur leurs téléphones mobiles

samedi 26 février 2011 par Monique Dorizon

Selon des sources en provenance du Tibet, les autorités de la sécurité publique au Tibet ont récemment interdit des chansons réputées pour être "réactionnaires" et détiennent de jeunes Tibétains, trouvés en possession de ces chansons sur leurs téléphones portables.

Plus de 20 jeunes Tibétains ont été détenus pour le téléchargement de telles chansons depuis le lancement de la nouvelle Campagne "Frapper fort" dans la "Région autonome du Tibet" (RAT) [1]
"La voix de l’unité", "Mon Lama", "Le soleil, la lune et les étoiles me manquent", sont quelques titres des chansons interdites.
"Oui, c’est vrai, ’La voix de l’unité’ est l’une des chansons interdites" affirme un Tibétain s’étant identifié comme Tenzin. La peine encourue peut être lourde car les autorités ont intensifié la répression dans la région.
"Si quelqu’un possède cette chanson (sur son téléphone mobile), il est détenu, emprisonné de 10 à 15 jours, lourdement condamné à une amende et même brutalement battu".

"Maintenant, les autorités chinoises s’en prennent durement aux Tibétains" a ajouté Tenzin. "Ils ciblent les Tibétains venant du Kham et de l’Amdo et vérifient qu’ils ont un permis pour rester à Lhassa, la capitale régionale", poursuit-il.
"Ils confisquent les téléphones mobiles de jeunes Tibétains et les ouvrent, et s’ils entendent des chansons chantées par des chanteurs comme Kunga au Tibet, ou par des chanteurs en exil, ils les mettent en détention".

Les autorités ont déployé de jeunes diplômés des écoles de police pour arrêter ceux qui possèdent des chansons interdites, leur garantissant une embauche à l’avenir s’ils ont bien accompli leur mission.
"Ces policiers répriment impitoyablement les Tibétains" a déclaré Tenzin. Il dit aussi que les paroles des chansons ne contiennent que des thèmes sur "l’unité des Tibétains" et ne sont pas des protestations contre le gouvernement.

Une autre personne appelant du Tibet, s’exprimant sous condition d’anonymat, rapporte : "Hier, je suis allé au restaurant et j’ai entendu un homme demander à un autre : ’Où avez-vous été ?’, ce à quoi son ami a répondu : ’J’étais enfermé dans la prison de Drapchi pendant 15 jours pour possession de chansons interdites’ ".

Le défenseur des Droits de l’Homme chinois, Jiang Tianyong, parlant à Radio Free Asia, dit que les garanties protégeant la liberté religieuse et l’identité culturelle sont "clairement" dans la Constitution de la Chine. [2]
"Ce que les autorités ont fait n’est pas licite du tout", a déclaré Jiang.

Depuis que les manifestations se sont répandues dans la région en 2008, la Chine a emprisonné des dizaines d’écrivains tibétains, des artistes, des chanteurs et des éducateurs pour avoir affirmé une identité nationale tibétaine et revendiqué des droits civils. (Parmi eux : Tashi Rabten, écrivain ; Wangdue, éducateur ; Tagyal, écrivain ; Kunchok Tsephel, fondateur d’un site Internet ... entre autres) [3]
Tashi Dhondup, chanteur tibétain populaire, a été libéré de prison le 8 février 2011 après avoir purgé la majeure partie d’une peine de 15 mois pour avoir enregistré des chansons appelant à l’indépendance du Tibet. Ce chanteur de 30 ans a été condamné pour avoir violé la loi en chantant des chansons soutenant l’indépendance du Tibet et le chef spirituel en exil, le Dalaï Lama. [4]
Une de ses chansons, intitulée "58", s’inspire de l’échec du soulèvement tibétain contre la domination chinoise en 1958-59 au cours duquel des milliers de Tibétains, y compris le Dalaï Lama, se sont enfuis en Inde [5]

Source : Radio Free Asia, 25 février 2011

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[1] Voir les articles :
- "Avant la fête nationale, la Chine lance la campagne "Frapper fort" au Tibet", du 10/09/2009
- "Détention de centaines de Tibétains dans le cadre de la campagne "Frapper fort"", du 06/03/2010.

[2] Quelques exemples extraits de la Constitution chinoise :
- Article 35 : Les citoyens de la République populaire de Chine disposent de la liberté de parole, de presse, de réunion, d’association, de défilé et de manifestation.
- Article 36 : Les citoyens de la République populaire de Chine jouissent de la liberté de religion. [...]
- Article 37 : La liberté individuelle des citoyens de la République populaire de Chine est inviolable. [...]
- Article 47 : Les citoyens de la République populaire de Chine ont le droit de se livrer à des recherches scientifiques, à de la création littéraire et artistique et à d’autres activités culturelles. [...]. (Source).

[3] Informations et intervention possible sur ces prisonniers : http://tibetlib.blogspot.com/.

[4] Voir l’article "Nouvelle vague de dissidence au Tibet et harcèlement sur les écrivains".

[5] Extrait d’une chanson de Tashi Dhondup :

Pour certains, je suis un mauvais garçon
Pour d’autres, un gentil petit gars.
Bon ou mauvais, comme vous voulez.
Je chante pour dire que les Tibétains ne sont pas libres
Je donnerai ma vie par ce chant.
On peut me tuer, je ne regrette rien.

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