Le Dalaï Lama marque des points, la Chine perd la face

jeudi 27 septembre 2007 par Rédaction

Acteur vedette ces temps-ci de la scène internationale, le Dalaï Lama engrange des succès diplomatiques significatifs qui soulignent l’échec de la politique chinoise de la menace.
Malgré les avertissements de Pékin, Angela Merkel vient de dérouler le tapis rouge à Berlin pour le leader spirituel tibétain en exil. Rencontre privée certes, ce fut néanmoins une première qui a duré près d’une heure, le 23 septembre. Un événement donc.
La chancelière allemande a clairement apporté son soutien au Prix Nobel de la Paix 1989 "pour sa politique non violente visant à une autonomie religieuse et culturelle" du Tibet.
- "Ce que j’apprécie chez Mme Merkel, c’est son engagement ferme en faveur des droits de l’Homme et de la liberté religieuse ainsi que de l’environnement. C’est peut-être pour cela qu’elle veut me voir, malgré toutes les pressions de Pékin", avait malicieusement commenté le Dalaï Lama avant cette rencontre historique.
Car des pressions chinoises, il y en a eu.
- "Nous espérons que l’Allemagne prendra d’abord en compte les intérêts de la relation sino-allemande et ne permettra pas la visite du Dalaï Lama", avait martelé le ministère des Affaires étrangères.
Les mêmes menaces avaient été proférées par Pékin avant que la bête noire du régime communiste ne se rende en Australie en juin. Cela n’avait pas empêché le Premier ministre John Howard de s’entretenir avec le Dalaï Lama qui, depuis, a été reçu à Vienne par le chancelier autrichien [1] et à Lisbonne par le président de l’Assemblée nationale portugaise.
Son prochain voyage, qui provoquera l’ire de la Chine, est le Canada où le Premier ministre Stephen Harper prévoit de le rencontrer officiellement le mois prochain. En octobre, le Dalaï Lama, qui vit en Inde depuis 1959, devrait aussi serrer la main de George W. Bush au Congrès américain.
La réaction chinoise à l’entretien de Berlin n’est tombée que le 25 sept. - signe d’un embarras ? - mais le contenu n’a pas surpris : "ingérence grossière dans les affaires intérieures chinoises", la rencontre "sape les relations entre la Chine et l’Allemagne".
Pour marquer sa mauvaise humeur, la Chine a annulé plusieurs rendez-vous sino-allemands.

Qu’importe. Admiré à l’étranger où la cause tibétaine est populaire et le bouddhisme séduit, le Dalaï Lama, 72 ans, a marqué un nouveau point et la Chine perdu la face, comme on dit à Pékin.
- "Ce qui s’est passé à Berlin suggère que la réthorique chinoise sur le Dalaï Lama n’a plus beaucoup d’écho en Allemagne", analyse Mary Beth Markey, vice-présidente de l’organisation International Campaign for Tibet.
- Gu Xuewu, professeur de sciences politiques à l’Université de Bochum en Allemagne, est encore plus catégorique : "La politique menée jusqu’à présent pour isoler le Dalaï Lama a échoué".
- Pour Matt Whitticas, de l’organisation Free Tibet Campaign, "de plus en plus de pays occidentaux réalisent que la Chine a autant besoin des pays étrangers que ces derniers ont besoin de la Chine".
Il estime que l’attitude agressive de Pékin montre aussi que le régime communiste n’évolue pas sur la question du Tibet : "Tout ce qui l’intéresse, c’est de maintenir un pouvoir répressif sur cette région", occupée depuis 1951.

En stigmatisant systématiquement le Dalaï Lama "séparatiste" et en menaçant ses partenaires étrangers, la Chine s’est, semble-t-il, mise dans une impasse, qui pourrait s’avérer de plus en plus inconfortable à l’approche des jeux Olympiques de Pékin en 2008.
- "Avant les jeux, c’est définitivement une bonne période (pour le Dalaï Lama) pour attirer l’opinion mondiale sur le sort des Tibétains", avance Woeser, un écrivain tibétain dissident.

Le sénateur UMP Louis de Broissia, qui préside le "Groupe d’information sur le Tibet" du Sénat français, estime que les Chinois font une erreur en refusant un véritable dialogue avec le Dalaï Lama.
- "S’ils ne sortent pas de l’impasse, ils auront de grosses déconvenues", prévient-il.

Source : AFP 27 sept. 07

NdR. Article écrit par Philippe Massonnet, qui fut correspondant de l’AFP à Pékin de 1986 à 1996 et fut de ce fait un témoin direct des changements de la Chine au quotidien. Philippe Massonnet est l’auteur de "La Chine en folie - L’héritage de Deng Xiaoping", Editions Philippe Picquier, Collection Reportages, Mai 1997

[1] Le chancelier autrichien Alfred Gusenbauer, bravant des mises en garde chinoises, a indiqué le 20 septembre avoir rencontré le Dalaï Lama et fait état d’une concertation avec l’Allemagne.
"Il faut qu’une chose soit claire, Vienne et l’Autriche sont des lieux de dialogue", a déclaré le chancelier à la télévision publique ORF à propos des protestations de Pékin.
Le chef du gouvernement autrichien a évoqué les protestations de Pékin contre une telle rencontre et celle prévue le 23 septembre avec la chancelière allemande Angela Merkel : "La position du gouvernement chinois est connue", a déclaré M. Gusenbauer en soulignant "la position commune" de Vienne et Berlin.
Le Dalaï Lama, prix Nobel de la paix, a participé à un séminaire spirituel, dit "de Waldzell" dans l’ancienne abbaye catholique de Melk (nord de l’Autriche), avec une série de penseurs et artistes internationaux.


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