Ronggye Adak, héros tibétain, sort de prison après huit ans

mardi 4 août 2015 par Monique Dorizon , Rédaction

Ronggye Adak [1] , un des prisonniers politiques tibétains les plus connus, a été libéré le vendredi 31 juillet 2015, à 1 heure du matin, heure locale, après avoir purgé une peine de huit ans de prison.

La police du Comté de Lithang et des fonctionnaires de la prison de Miayang, où il était incarcéré, l’ont emmené dans un véhicule directement à son domicile, tôt le matin, sans en informer sa famille, afin d’empêcher une célébration publique et une réception de bienvenue. A son arrivée, il allait "bien". C’est ce que les policiers et fonctionnaires ont déclaré à son retour chez lui.
Il est sorti de prison le 27 juillet 2015 et a été emmené dans un hôpital pour examen de sa santé.

Ronggye Adak, figure locale respectée et père de onze enfants, a été arrêté le 1er août 2007 après s’être adressé à des milliers de Tibétains rassemblés pour la Fête du cheval, dans le Comté de Lithang. [2]

Ronggye Adak, monté sur la scène où se tenaient différents responsables politiques locaux, a pris le micro et parlé de l’angoisse des Tibétains sous l’emprise étouffante de la Chine : "Bien que nous puissions déplacer nos corps" a-t-il dit, "nous ne pouvons pas exprimer ce qui est dans nos cœurs".
Ronggye Adak, un chapeau de cowboy blanc sur la tête et une chuba traditionnelle en bandoulière sur son épaule, a appelé à la libération des prisonniers politiques, tels que le Panchen Lama, Gedhun Choekyi Nyima et Tenzin Delek Rinpoché (récemment décédé en prison [3]), au retour du Dalaï Lama au Tibet et à l’indépendance du Tibet

Ronggye Adak avait pris le personnel de sécurité par surprise et a été en mesure de terminer son discours [4] soutenu par l’approbation de la foule avant qu’il ne soit arrêté par la police armée.

Peu de temps après, Ronggye Adak a été arrêté et inculpé de "provocation visant à la subversion du pouvoir de l’État" par le tribunal populaire intermédiaire de Kardzé [5] avec quatre chefs d’accusation allant de la "perturbation de l’ordre public" à "appel à la subversion". Il a ensuite été condamné à huit ans d’emprisonnement avec 4 ans de privation de ses droits politiques. Pendant le procès, le juge a déclaré que, en appelant au retour du Dalaï Lama, Ronggye Adak avait commis un crime de "sabotage de la République populaire de Chine".
En réponse, Ronggye Adak a dit à la Cour, "Je voulais exposer des préoccupations et des griefs tibétains, car nous n’avons pas d’exutoire pour le faire". Il a poursuivi en disant qu’il n’y avait personne au Tibet qui n’ait pas foi, ne soit pas fidèle ou n’ait pas le souhait sincère de voir le Dalaï Lama de retour. Il a contesté la "propagande" des autorités chinoises qui affirme que les Tibétains avaient perdu foi en le Dalaï Lama, en disant : "C’est faux, mais on n’a pas la liberté de le dire".

Le neveu de Ronggye Adak, Adak Lopoe, a été condamné à dix ans de prison, et un professeur d’art et de musique nommé Kunkhyen, à neuf ans, tous deux pour "crimes d’atteinte à la sécurité nationale" - en d’autres termes, pour avoir tenté d’informer le monde extérieur de la manifestation de Ronggye Adak.
L’action de Ronggye Adak a été considérée comme "incident politique majeur" par le gouvernement central de la Chine, mais pour les Tibétains Ronggye Adak est devenu immédiatement un héros. Pendant quelques minutes, une voix non censurée s’était fait entendre, reflétant leurs rêves secrets et ressentiments brûlants.
Bien que, n’ayant que peu d’informations sur ce qui est advenu de lui après sa libération, Ronggye Adak est censé être encore à Lithang [6].

Sources : The Tibet Post, 31 juillet 2015, Voice of America, 31 juillet 2015

Runggye Adak a été soutenu par Tibet Lib et par les municipalités de Cambrai, Peumerit et Gérardmer.

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[1] Ronggye Adak est également orthographié "Runggye A’Drak" et autres variantes

[2] Voir les articles traitant de Ronggye Adak :
- "Des centaines de Tibétains arrêtés suite à une manifestation à Lithang", du 06/08/2007 ;
- "Tension très vive dans le Comté de Lithang", du 28/08/2007 ;
- "Tibet Lib : Intervention pour Ronggye A’drak", du 06/09/2007 ;
- "Intense campagne d’éducation patriotique au Lithang", du 17/09/2007 ;
- "Quatre Tibétains condamnés pour "activités indépendantistes"", du 20/11/2007 ;
- "Ronggye A’drak : réponse de Mme Rama Yade", du 04/12/2007 ;
- "Elevez la voix pour le Tibet aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008"", du 06/12/2007 ;
- "Cas n° 31 - Ronggye A’drak (06 juin ’08)"", du 06/06/2008.

[3] Voir les articles :
- "Décès de Tenzin Delek Rinpoché", du 15/07/2015 ;
- "Incinération de Tenzin Delek Rinpoché", du 17/07/2015.

[4] Voir une vidéo de son discours.

[5] Kardzé (དཀར་མཛེས་ en tibétain, Ganzi ou 甘孜 en chinois), parfois écrit Garzé, est situé dans la région tibétaine du Kham, actuelle province chinoise du Sichuan. Localiser Kardzé (Garzé) sur cette carte.

[6] Lithang (ལི་ཐང་ en tibétain, 理塘 en chinois) est l’une des principales villes de la région tibétaine du Kham, célèbre pour sa fête du cheval et quelques grands monastères, dont Thupten Jampaling, fondé par le 3ème Dalaï Lama en 1560 qui est l’un des principaux monastères de la tradition Gelugpa.
Lithang fut parmi les premières villes du Tibet à se soulever en 1956 contre l’occupation de l’armée chinoise et a été à diverses reprises une région de fortes tensions. Lithang est actuellement un Comté de la province chinoise du Sichuan, placé sous la juridiction de la Préfecture de Kardzé.
Localiser Lithang sur cette carte.


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