David Cameron reçoit le Dalaï Lama "en privé"

Le Dalaï Lama, chef spirituel des Tibétains aujourd’hui retiré de la vie politique [1] a rencontré le 14 mai 2012 "en privé" le Premier ministre britannique David Cameron à Londres, où il est venu recevoir le prix "Templeton" [2]. Le vice-Premier ministre Nick Clegg a aussi assisté à cette rencontre avec le prix Nobel de la paix.

Après cet entretien, le Dalaï Lama, 76 ans, a reçu le prix Templeton pour son action en faveur du dialogue entre les religions, lors d’une cérémonie à la cathédrale St-Paul, un des principaux édifices religieux de la capitale.
Ce prix, attribué chaque année par une fondation américaine, est doté de 1,4 million d’euros.

Lors d’une conférence de presse organisée juste avant la cérémonie, il a annoncé qu’il allait reverser 1,16 million d’euros au fonds "Save the Children" pour son programme en faveur des enfants souffrant de malnutrition en Inde.
Quelque 150 000 euros iront au "Mind and Life Institute", qui promeut les liens entre science et spiritualité, et le reste sera destiné à l’éducation scientifique des moines tibétains.

"Notre espoir véritable, ce sont les jeunes générations. Si nous les éduquons convenablement, elles transformeront le monde", a ensuite lancé le chef spirituel des Tibétains aux quelque 2 000 personnes massées dans la cathédrale.

Le Dalaï Lama n’a, en revanche, pas voulu s’exprimer lors de cette visite sur des propos qui lui ont été attribués par le Daily Telegraph le 13 mai, évoquant un complot pour l’assassiner. [3]
Dans cette interview, il affirme avoir été prévenu que des agents chinois voulaient envoyer auprès de lui, pour le tuer, des femmes tibétaines portant des écharpes empoisonnées.
"Il est impossible de vérifier cela, donc je ne sais pas", a-t-il dit.

Interrogé par ailleurs sur les immolations de Tibétains par le feu, le Dalaï Lama a simplement répondu que c’était un "problème politique sensible".
"Comme j’ai abandonné mes fonctions politiques, je ne puis m’exprimer sur le sujet", a-t-il ajouté.
Au total, 34 Tibétains se sont immolés par le feu ou ont tenté de le faire depuis début mars 2011 dans les zones tibétaines chinoises. [4]

La visite du Dalaï Lama à Londres précède de quelques semaines un second déplacement du chef spirituel tibétain au Royaume-Uni, du 16 au 23 juin [5], au cours duquel il doit donner une série de conférences.
Sa précédente visite au Royaume-Uni en 2008 avait été marquée par une polémique, en raison du refus du Premier ministre d’alors, Gordon Brown, de le recevoir. M. Brown s’était vu accuser par ses partisans d’avoir cédé aux pressions de Pékin.

La Chine a réagi le 15 mai, comme à son habitude, et a annoncé avoir émis une "protestation officielle" auprès de la Grande-Bretagne après la rencontre le 14/05 entre le Premier ministre britannique David Cameron et le Dalaï Lama, un "affront" selon Pékin.
"Il s’agit d’une grave ingérence dans les affaires intérieures de la Chine et un affront pour le peuple chinois, qui sape les relations entre la Chine et le Royaume-Uni", a déclaré Hong Lei, porte-parole de la diplomatie chinoise.
"Nous exigeons [6] que le Royaume-Uni tienne compte de façon sérieuse de la position ferme et des besoins de la Chine, qu’il arrête de tolérer et soutenir les forces séparatistes d’indépendance du Tibet et qu’il prenne des mesures immédiates efficaces pour réparer le dommage causé", a ajouté M. Hong.

A cette protestation, le Royaume-Uni a défendu sa position. Une porte-parole du gouvernement britannique a déclaré : "Nous ne voulons pas voir nos relations avec la Chine interrompues. Mais le Dalaï Lama voyage dans le monde entier, il s’est rendu à plusieurs reprises au Royaume-Uni et a rencontré des Premiers ministres dans le passé. Il revient au Premier ministre et au vice-Premier ministre de choisir qui ils rencontrent. Le Dalaï Lama est une personnalité religieuse importante qui prône la paix, et le Premier ministre rencontre régulièrement de telles personnes".

Source : AFP, 14/05/2012.