Un jeune moine s’immole par le feu à Ngaba

jeudi 17 mars 2011 par Rédaction , Monique Dorizon

Ce 16 mars a marqué le 3ème anniversaire du soulèvement de masse contre le gouvernement de la Chine dans le Comté de Ngaba (ch : Aba) au Sichuan.
Vers 4 heures de l’après midi (heure de Pékin) Lobsang Phuntsok, moine du monastère de Kirti  [1], s’est aspergé d’essence et s’est immolé devant l’hôtel Sopa, dans la rue principale, en criant "Longue vie au Dalaï Lama".
Des personnes ont essayé d’étouffer les flammes, mais les forces de sécurité ont agi avec brutalité en les battant à coup de barres de fer. [2]

Selon les sources, entre quelques centaines et 2 000 Tibétains, dont des moines, se sont immédiatement réunis pour manifester contre la loi chinoise et la manifestation a avancé pendant environ un mile depuis le lieu où s’était déroulée l’immolation. Cependant de très nombreuses forces militaires et de police sont arrivées, ont donné des coups et dispersé la manifestation, rapporte un témoin, Kanyak Tsering.
Kanyak Tsering ajoute que tous les manifestants ont été arrêtés (et emmenés au Centre de détention de la Sécurité publique (PSB)). Certains ont été blessés à cause des matraques électriques et des barres de fer utilisées par les forces militaires chinoises et de police après que les gens ont repris des slogans contre la domination chinoise.
"La foule a continué de grossir rapidement et a emmené Phuntsok dans son monastère et s’est arrangée à le protéger alors que la police tentait de l’emmener. Les moines du monastère ont bien laissé entendre qu’ils ne laisseraient pas la police chinoise emmener le corps de Phuntsok, dussent-ils tous en mourir" poursuit-il.

Phuntsok était dans un état critique lorsqu’il a été emmené à l’intérieur du monastère. Il a par la suite été emmené à l’hôpital local pendant que des Tibétains offraient des lampes à beurre selon les rituels bouddhistes.
La direction du monastère s’est entretenue avec les fonctionnaires du PSB et 7 Tibétains ont été libérés. Trois d’entre eux avaient été arrêtés quelques jours auparavant pour avoir envoyé des informations par Internet. Vers minuit, la foule a été dispersée.
Ce 17 mars, la mort de Phuntsok à l’hôpital de Ngaba aurait été annoncée et confirmée par les autorités chinoises par l’intermédiaire de l’Agence de presse officielle Xinhua.
"Ici, la situation est redevenue tendue alors qu’un grand nombre de forces militaires entourent le monastère et ses alentours, les Tibétains redoutent l’arrestation et l’emprisonnement pour avoir parlé des droits humains fondamentaux" ajoute Kanyak Tsering.

"Les intersections routières vers le monastère sont bloquées par la police", a déclaré par téléphone à l’AFP l’employé d’un hôtel proche du monastère de Kirti.
"Les gens sont autorisés à y entrer mais les moines n’ont pas le droit d’en sortir. Hier, les magasins de cette rue étaient tous fermés", a-t-il ajouté, sans donner son identité.

C’est la deuxième fois qu’un moine s’immole par le feu à Kirti depuis les émeutes de mars 2008 à Lhassa [3]. La police chinoise avait tiré le 27 février 2009 sur Tapey, un moine qui venait de s’immoler par le feu, alors que la tension montait à l’approche du 50ème anniversaire du départ en exil du Dalaï Lama. [4]

La mort du moine de Kirti a aussi provoqué une manifestation à Dharamsala, où environ 500 personnes se sont rassemblées dans un temple.
Des dirigeants de la communauté tibétaine, s’exprimant à côté d’une photo du défunt, ont dénoncé la mort du moine et la répression menée par les forces chinoises au Tibet.
Dans un communiqué transmis à l’AFP, les organisateurs de la protestation ont déclaré qu’ils voulaient "rappeler au gouvernement chinois que les vagues sismiques de la Tunisie et du Moyen-Orient avaient atteint le Tibet", en référence aux récents soulèvements populaires dans le monde arabe.

Sources : AFP, TCHRD (Tibetan Center for Human Rights and Democracy), les 16 et 17 mars 2011, Tibet Post, 17 mars 2011.


NdR : Les versions différant selon les sources, ces informations - cependant concordantes sur le fait de l’immolation d’un moine et de la manifestation qui a suivi - doivent cependant être prises avec précaution pour le détail des événements. L’immolation a été confirmée à un journaliste de l’AFP au téléphone par un moine du monastère, qui n’a pu en dire plus car surveillé.
L’interdiction aux journalistes de faire leur travail dans la région, et la forte répression menée par les autorités contre tout témoignage de témoins locaux transmis à l’étranger, rendent difficiles les vérifications sur place.

Deux vidéos d’une manifestation à Kirti diffusées sur Youtube ont été indiquées à tort comme étant la manifestation de Kirti du 16 mars, mais ces vidéos ne peuvent correspondre qu’à une manifestation antérieure puisque publiées en octobre 2008. (Vidéo 1 et 2)

Voir en complément l’article "Immolations : récapitulatif, actions et réactions", du 30/10/2011

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[1] Localisation de Ngaba ("Aba" au centre de cette carte).
Le monastère de Kirti est situé au nord-ouest de Ngaba, sur cette carte.

[2] Il existe une divergence selon les sources : selon le TCHRD, les forces de police auraient battu les personnes venant en aide à Phuntsok, mais selon I.C.T., ce sont les forces de l’ordre qui auraient d’abord essayé d’éteindre les flammes avant de battre à mort Phuntsok.

[3] Voir l’article "Tension dans l’est du Tibet où un moine s’est immolé", du 01/03/2009.

[4] Voir commentaire et photo à la fin de cet article de International Campaign for Tibet


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