Déclaration du Sikyong pour le 78ème anniversaire de SS le Dalaï Lama

mardi 9 juillet 2013 par Rédaction

Déclaration du Sikyong à l’occasion propice du soixante-dix-huitième anniversaire de Sa Sainteté le Grand Quatorzième Dalaï Lama du Tibet

En cette belle occasion du soixante-dix-huitième anniversaire de Sa Sainteté le Grand Quatorzième Dalaï Lama du Tibet [1], je m’incline avec la plus grande révérence et je lui rends hommage au nom du Kashag et des Tibétains à l’intérieur et à l’extérieur du Tibet. Mes collègues du Kashag et les Tibétains de toutes parts se joignent à ses millions d’admirateurs de par le monde pour souhaiter à Sa Sainteté une bonne santé et une longue vie. Nous offrons nos prières et affirmons à nouveau notre dévotion et notre loyauté profondes à Sa Sainteté le Dalaï Lama, Jetsun Jamphel Ngawang Lobsang Yeshi Tenzin Gyatso Si-Sum Wang-Gyur Tsungpa Me-Pey Dhe Pal-Sangpo Chog. Nous exprimons notre plus profonde gratitude aux parents aimants de Sa Sainteté, pour nous avoir accordé leur précieux fils Lhamo Dhondup, né le 6 juillet 1936 dans une famille de paysans dans le village de Taktser, dans la région de l’Amdo, au Tibet.

Sa Sainteté le Dalaï Lama se décrit comme un simple moine bouddhiste. Pour les Tibétains, il est la manifestation humaine de Chenrézig – le Bodhisattva de la Compassion. La grandeur de Sa Sainteté s’étend au-delà du Tibet : il propose en effet sa vision d’une meilleure humanité au travers de ses trois engagements en faveur
1) des valeurs humaines fondamentales, ou "éthique séculière", pour faire progresser le bonheur humain ;
2) de l’harmonie inter-religieuse ;
3) de la préservation de la culture bouddhique du Tibet, pacifique et non-violente.

Sa Sainteté le Dalaï Lama nous enseigne que tous les êtres humains sont semblables : tous aspirent au bonheur et nul ne souhaite la souffrance. De la même manière qu’une bonne hygiène de vie est essentielle pour un corps sain, un sens de l’hygiène morale fondée sur la bonté et la compassion est tout aussi important. Il pense que l’éducation devrait inculquer aux enfants une intelligence cognitive et émotionnelle, afin de créer une synergie et un équilibre entre un corps sain et un esprit sain. C’est dans ce but que l’Administration Centrale Tibétaine va inaugurer un cours d’éthique morale séculière dans les écoles tibétaines.

Sa Sainteté le Dalaï Lama, infatigable avocat de l’harmonie entre les religions, interagit avec des dirigeants religieux de toutes les religions et il a visité et prié dans de nombreux mandirs [2], mosquées, églises, synagogues et monastères.

Sa Sainteté le Dalaï Lama a joué un rôle crucial dans la préservation et la dissémination des enseignements du Bouddha, depuis leur sanctuaire au Tibet jusqu’à leur lieu d’origine en Inde et dans soixante-sept autres pays sur les six [3] continents. Les monastères bouddhiques et les institutions culturelles détruits au Tibet occupé ont été restaurés et reconstruits en exil. Sa Sainteté encourage les érudits et les pratiquants tibétains à distinguer, dans la tradition bouddhique de Nalanda, différentes disciplines : religion, philosophie et science.

Pionnier de la promotion du dialogue intensif entre les scientifiques de pointe au niveau mondial et les religieux bouddhistes, Sa Sainteté le Dalaï Lama a contribué de manière importante à la promotion de la science moderne et du bouddhisme, dans un esprit d’enrichissement mutuel. La recherche sur l’esprit, telle que la poursuivent les pratiquants bouddhistes, et quand elle est appliquée à des disciplines scientifiques modernes, a abouti à des collaborations avec les universités parmi les plus réputées telles que Harvard, le MIT, Stanford, Emory, l’Université du Wisconsin, Zurich, Delhi, etc.

Sa Sainteté le Dalaï Lama est une des personnalités les plus respectées et admirées au monde. À l’instar du Mahatma Gandhi, de Nelson Mandela et de Mère Teresa, sa contribution à l’amélioration de l’humanité dans son ensemble s’étend bien au-delà de sa religion et de son époque. Ses contributions durables sont attestées par cent cinquante récompenses, prix et doctorats honoris causa parmi les plus importants, qui lui ont été décernés. On peut citer le Prix Nobel de la Paix en 1989, le Prix de la Terre des Nations Unies en 1991, la Médaille d’or du Congrès des États-Unis en 2007 et le Prix Templeton en 2012. À l’occasion de la remise du prix Templeton, Sa Sainteté a été remerciée pour encourager "la recherche et les bilans scientifiques sérieux concernant le pouvoir de la compassion, et son large potentiel pour traiter les problèmes mondiaux les plus cruciaux".

La stature de Sa Sainteté sur la scène mondiale s’est accrue au même rythme que la conscience globale et le soutien pour le Tibet. Sa Sainteté le Dalaï Lama est une des personnalités qui suscitent le plus l’inspiration dans le monde : il a eu un impact direct et positif sur l’image du peuple tibétain et a bénéficié de façon fondamentale à la cause tibétaine.

Avec Sa Sainteté le Dalaï Lama, les Tibétains ont un dirigeant qu’aucun autre peuple ne possède. Reconnu comme Sa Sainteté le Dalaï Lama à l’âge tendre de cinq ans, Sa Sainteté a été dans l’obligation d’assumer des responsabilités politiques à quinze ans, pour affronter l’occupation du Tibet par la République Populaire de Chine, et s’est exilé à l’âge de 24 ans en Inde. Il a dû renoncer à une enfance normale puisque la survie de l’identité tibétaine, l’espoir et le futur d’une civilisation toute entière reposaient sur ses jeunes épaules. Comme un bon berger qui mène son troupeau à travers une zone aride, en direction de verts pâturages, le jeune dirigeant a empêché à lui seul que tombent dans les oubliettes de l’Histoire son peuple et le Tibet. Sa Sainteté a été la force qui a uni l’esprit des trois provinces du Tibet (U-Tsang, Kham et Amdo) et les quatre écoles du bouddhisme tibétain et la religion Bön. Il est le flambeau de l’espoir pour tous les Tibétains au Tibet, dont la majorité ne l’a jamais rencontré. Nos compatriotes à l’intérieur du Tibet, et parmi eux la nouvelle génération, expriment une loyauté profonde envers lui et aspirent à l’évidence à le revoir.

À ce jour, 119 Tibétains se sont immolés au Tibet [4]. Leur chagrin se reflète dans les paroles composées par deux jeunes chanteurs, Pema Trinlay et Chakdor, qui ont tous les deux été emprisonnés pour cette chanson :

Précieux maître exilé du Tibet
Sans vous, les Tibétains sont tels des orphelins
La souffrance sous le joug chinois est intolérable

Nos compatriotes au Tibet, et parmi elles les personnes qui se sont immolées, ont clairement exprimé que leur souhait le plus cher était le retour de Sa Sainteté le Dalaï Lama au Tibet et la liberté pour les Tibétains. Il est un devoir sacré pour les Tibétains en exil et la diaspora, en particulier la nouvelle génération, que ce vœu se réalise. C’est là le minimum que nous devons aux Tibétains du Tibet. Cela exige une compréhension approfondie du leadership de Sa Sainteté, de sa pensée et de sa vision pour le Tibet et pour le peuple tibétain.

Le passage de la démocratie tibétaine en exil, de l’enfance à sa stabilité actuelle, est le résultat de décennies d’efforts de la part de Sa Sainteté le Dalaï Lama. En cette période critique de notre combat, les Tibétains en exil et dans la diaspora doivent utiliser leur démocratie et leur liberté de manière responsable, de façon à manifester leur solidarité avec les Tibétains du Tibet et pour mettre en lumière leur souffrance, pour mettre au défi les politiques intransigeantes du gouvernement chinois et pour unir tous les Tibétains.

Dès les années 1970, Sa Sainteté le Dalaï Lama a commencé à consulter les dirigeants tibétains et à solliciter des retours de la part des Tibétains du Tibet, afin d’élaborer une solution pragmatique et clairvoyante pour la question du Tibet. Cette nouvelle formulation est passée par la "Voie Médiane" entre les deux extrêmes de la répression et de la séparation – rejetant par là catégoriquement les politiques répressives et coloniales du gouvernement chinois envers les Tibétains, tout en ne cherchant pas la séparation d’avec la République Populaire de Chine. Cette proposition gagnant-gagnant, qui est connue sous le nom de "méthode de la voie médiane" revendique une réelle autonomie pour le peuple tibétain à l’intérieur de la République Populaire de Chine. Cette méthode était également en harmonie avec la position du dirigeant suprême de la Chine de l’époque, Deng Xiaoping, selon qui "toutes les questions peuvent être discutées et résolues, hormis l’indépendance du Tibet" [5].

La méthode de la Voie médiane a permis à Dharamsala et à Pékin d’établir des contacts à l’occasion d’une série de négociations entre les représentants chinois et les envoyés de Sa Sainteté le Dalaï Lama [6]. Pour la première fois, des Tibétains du Tibet et de l’extérieur ont pu entrer en contact et se rendre visite.
Des milliers d’étudiants et de moines tibétains ont pu se rendre en Inde et y recevoir une éducation laïque et monastique, qui a aussi contribué à la revitalisation du bouddhisme à l’intérieur du Tibet et à une conscience accrue de l’Administration Centrale Tibétaine.

La méthode de la Voie médiane est soutenue par de nombreux et éminents Tibétains au Tibet, qui la considèrent comme réaliste et capable de résoudre pacifiquement la question du Tibet. De plus, cette méthode permet également à de nombreux gouvernements de soutenir une ligne politique tibétaine orientée vers la résolution du problème et elle les aide à soulever la question du Tibet dans leur dialogue bilatéral avec la Chine. Après la rencontre entre le président Barack Obama et Sa Sainteté le Dalaï Lama le 16 juillet 2011, la Maison Blanche a loué "l’engagement du Dalaï Lama en faveur de la non-violence et le dialogue avec la Chine et sa poursuite de la méthode de la Voie médiane", et elle a encouragé "le dialogue direct pour résoudre les différences de longue date", affirmant "qu’un dialogue qui produit des résultats serait positif pour la Chine et les Tibétains".

Un autre domaine crucial où la méthode de la Voie médiane a un impact de manière constante est dans l’esprit de nombreux citoyens chinois, en particulier chez les intellectuels. Plusieurs des penseurs et intellectuels chinois parmi les plus brillants, parmi lesquels Liu Xiaobo, le Prix Nobel emprisonné, ont été les signataires d’une lettre ouverte courageuse qui en 2008 a exprimé leur soutien aux initiatives de paix de Sa Sainteté le Dalaï Lama. Depuis lors, plus de mille articles et billets d’opinion ont été écrits par des érudits et des écrivains. Cela inclut un rapport par une ONG légale, basée à Pékin, appelée "Initiative Gongmen pour la Constitution", qui décrit les souffrances et les doléances du peuple tibétain, et plaide pour des changements de politique. Le bouddhisme tibétain également attire un nombre croissant de pratiquants chinois de Chine, où l’on estime actuellement à 300 millions le nombre de bouddhistes. L’ouverture de Sa Sainteté le Dalaï Lama en direction des étudiants et savants chinois, ainsi que ses enseignements à destination des pratiquants bouddhistes chinois, modifient les attitudes chinoises envers le Tibet et les Tibétains.

En cette occasion propice du soixante-dix-huitième anniversaire de Sa Sainteté le Dalaï Lama, l’Administration Centrale Tibétaine réaffirme son engagement ferme en faveur de la méthode de la Voie médiane pour résoudre la question tibétaine. Depuis que notre prise de fonction en août 2011, nous avons procédé à une approche en trois phases : consolidation, action et dialogue.

La phase de consolidation qui a occupé une grosse partie de la première année a été importante pour garantir une transition en douceur après la décision historique de Sa Sainteté le Dalaï Lama de transférer l’autorité politique à un dirigeant élu démocratiquement. C’est dans ce but que nous avons tenu de grandes conférences à Dharamsala qui ont réuni des représentants tibétains du monde entier et des responsables de groupes de soutien au Tibet, en Inde et à l’international.

Cette phase d’action a été le témoin de grands moments de solidarité dans plusieurs villes telles que New York, Bruxelles, Tokyo, Sydney, entre autres. À ces moments de solidarité s’est ajoutée une attention portée aux médias et des efforts pour s’assurer le soutien pour le Tibet, au Congrès comme aux parlements du monde entier. En collaboration avec des amis et des groupes de soutien du Tibet, nous avons pu aboutir à des résolutions et faire passer des motions dans les parlements de l’Union Européenne (UE), de France, d’Italie, des États-Unis et d’autres pays encore.

Les trois phases sont liées entre elles et la phase du dialogue va impliquer des efforts et des initiatives continus pour reprendre contact avec le gouvernement chinois. Un investissement supplémentaire est en train d’être fourni pour éduquer à la fois les Tibétains et les non Tibétains sur la méthode de la Voie médiane. Le "Groupe de travail pour la négociation" va être élargi et ses membres se réuniront pour la vingt-sixième fois en septembre 2013. Les développements les plus récents au Tibet et en Chine seront discutés à cette occasion.

Je saisis cette occasion pour remercier le formidable peuple indien, ainsi que le gouvernement indien, pour leur assistance et leur soutien inébranlable des Tibétains. Je remercie également les autres gouvernements et les personnes qui nous soutiennent dans le monde entier.

En dernier lieu, je souhaite offrir mes prières ferventes pour souhaiter à Sa Sainteté le Dalaï Lama une longue vie et une bonne santé. Guidé par l’unité, l’innovation et l’autonomie, puissent tous ses souhaits et toutes les aspirations des Tibétains à l’intérieur et hors du Tibet, ainsi que ses efforts pour promouvoir un monde meilleur et pacifique, être couronnés de succès.

Source : Tibet.net, 6 juillet 2013.
Communiqué par le Secrétariat du Bureau du Tibet
84 Boulevard, Adolphe Pinard
75014 PARIS


NB Les notes de bas de page et les liens, internes ou externes, ont été ajoutés par Tibet-info à des fins d’explication, d’illustration ou de compléments d’information et ne font pas partie du document officiel.

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[1] Le Dalaï Lama est né le 6 juillet 1935.

[2] mandir : lieu de culte hindou, représentation du cosmos

[3] En français, on ne compte que 5 continents, mais les pays anglo-saxons comptent l’Amérique comme 2 continents.

[4] Voir l’article et la carte récapitulative des immolations.

[5] Lorsque Deng Xiaoping rencontra Gyalo Thondup, frère du Dalaï Lama en 1979

[6] Voir l’article "Chronologie des contacts sino-tibétains depuis 1979"


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