Tibet : la voie à suivre

État des discussions entre Sa Sainteté le Dalaï Lama et le gouvernement de la République populaire de Chine

samedi 4 décembre 2010 par Rédaction

Observations de Lodi Gyaltsen Gyari, envoyé spécial de S. S. le Dalaï Lama, à l’Institut d’Études Sud-Asiatiques de Singapour, le 24 novembre 2010.


Kasur Lodi Gyaltsen Gyari

Je souhaite remercier l’Institut d’Études Sud-Asiatiques (IESA) pour me permettre de partager mes réflexions sur l’état de nos pourparlers avec le gouvernement chinois dans la rechercher d’une solution politique à la question du Tibet et l’éventuelle voie à suivre.
Aujourd’hui, nos échanges avec les dirigeants chinois ont atteint un stade où, pour la première fois depuis des décennies de contacts interrompus et repris, nous avons eu la possibilité de leur communiquer sans équivoque possible quelle est la position de Sa Sainteté le Dalaï Lama au sujet de la recherche d’une solution dans le cadre de la République populaire de Chine (RPC), et quelles sont les démarches qui doivent être entreprises afin de résoudre la question du Tibet. Bien qu’il faille encore attendre de voir les effets concrets menant à une solution, nos pourparlers ont manifestement permis aux deux parties d’avoir une meilleure compréhension de la position et des préoccupations l’une de l’autre.
Afin de remettre le processus de notre dialogue avec les dirigeants chinois dans son contexte, je voudrais en expliquer le développement historique. [1]
Globalement, le processus de dialogue peut être divisé en trois phases depuis qu’il a débuté en 1979 :

Premiers contacts (1979 – 1985)

La première phase a commencé lorsque le contact a été établi en 1979, lorsque le dirigeant chinois de l’époque, M. Deng Xiaoping, a envoyé un message à Sa Sainteté le Dalaï Lama (par le biais de son frère aîné, M. Gyalo Thondup), indiquant qu’à part l’indépendance du Tibet, toutes les autres questions pouvaient être abordées et résolues.
Ensuite, deux délégations tibétaines de haut niveau ont alors été envoyées à Pékin pour des pourparlers préparatoires, respectivement en 1982 et 1984. Je faisais partie de ces deux délégations. Nous avons abordé toute une série de sujets avec les autorités chinoises. L’un des points que nous avons alors dû clarifier, c’était que la question tibétaine ne se résumait pas à l’avenir et au bien-être personnels de Sa Sainteté le Dalaï Lama, mais qu’il s’agissait bel et bien du sort de six de millions de Tibétains.
Au même moment, Sa Sainteté envoyait quatre délégations pour enquêter sur les conditions de vie à travers différentes régions du Tibet entre 1979 et 1985.
Au cours de cette phase du processus de dialogue, les délégations tibétaines ont rencontré les dirigeants chinois, dont M. Deng Xiaoping et d’autres membres du politburo.

Initiatives tibétaines et développements au Tibet (1985 – 1993)

La deuxième phase de notre processus de dialogue a eu lieu entre 1985 et 1993. Les visites des émissaires de Sa Sainteté le Dalaï Lama en Chine ont été peu fréquentes durant cette période.
En septembre 1987, dans un effort d’encouragement pour entamer les discussions sérieuses sur la question du Tibet, Sa Sainteté a proposé son plan de paix en cinq points [2], sa vision de la voie à suivre pour le Tibet, lors d’un discours au Congrès américain sur les Droits de l’Homme à Washington D.C..
À la suite de cela, en juin 1988, Sa Sainteté a développé son cinquième point de son plan de paix (appelant à des négociations sur le Tibet sincères), lors d’un discours au Parlement européen à Strasbourg. Les caractéristiques essentielles de cette proposition étaient que les Tibétains jouissent d’une autonomie pour leur politique intérieure et que Pékin conserve les responsabilités générales concernant les affaires étrangères et la défense.
Plus tard, le gouvernement chinois a publiquement accepté de rencontrer les représentants de Sa Sainteté pour débattre de ces questions à tout moment et au lieu de son choix. Sa Sainteté a immédiatement répondu positivement et en faisant état de sa sincérité et de sa détermination à s’engager dans le dialogue.
Elle a nommé une équipe de négociation et a proposé que les débats aient lieu à Genève. Hélas, Pékin a réagi négativement à cela, mettant en avant des problèmes de procédure, en dépit des clarifications faites par les Tibétains. La proposition ultérieure de Sa Sainteté pour que les deux parties se rencontrent à Hong Kong en avril de cette année a également été rejetée.
C’est en septembre 1987 qu’a débuté au Tibet une série de manifestations de grande ampleur de Tibétains exprimant leurs doléances envers les politiques chinoises. Les autorités chinoises ont répondu par une répression brutale des Tibétains, les emprisonnant par centaines et déclarant la loi martiale au Tibet en 1989. L’attitude du gouvernement chinois a détérioré l’atmosphère du processus de dialogue durant cette période.
Pendant ce temps-là, Sa Sainteté le Dalaï Lama a reçu le Prix Nobel de la Paix 1989 [3], signe que la communauté internationale reconnaissait ses efforts pour la paix. La Chine a réagi négativement à cette distinction attribuée à Sa Sainteté.
Finalement, les contacts entre les deux parties ont cessé en août 1993.

Reprise du processus de dialogue (depuis 2002)

Suite à plusieurs années d’actifs contacts intenses, informels et en coulisses, nos deux parties ont accepté de reprendre le contact direct et la première série de ce processus s’est déroulée en septembre 2002. On peut considérer ce processus comme la troisième phase. Cette dernière est désormais davantage institutionnalisée, ses réunions s’apparentant à des réunions d’affaires. Depuis 2002, neuf séries de pourparlers et une réunion informelle se sont tenues. La dernière en date, la neuvième série, s’est déroulée en janvier 2010 [4]. J’ai dirigé la partie tibétaine durant toutes ces délibérations.
Pendant ces séries de pourparlers, nous avons eu la possibilité d’exposer et de clarifier la position de Sa Sainteté quant à l’avenir du Tibet. Nos échanges ont finalement atteint un stade où nous avons formellement proposé un mémorandum pour une véritable autonomie du peuple tibétain [5], au cours de la huitième série de pourparlers, en novembre 2008.
Notre mémorandum avance notre position en faveur d’une véritable autonomie et de la manière dont les besoins spécifiques de la nation tibétaine pour l’autonomie et l’autogestion peut être trouvée en appliquant les principes d’autonomie inscrits dans la constitution de la République populaire de Chine, selon l’interprétation que nous en faisons. Il souligne 11 besoins fondamentaux des Tibétains, qui trouvent leur réponse dans la constitution de la RPC et dans la loi sur l’autonomie nationale régionale.
Puisque les dirigeants chinois ont exprimé plusieurs de leurs préoccupations au sujet du mémorandum qu’ils ont rejeté, le taxant d’inconstitutionnalité, nous avons proposé une note au mémorandum [6] lors de la neuvième série de pourparlers en janvier de cette année. Cette note répondait aux-dites préoccupations et proposaient des suggestions constructives quant aux prochaines étapes dans notre processus de dialogue.
La note visait également à balayer toute interprétation erronée et toute idée fausse de la part de l’opinion publique relative à la position de Sa Sainteté.
Nous soulignons que l’unique préoccupation de Sa Sainteté le Dalaï Lama est le bien-être des Tibétains. Sa Sainteté n’a jamais soulevé le moindre point relatif à l’avenir ou au bien-être de sa propre personne, ni de son entourage.
Notre position, c’est que dans une grande majorité, les Tibétains sont gravement marginalisés et qu’ils ne jouissent pas de droits satisfaisants en termes religieux, politiques, économiques, linguistiques, culturels et sociaux. Les protestations pacifiques, très répandues à travers tout le Tibet, qui ont débuté le 10 mars 2008, ont une fois de plus très clairement prouvé le mécontentement populaire face aux politiques chinoises. Pour la plupart, ces manifestations pacifiques se sont déroulées à l’extérieur de la Région Autonome du Tibet (RAT). Le mois dernier encore, depuis le 19 octobre, des rassemblements pacifiques se sont constitués pour dénoncer la proposition visant à remplacer le tibétain par le chinois comme langue d’instruction dans les écoles [7]. Il s’agit là du dernier grief en date des Tibétains.
Pourtant, le gouvernement chinois affirme que la situation des Tibétains est heureuse et satisfaisante et qu’il n’y a pas de question tibétaine.
À la lumière de ces deux perspectives divergentes, nous avons proposé qu’une étude soit menée par les deux parties afin de déterminer dans quelles conditions vivent les Tibétains. Les Tibétains doivent pourvoir participer à cette étude sans crainte et sans soupçon. Si cette enquête finit par révéler qu’une majorité de Tibétains estime qu’il n’y a pas de problème et que la situation actuelle est acceptable, c’est le but auquel aspire Sa Sainteté le Dalaï Lama.
Mais si l’issue révèle que dans leur grande majorité, les Tibétains ne sont pas satisfaits de la situation, alors le gouvernement chinois devra reconnaître qu’il existe bel et bien un problème et que, dans un esprit de recherche de la vérité sur base de faits, nos deux parties devront se parler et trouver une solution.
De plus, lors de la rencontre informelle de Shenzhen, en mai 2008, nous avons démenti l’accusation proférée par les Chinois, rendant Sa Sainteté le Dalaï Lama et les dirigeants tibétains en exil responsables des protestations survenues à travers les zones tibétaines depuis le 10 mars 2008.
Comme nous constatons que ces mêmes allégations sont répétées, nous avons invité le gouvernement chinois à clarifier sa position et à mener une enquête scientifique sérieuse, au Tibet et parmi la communauté tibétaine en exil, pour déterminer si ces accusations sont vraies. Nous avons exprimé notre volonté à apporter notre concours à mener une telle enquête.

Points importants soulevés par les Chinois

Lors de la dernière série de pourparlers, les Chinois nous ont fourni une liste détaillée de développements relatifs au Tibet, notamment au Vème forum sur le travail du Tibet [8], qui s’est tenu du 18 au 20 janvier 2010.
Ils ont estimé que ce forum avait décidé d’améliorer davantage les moyens de subsistance des Tibétains au sein de la Région Autonome du Tibet et dans toutes les zones tibétaines, particulièrement dans les services publics, tels que l’éducation, les services médicaux et la protection de l’environnement. Sur la base des rapports initiaux que le forum nous a transmis, nous avons fait bon accueil à cette décision d’améliorer les conditions de vie des Tibétains, dans les zones rurales en particulier.
Nous avons particulièrement apprécié le fait que le Vème forum sur le travail du Tibet s’est penché sur la question du développement dans toutes les zones tibétaines (la Région Autonome du Tibet ainsi que toutes les autres zones tibétaines). Nous croyons fermement que toutes les zones tibétaines doivent être réunies sous une administration unique et une politique uniforme. En éliminant les slogans politiques, bien des questions décrétées prioritaires par le forum s’apparentent aux besoins fondamentaux des Tibétains exposés dans le mémorandum. Toutefois, des indications récentes montrent qu’au lieu d’avoir une politique uniforme et positive dans toutes les zones tibétaines, on s’efforce d’étendre les mesures rigoureuses déjà en place dans la Région Autonome du Tibet à toutes les autres zones tibétaines. Cette mesure est contre-productive et les autorités chinoises doivent prendre conscience de cela.

Essence de la Voie Médiane proposée par le Dalaï Lama

Un point crucial que les responsables chinois ne prennent pas en compte est que Sa Sainteté le Dalaï Lama est sincère et sérieuse dans ses efforts pour trouver une solution dans le cadre de la République populaire de Chine, avec son approche dite de la Voie Médiane.
Sa Sainteté et les dirigeants tibétains en exil ont pris la courageuse décision de ne pas rechercher l’indépendance tibétaine mais une véritable autonomie pour le peuple tibétain, qui garantirait ses besoins fondamentaux pour la préservation de sa culture, de sa langue, de sa religion et de son identité distinctes ainsi que du délicat milieu naturel du plateau tibétain.
L’approche de la "Voie Médiane" [9] est le moyen de résoudre la question du Tibet pacifiquement et de procurer stabilité et coexistence entre Tibétains et Chinois, sur la base de l’égalité et de la coopération mutuelle. Ses origines remontent au milieu des années 1970, lorsque Sa Sainteté a eu des entretiens en interne avec ses conseillers. Au fil des ans, les dirigeants tibétains en exil ont peaufiné les caractéristiques concrètes de l’approche de la Voie Médiane, à la lumière de réalités politiques existantes au sein de la RPC.
Les médias officiels chinois ne cessent de traiter Sa Sainteté de séparatiste désireux de recouvrir l’indépendance du Tibet. Ils continuent de se référer au contenu de ses déclarations faites par le passé, y compris le plan de paix en cinq points [2] et la proposition de Strasbourg, en passant délibérément sous silence l’appréciation ultérieure de Sa Sainteté des préoccupations et des clarifications de sa position envers les Chinois.
Notre mémorandum pour une véritable autonomie pour les Tibétains a clairement défini l’approche de la Voie Médiane de Sa Sainteté.
Notre mémorandum et la note sur le mémorandum ont été bien acceptés par beaucoup de gouvernements, de parlements, d’institutions, d’organisations et d’individus et ont été jugés très raisonnables et légitimes.
Les réactions du gouvernement chinois ont profondément surpris et déçu beaucoup d’entre eux. Jugeant la position du gouvernement chinois déplacé, ils continuent d’inciter ce dernier énergiquement à s’engager dans un dialogue substantiel avec nous sur l’agenda du mémorandum. Par exemple, suite à une rencontre entre Sa Sainteté et le Président Obama le 18 février 2010, la Maison Blanche a publié un communiqué indiquant : "Le Président a loué l’approche de la "Voie Médiane" du Dalaï Lama, son engagement pour la non-violence et sa poursuite du dialogue avec le gouvernement chinois".

Implications plus vastes d’un problème tibétain non résolu

La solution du problème tibétain ne concerne pas uniquement les droits du peuple tibétain mais plutôt l’avenir de la culture bouddhique tibétaine, qui affecte à la fois les Tibétains et la communauté internationale plus largement. _ La culture bouddhique tibétaine, qui promeut la la compassion, très nécessaire au Tibet, en China et dans toute cette région. Par culture bouddhique tibétaine, nous ne parlons pas uniquement des aspects religieux du bouddhisme tibétain.
La Chine aspire en particulier à être une super-puissance mais un tel statut ne peut être atteint uniquement par le biais du poids militaire et économique.
Au lieu de cela, l’autorité morale est une condition très importante et la culture bouddhique tibétaine peut précisément apporter cela.
Du point de vue géopolitique également, si la question du Tibet est finalement résolue, cela constituera un facteur positif non seulement pour les relations entre les deux puissances montantes mondiales, l’Inde et la Chine, mais également pour la région dans son ensemble. Sur ce point, je rejoins le Ministre des Affaires étrangères de Singapour, M. George Yeo, qui a écrit dans un article que "le Tibet fait a sa place sur une scène asiatique bien plus vaste et qui change le monde". De toute évidence, pour des raisons géopolitiques, stratégiques et environnementales, la situation au Tibet aura de lourdes conséquences sur les changements de paysage en Asie.
D’un point de vue environnemental, le plateau tibétain est d’une importance capitale aux yeux des scientifiques qui le considèrent littéralement le "troisième pôle". Le Tibet abrite la source de plusieurs des principaux fleuves d’Asie. Ainsi, toute altération de la nature au Tibet aura des conséquences sur l’environnement à l’échelle globale.
Une autre implication, liée à la question tibétaine, aura des conséquences sur la population chinoise elle-même. Aujourd’hui, les Chinois ont de plus en plus conscience de la situation des Tibétains. C’est d’autant plus évident parmi les intellectuels et chez les jeunes. Beaucoup d’entre eux appellent courageusement à une approche pragmatique du problème tibétain et voient Sa Sainteté le Dalaï Lama comme le personnage clef pour le résoudre. Ils ont réalisé que l’attitude du gouvernement chinois face à la question tibétaine a des conséquences directes sur l’avenir même de la Chine, y compris sur sa stabilité interne et son statut international.

Les défis

Je n’ai aucune raison de douter des déclarations que les autorités chinoises ont répété sur la question tibétaine, à savoir que "la porte du dialogue et des négociations est ouverte". Parallèlement, je ne peux que me sentir très préoccupé quant à leur sincérité et leur sérieux à poursuivre le processus actuel en vue d’une issue substantielle et significative.
Il semblerait qu’une partie des dirigeants à Pékin continue d’alimenter l’illusion que les problèmes au Tibet peuvent être résolus ou traités par des moyens économiques et que le fait que le statut mondial de la Chine en tant que puissance économique et politique procure le poids d’imposer ses décisions arbitraires à la fois en son sein et sur la scène internationale.
Ces dirigeants continuent également à se tromper eux-mêmes en croyant que le problème tibétain cessera de les défier lorsque Sa Sainteté le XIVème Dalaï Lama ne sera plus parmi nous, ou que le problème perdra de sa vivacité du fait de son grand âge.
La plus grande inquiétude des dirigeants chinois est la légitimité de son autorité sur le Tibet. Les dirigeants chinois savent qu’un seul individu, le Dalaï Lama, a les capacités et l’autorité pour cela. Sa Sainteté a conscience des préoccupations et des susceptibilités de la République populaire de Chine. C’est la raison pour laquelle nous avons directement indiqué aux autorités chinoises, et Sa Sainteté l’a aussi publiquement déclaré, qu’elle est prête à apporter son autorité morale pour doter un accord d’autonomie, une fois celui-ci atteint, de la légitimité nécessaire à gagner le soutien des Tibétains afin d’être appliqué convenablement.
Le gouvernement chinois a aussi fait valoir l’argument qu’il souhaite que tout le monde respecte ses sujets les plus sensibles, et le plus important, celui de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RPC. Au vu des points que je viens d’exposer, nous respectons ces considérations. Mais parallèlement, nous avons nous aussi des points qui nous tiennent à cœur, à savoir la préservation et la promotion de l’identité distincte des Tibétains. Le gouvernement chinois doit reconnaître et respecter ce droit légitime des Tibétains et y travailler avec nous en conséquence.
Fondamentalement, la question tibétaine doit être résolue par les Tibétains et les Chinois. De même que le gouvernement chinois ne souhaite pas d’ingérence de la part de tiers, nous autres, Tibétains, estimons également que la bonne manière de faire est de résoudre le problème grâce au dialogue avec les dirigeants chinois. En même temps, la question du Tibet touche le monde entier, avec des implications directes sur la paix et la stabilité en Asie.
Il est essentiel pour ceux qui se penchent sur le conflit sino-tibétain de bien comprendre et apprécier les différences entre les positions fondamentales de nos deux points de vue. Certains experts semblent ne pas comprendre cela.

La voie à suivre

Nous ne voyons aucune raison pour laquelle nous ne pourrions pas trouver un terrain d’entente sur la question tibétaine avec les dirigeants chinois si tant est que ces derniers aient la sincérité et la volonté politique d’aller de l’avant.
Nous avons la conviction que cela pourrait être accompli sans réécrire l’histoire du Tibet. Car si nous nous engageons dans cette voie-là, de la réécriture de l’histoire du Tibet, non seulement cela mènera à compliquer encore davantage les conflits existants dans les rapports que la Chine entretient avec d’autres, mais cela en créera en plus de nouveaux. De plus, les dirigeants chinois doivent réfléchir pour savoir si leurs revendications se basent sur des actions impériales passées et comprendre les ramifications et les répercussions internationales s’ils persistent dans cette voie-là.
Aujourd’hui, les dirigeants chinois parlent aussi d’instaurer une société harmonieuse. Naturellement, nous soutenons un tel projet car nous pensons que cela aura des conséquences directes sur les politiques chinoises au Tibet.
Néanmoins, il est évident qu’il ne peut y avoir de société harmonieuse sans égalité entre ses différentes composantes nationales.
Les Tibétains, et ceux qui se trouvent au Tibet, doivent toujours faire face à la dure réalité que l’égalité n’existe pas à tous les niveaux. Des dirigeants tibétains de premier plan, dont feu le Panchen Lama, disent et répètent leurs inquiétudes à ce sujet et avancent qu’aucun discours d’unité ne peut avoir lieu en l’absence d’égalité.
Sa Sainteté le Dalaï Lama a choisi d’aller de l’avant et elle a fait preuve de sa bonne volonté à prendre les initiatives nécessaires servant l’intérêt du peuple tibétain, qui encouragent l’harmonie et la stabilité au sein de la République populaire de Chine et qui favorisent la paix dans cette région. Sa Sainteté s’est engagée à travailler avec le gouvernement chinois afin que les Tibétains puissent préserver leur identité distincte, retrouver leur fierté et leur dignité, et que l’unité et la stabilité de la République populaire de Chine soient garanties.
Encore une fois, j’exprime ma reconnaissance de pouvoir partager mes réflexions dans cette institution prestigieuse.

Singapour, 24 novembre 2010

Source : Bureau du Tibet, Paris, 2 décembre 2010

[1] Voir également l’article Chronologie des contacts sino-tibétains depuis 1979.

[2] Voir le texte du Plan de paix en cinq points pour le Tibet.

[3] Voir le discours prononcé par le Dalaï Lama à l’occasion de la remise du Prix Nobel de la Paix 1989.

[4] Voir les articles :
- 9ème rencontre sino-tibétaine, du 25/01/2010
- Retour en Inde des représentants du Dalaï Lama envoyés en Chine, du 02/02/2010
- Déclaration de l’émissaire de Sa Sainteté le Dalaï Lama, Kasur Lodi Gyari, chef de la délégation envoyée en Chine en janvier 2010, du 03/02/2010.

[5] Voir le texte traduit de ce Mémorandum sur une autonomie réelle pour le peuple tibétain.

[6] Voir le texte traduit de la Note explicative du Mémorandum sur l’autonomie véritable pour le peuple tibétain.

[7] Voir les articles :
- Manifestation de 6 000 collégiens tibétains à Rebkong, du 20/10/2010
- Poursuite des manifestations d’étudiants au Tibet., du 25/10/2010
- Répression sur des écoles tibétaines, du 26/11/2010.

[8] Le Vème Forum sur le travail au Tibet s’est tenu du 18 au 20 janvier 2010, juste avant l’arrivée des envoyés spéciaux du Dalaï Lama en Chine. Plus de 300 représentants de haut niveau du Parti communiste, du gouvernement et des militaires y ont participé. Ce Forum n’a été annoncé officiellement dans les médias chinois que deux jours après qu’il ne se soit terminé. Une analyse de ce Forum, basé sur les quelques annonces faites dans la presse officielle chinoise, a été réalisé par International Campaign for Tibet dans cet article.
Le Forum précédent (le IVème) s’était tenu en juin 2001, et le 3ème en 1994.

[9] Voir l’article La politique de la "Voie Médiane".


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