Dossier

Chronologie des contacts sino-tibétains depuis 1979

lundi 17 novembre 2008 par Rédaction , Bureau du Tibet, Paris

Ce dossier retrace les principales dates des rencontres entre les membres ou représentants du Gouvernement tibétain en exil et le pouvoir en place en Chine.

- février 1979 : Deng Xiaoping rencontre M. Gyalo Thondup, frère aîné du Dalaï Lama, à Pékin et lui fait part de la volonté de la Chine de discuter avec les Tibétains et de résoudre tous les problèmes hormis celui de la complète indépendance du Tibet. [1] Deng invite également les Tibétains en exil à venir au Tibet pour constater d’eux-mêmes la réalité de la situation.

- août 1979 : Le Dalaï Lama envoie une première mission d’enquête au Tibet.

- mai 1980 : Une deuxième mission d’enquête se rend au Tibet.

- juillet 1980 : Une troisième mission d’enquête se rend au Tibet.

- septembre 1980 : Le Dalaï Lama propose d’envoyer cinquante instituteurs diplômés issus de la communauté en exil afin d’aider au développement de l’enseignement au Tibet. Il propose également d’ouvrir un bureau de liaison à Pékin afin d’établir une relation de confiance entre le Gouvernement chinois et les Tibétains. La Chine se soustrait à ces propositions en demandant un report provisoire.

- mars 1981 : Le Dalaï Lama écrit à Deng Xiaoping. Il observe que les trois délégations ont pu constater les conditions très difficiles qui règnent au Tibet et que de réels efforts doivent être fournis pour régler le problème. Le Dalaï Lama invite la Chine à améliorer les relations aussi bien entre la Chine et le Tibet qu’entre les Tibétains de l’extérieur et de l’intérieur. Il accepte le report de l’ouverture d’un bureau de liaison au Tibet mais insiste pour que les instituteurs soient rapidement autorisés à mener leurs missions éducatives au Tibet.

- juillet 1981 : Hu Yaobang, Secrétaire général du PC chinois, répond en proposant la "Politique en cinq points à l’égard du Dalaï Lama". Il demande au Dalaï Lama et ses fidèles de rentrer tout en soulignant que ce dernier pourra jouir du même statut politique et des mêmes conditions de vie qu’avant 1959. Toutefois il ne devrait pas fixer sa résidence au Tibet ni y occuper aucun poste. S’il le souhaite, il pourra se rendre épisodiquement au Tibet. Ses fidèles ne devraient rencontrer aucun problème de travail ni de conditions de vie, tout étant fait pour que la situation soit meilleure qu’autrefois.

- avril 1982 : Une mission tibétaine composée de trois délégués se rend à Pékin pour engager des discussions exploratoires avec les dirigeants chinois. Les délégués ont souligné à leurs homologues chinois que la question du Tibet ne se résumait pas à la question du statut personnel du Dalaï Lama ou de ses fonctionnaires, mais qu’il s’agissait du bien-être de l’ensemble du peuple tibétain vivant au Tibet. La délégation se heurte à l’intransigeance des dirigeants chinois.

- octobre 1984 : La même mission exploratoire, composée des trois délégués, se rend à Pékin pour une nouvelle séance de discussion. De nouveau, ils se heurtent aux mêmes intransigeances du côté chinois.

- juillet 1985 : La quatrième mission d’enquête se rend dans la région nord-est du Tibet.

- septembre 1987 : Le Dalaï Lama, s’adressant à la Commission des Droits de l’Homme du Congrès des Etats-Unis, propose son Plan de paix en cinq points dans lequel il demande à la Chine "de s’engager sérieusement dans des négociations pour résoudre la question du futur statut du Tibet".

- 15 juin 1988 : S’adressant au Parlement Européen à Strasbourg, le Dalaï Lama détaille son Plan de paix en cinq points et propose d’entamer des pourparlers qui aboutiraient à la création d’une entité politique démocratique d’autogestion pour l’ensemble des trois provinces du Tibet. Cette entité sera "rattachée à la République populaire de Chine" de telle manière que le Gouvernement chinois conserve la gestion de la politique étrangère et de la défense du Tibet.  [2]

- septembre 1988 : Pékin fait part de sa volonté d’entamer les négociations avec les Tibétains et demande au Dalaï Lama d’en choisir la date et le lieu.

- octobre 1988 : Un communiqué de presse provenant de Dharamsala accueille l’annonce de Pékin et propose de débuter les discussions à Genève en janvier 1989. Le communiqué désigne une délégation composée de six membres du gouvernement tibétain ainsi qu’un conseiller juridique en la personne du juriste hollandais, M. Michael van Walt van Praag. [3]

- novembre 1988 : Le Gouvernement chinois se replie sur ses positions rigides et annonce que le Plan de paix de Strasbourg ne peut constituer des bases de négociations. La Chine impose plusieurs autres conditions qui stipulent que seul Pékin, Hong-Kong ou une représentation diplomatique chinoise doit être le lieu de futures négociations ; que la délégation tibétaine proposée n’est pas acceptable car tous ses membres se seraient engagés dans des activités séparatistes ; qu’aucun étranger ne peut participer à la délégation tibétaine et que la Chine désire s’entretenir directement avec le Dalaï Lama ou ses conseillers de confiance comme M. Gyalo Thondup.

- décembre 1988 : Dharamsala accepte d’inclure M. Gyalo Thondup à la délégation mais maintient sa position dans les autres domaines.

- avril 1989 : Dharamsala propose d’envoyer une délégation exploratoire à Hong-Kong pour examiner à nouveau des conditions imposées par Pékin. Mais peu après, Pékin ne manifeste plus d’intérêt pour la tenue de ces pourparlers.

- octobre 1991 : Le Dalaï Lama fait une nouvelle proposition à Pékin. Dans son allocution à l’Université de Yale, il exprime son souhait de se rendre au Tibet en compagnie des hauts fonctionnaires chinois pour évaluer la situation sur le terrain au Tibet.

- décembre 1991 : Le Dalaï Lama propose d’organiser une réunion avec le Premier Ministre Li Peng lorsque celui-ci se rendra à New Delhi.

- janvier 1992 : Face au refus persistant de Pékin d’accepter les propositions du Dalaï Lama, le Parlement tibétain en exil adopte une résolution qui stipule qu’il n’entamera aucune action en direction de la négociation tant que l’attitude des dirigeants chinois n’évoluera pas de façon constructive.

- avril 1992 : L’ambassade chinoise à New Delhi invite M. Gyalo Thondup à se rendre en Chine pour discuter. L’ambassade affirme que la position du Gouvernement chinois était jadis "conservatrice" mais qu’il veut désormais se montrer "flexible" si les Tibétains sont prêts à être "réalistes".

- juin 1992 : M. Gyalo Thondup effectue un voyage en Chine avec l’accord du Dalaï Lama mais le Gouvernement chinois se replie sur ses positions rigides concernant le Tibet et évoque de graves allégations à l’encontre du Dalaï Lama.

- juin 1993 : Dharamsala envoie en Chine une mission composée de deux personnes chargées de résoudre les malentendus suscités par les dirigeants chinois lors de leur entretien avec M. Gyalo Thondup. La mission remet un mémorandum en treize points rédigé par le Dalaï Lama et adressé à Deng Xiaoping et Jiang Zemin. Dans le mémorandum, le Dalaï Lama établit la liste des efforts qu’il a fournis pour résoudre la question du Tibet par les négociations pacifiques. Il affirme : "Si nous, les Tibétains, étions satisfaits de nos droits fondamentaux, nous serions capables d’apprécier la vie en commun avec les Chinois".
La même année, la Chine rompt toutes les voies officielles de communication avec Dharamsala. Les canaux non-officiels ou semi-officiels restent néanmoins ouverts.

- juin 1998 : Lors d’une conférence de presse commune avec le Président des Etats-Unis, Bill Clinton, à Pékin, le Président Jiang Zemin dit son désir d’entamer des négociations avec les Tibétains si le Dalaï Lama reconnaît publiquement que le Tibet est une partie inaliénable de la Chine et que Taiwan est une province chinoise.

- mars 1999 : Lors de son message annuel du 10 mars, le Dalaï Lama déclare que la Chine a durci sa position en ce qui concerne une entrée en discussion avec lui.

- décembre 1999 : Pékin décide de couper également les voies non-officielles de communication avec Dharamsala.

- juillet 2000 : M. Gyalo Thondup se rend à Pékin et rencontre trois fonctionnaires du Front Uni qui se montrent prêts à discuter du retour sans condition du Dalaï Lama.

- septembre 2000 : Le Dalaï Lama propose d’envoyer une mission à Pékin porteuse d’une lettre dans laquelle il avance des mesures susceptibles de résoudre la question du Tibet. La Chine ne répond pas à cette proposition.

- septembre 2002 : Brisant dix longues années d’impasse dans les relations entre Dharamsala et Pékin, une première délégation de quatre membres, conduite par M. Lodi Gyaltsen Gyari, effectue une visite en Chine et au Tibet. La délégation passe également un mois à visiter différentes régions. Le but de cette mission est de rétablir un contact direct avec les dirigeants de Pékin et de créer ainsi des conditions favorables à la poursuite de rencontres directes.

- mai 2003 : Comme suite à la visite de septembre 2002, la même délégation repart pour la Chine et le Tibet. Cette 2ème visite intervient lors de la période de transition des dirigeants du Parti communiste et du Gouvernement chinois. La délégation a pu s’engager dans un dialogue approfondi avec les nouveaux leaders chinois et les officiels responsables des affaires tibétaines.

- septembre 2004 : 3ème rencontre. Faisant suite aux réunions précédentes, les deux parties ont pu échanger largement leur point de vue sur la question du Tibet. Ces discussions ont été menées de façon directe et franche dans une ambiance amicale. Les émissaires se sont rendu compte de profondes divergences sur plusieurs points, notamment ceux ayant trait aux questions fondamentales. Les deux parties ont reconnu la nécessité de poursuivre le dialogue pour trouver des points de convergence. La partie tibétaine a insisté sur la nécessité pour les deux parties de montrer une plus grande flexibilité et une vision à long terme dans le but de minimiser les divergences.

- 30 juin-1er juillet 2005 : La 4ème rencontre a lieu à l’ambassade de Chine à Berne en Suisse. La partie chinoise reconnaît que les rencontres directes sont devenues une pratique régulière. Elle assure aux Tibétains que les dirigeants du Parti communiste chinois accordent une très grande importance à leurs relations avec Sa Sainteté le Dalaï Lama.

- 15-23 février 2006 : La 5ème rencontre a lieu à Pékin. Les deux parties ont pu identifier les points de divergences majeurs et leurs raisons. Ils ont aussi pris en compte les conditions nécessaires à la résolution de ces divergences. Les émissaires tibétains ont exprimé à cette occasion le souhait du Dalaï Lama de se rendre en Chine en pèlerinage.

(11 mai 2007 : 245 parlementaires français appellent Tibétains et Chinois à dialoguer)

- juillet 2007 : La 6ème rencontre a lieu à Shanghaï et à Nankin. Les émissaires tibétains ont réaffirmé de la manière la plus claire possible les positions du Dalaï Lama afin de résoudre la question du Tibet et ont insisté sur l’urgence qu’il y a à initier un dialogue concret.

- mars 2008 : A partir du 10 mars 2008, jour commémoratif du 49ème anniversaire du soulèvement du peuple tibétain, des manifestations ont lieu d’abord à Lhassa puis éclatent dans tout le territoire tibétain. La répression chinoise a fait 203 morts (la Chine en mentionne 22), 1000 blessés et 5715 emprisonnés chez les Tibétains, et a démontré un déni total de toute liberté. [4] Les restrictions du type loi martiale restent en vigueur avec la fermeture aux voyageurs et aux journalistes étrangers de toutes les zones tibétaines.
Fin juin, malgré l’annonce officielle de la réouverture du Tibet et la libération de 1157 Tibétains, les restrictions imposées aux voyageurs augmentent. [5] Pire, à ce jour, la Chine n’a toujours pas répondu aux appels lancés par Sa Sainteté et la communauté internationale pour l’ouverture d’une enquête indépendante sur les causes de ces troubles. [6]

- 4 mai 2008 : Une rencontre informelle a lieu à Shenzhen avec pour objectif de parler de la situation critique au Tibet. La délégation tibétaine a rejeté catégoriquement les accusations dirigées contre Sa Sainteté le Dalaï Lama le soupçonnant d’être l’instigateur des manifestations et troubles au Tibet et de saboter les JO de Pékin. Elle a invité la Chine à répondre aux préoccupations légitimes du peuple tibétain de manière réaliste et constructive, notamment en mettant fin à la répression actuelle.

- juillet 2008 : La 7ème rencontre qui intervient à un moment critique dans les relations sino-tibétaines a lieu à Pékin. La délégation tibétaine a rappelé aux Chinois qu’en l’absence de tout engagement sérieux et sincère de leur part pour continuer l’actuel processus de dialogue, le but ne pourra être atteint. La partie chinoise a reconnu que le processus de dialogue avait été productif mais averti qu’une question si complexe et qui dure depuis un demi-siècle ne pourra pas être résolu en l’espace de quelques années. [7]

- 31 octobre - 5 novembre 2008 Début de la 8ème rencontre avec le Gouvernement chinois à Pékin, pour une durée d’une semaine. La rencontre se limitera de fait aux seuls 4 et 5 novembre.

- 26 janvier 2010 : début de la 9ème rencontre sino-tibétaine

Source : BUREAU DU TIBET
84 bd Adolphe Pinard,
75014 Paris
Tél. 0146565453 - Fax : 0141170014
tibetoffice@orange.fr ou tibetparis2@orange.fr
Complément d’informations : www.tibet-info.net

[1] Citation : Deng Xiaoping déclara "qu’à l’exception de l’indépendance, tous les problèmes pourraient trouver une solution par la négociation".

[2] Concernant le Plan de Paix en cinq points, voir également cet article définissant le principe de la "Voie Médiane" adoptée par le Dalaï Lama.

[3] M. Van Walt v Praag travaille avec le "Tibet Justice Center", anciennement International Committee of Lawyers for Tibet (Comité International de Juristes pour le Tibet). Il est l’auteur, entre autres rapports sur le Tibet, de "The Status of Tibet : History, Rights, and Prospects in International Law", publié en avril 1987 chez Wisdom Publications.
ISBN-13 : 978-0861710706.
Voir un résumé en français dans cet article de Tibet info.

[4] Voir les articles de Philippe Massonnet : "Tibet : combien de victimes ? " et "Quelques chiffres de la répression".

[5] Pour la presse, les visites sont très fortement encadrées. Voir le témoignage de Geoffrey York, du "Globe and Mail" et celui de James Reynolds, de la BBC.

[6] Voir à ce propos :
- l’appel urgent de l’administration tibétaine en exil
- le communiqué de Sa Sainteté le Dalaï Lama
- le communiqué du Kashag (Gouvernement tibétain en exil)demandant une commission d’enquête indépendante au Tibet.
- Le Dalaï Lama appelle de nouveau la Chine à renouer le dialogue
- l’appel au peuple chinois de Sa Sainteté le 14ème Dalaï Lama
- l’appel urgent de l’Administration Centrale Tibétaine
- l’appel à l’aide internationale du Dalaï Lama, le 2 avril
- les déclaration de presse du Prof. Samdhong Rinpoche sur la situation au Tibet, le 18 avril 2008
- la Résolution du P.E..

[7] Voir à ce sujet l’article Dialogue sino-tibétain : 2 points de vue opposés.


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