Répression après la mort de Tenzin Delek Rinpoché

Les autorités de la province du Sichuan ont pris des mesures draconiennes dans le Comté dont est originaire Tenzin Delek Rinpoché, décédé le mois dernier dans des circonstances inexpliquées dans une prison chinoise, en déployant des personnels de sécurité et en restreignant les communications

Tenzin Delek Rinpoché, 65 ans, est décédé le 12 juillet 2015 [1] lors de la 13ème année d’une peine de prison à vie. Il était très respecté parmi les Tibétains pour ses efforts de protection de la culture tibétaine et de l’environnement.

Au cours des dernières semaines, les autorités du Comté de Nyagquka [2], ont ordonné aux habitants de cesser de discuter des circonstances entourant sa mort, selon Lobsang Yonten, Tibétain en exil.
"Après sa mort, les autorités chinoises ont commencé à mener des activités de rééducation politique dans la région, disant aux gens de ne pas en parler, et que cela pourrait conduire à des émeutes", a déclaré Lobsang Yonten, notant que de nombreux résidents sont affiliés au monastère Nalanda Thekchen Jangchub Choling du Rinpoché.
"Les autorités ont également essayé de faire comprendre à la population que le Rinpoché était mort d’une mort naturelle, et avait reçu tous les soins médicaux possibles".

Selon Lobsang Yonten, les jeunes hommes du Comté ont été "forcés de s’engager dans l’entrainement et les exercices militaires", tandis que ceux qui ne s’y conformaient pas étaient "détenus pendant plusieurs jours" et soumis à la rééducation.

Les fidèles tibétains qui désiraient assister à une prière rituelle pour Tenzin Delek au monastère de Nalanda Thekchen Jangchub Choling n’y furent pas autorisés, a-t-il dit, ajoutant que les habitants sont tenus d’obtenir une autorisation spéciale des autorités avant qu’ils puissent aller à proximité du site.
"Un important contingent des forces de sécurité est toujours déployé dans la région et le monastère du Rinpoché est également encerclé par la police et des unités paramilitaires armées", a-t-il dit.

Le 30 juillet 2015, les autorités ont libéré la sœur et la nièce de Tenzin Delek après la détention des deux femmes dans un lieu secret pendant près de deux semaines. Aucune accusation n’a été déposée contre elles.
Dolkar Lhamo, 55 ans et Nyima Lhamo, âgée d’environ 25 ans, avaient été arrêtées à Chengdu, capitale provinciale du Sichuan, le 17 juillet 2015, soupçonnées d’avoir partagé des informations liées à la mort du Rinpoché avec des contacts en dehors de la région.
Beaucoup craignent que les deux femmes n’aient été soumises à des passages à tabac, l’intimidation et, éventuellement, à la torture lors de leur détention.

Lobsang Yonten a déclaré qu’elles sont sous surveillance policière depuis leur libération.
"Bien que la sœur de Tenzin Delek et sa fille aient été libérées, elles sont confinées dans leur maison sans téléphone, emporté par les autorités".
"On leur a dit de ne pas rencontrer ou de parler à leurs parents et amis ; elles ne sont pas autorisées à partir de leur maison".

Avant d’être arrêtée, Dolkar Lhamo avait lancé un appel aux autorités pour obtenir une explication sur les circonstances entourant la mort du Rinpoché, soumettant également un résumé de la constitution de la Chine sur les procédures requises suite à la mort d’un prisonnier appartenant à un groupe de minorité nationale.
"Mais les autorités ont refusé d’accepter ces demandes", a déclaré la source.
Cependant, le gouvernement chinois a une obligation légale de déterminer si la mort a été causée intentionnellement ou par négligence.

Malgré les protestations de sa famille, les restes de Tenzin Delek Rinpoché ont été incinérés par les autorités pénitentiaires le 16 juillet 2015 [3].

Source : Radio Free Asia, 12 août 2015.